Technoi 04 Etat Solide
Technoi 04 Etat Solide
4.1. Introduction
La mise en forme d’une pièce est toujours possible par enlèvement de matière (usinage), à
partir d’un « semi-fini » obtenu par laminage ou par filage à partir d’un lingot de métal brut.
Cette méthode présente de grands avantages mais on estime qu’elle devrait régresser à une
époque où l’on prône les économies de matière et d’énergie.
Une autre possibilité consiste à travailler à partir de lingots, de « lopins » ou de « flans »
découpés dans des semi-finis, pour obtenir des pièces aux cotes proches des cotes finales
par déformation plastique à l’état solide à la température ambiante (formage à froid) ou à une
température plus élevée (formage à tiède et formage à chaud). C’est ce type de mise en
forme qui est décrit dans ce chapitre ( Figure 4-1 et Figure 4-2 ).
Ces procédés de formage s’adapte particulièrement bien aux métaux qui présentent
typiquement une grande aptitude à la déformation plastique.
Les termes froid et chaud se définissent par rapport à la température de fusion de l’alliage ;
pour certains matériaux, le formage dit à chaud est effectué à la température ambiante. Dans
le cas des aciers, ils se définissent par rapport aux températures Ac3 (aciers
hypoeutectoïdes) et Ac1.(aciers hypereutectoïdes) c’est-à-dire à une température qui modifie
complètement la structure de l’acier en engendrant une transformation α (CC, ferrite) → γ
(CFC, austénite) ; si la température est trop élevée, il peut y avoir un grossissement du grain
austénitique. Le formage à chaud des aciers impliquent donc des conditions de
refroidissement après formage, ou la mise en œuvre d’un traitement thermique, en général
une normalisation, pour retrouver les propriétés d’emploi.
Le formage à froid (« cold working ») est préféré lorsqu’il est possible de le mettre en œuvre
pour les avantages qu’il présente par rapport au formage à chaud (« hot working ») et au
formage à tiède (« warm working »). Le formage à tiède est d’un développement récent. Il
combine les avantages du formage à chaud et à froid, tout en essayant de minimiser leurs
inconvénients respectifs.
Les produits obtenus par formage sont dits produits corroyés (« wrought products ») par
opposition aux produits coulés (« cast products »). Compte tenu des différences entre ces
deux processus, les propriétés mécaniques des pièces sont différentes. Il est donc toujours
nécessaire de faire la distinction lorsqu’on s’intéresse aux propriétés des matériaux. Ils se
distinguent notamment par le fibrage que possèdent les produits corroyés suite aux
déformations plastiques qu’ils ont subi.
Les semi-finis métalliques, issus par exemple de la sidérurgie, sont formés de grains et
d’inclusions intergranulaires (silicates, oxydes, sulfures, etc.). Les opérations de mise en
forme déforment les grains et les inclusions. Cet ensemble s’allonge dans le sens de la
déformation et constituent ce qu’on appelle le fibrage qui a une influence parfois importante
sur les caractéristiques mécaniques.
L’expérience montre que des éprouvettes prélevées au même endroit sur des pièces de
même forme et fabriquées à partir du même semi-fini mais par des méthodes différentes
donnent des résultats très différents ; les meilleurs résultats étant obtenus dans le sens du
fibrage (Figure 4-3 et Figure 4-4).
4.2.1. Laminage
Le mot laminage évoque plus spécialement les produits plats (Figure 4-6) ; le procédé
permet cependant d’obtenir d’autres géométries comme on le voit dans la liste ci-dessous :
- tôles fortes (épaisseur supérieure à 4,76 mm càd 3/16″) utilisées dans toutes les branches
de l’industrie :
- chaudronnerie, ponts, charpentes métalliques, réservoirs, chaudières, etc. ;
- construction navale, plateformes de forage, etc. ;
- mécanosoudage ;
- gazoducs, oléoducs, etc.
- feuillards et tôles minces laminées à chaud (épaisseur > 1,2 mm) ;
- automobile, mobilier métallique , industrie de la conserve, boîtes métalliques,
emballages, appareils électriques, électroménager, etc. ;
- tôles minces laminées à froid (épaisseur > 0,18 mm) :
- aciers au carbone : carrosserie automobile, tubes soudés, emballage alimentaire ;
- aciers inoxydables : électroménager, industrie chimique, bâtiment ;
- alliages d’aluminium : industrie alimentaire.
- fils, ronds, ronds à béton, barres ;
- rails, poutrelles (IPN, IPE, H, U, etc.), profilés divers, tubes sans soudures, etc
( Figure 4-5 et Figure 4-7).
Figure 4-6: Laminage à froid Figure 4-5: Acier sous diverses formes
d’une bobine obtenues par laminage
Figure 4-7: (1)carré, (2)rondin, (3)plat, (4)hexagone, (5)cornière, (6)T, (7)poutrelle, (8)U,
(9)rail, (10)palplanche, (11) Z, (12)bandage de roue,(13)centres de roues.
Les laminoirs sont alimentés en ébauches grossières sous forme de « blooms » et « billets »
à sections carrées et de brames (« slabs ») à sections rectangulaires (voir et Figure 4-8 et
Figure 4-9).
4.2.1.1. Généralités
Le laminage (« rolling ») est un procédé de mise en forme par déformation plastique dans
lequel les outils au contact du produit en cours de formation sont des solides de révolution
animés d’un mouvement de rotation autour d’axes fixes entre lesquels le produit est entraîné
par frottement (Figure 4-10). Bien que leurs
génératrices soient souvent bien loin d’être
rectilignes, ces outils sont appelés cylindres en
terme de métier.
L’entraînement du produit s’accompagne d’une
déformation imposée par l’espace laissé libre
entre les cylindres, au contact desquels des
contraintes prennent naissance qui se traduisent
par un couple résistant sur l’axe des cylindres et
Figure 4-10: Déformation du produit entre par une force équilibrée par la déformation
deux cylindres en rotation élastique du bâti du laminoir et de toute la
chaîne mécanique réglant l’écartement des
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-6
Technologie des fabrications mécaniques I
cylindres. Le couple résistant est équilibré par celui des moteurs d’entraînement des
cylindres qui fournissent ainsi l’énergie nécessaire à la mise en forme.
Le produit sort des cylindres perpendiculairement au plan contenant leurs axes sous la forme
d’une plaque ou d'une barre droite de section constante. Les cylindres au contact du produit
laminé sont le plus souvent au nombre de deux, mais il existe des cas où l’espace est
délimité par trois ou quatre cylindres, ce dernier étant industriellement important puisqu’il
correspond au laminage des poutrelles. Les parties de chaque cylindre en contact avec le
produit laminé constituent une sorte de filière. Elles sont appelées cannelures. Les
différentes cannelures définissant une « lumière » ne peuvent pas être rigoureusement
jointives et certaines parties du contour de la pièce sont libres. L’art du calibreur consiste à
trouver la forme de l’ébauche qui remplira de façon satisfaisante la lumière sans déborder au
niveau des joints entre cylindres. Sachant que l’allongement par passe dépasse rarement
1,4 et peut être nettement plus faible si la forme est compliquée, l’art du calibreur consiste à
dessiner en remontant à partir de la section droite du produit fini par une suite de cannelures
qui devra aboutir à une forme la plus simple possible (carrée ou rectangulaire) appelée prise
de fer qui sera obtenue directement par coulée continue soit par laminage à partir d’un
produit de plus grosse section obtenu par coulée en lingotière.
Nous achèverons ces généralités en définissant quelques termes de métier (cas où deux
cylindres définissent la cannelure) (Figure
4-11).
Les cylindres tournent par l’intermédiaire de
leurs tourillons dans des paliers portés par
des pièces appelées empoises qui peuvent
se déplacer dans la fenêtre du bâti, ou
montant, et régler ainsi l’écartement des
cylindres. En général, le cylindre inférieur
est fixe et la position du cylindre supérieur
est réglable au moyen par exemple d’un
système de vis et d’écrou ou de vérins
hydrauliques (ces vérins permettent
l’ajustement de l’entrefer pendant la passe Figure 4-11 : Cylindre : (1)Tourillon, (2)
avec un temps de réponse 10 fois plus court Table du cylindre, (3)Cannelure
aux systèmes mécaniques). L’ensemble qui
vient d’être sommairement décrit constitue une cage de laminoir.
La déformation élastique de la cage sous l’effort de laminage provoque un écartement des
cylindres en charge supérieur à la valeur réglée à vide. Cette différence, ou cédage (cf :
Figure 4-12), fonction de la force de laminage, n’est pas négligeable par rapport aux
dimensions du produit laminé et dans le cas de produits minces comme les tôles laminées à
chaud et encore plus à froid le cédage peut être du
même ordre de grandeur que l’épaisseur du produit.
On conçoit qu’il est indispensable de tenir compte
de ce phénomène dans la conception de la cage de
laminoir et dans le réglage de l’écartement des
cylindres ce qui suppose aussi que l’on soit capable
de prévoir la force de laminage correspondant à une
passe donnée. Cette prédiction sert non seulement
pour la conception mécanique des laminoirs mais
aussi pour leur exploitation (régulation en temps
réel).
A chaque famille de produits fabriqués correspond
Figure 4-12: (a)Cédage d’un cylindre sous un type de laminoir. Nous allons examiner à titre
l’effet de l’effort de laminage, (b) d’exemple le laminage d’un produit plat d’une
Compensation du cédage à l’aide de rouleaux largeur comprise entre un et deux mètres et d’une
précambrés (génératrice non rectiligne). épaisseur de trois millimètres destinés au
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-7
Technologie des fabrications mécaniques I
relaminage à froid en tôle mince pour emboutissage. Le but est d’examiner comment la
technologie a évolué vers une solution répondant au problème posé qui est de délivrer à la
dernière passe le produit défini par ses caractéristiques dimensionnelles et métallurgiques.
Dans l’exemple développé, les cylindres de travail d’un diamètre de 700 mm tournent à
environ 300 tr/min ; ils réduisent l’épaisseur d’une bande d’acier doux à 850°C de 3,5 à 3
mm à 11 m/s. La force de laminage est d’environ 450 t et le couple de 8 m par mètre de
largeur de bande.
Une tôle de 3,5 mm d’épaisseur à 900°C perdant par rayonnement et convection environ
12°C par seconde, on conçoit facilement que l’amont de la dernière cage est constitué d’une
série de cages placées très près les unes des autres et en nombre suffisant pour atteindre
devant la première cage une épaisseur telle que le refroidissement de la queue du produit
pendant le laminage d’une bande très longue reste dans les limites admissibles.
La bande en cours de laminage sera prise simultanément dans toutes les cages et il se pose
bien sûr un problème de synchronisation des vitesses. La solution adoptée consiste à former
une légère boucle en appuyant sur la bande un rouleau porté par un bras mobile asservi en
rotation. Ce dispositif suppose que la bande ne soit pas trop épaisse. Compte tenu de la
place nécessaire pour loger cette mécanique et assurer l’accessibilité pour l’entretien, la
distance entre deux cages successives est de l’ordre de 5,5 m.
Nombre de cages : pour différentes raisons pratiques, le nombre de cages (cages
finisseuses) est limité à 6 ou 7 :
− le fonctionnement des rouleaux tendeurs est moins bon pour des épaisseurs trop fortes ;
− le coût d’autres systèmes de synchronisation est élevé ;
− la vitesse variant en fonction inverse de l’épaisseur de la tôle, on arrive à une vitesse si
faible à la première cage que la surface des cylindres se détériore rapidement au contact
prolongé avec le métal chaud ;
− etc.
Le groupe finisseur est donc précédé d’un groupe dégrossisseur dont le rôle est de passer
de la brame (« slab ») (en amont du groupe dégrossisseur) à l’ébauche (en amont du groupe
finisseur).
Une solution consiste par exemple à utiliser plusieurs cages indépendantes dont au moins
une permet de faire plusieurs passes (cage réversible) et les deux dernières sont en tandem
pour gagner de la place. On s’est en effet aperçu qu’aux fortes épaisseurs et dans le cas où
l’ébauche n’est engagée simultanément que dans deux cages, on peut assurer une
synchronisation satisfaisante des vitesses sans utiliser de rouleau tendeur de boucle.
Une très grande précision est exigée sur la largeur du produit puisque toute sur-largeur se
traduit par une perte de métal et toute sous-largeur par un rebut suivi d’un déclassement
coûteux. Cette précision ne peut être atteinte si la largeur était obtenue par élargissement
libre du produit pendant le laminage aussi bien en raison d’une relative imprécision sur la
largeur du demi-produit de départ que par suite d’une certaine irrégularité dans
l’élargissement d’une brame à l’autre et le long d’une brame. Pour ces raisons, on incorpore
dans les cages du groupe dégrossisseur des cylindres verticaux qui refoulent les bords pour
régulariser la largeur.
∆h ≈ R ⋅ α 2 ≈ R ⋅ tan 2 (α )
La réduction d’épaisseur croît avec le coefficient de frottement µ et le rayon des cylindres.
Une fois le produit engagé, le métal entre dans l’emprise à une vitesse Ve et sort avec une
vitesse Vs. La vitesse périphérique des cylindres est égale à Vc et on a :
Ve < Vc < Vs.
4.2.1.5. Largeur
La largeur d’une bande présente tout au long de la bobine des variations qui obligent les
utilisateurs à commander des produits avec une surlargeur (de l’ordre de 10 à 15 mm) leur
permettant d’effectuer le cisaillage de rives dans de bonnes conditions. Les défauts les plus
caractéristiques sont les manques de largeur aux extrémités, les fluctuations dues aux
gradients thermiques des fours de réchauffage et les effets des tractions entre les cages du
train continu finisseur. La mise à largeur (Figure 4-18) des produits laminés est effectuée
dans le train dégrossisseur (réversible ou non) par des passages successifs en cages
verticales (« edgers ») et horizontales.
4.2.1.6. Profil
Le profil en travers de la bande laminée reproduit la génératrice du cylindre au contact du
métal pendant le laminage. La forme de cette génératrice résulte de l’usure, de la
déformation élastique et de la déformation thermique des cylindres. Il en résulte un profil
bombé avec amincissement des rives. Les clients ont en général des exigences sévères (ex.
± 0,1 mm en épaisseur bombé compris pour une tôle d’épaisseur < 5 mm) (voir Figure 4-19).
4.2.1.8. Laminoirs
La conception des trains à bandes dépend de la famille de produit, de la température de
laminage et du matériau.
Ils impliquent toujours des investissements très importants au niveau conception et
construction et induisent des coûts d’exploitation très élevés. Ils sont fortement automatisés
et permettent de produire des tôles de grande qualité à un prix très bas, surtout lorsqu’ils
sont accouplés à une coulée continue.
Les cages quarto (deux cylindres de travail et deux cylindres d’appui) sont les plus
courantes. Elles comportent deux montants ou colonnes, dans lesquels sont ajustées les
empoises (ou paliers) des cylindres d’appui. Les cylindres de travail tournent dans des
empoises ajustées dans celles des cylindres d’appuis. Les colonnes sont reliées entre elles
par des traverses. La traverse inférieure est fixée sur les entablements, la traverse
supérieure supporte le dispositif de serrage par vis de pression qui tournent dans des écrous
fixés dans le haut des colonnes. Les empoises du cylindre inférieur sont placées sur de gros
cylindres hydrauliques qui permettent l’ajustement de l’entrefer en temps réel. Les cylindres
d’appui tournent librement sur leur axe, les paliers étant de type à film d’huile. Ils sont mis en
rotation par frottement contre le cylindre de travail. Les cylindres de travail sont commandés
par les moteurs principaux par l’intermédiaire de cardans. Des rampes munies de gicleurs,
alimentées en eau à faible pression (3 à 5 bar), servent au refroidissement des cylindres.
D’autres rampes munies de gicleur spéciaux sont alimentées avec de l’eau à haute pression
(12 à 13 Mpa) pour décalaminer les produits.
Sous l’effort de laminage, les cylindres fléchissent de plusieurs dixièmes de millimètre. Une
solution consiste à donner au cylindre de travail un profil (diamètre en milieu de table plus
grand qu’au bord) mais son impact
est limité par l’usure.
Une autre solution consiste à
équiper la cage d’un dispositif de
contre-flexion pour compenser la
flexion constatée en cours de
passe (voirFigure 4-20). On
applique cette contre-flexion aux
cylindres de travail, c’est le
dispositif WORB (« work roll
bending ») ou aux cylindres
Figure 4-20: Dispositif de contre-pression
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-14
Technologie des fabrications mécaniques I
d’appui, c’est le dispositif BURB (« back up roll bending »). Ces systèmes présentent surtout
un intérêt pour le laminage des faibles épaisseurs et donc particulièrement en laminage à
froid. Ces dispositifs améliorent la qualité du produit mais fatiguent le matériel.
Les cages quarto (voir Figure 4-21) sont parfois équipées de dispositif de translation axiale
des cylindres de travail ou de croisement des cylindres de travail et de soutien de manière à
faire varier leur bombé apparent.
Cage multicylindres de type Sendzimir (Figure 4-24). Les laminoirs réversibles monocages
sont, la plupart du temps, des laminoirs de ce type. Ils ont l’avantage de pouvoir laminer à
froid des métaux durs en tôles fines tout en maîtrisant les problèmes de planéité, grâce à
des cylindres de travail de petit diamètre et un système élaboré de cylindres d’appui. Des
cylindres de travail de petit diamètre diminuent les efforts de laminage et leur
entretien/remplacement est moins coûteux.
Les tandems (voir Figure 4-28) à chaud ou à froid sont des multicages non réversibles (4 à
7 cages le plus souvent) ; le terme tandem sous-entend que la tôle est prise simultanément
dans toutes les cages. Pour l’acier, on pratique parfois le laminage continu, c’est-à-dire que
le début d’une bobine est soudé à la fin de la précédente avant l’entrée dans le train.
Sur une cage réversible, on effectue plusieurs passes en aller et retour sur la même cage en
faisant chaque passé le produit dans une cannelure différente ; cela réduit la capacité de
production mais également les investissements correspondants. On les utilise souvent en
dégrossissage.
Les cylindres d’appui sont en acier moulé ou forgé. Ils peuvent être fabriqués en deux
parties : un noyau sur lequel on place à chaud une frette qui est remplacée après usure. Les
cylindres de travail qui sont en contact avec le produit laminé sont en fonte : fonte à trempe
indéfinie moulée en coquille, fonte à graphite sphéroïdal, fonte composite moulée par
centrifugation à cœur plus doux que la peau.
En laminage à chaud de tôles fortes, les cylindres de travail sont pratiquement changés
chaque jour ; cette opération demande environ une demi-heure. Les cylindres d’appui sont
changés une fois par mois (durée 6 à 8 heures). La rectifieuse à cylindres est une pièce
essentielle puisque la qualité du travail qu’elle exécute influe directement la qualité du
produit.
Les installations de laminage sont fortement automatisées. Elles sont pour cela équipées de
nombreux capteurs de mesure :
− épaisseur de la tôle (basé sur la mesure de l’absorption par le métal d’un flux de
rayonnement ionisant) ;
− effort de laminage (jauge, magnétostriction, ou pression hydraulique) ;
− effort de traction de la tôle ;
− planéité ;
− température de bande (mesure du rayonnement infrarouge par pyromètre optique) ;
− détection de produit ;
− vitesse, sens de rotation et intensité de courant des moteurs ;
− écartement à vide des cylindres (codeur de position).
−
Figure 4-27: Différentes configurations de trains à bandes
L’automatisation du laminage est basée sur une modélisation des lois physiques qui
régissent les phénomènes en jeu. Les finalités sont de :
− piloter les installations (prévisions des forces, températures) ;
− prévision des propriétés des tôles ;
− etc.
Une installation complète de laminage à chaud comme par exemple Carlam à Charleroi
comporte essentiellement (voir Figure 4-27):
− un ou des fours ;
− une installation de dégrossissage ;
− une cisaille ;
− un train finisseur (6 à 7 cages) ;
− des bobineuses.
Figure 4-31: Opérations pour l'obtention d'un profilé Figure 4-30: Calibrage des
en H cylindres pour le laminage des
profilés en U : (a)Selon le
procédé des poutres, (b) Par
pliage des ailes
4.2.2. Filage
4.2.2.1. Généralités
Le filage (« extrusion ») est un procédé de transformation à chaud ou à froid des métaux et
alliages (aluminium, cuivre, acier, plomb). Le filage est parfois appelé extrusion mais comme
ce terme est aussi utilisé par certains pour désigner le forgeage à froid, nous ne l’utiliserons
pas pour éviter les confusions.
Dans ce procédé, le métal est expulsé d’un conteneur au travers d’une filière qui impose la
forme de sa section droite (voir Figure 4-32). On produit ainsi des profils élancés, de section
constante, pleine ou creuse (menuiserie métallique : montants de portes ou de fenêtre en
aluminium, refroidisseurs à ailettes, tubes de sections diverses, voir Figure 4-33).
Ces profils peuvent être utilisés soit en l’état, soit
comme ébauche en vue d’un usinage ultérieur, d’un
tronçonnage, d’un étirage, etc. La production de tube en
très grande série par filage n’est plus compétitive par
rapport à aux procédés de laminage à cadence de
production plus élevée.
La souplesse de mise en oeuvre du procédé, le prix peu
élevé des outillages et la rapidité de changement de
ces derniers en font un produit bien adapté aux
méthodes modernes de production (suivant les
demandes de la clientèle) dans le cas de fabrications
en petites ou moyennes séries, en dimensions et
Figure 4-32: Filage classique sections de formes spéciales, ainsi qu’aux alliages à
haute résistance à la déformation, difficiles à
transformer par des procédés de laminage.
Figure 4-33: Différents profilé obtenus par filage (Remy Claeys – Ghlin)
métal à travers la filière. On obtient ainsi une barre de grande longueur dont la section
transversale correspond à celle de la filière (voir Figure 4-34)
.
Les presses à filer sont le plus souvent hydrauliques à axe horizontal. Les presses
hydrauliques sont préférées car elles peuvent développer un effort très élevé (jusqu’à 120
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-22
Technologie des fabrications mécaniques I
MN càd 12000 tonnes) qui peut être contrôlé en amplitude et en vitesse de déplacement sur
une course importante. Le fluide moteur généralement utilisé est l’eau sous pression (entre
25 et 35 MPa), additionnée d’environ 1% d’huile soluble. Le débit nécessaire aux grandes
vitesses d’avance des presses (jusqu’à 350 mm/s) provient d’un accumulateur aéro-
hydraulique, maintenu sous pression par des bouteilles d’air, et alimenté par des pompes.
Cette disposition permet de grands débits pendant des temps très courts (entre 4 et 10 s).
Lorsque les ébauches à transformer sont courtes ou que la vitesse de déformation doit être
élevée, des presses mécaniques, similaires à celles utilisées pour l’emboutissage mais dont
la force ne dépasse pas 20 MN (2000 tonnes), peuvent être utilisées. Ces machines sont
souvent à axe vertical.
4.2.2.3. Procédés
On pratique les filages classiques et le filage hydrostatique. En filage classique, on rencontre
les deux configurations de base suivantes (voir Figure 4-36 et Figure 4-37) :
− le filage direct ou avant : le métal s’écoule dans le même sens que le déplacement du
poinçon ;
− le filage inverse ou arrière : le métal s’écoule dans le sens opposé du poinçon.
Le contour extérieur du profil peut être de forme complexe et en particulier présenter des
parties concaves impossibles à obtenir par laminage. Cela rend évidemment le filage plus
difficile à réaliser.
La complexité d’un filage dépend du rapport de filage, d’un facteur de forme (par exemple le
rapport du périmètre du profil à l’aire du cercle circonscrit), la température de filage, la
vitesse et le type de lubrification.
Force de filage
La force de filage dépend principalement de la résistance à la déformation de la matière à
filer, du rapport de filage, du coefficient de frottement billette-paroi et aussi, dans une
moindre mesure, de la vitesse d’extrusion, du facteur de forme, etc.
La force nécessaire pour assurer la transformation d’une billette ronde en une barre pleine
est donnée par :
2⋅ f ⋅l
F = π ⋅ R 2 ⋅ R0 ⋅ ln(δ ) ⋅ exp
R
avec F force totale à appliquer au poinçon
R rayon du conteneur
R0 résistance à la déformation de la matière à filer à la température de filage ;
δ rapport de filage ;
l longueur de la billette
f coefficient de frottement entre la billette et la paroi du conteneur
Cette formule se réduit à
F = π ⋅ R 2 ⋅ R0 ⋅ ln (δ )
lorsque le frottement est négligeable.
La relation ci-dessus montre que l’on doit obtenir une décroissance régulière de la force de
filage, en fonction de l’avance du poinçon dans le containeur. Cette décroissance est
d’autant plus importante que le coefficient de frottement est élevé. Par contre, le
refroidissement de l’ébauche en cours de filage peut compenser la diminution due à
l’influence du frottement ; l’influence du refroidissement est d’autant plus sensible que l’on
procède à des filages à vitesse lente ou que l’on utilise des conteneurs non réchauffés.
Le filage direct nécessite des efforts importants. Ces efforts peuvent être diminués par le
procédé de filage hydrostatique (voir Figure 4-38) ; il consiste à utiliser dans le conteneur
un lopin entouré par un fluide. Le piston s’appuie sur ce fluide, et c’est ce dernier qui
transmet les efforts sur le lopin sous forme d’une pression répartie sur toute sa surface.
Ecoulement
L’écoulement peut être visualisé expérimentalement
sur une billette coupée en deux, dans le sens
diamétral. Après quadrillage par gravure des faces de
la coupe, la billette est reconstituée puis soumise au
filage.
La figure ci-contre (voir Figure 4-39) montre les
différences d’écoulement selon le procédé de filage.
En filage direct sans lubrification, on note la présence
d’une zone « morte » qui est due aux frottements
intenses sur la paroi du conteneur. L’écoulement du
métal n’est pas frontal. En début de filage,
l’écoulement des zones périphériques se trouve freiné
et c’est le centre de la billette qui file le premier. En
cours de filage, le centre de la billette file plus vite que
la périphérie, ce qui peut créer des hétérogénéités
(cisaillement intense à l’origine d’une zone
hypercorroyée qui constitue sur les produits filés une
sorte de placage). En fin de filage, on assiste à un
véritable retournement des tranches frontales de la
billette, qui entraîne, si l’on pousse trop loin le filage,
un défaut appelé tubage (pour éviter ce défaut, il est
nécessaire de laisser un culot non filé qui sera
éliminé). Figure 4-39: Ecoulement de matière
pour différents types de filages
En filage inverse, on constate une amélioration
importante de l’écoulement par l’élimination du
frottement entre billette et conteneur.
L’interposition d’un lubrifiant efficace entre l’ébauche à déformer et les outillages, ainsi
qu’une chauffe homogène, permettent d’éviter les défauts de filage, en épargnant au métal
des contraintes supérieures à la limite de rupture.
Filières.
Les filières constituent les pièces maîtresses des outillages de filage (voir Figure 4-40). Leur
conception et leur mise au point sont encore considérés comme un art surtout fondé sur
l’observation et l’expérience malgré l’évolution des techniques de visualisation (on dispose
actuellement de pâte à
modeler permettant de
reproduire à la température
ambiante et sous de faibles
efforts l’écoulement du métal
chaud et on observe la
déformation progressive d’un
quadrillage méridien) et de
simulation numérique (calcul
de l’écoulement du métal, du
champ des contraintes, de
l’effort de filage et de la
déformation élastique de
l’outillage ; ce calcul donne
des indications sur le risque
d’apparition de défauts et des
pressions exercées sur
l’outillage.
Figure 4-40: Filière complète
Les filières pour filage lubrifié présentent une face antérieure inclinée d’un angle α sur l’axe
de filage. Les filières pour filage non lubrifié présentent une face antérieure côté chambre
perpendiculaire à l’axe de filage (α = 90°). Les parois de l’orifice sont d’abord parallèles à
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Technologie des fabrications mécaniques I
l’axe de la filière sur une longue appelée potée qui doit être rigoureusement perpendiculaire
à la face antérieure ; cette protée est primordiale car elle assure la rectitude géométrique et
le bon état de surface du produit.
Les filières sont en acier à résilience élevée et à bonne résistance mécanique à chaud du
type Cr-Mo-V. Elles sont traitées thermiquement afin d’obtenir des duretés élevées. Elles
sont généralement fabriquées par électroérosion à fil ou à électrode. La portée est durcie par
nitruration. Elles peuvent également être en acier rapide ou en carbure de tungstène (Figure
4-41).
Lubrification.
Pour l’acier et les métaux difficiles à déformer, on utilise la lubrification vitreuse (procédé
Séjournet). Les verres et mélanges vitreux sont stables à haute température, sans action
chimique notable sur les métaux, présentant à la fois des propriétés lubrifiantes et d’isolation
thermique. Pour lubrifier la filière, on utilise généralement une galette (appelée gargousse),
constituée de poudre de verre agglomérée par un liant. Elle est placée entre la filière et la
face avant de la billette et fond progressivement sous l’effet de la pression et de la
température assurant ainsi la formation d’une couche protectrice entre la filière et le produit
en cours d’écoulement. Pour assurer la protection de la paroi du conteneur et limiter les
pertes par conduction, la surface extérieure de la billette est enrobée, avant introduction
dans le conteneur, d’une couche de poudre de verre de faible granulométrie. Après
refroidissement, le produit filé est recouvert d’une fine couche de matière vitreuse, fortement
adhérente, qui est éliminée par des moyens mécaniques (grenaillage, décalaminage à l’eau
sous pression), chimiques (acide fluorhydrique) ou thermo-chimiques (choc thermique dans
un bain de sel fondu).
L’aluminium est extrudé avec ou sans lubrifiant ; la lubrification étant limitée aux produits de
forme simple (barres, tubes, etc.). Dans le filage lubrifié, la billette entière est lubrifiée.
L’enduction est faite généralement au trempé dans des lubrifiants dont chaque producteur a
le secret, mais dont les éléments principaux sont les cires, le graphite et le bisulfure de
molybdène. La face de la glissière en contact avec la billette est toujours légèrement lubrifiée
(même en filage non lubrifié) pour éviter les phénomènes de collage (il en est de même de
l’aiguille lorsqu’elle est utilisée).
4.2.2.6. Défauts
Les principaux défauts rencontrés sur les produits extrudés sont :
− les décohésions internes ;
− une déformation de surface type « tronc de palmier » ;
− un hypercorroyage de surface, qui conduit à la formation de très gros grains après
traitement thermique de post-formage..
4.2.3. Tréfilage
Le tréfilage est une opération semblable au filage à froid qui est utilisée pour amincir une
paroi ou calibrer une pièce creuse. La pièce est poussée à travers une filière par
l’intermédiaire d’un poinçon. La différence fondamentale est qu’en filage la pièce n’est pas
sollicitée alors qu’en tréfilage la pièce est soumise à la traction.
4.2.4. Etirage.
4.2.4.1. Généralités
L’étirage (« drawing ») s’applique aux produits laminés ou soudés n’offrant pas la précision
dimensionnelle suffisante ou l’aspect approprié à leur usage (Figure 4-43) ; il s’applique
particulièrement aux barres, fils et tubes (ronds, hexagones, carrés, produits plats) et permet
d’obtenir en particulier :
− des diamètres non normalisés ;
− tolérances sur diamètre et épaisseur améliorées ;
− caractéristiques mécaniques améliorées par écrouissage ;
− tubes de forme, des profils.
− divers : fils en cuivre pour câbles électriques, guides, supports, glissières, axes, tubes de
haute précision, ébauches d’usinage pour cylindres de vérins, etc.
Un tiers de la production concerne les aciers de décolletage, les pièces étirées constituent
alors des ébauches d’usinage (teneur élevée en soufre et en plomb favorisant l’usinabilité).
Coupe. Après étirage, les pièces sont coupées afin de les mettre à la longueur désirée et
d’éliminer la partie antérieure qui a été détériorée par les mors du chariot ou la soie quand il
y en a une. Suivant la qualité de coupe requise, on utilise une cisaille, une fraise-scie une
tronçonneuse à meule, une scie à ruban ou une scie alternative
Dressage. Une pièce sortant d’étirage n’est pas droite. Cela provient des irrégularités de
l’ébauche ou du manque de coaxialité entre la filière et l’axe du banc. Elle est dressée par
serrage entre des galets (voir Figure 4-48).
Les capacités typiques des machines à étirer sont : diamètres jusqu’à 60 mm, longueurs
jusqu’à 30 m, force de traction jusqu’à 1,3 MN (130 tonnes), vitesses de 6 à 60 m/min.
L’étirage des fils s’effectue sur des machines combinées pouvant exécuter au défilé et en
continu les opérations décrites ci-dessus ce qui présente l’avantage de diminuer les temps
morts et les chutes, et donc d’améliorer la productivité. Ces machines permettent d’atteindre
des vitesses élevées, jusqu’à 150 m/min. Elles comportent quelques équipements
spécifiques. On trouve en amont un dévidoir (voir Figure 4-49 et Figure 4-50) pour dérouler
le fil et un dresseur à galets pour le redresser afin qu’il se présente dans l’axe du banc. Le
banc d’étirage est équipé de deux chariots, équipés de mors lisses pour ne pas blesser le fil,
fonctionnant alternativement, l’un tirant pendant que l’autre revient à sa position de départ.
La cisaille doit être volante puisque le fil ne s’immobilise pas. Les capacités typiques des
machines à étirer les « fils » sont : diamètres jusqu’à 13 mm, longueurs jusqu’à plusieurs
kilomètres.
La tolérance de rectitude normale est une flèche maximale de 1 mm/m, celle de vrillage,
pour les profils polygonaux ou spéciaux, un écart angulaire maximal de 4° entre les axes de
deux sections distantes de 1 m.
Les valeurs garanties de rugosité sont données dans le tableau ci-dessous.
Théoriquement, n’importe quelle dimension à l’intérieur des limites fixées est réalisable,
mais, dans un soucis de rationalisation, les dimensions d’emploi courant sont choisies dans
des listes normalisées (EN 10278 Dimensions et tolérances des produits calibrés).
4.3. Mise en forme par déformation plastique des métaux à l’état massif
Classement des procédés de mise en forme par déformation plastique de pièces mécaniques
Procédé de forgeage Formes Masses Températures Nuances Séries
A partir de quelques
Estampage Toutes 5 gr < m < 500 kg élevées Aciers
centaines de pièces
Forgeage libre Toutes 5 kg < m < 5 tonnes élevées Toutes Unitaire, faible série
Engendrées par la
Laminage circulaire rotation d’un profil 5 kg < m < 5 tonnes élevées Toutes Unitaire et série
autour d’un axe
A partir de quelques
Matriçage Toutes 5 gr < m < 500 kg Élevées Non ferreux
pièces selon la forme
Aciers à bas carbone
A partir de quelques
Principalement de et faiblement alliés
Extrusion 5 gr < m < 5 kg 20°C milliers de pièces, selon
révolution Alliages légers et
la forme et la masse
cuivreux
Les opérations que nous allons décrire consistent à forcer une ébauche entre une matrice
ouverte ou fermée et un poinçon. Le produit brut de formage est souvent proche des cotes
de la pièce finie. Seules des opérations de finissage sont nécessaires, telles que : perçage,
alésage, traitement de surface, usinage à des cotes précises. La mise au mille, par rapport à
d’autres procédés comme l’usinage, est très bonne.
C’est une technique économique (outillages peu coûteux) mais qui requiert une bonne
habileté de la part des opérateurs (Figure 4-59). Elle utilise deux types d’engins :
− engins travaillant par choc où un des tas est animé d’une vitesse ≥ 6m/s au moment où il
frappe la pièce (marteaux-pilons, moutons) ;
− engins travaillant par pression, un coulisseau (presses mécaniques) ou un piston (presses
hydrauliques) portant le tas de déformation, se déplaçant à une vitesse inférieure à la
précédente (≤ 1 m/s).
Figure 4-60: Seuil de plasticité des aciers demi-durs au carbone suivant la température
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-37
Technologie des fabrications mécaniques I
Cette expérience montre que des effets de bord existent. La matière de l’éprouvette en
contact avec les tas se déforme plus difficilement. Dans des applications pratiques, ce
phénomène d’augmentation du seuil de plasticité en fonction de l’élancement de l’éprouvette
est accentué par le refroidissement de la matière au contact du poinçon (augmentation de la
contrainte de plastification par diminution de la température).
Si on continue à déformer à la presse au-delà du seuil de plasticité, l’éprouvette cylindre va
se déformer en forme de tonneau (voir Figure 4-61 et Figure 4-62). Le résultat est différent si
on déforme par chocs au marteau-pilon. L’équateur remonte, le choc a un effet plus
superficiel que la pression qui prolonge l’action jusqu’au cœur de la pièce.
Figure 4-62: Incidence de la vitesse d'impact Figure 4-61: Déformation en fonction du type
d'outil et de la vitesse d'impact
Au delà du seuil de plasticité, la matière devient non seulement déformable mais aussi
visqueuse. Cette viscosité ne peut empêcher le mouvement mais elle conditionne sa
vitesse ; l’augmentation de la vitesse entraîne celle de l’effort nécessaire.
Après formage, seules des opérations de finissage sont nécessaires, telles que : perçage,
alésage, traitement de surface, usinage à des cotes précises. La mise au mille, par rapport à
d’autres procédés comme l’usinage, est très bonne.
Les termes estampage et matriçage sont synonymes. La désignation estampage est
généralement appliquée au forgeage mécanique des aciers, alors que la désignation
matriçage s’applique au forgeage mécanique des métaux non ferreux.
La fabrication consiste à chauffer à haute température un morceau de demi-produit d’une
géométrie bien déterminée, appelé lopin (« blank »), puis de le placer entre des outillages
appelés matrices (« dies »), dans lesquels est usinée en creux une gravure qui représente
exactement la forme du produit brut à obtenir. Une machine d’estampage agit par choc ou
par pression. Elle exerce une force telle que le lopin est contraint d’épouser les formes de la
gravure. La gravure présente, dans le plan de joint et sur sa périphérie, un cordon de
gravure qui va recevoir l’excès de métal sous forme d’une bavure (« flash »). Cette bavure
est ôtée, le plus souvent à chaud, par cisaillage sur une machine-outil annexe appelée
presse d’ébavurage.
L’estampage - matriçage est utilisé pour former des pièces de quelques centaines de
grammes à quelques dizaines de kilogrammes ; on a cependant déjà formé des pièces de
plus de 20 tonnes.
Pour faire de la déformation plastique, il faut évidemment que l’effort exercé sur le lopin
engendre dans la pièce un état de contrainte vérifiant le critère de plasticité, à savoir que la
contrainte généralisée soit égale à la contrainte d’écoulement du matériau mais il faut par
ailleurs que l’effort exercé soit inférieur à la limite d’élasticité de l’outillage.
Lors de l’estampage - matriçage, le lopin subit une déformation plastique, une déformation
élastique et une contraction lors de son refroidissement ; la gravure de l’outillage subit, elle,
une déformation élastique et une contraction. Il faut prendre en compte ces données pour
obtenir des pièces brutes aux cotes souhaitées à l’intérieur des tolérances dimensionnelles
définies dans les normes (normes européennes EN 10243-1 et EN 10243-2, tolérances
dimensionnelles de pièces exécutées sur des machines de choc ou de pression (1) ou sur
des machines horizontales à forger (2), ces normes s’appliquent aux pièces en acier
estampées à chaud, de masse inférieure à 250 kg et de longueur inférieure à 2,50 m).
Figure 4-67: Principe du chauffage par Figure 4-66: Four à induction (FCC –
induction MSI5 (Forges de Courcelles)
induction
- chauffage électrique par effet Joule : la pièce est placée entre deux électrodes sous très
basse tension et chauffée par conduction électrique (effet Joule) ; ce procédé implique
des lopins allongés ; le rendement est voisin de 100%.
Mise en forme. Le lopin est placé entre les gravures des matrices portées à une
température de 150 à 200 °C afin d’augmenter leur ténacité, c’est-à-dire leur résistance à la
propagation de fissures. Les matrices sont rapprochées l’une de l’autre :
- soit rapidement par choc : marteaux-pilons (vitesse de l’ordre du m/s, durée de contact de
3 à 10 ms) ou presse à vis ;
- soit lentement par pression : presses mécaniques ou hydrauliques à axe vertical ou
horizontal.
Suivant la forme de la pièce à obtenir, on peut être amené à faire subir au lopin de départ
une succession d’ébauches destinées à répartir convenablement le métal dans la gravure de
finition ou à la cambrer. On évite ainsi :
− le manque de métal dans certaines parties de la pièce avec un surplus exagéré dans les
autres,
− une usure prématurée des outillages dans les zones les plus sollicitées,
− les défauts tels que repliures et criques ainsi qu’une mauvaise répartition des fibres.
On a donc ainsi différents cas de figure :
- les pièces simples sans grandes variations de section sont obtenues en une seule gravure;
- les pièces plus complexes sont exécutées (voir Figure 4-68) :
- par passage successif dans deux gravures ;
- par passage dans plus de deux gravures : exemple : gravures de roulage, d’étirage
de renvoi, de cambrage, d’ébauche et de finition ;
- par un travail préalable sur des machines annexes (laminoir ébaucheur à retour,
etc.).
Les engins de forgeage sont classés en deux catégories selon la vitesse d'impact:
− les moutons et les marteaux-pilons travaillent par chocs avec une vitesse d'impact
supérieure à 1 m/s;
− les presses mécaniques ou hydrauliques travaillent par pression avec une vitesse
d'impact inférieure à 1 m/s.
Leur structure dépend du procédé de forgeage et peut être à arcade ou en col de cygne.
Les engins de choc mettent en jeu une masse tombante. Les moutons utilisent une masse
importante, pouvant atteindre plusieurs tonnes, qui est mise en chute libre après avoir été
montée jusqu'à une hauteur de quelques mètres. L'énergie cinétique ainsi acquise est
utilisée pour déformer le matériau. Pour les marteaux-pilons (Figure 4-71), la masse, moins
conséquente, est remontée puis propulsée vers le bas grâce à la détente d'un gaz dans un
cylindre. La capacité des engins de choc est définie par l'énergie qu'ils peuvent délivrer. Les
moutons, moins coûteux que les marteaux-pilons, ont une capacité n'excédant guère 120 kJ.
Les marteaux-pilons atteignent couramment une énergie de 300 kJ et des engins de forte
capacité comme les marteaux-pilons à contre-frappe peuvent atteindre une capacité de 800
kJ. Avec ces engins, la réalisation d'une opération de forgeage nécessite plusieurs frappes
successives. La productivité chutant avec le nombre de frappes, on estime que, pour des
séries conséquentes, il faut envisager de travailler avec des presses au-delà de 5 frappes.
Les outillages (matrices d’estampage - Figure 4-73) sont soumis simultanément à des
sollicitations mécaniques et thermiques particulièrement intenses et ont une durée de vie
assez courte malgré l’utilisation de matériaux « hauts de gamme » (Z 38 CDV 5, 55 NCDV 7,
etc.). Cette durée de vie est d’autant plus courte que les tolérances dimensionnelles sont
serrées. La tenue des outillages est donc un point critique de l’économie du procédé car leur
coût représente 10 à 15% du prix de revient des pièces.
Les sollicitations thermiques ont un caractère transitoire très marqué avec des élévations de
température de l’ordre de 500 °C qui n’intéresse que la peau de l’outillage. La profondeur de
pénétration thermique est de l’ordre de 0,03mm en travail par marteaux-pilons, inférieure à 1
mm pour les presses mécaniques et > 1 mm pour les presses hydrauliques. Ces cycles de
chocs thermiques locaux créent une fatigue thermique. On tend à réduire les gradients
thermiques et à augmenter la résistance à la fissuration en préchauffant les outillages (150 -
200°C)
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-45
Technologie des fabrications mécaniques I
Les contraintes mécaniques sont extrêmement élevées (800 à 2000 MPa); elles sont
propices à la création de fissures et/ou au dépassement de la limite d’élasticité.
Pour améliorer la tenue de l’outil, le forgeron peut faire appel à différents traitements de
surface (nitruration, etc.) ou revêtements (dépôts durs minces).
Les matrices ont une forme différente selon qu’elles sont mises en compression par choc ou
par pression.
Dans le cas des marteaux-pilons (chocs), les différentes gravures (étirage, cambrage,
ébauche, finition, etc.) sont souvent usinées dans un même bloc de grande dimension
capable d’absorber sans dommage la totalité de l’énergie de frappe. L’aire de la surface de
frappe et l’aire de la surface de joint susceptible d’entrer en contact à la fin de l’estampage
doivent être supérieures à 350 cm² par 10 kJ d’énergie d’impact. Ces blocs sont fixés sur le
pilon par queue d’aronde et sont réglés en position axiale et latérale par clavettes et grains
de centrage.
Sur les presses mécaniques et hydrauliques (pression), les gravures sont usinées dans des
blocs plus petits et insérées dans un porte-matrices ce qui permet de les changer
indépendamment les unes des autres lorsqu’elles sont usées. Les ébauches sont en général
faites sur d’autres machines pour des raisons économiques. Sur les presses mécaniques, il
doit subsister un jeu entre les matrices lorsque la machine est au point mort bas.
− prévoir des surépaisseurs d’usinage sur toutes les surfaces à tolérances serrées ;
− on tient compte de l’usure des gravures en prenant soin de les tracer de telle sorte que la
première pièce estampée fabriquée corresponde aux cotes minimales de la pièce compte
tenu des tolérances du procédé d’estampage ;
− il faut éviter les variations brusques de section ;
− les toiles (parois minces) sont obtenues avec des parties d’outillages appelées noyaux,
l’un est lié à la matrice supérieure, l’autre à la matrice inférieure ; il est préférable qu’elles
soient perpendiculaire au sens de frappe et répartie de part et d’autre du plan de joint ;
plus la toile est fine, plus les noyaux s’usent rapidement ;
− les rayons des congés et des arrondis doivent être les plus grands possibles; ils ont une
influence sur la qualité des produits (des rayons de petites dimensions peuvent participer
à la formation de replis - Figure 4-79) et sur l'effort de forgeage. Si l'on mesure par
exemple la force exercée par la presse en fonction des rayons R1 et R2 de la pièce
dessinée sur la Figure 4-78, on constate que les faibles rayons (R < 3 mm) exigent des
efforts de deux à cinq fois plus intenses que ceux nécessités par des rayons de 7 mm et
au-delà.
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-48
Technologie des fabrications mécaniques I
Le développement de l'extrusion a longtemps été empêché par la tenue des filières qui se
détérioraient rapidement par grippage sous l'effet d'importantes pressions de contact
générées par le procédé. Aujourd'hui, la solution passe par une lubrification solide comme la
phosphatation qui consiste à revêtir la pièce d'une multitude de petits cristaux de phosphate
accrochés fortement à la surface. Cette couche poreuse a un fort pouvoir d'absorption des
corps gras. Lors de la déformation, elle reste adhérente et suit donc les déformations de la
surface en y maintenant les corps gras.
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-51
Technologie des fabrications mécaniques I
Les matériaux mis en œuvre dans ce procédé sont des alliages de cuivre, des alliages
d'aluminium (5xxx, 6xxx et 2xxx), des aciers au carbone (XC6 à XC48), des aciers au
molybdène, au nickel-chrome et ferritiques-martensitiques.
L'extrusion s'adapte bien à la production de petites pièces en grande série (Figure 4-86). Elle
nécessite des efforts importants, même pour les petites pièces, en conséquence les
machines doivent être robustes et puissantes comme des presses mécaniques (à
genouillères ou a vilebrequin) ou des presses hydrauliques. Les outillages comportent
souvent un poinçon et une matrice et doivent prendre en compte les dilatations; on
augmente la résistance à l'éclatement de la matrice en disposant des frettes (Figure 4-85).
Figure 4-85: Outillage d'extrusion - Figure 4-86: Extrusion (forgeage à froid) – exemples
point mort bas (1/2 vue de gauche) et de pièces extrudées
point mort haut (1/2 vue de droite)
4.3.4. Forgeabilité
La forgeabilité est l’aptitude d’un matériau à se laisser déformer sans se fissurer. Le tableau
du § 4.3.2.1. classe une liste de métaux selon cette aptitude.
Les essais de traction et les essais de dureté donnent des indications partielles sur cette
aptitude.
Un test plus spécifique (mais non normalisé) consiste à écraser un cylindre de matière
jusqu’à l’apparition des premières fissures sur la surface extérieure et plus particulièrement à
l’équateur du bombé (le cylindre se déforme en tonneau). Le rapport h/d du cylindre à
compresser a été fixé à 1,5 par plusieurs expérimentateurs et même h= 21mm et d=14mm.
L’influence des conditions aux limites est grande ; elles doivent donc être connues et
maîtrisées (glissement libre interposition de feuilles de téflon entre les tas d’écrasement et
l’éprouvette cylindrique ou glissement bloqué par empreinte centrale et rainures annulaires
dans les outillages).
4.4.1. Découpe
Le découpage est une opération qui consiste à diviser un semi-produit (plaque, tôle, profilé,
barre, etc.) en plusieurs parties afin d'obtenir des produits industriels. On note deux types de
techniques:
- le découpage par cisaillement, c'est-à-dire par glissement plan de deux tronçons du
matériau à découper l'un par rapport à l'autre (cisaillage, poinçonnage, grignotage, etc.);
- le découpage par enlèvement de matière, les deux tronçons du matériau à découper
sont séparés par la suppression d'une fine épaisseur de matière entre eux. Cette
suppression peut se faire par des procédés mécaniques (sciage, jet d'eau hyperbare
abrasif ou non, découpe par ultra-sons, etc.), par des procédés thermiques
(oxycoupage, plasma, laser, électroérosion à fil, etc.), ou par des procédés chimiques
(découpe chimique).
Ce mode de coupe est utilisé pour des épaisseurs comprises entre quelques dixièmes de
millimètres et environ 30 millimètres.
Il existe de nombreux types de machines travaillant par cisaillage, soit avec des lames
droites soit des molettes soit encore d’autres outils permettant d’effectuer différents types
d’opérations.
Dans les cisailles à lames droites, la tôle est cisaillée entre une lame fixe et une lame mobile.
Sous l’action de la contrainte imposée par la partie active des lames, il se produit des
déformations élastiques, puis des décohésions par glissement, partant de chacune des
lames, et formant un angle β avec un axe perpendiculaire à la surface de la tôle. L’angle β
ainsi que la profondeur de la décohésion varient suivant la nuance du métal et son état (β=4°
pour l’acier dur et 6° pour l’acier doux). La lame poursuivant sa course provoque la rupture
complète par traction du métal intercalaire. L’angle de la lame est compris entre 50 et 90°.
Le jeu entre lames est un paramètre technique important. Il exerce une action directe sur la
qualité (aspect) de la coupe, et affecte également la tenue des outils. On observe de façon
générale qu’un jeu trop faible provoque un phénomène de dédoublement des surfaces lisses
et de rupture (cisaillements secondaires) et accroît notablement la vitesse d’usure des
lames, alors qu’un jeu excessif provoque un bombé, un angle de rupture et une bavure trop
marqués, d’où une mauvaise qualité de la coupe. Le problème est complexe et mal connu.
On comprend qu’il soit fonction de paramètres géométriques ainsi que des propriétés
plastiques du métal (limite élastique, ductilité, écrouissage) mais d’autres facteurs
interviennent comme l’usure de l’outil, les aspects tribologiques (collage, grippage), etc. Le
choix s’appuie souvent sur l’expérience. Il peut varier entre 2 et 10% de l’épaisseur de la tôle
selon le matériau. Une règle de bonne pratique est d’aligner les directions des plans de
décohésion lorsqu’on connaît les angles β. Un jeu légèrement plus important est favorable à
l’usure des outils et ne modifie guère la qualité de la découpe.
Les cisailles peuvent avoir des lames parallèles ou obliques. Dans les cisailles à lames
parallèles, le cisaillage est simultané sur toute la longueur et l’effort est donc important. Il est
égal à :
F ≈ 0,8 ⋅ e ⋅ L ⋅ Rm
Poinçonnage - Découpage
Le poinçonnage et le découpage sont des opérations de cisaillage consistant à détacher un
contour donné d’un produit plat (tôle). L’opération se fait sur une presse par l’intermédiaire
d’un outillage constitué d’un poinçon et d’une matrice.
En poinçonnage (« punching »), on conserve la partie extérieure, le trou s’appelle un ajour et
le déchet s’appelle la débouchure (voir Figure 4-95).
En découpage (« blanking »), on conserve la partie intérieure qui est appelée flan (voir
Figure 4-95 ).
Le jeu diamétral (voir Figure 4-97 ) entre matrice et poinçon dépend de l’épaisseur de la tôle
et du matériau :
Découpage fin.
La tôle est découpée, en un seul coup de presse, à l’aide d’un outillage dont le poinçon et la
matrice, qui comporte un faible rayon d’entrée, sont parfaitement guidés. Un jonc, imprimé
dans la bande, la maintient pendant l’opération. Un éjecteur, en pression, réduit les
déformations de la pièce découpée. Il s’agit, en fait, d’une opération de filage, ce qui se
traduit, sur la pièce obtenue, par un champ exempt d’arrachement, contrairement à ce que
l’on observe en cisaillage. Les pièces présentent :
− sur une face, un affaissement du bord (commun à tous les procédés de découpage) ;
− sur l’autre face, une bavure due au rayon d’entrée de la matrice.
Les états de surface des bords de l’alésage Rt = 1 à 5 µm sont comparables à la rectification
et au brochage. Les tolérances dimensionnelles sont de l’ordre de IT7 pour e ≤ 5 mm. Les
épaisseurs maximales découpées sont de l’ordre de 3 à 8 mm pour les aciers selon la
nuance et d’environ 15 mm pour les non-ferreux de caractéristiques moyennes.
Applications : leviers, roues dentées, pièces de précision pour appareils photographiques,
machines de bureau, horlogerie, magnétophones, serrurerie de précision, automobile,
cycles, etc.
Grignotage
Le grignotage (Figure 4-98 et Figure 4-99) est un procédé qui permet de réaliser une
découpe de grandes dimensions ou de contour défini par une succession d'enlèvements
ponctuels avec des outils de forme simple (sections rondes, carrées, etc.). Il est souvent mis
en œuvre par une succession de déplacements générés par une machine à commande
numérique.
Sciage – tronçonnage
Pour le découpage des laminés, profilés et tube, il est fait appel aux techniques du sciage et
du tronçonnage.
Les scies alternatives à lames (« hacksaw »), qui présentent des temps opératoires
généralement longs mais n’exigent pas de surveillance humaine, sont affectées de
préférence au coupage des profilés de grandes dimensions (voir Figure 4-100 et Figure
4-101). Les lames n’agissent que dans un sens du mouvement ; elles ont une épaisseur de
l’ordre de 1,2 à 2,5 mm ; une longueur pouvant atteindre 600 mm. Le nombre de mouvement
par minute varie de 30 pour les aciers à haute résistance à 180 pour les aciers au carbone.
Le procédé peut également utiliser des rubans ou des fils abrasifs revêtus de poudre de
diamant ou de carbure. Il convient alors bien pour la découpe des matériaux durs ainsi que
des matériaux composites. Pour l’industrie de la pierre (carrières, etc.), on utilise des fils de
13 mm de diamètre alors que pour la découpe de précision, on utilise des fils de 0,08mm de
diamètre.
Les tronçonneuses (« circular saw ») sont équipées de disques dentés, des disques en acier
traité sans dents (action par frottement) ou des disques abrasifs (voir Figure 4-103 et Figure
4-104). Elles demandent une forte puissance. Elles permettent une bonne productivité de
découpe (ex. utilisation dans les laminoirs). Elles donnent des faces de coupe relativement
lisses et des dimensions d’une assez bonne précision grâce à la rigidité de la machine et de
l’outil. Dans un type de ces machines, il est appliqué une différence de potentiel entre le
disque et la pièce, afin de donner naissance à un arc qui permet la découpe.
Il ne faut pas confondre l'oxycoupage avec le coupage thermique par fusion localisée qui ne
fait pas appel à la combustion des métaux dans l’oxygène et nécessite une action
mécanique pour chasser le métal en fusion ; cette action mécanique est obtenue par
l’énergie cinétique d’un jet d’air, de gaz ou de plasma.
Les chalumeaux d’oxycoupage(voir Figure 4-107 et Figure 4-108) comportent au minimum
un circuit spécial d’amenée de l’oxygène et un circuit pour la flamme de chauffe. La flamme
de chauffe nécessaire à amorcer et à maintenir le mécanisme de l’oxycoupage est obtenue
par la combustion d’acétylène, de propane, d’hydrogène, de méthane ou de mélanges de
synthèse. Le gaz comburant est toujours l’oxygène. L’oxygène industriel a une pureté au
moins égale à 99,5%. Il faut noter qu’une diminution de 1% du titre de pureté peut entraîner
une diminution de 15% de la vitesse de coupe assortie d’une consommation de l’ordre de
20% jointe à un abaissement de la qualité de coupe.
machines spéciales telles que les machines à tronçonner les ronds, carrés, tubes et profilés
marchands (U, L, I, etc.).
% de l’épaisseur coupée et est d’autant plus grand que, toutes choses égales par ailleurs,.la
vitesse d’avance est plus élevée. Pour les tracés droits, le retard est de l’ordre de 10% (15%
max) ; le retard doit être pratiquement nul pour des tracés comportant des changements de
direction à faible rayon.
Les éléments d’alliage de l’acier ont une influence plus ou moins marquée sur les conditions
d’oxycoupage. L’oxycoupage devient impossible si Si > 4%, Ni > 35%, ou si Cr > 5% ; les
aciers inoxydables Cr-Ni se coupent au plasma ou au laser.
Une face de coupe correcte doit présenter des angles vifs, des stries peu profondes
légèrement incurvées (retard du front de saignée) et une section plane.
Découpe plasma
Le terme « plasma » désigne un milieu gazeux dans lequel une partie des molécules et
atomes sont ionisés, c’est-à-dire dissociés en ions et électrons. De ce fait, un plasma est
conducteur de l’électricité. Tous les arcs électriques peuvent être considérés comme des
plasmas, mais tous n’ont pas le même degré d’ionisation, c’est-à-dire la même proportion
d’atomes et de molécules scindés en ions et électrons. Plus le degré d’ionisation est élevé,
plus le milieu se rapprochera du plasma idéal dans lequel atomes et molécules sont tous
ionisés.
Dans le coupage plasma, le jet de plasma est généré par un arc électrique qui s’établit entre
une électrode intérieure à la torche de coupage et la pièce (la pièce doit donc être
conductrice de l’électricité Figure 4-114). Le mélange gazeux ionisé à la sortie de la tuyère
forme le plasma. L’arc électrique et le jet (température : 10 000 à 20 000°C dans la partie
centrale du jet) provoque une fusion quasi instantanée qui se propage dans toute l’épaisseur
de la pièce. Le métal fondu et partiellement vaporisé est chassé à l’envers par l’énergie
cinétique du plasma (500 m/s), laissant subsister, par le déplacement de la torche, une
saignée étroite dont les parois sont légèrement resserrées à l’envers (inclinaison de 3 à 6°).
Découpe laser
Un système de découpe laser (voir Figure 4-117 et Figure 4-118) utilise un faisceau laser
(laser est un acronyme de « Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation »)
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-70
Technologie des fabrications mécaniques I
focalisé dans une tête de coupage. Le faisceau lumineux est absorbé par le métal et
transformé en chaleur. La température atteinte provoque la fusion, voire la vaporisation du
métal fondu. L’aire de la surface illuminée étant très faible, la zone fondue est de très faible
diamètre. (voir aussi § 6.7.5.1. Soudage laser)
Pour effectuer le découpage, on superpose au
faisceau laser un jet de gaz (argon, azote, CO2
ou O2) qui a deux fonctions :
protection du dispositif de focalisation contre
les remontées de vapeurs métalliques ;
effet dynamique du gaz qui chasse le liquide de
la saignée.
Dans le cas des métaux ferreux, l’utilisation
d’oxygène ajoute la réaction exothermique
d’oxydation du fer (voir oxycoupage) et
augmente ainsi les capacités de coupe (vitesse
ou épaisseur). Cette possibilité est
particulièrement avantageuse pour les lasers
de faible puissance (inférieure à 500 W).
Contrairement à l’oxycoupage et au coupage
plasma, les têtes de coupage sont toujours
portées par une machine, afin que soit
respectée avec précision la position de la tache
focale par rapport à la surface à couper ainsi
que la vitesse de déplacement. Ce dispositif
est facilement contrôlable notamment par
commande numérique ; cela contribue
également au succès du procédé.
Contrairement au coupage plasma où le
matériau doit être conducteur électrique, la
découpe laser peut être utilisée pour les
métaux, les plastiques, les cuirs, les cartons,
les tissus, etc. Les épaisseurs sont de l’ordre
Figure 4-117: Différents modes d'utilisation
de 0,5 à 10 mm sur métaux (selon la puissance
du laser pour effectuer une découpe
du laser) et plus importantes sur les matériaux
non métalliques. Les bords de la coupe sont
quasiment parallèles. La largeur de la saignée
se situe avec 0,4 mm ≤ l ≤ 0,6 mm. Le
phénomène « chaude de retrait » est
pratiquement inexistant ; de ce fait, les
déformations du produit découpé sont
négligeables. Les vitesses de coupe sont de
l’ordre de 1 à 10 m/min selon la matière à
découper, son épaisseur et la puissance du
laser.
Certains métaux ont une forte réflectivité
(aluminium, argent, or, cuivre, etc.) ce qui rend
le laser peu efficace en début d’interaction (le
coefficient de réflexion d’une surface
d’aluminium soumise à un éclairement de 107
W/cm², passe de 0,7 à 0,2 en moins de 0,2
ms). L’état de surface de la pièce joue
également un rôle de ce point de vue. Les
Figure 4-118: Decoupe par laser puissances des lasers de coupe varient de
200 mW à 10 kW
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-71
Technologie des fabrications mécaniques I
paramètres d’étincelage (fréquence, forme des impulsions, tensions, etc.). La pièce est
généralement reliée au pôle positif et l’électrode au pôle négatif. Les vitesses d’avance sont
fonction de la matière et de l’épaisseur de la pièce ; elles sont habituellement exprimées en
surface découpée par minute - mm²/min (épaisseur x longueur/min). On peut par exemple
découper un tôle d’acier de 80 mm d’épaisseur avec un fil de laiton de 0,25 mm à une
vitesse de 3 mm/min (240 mm²/min). Les états de surface obtenus en ébauche sont de
bonne qualité Rt = 8 à 20 µm pour l’acier. Le diélectrique le plus couramment utilisé est l’eau
déionisée. Les fils électrodes sont le plus souvent en laiton ou en cuivre et plus rarement en
tungstène, en molybdène ou en acier ; leur diamètre typique est de 0,25 mm. Le fil doit
conserver sa rectitude en cours de découpe malgré les efforts mécanique qu’il subit (ondes
de choc et de pression typiques du procédé). Il doit donc être tendu afin d’éviter des
vibrations dont l’amplitude est limitée à 0,01 mm, tout en autorisant une vitesse de coupe
acceptable. Les contraintes dans le fil sont supérieures à la limite élastique du matériau. Le
défilement du fil permet de conserver un diamètre calibré durant toute la coupe. Les vitesses
typiques sont comprises entre 90 et 300 mm/s. La capacité maximum de découpe est de
l’ordre de 400 mm.
4.4.2.1. Pliage.
Le pliage (« bending ») est un procédé de fabrication très largement employé qui permet
l’obtention, par formage à froid, de pièces développables à plis rectilignes. Il intéresse aussi
bien les pièces de grandes dimensions (longerons de camion, mobilier métallique, fût tronc-
pyramidal de lampadaire public, palplanche, etc.) que les petites pièces (tringle de rideaux,
pattes de fixation, etc.). Dans ce chapitre, il sera essentiellement question du pliage de tôles.
Les avantages du procédé sont :
− outillage simple ;
− pièces réalisées de formes relativement complexes ;
− cintrage de tôles de forte épaisseur possible.
Les inconvénients du procédé sont :
− longueur de pli limitée à la longueur des machines ;
− plasticité résiduelle difficilement contrôlable.
Dans ce procédé, la tôle est soumise à une flexion localisée qui provoque l’allongement des
fibres extérieures, la compression des fibres intérieures et un déplacement de l’axe neutre
vers l’intérieur du pli. Lorsque l’effort cesse, si l’amplitude de fléchissement a été suffisante, il
y a eu plastification et le flan ne reprend pas sa forme initiale, mais une forme proche du
fléchissement maximal au retour élastique près. Si le matériau est suffisamment ductile et si
le rayon de pliage n’est pas trop petit, la limite de rupture du matériau n’est pas atteinte(voir
Figure 4-122).
Rayon minimal de pliage pour tôles en acier laminées à chaud (NF A35-501)
Epaisseur <1 1-1,5 1,5-2,5 2,5-3 3-4 4-5 5-6 6-7 7-8 8-10 10-12 12-14 14-16 16-18 18-20
E24-3 T 1 1,6 2,5 3 5 6 8 10 12 16 20 24 28 36 40
L 1 1,6 2,5 3 6 8 10 12 16 20 24 28 32 40 45
E36-3 T 1,6 2,5 4 5 6 8 10 12 16 20 25 30 35 45 50
L 1,6 2,5 4 5 8 10 12 16 20 25 30 35 40 50 63
T= pli transversal (perpendiculaire au sens du laminage)
L : pli longitudinal (parallèle au sens du laminage)
E24-3(AFNOR) = St37-3(DIN) = S235JO(EN
E36-3(AFNOR) = St52-3(DIN) = S355JO(EN)
On voit dans ce tableau que les tôles présentent une anisotropie de leurs caractéristiques
mécaniques ; la possibilité de déformation plastique est plus importante dans le sens du
laminage. Pour réaliser de petits rayons de pliage, il est préférable que le pli soit
perpendiculaire au sens du laminage.
Par ailleurs, on constate que le rayon minimal de pliage augmente avec la longueur pliée L ;
il reste constant lorsque la longueur pliée dépasse de quatre à six fois l’épaisseur de la tôle.
Le pliage à un faible rayon est limité par l’apparition de fissures sur la face externe du pli.
Celles-ci s’amorcent généralement sur le bord de découpe de la tôle. Le bord du flan a été
fragilisé par l’opération de découpe (cisaillage, oxycoupage, etc.). Dans le cas d’un pliage à
un faible rayon d’une tôle forte, il est recommandé de faire un léger chanfrein pour éliminer la
zone fragilisée sur la face externe sollicitée en traction.
Une étude Creusot-Loire a permis de déterminer une relation empirique reliant du rayon
minimal de pliage rapporté à l’épaisseur aux caractéristiques de traction de la tôle :
rm 1
=
e (B ⋅ (B + 2))
Avec
B=
( A − 4)
(100 − Z )
rm : rayon minimal de pliage;
e : épaisseur de la tôle ;
A : allongement après rupture;
Z : coefficient de striction.
Cette relation a été établie pour des aciers de construction non alliés et faiblement alliés de
limite d’élasticité comprise entre 40 et 110 daN/mm².
Calcul du flan.
Le calcul de la longueur développée d’une pièce pliée est nécessaire pour déterminer la
longueur du flan et pour régler la position des butées lors de l’opération de pliage. Pour les
petits rayons de courbure, la fibre neutre (fibre non déformée) n’est plus au milieu de
l’épaisseur ; elle s’est déplacée vers la face interne du pli.
relâchement des tensions élastiques, est appelé retour élastique. Pour obtenir un pliage à un
angle précis, il faut tenir compte de ce retour élastique au moment de la conception de
l’outillage. Il s’agit là de la principale difficulté du processus car elle conditionne la précision
des pièces. Des relations empiriques existent dans les ouvrages spécialisés. Le tableau ci-
dessous donne des ordres de grandeurs typiques.
Le retour élastique d’une pièce après pliage est particulièrement sensible pour les grands
rayons de pliage (rapport R/e élevé) et pour les matériaux à limite élastique élevée.
Efforts de pliage.
Cet effort est difficile à déterminer avec exactitude compte tenu du frottement poinçon-pièce,
des réactions des masses métalliques de la pièce extérieures au pli, ainsi que de
l’écrouissage du métal. Cependant, les valeurs empiriques suivantes fournissent des valeurs
acceptables.
Dans le cas du pliage en V en l’air, l’effort de pliage exercé par le poinçon est donné par :
C ⋅ Rm ⋅ L ⋅ e 2
F=
V
où F: effort de pliage (N)
Rm : limite de rupture en traction (Mpa)
L: longueur pliée (mm)
e: épaisseur de la tôle (mm)
V: ouverture du V (mm)
C: coefficient fonction de l’ouverture du V.
C= 1,40 pour V= 6e
1,33 8e
1,24 12e
1,20 16e
Dans le cas du pliage en U (voir Figure 4-124) sans frappe, l’effort est fortement tributaire du
jeu entre poinçon et matrice et de la tolérance d’épaisseur de la tôle. Pour un jeu de 10% par
rapport à l’épaisseur nominale de la tôle, la formule empirique suivante donne des résultats
acceptables :
F = 0,5 e L Rm
Caractéristiques typiques :
− Longueur : 6m mais on peut atteindre 25m ;
− Epaisseur de paroi : 0.1mm à 20mm ;
− Vitesse sortie profilé : 1,5 m/s ou plus
La conception et le séquencement des cages sont affaire d’expérience pour contrôler les
tolérances, le retour élastique, le déchirement et le flambement. L’angle longitudinal de
formage du profil ne doit pas être supérieur à 1°25’ d’une passe à l’autre. La hauteur est
donc augmentée de 0,025 d, d étant la distance qui sépare deux cages consécutives. Cela
permet de dessiner (en les superposant) les profils obtenus par les passes successives,
donc la forme de la partie active des galets. Ce dessin prend le nom de « fleur » ou
« étoile ».
Les rouleaux sont en acier au carbone ou en fonte grise ; ils sont parfois chromatés pour
améliorer l’état de surface des profilés et l’usure des rouleaux.
Les matériaux mis en œuvre sont typiquement :
− tôles d’acier laminées à chaud ou à froid ;
− tôles d’acier galvanisées ;
− tôles d’acier galvanisées et prélaquées ;
− tôles d’aciers patinables et inoxydables ;
− alliages d’aluminium et de cuivre.
Le procédé trouve ses applications dans les domaines suivants (voir Figure 4-126) :
− transport : châssis, armatures diverses, etc.
− bâtiments : couvertures, bardages, planchers, structures légères, huisseries ;
− palfeuilles, rideaux de coffrage, glissières de sécurité, tringles à rideaux, etc.
Il n’est rentable que pour une production de grande série.
Figure 4-126: Différents profils obtenus par profilage sur machine à galets
4.4.2.3. Cintrage
Le cintrage (« roll bending ») est une opération qui consiste à réaliser, à partir d’une tôle
plane et sur une machine à rouler, des pièces à surface développable, appelées viroles, de
forme cylindrique ou conique (voir Figure 4-127).
Avec l’emploi de ce type de machine, il est indispensable de réaliser une opération de
croquage à chaque extrémité de la tôle, pour éviter des parties planes à la virole.
Le cintrage des tôles est parfois appelé roulage car il est effectué sur une machine appelée
rouleuse. Les épaisseurs travaillées varient de 1,5 à 250 mm, quelquefois 300 mm.
L’épaisseur minimale est limitée seulement par l’équipement de manutention. On ne trouve
pas de machines travaillant dans toute l’étendue de ce domaine, mais la plupart des
machines peuvent former un domaine d’épaisseur relativement important : par exemple de
1,5 à 10 mm ou de 12 mm à 150 mm.
Les rouleuses de type croqueur (voir Figure 4-129)(appelées aussi de type planeur)
présentent l’avantage d’effectuer elles-mêmes le formage des extrémités des tôles. La
longueur de la zone restant plate ne varie plus que de 0,5 à 2 fois l’épaisseur selon la
conception de la machine et sa puissance. Cette possibilité est obtenue en créant des
degrés de liberté supplémentaires. On a ainsi différents types de machines :
− rouleau supérieur fixe en translation et entraîné en rotation, rouleaux inférieurs
symétriques à déplacement oblique ou uniquement vertical. Ces machines permettent le
croquage des deux bords sans retournement de la tôle et ainsi d’assurer une bonne
cadence de production ;
Chapitre4 : MISE EN FORME PAR DÉFORMATION PLASTIQUE. Page 4-82
Technologie des fabrications mécaniques I
Les rouleuses à quatre rouleaux sont de conception plus récente (Figure 4-129 ). Elles ont
des caractéristiques qui leur permettent un grand domaine d’utilisation.
A chaque fois que c’est possible, il est préférable de former à froid. En formage à chaud, la
précision dimensionnelle est plus difficile à maîtriser et le coût est notablement accrû par les
opérations suivantes :
− chauffage du flan ;
− manutention du flan et de la pièce à température élevée ;
− décalaminage de la surface ;
− calibrage de la pièce après formage ;
− usure plus rapide des rouleaux.
En formage à froid, l’écrouissage se traduit par un durcissement accompagné d’une baisse
de ductilité et d’une fragilisation dues à une augmentation de la densité de dislocation. Cette
dégradation peut d’ailleurs être amplifiée par des opérations ultérieures de préchauffage et
de soudage. Il entraîne également la création de contraintes résiduelles qui peuvent jouer un
rôle défavorable sur la tenue en service : risque de rupture fragile, sollicitation en fatigue,
corrosion sous tension. Pour éliminer les possibilités de fragilisation par formage à froid
susceptibles d’entraîner des ruptures catastrophiques, le constructeur a recours aux
traitements thermiques. D’une façon générale cependant, la déformation admissible sans
traitement thermique est de 5% pour les aciers non alliées et de 3 % pour les aciers
ferritiques trempés et revenus. Dans la plupart des cas de cintrage, les déformations sont
inférieures à 5%. Les différents codes de construction des appareils à pression donnent des
formules pour le calcul de la déformation maximale obtenue à la surface d’une tôle roulée.
Ces formules sont équivalentes à celle donnée par le code ASME section III :
50 ⋅ e R f
d (% ) = ⋅ 1 −
R R
f i
Ainsi dans le cas d’une tôle en acier ayant une limite élastique égale à 40 daN/mm²
d’épaisseur e = 25mm, il faut cintrer au rayon initial R0 = 1355 mm pour obtenir un rayon Rf =
2000 mm sur la pièce finie.
Dans la pratique industrielle, le réglage de la position des rouleaux se fait par un
positionnement progressif jusqu’à l’obtention du rayon de courbure désiré qui est contrôlé
par gabarit.
4.4.3. Emboutissage
Figure 4-140: Evolution du rapport limite d'emboutissage dans l'essai Swift à fond plat en
fonction du cœfficient d'anisotropie moyen
Le mode de déformation par expansion se met en évidence dans un essai de gonflement par
pression hydraulique d’un flan circulaire (essai Erichsen (voir), essai Jovignot ou « bulge
test ») dans lequel le serre-flan empêche le flan de glisser radialement. Une analyse
théorique de cet essai met en évidence l’importance pour ces déformations de l’écrouissage
du matériau et la faible importance de l’anisotropie.
Cette courbe présente l’intérêt de prédire par calcul si un embouti est réalisable ou non ; elle
permet aussi par comparaison des déformations mesurées sur un embouti de savoir si
l’embouti est critique ou non.
Figure 4-145: Exemple de pièce emboutie Figure 4-144: Exemple de pièce emboutie
Tolérances. La précision des pièces est d’abord liée aux tolérances de l’outillage et à un
effet de retour élastique après formage. Le procédé d’emboutissage permet d’obtenir des
précisions de l’ordre de IT8 à IT10 même si la grande majorité des pièces embouties ne
nécessite pas de précision élevée.
Les états de surface sont en général bons, surtout en emboutissage à froid. La taille du
grain du flan est un paramètre important ; plus le grain est fin, meilleur sera l’état de surface.
Il faut au moins une finesse 7 (ASTM). Lorsque la taille du grain est inférieure à 5, il y a
risque d’apparition d’un état de surface comparable à celui d’une peau d’orange (« orange
peel »). Pour la fabrication des carrosseries, l’industrie automobile exige des tôles dont le
grain est compris entre 5 et 7, calmées à l’aluminium, qualité emboutissage profond, et
exemptes de tout défaut d’aspect dû au laminage. Elle obtient ainsi des emboutis ayant une
rugosité Ra = 1,2 µm. Dans l’opération d’emboutissage en rétreint, c’est surtout le frottement
sous serre-flan et au rayon de matrice qui provoque le grippage avec arrachement de
matière (ustensiles ménagers en inox sont très sensibles à ce phénomène). Pour combattre
le grippage, il faut agir sur la technique de formage (matériau constitutifs de l’outillage, le
lubrifiant, etc.).
Matière. L’acier doux (0,2% C max) est le plus largement utilisé, suivi par les aciers
inoxydables, l’aluminium, le laiton et le cuivre. Les aciers développés pour l’emboutissage
sont les aciers calmés à l’aluminium, les aciers à dispersoïdes (addition de V, Nb, etc. en
faible quantité), les aciers rephosphorés, les aciers IF (« interstitial free ») sans interstitiels à
rm et n élevés, les aciers dual-phase, etc. Pour l’aluminium, on obtient de bons résultats avec
les alliages des séries 6000 (Al, Mg, Si) et 3000 (Al, Mn) ; ces derniers sont utilisés en
fabrication de boîtes de boisson pour leur aptitude à être mis en œuvre par le procédé de
repassage (« ironing ») (allongement des parois par réduction de leur épaisseur, le jeu
poinçon-matrice est plus faible que l’épaisseur de la tôle et le métal est étiré ou laminé
pendant l’opération d’emboutissage, on obtient ainsi des emboutis plus profonds, plus
minces et ayant un bon état de surface ; pour les boîtes de boisson, la fabrication s’effectue
en deux ou trois passes). Les alliages de la série 2000 (Al, Cu) durcis par le cuivre
(duralumin) sont plus difficiles à mettre en œuvre.
Les principales difficultés rencontrées en emboutissage sont les suivantes :
- une striction et une rupture dues à une déformation trop importante, ou à une force de
serre-flan trop grande ;
- un plissement ou flambement lié à l’apparition de contraintes compressives dans le plan
de la tôle. Le défaut est dû à une force de serre-flan trop faible, mais il est aussi favorisé
par de faibles épaisseurs et des limites d’élasticité élevées (nouvelles tôles pour
carrosserie automobile allégées à plus haute limite élastique) ;
- un retour élastique, c’est-à-dire un changement de forme provoqué par une déformation
élastique lorsque le poinçon est relevé. Ce problème est important pour les aciers à haute
limite d’élasticité. Il peut par exemple poser des problèmes d’accostage en construction
mécano-soudée ;
- la tenue des revêtements : de plus en plus les tôles sont revêtues avant emboutissage
(électrozingage, galvanisation), notamment pour améliorer la résistance à la corrosion. La
présence, par exemple, de 5 à 10 µm de zinc en surface pose quelques problèmes liés à
la faible dureté du revêtement qui a tendance à encrasser les outils et à engendrer des
défauts d’aspect. La couche de zinc modifie aussi les conditions de frottement tôle/outils.
avec D : diamètre du flan, d1, d2, d3, etc. :diamètres successifs des emboutis
Cette opération peut se réaliser sans recuit de recristallisation jusqu’à une profondeur limite
d’emboutissage caractérisée par le rapport h/d (h : profondeur d’emboutissage).
Des traitements thermiques peuvent être nécessaires pour renforcer des zones fortement
sollicitées ainsi que des traitements de surface (chromage dur, nitruration , etc.).
A partir du dessin de la pièce à fabriquer, le bureau des méthodes établit :
− les dimensions du flan qui conditionne l’importance des chutes et donc le coût matière,
− la gamme de fabrication et en particulier le nombre de passes qui définit le coût des
outillages ;
− l’effort maximal et les courses utiles pour réaliser la pièce qui induit le choix de la presse :
coût machine.
Le calcul du flan part souvent de l’hypothèse que la pièce et le flan ont la même épaisseur
(ce qui est souvent le cas) et s’effectue en considérant la fibre moyenne (pièces à parois
minces). Comme il y a conservation du volume, la pièce et le flan ont la même surface,
quelques mm sont ajoutés pour le détourage.
Le calcul de la surface de la pièce s’effectue en la décomposant en volumes simples. Pour
les pièces à symétrie de révolution, on utilise le théorème de Guldin : l’aire engendrée par
une courbe tournant autour d’un axe qui ne la coupe pas est égale à 2 π fois le produit de sa
longueur par la distance de son centre de gravité à l’axe.
Pour les pièces non axisymétriques, il faut par ailleurs considérer les écoulements de
matières qui rendent le problème beaucoup plus complexe.
La contribution des forces de frottement en emboutissage peut représenter 20 à 40 % de
l’énergie totale absorbée. La lubrification a une incidence directe sur les écoulements du
métal. Une bonne lubrification a pour conséquence :
− l’augmentation de la longévité de l’outillage ;
− une amélioration et meilleure régularité de la qualité des pièces embouties qui sont moins
sollicitées ;
− la possibilité de réaliser des pièces difficiles.
Cependant, compte tenu du coût du lubrifiant et des nuisances engendrées, de plus en plus
d’ateliers essaient d’en limiter l’usage et se contentent par exemple d’utiliser l’huile de
protection anticorrosion qui est de toute façon présent comme lubrifiant d’emboutissage.
4.4.4. Presses
Les presses (« presses ») sont des machines capables de fournir à un outillage l’effort et
l’énergie nécessaires au formage par déformation plastique d’un élément de tôle pour obtenir
une pièce de forme déterminée.
Ce paragraphe traitera essentiellement des presses destinées au travail à froid des métaux
en feuille.
Ces presses se composent d’un bâti et d’un ensemble mobile qui anime un ou plusieurs
coulisseaux d’un mouvement rectiligne alternatif.
Les presses peuvent se classer suivant :
− la nature de l’agent moteur :
− presses mécaniques à système bielle-manivelle ;
− presses hydrauliques ;
− la forme du bâti :
− presses à arcades ou à montants droits ;
− presses à col de cygne ;
− le nombre de coulisseaux :
− presses à simple effet (1 coulisseau) ;
− presses à double effet (2 coulisseaux) ;
− presses à simple effet (3 coulisseaux).
Des normes définissent un classement des presses en fonction de leurs caractéristiques
ainsi que les méthodes de contrôle (tolérances de parallélisme, de perpendicularité et de
planéité). Cependant, leur état de développement encore incomplet et les besoins
spécifiques de l’utilisateur impliquent la rédaction d’un cahier des charges lors de l’achat
d’une presse. Ce cahier est généralement élaboré en commun entre le constructeur et
l’utilisateur.
Les bâtis en tôles fortes d’acier mécanosoudés tendent à remplacer les bâtis coulés en
fonte. Les dimensions d’une presse sont fonction des outillages utilisés par chaque
entreprise et, de ce fait, le constructeur se trouve confronté à des demandes spécifiques à
chacun de ses clients. L’utilisation de tôle oxycoupées, puis soudées, s’avère moins
onéreuse et plus souple que celle de la fonte moulée qui nécessiterait pour chaque bâti,
l’exécution d’un modèle de fonderie. Pratiquement seules les presses de faible capacité (600
kN max), qui sont vendues sur catalogue, sont équipées d’un bâti en fonte moulée. Les bâtis
sont dimensionnés à une contrainte maximale de 6 MPa sous la force nominale, ce qui
réserve un important coefficient de sécurité et explique partiellement la longévité des
presses.
Les bâtis en col de cygne (« C-frame ») rendent la table et le coulisseau très accessibles
(voir Figure 4-151 ). Sous charge cependant, le bâti se déforme élastiquement ce qui est
préjudiciable au bon fonctionnement et, de ce fait, ce type de bâti est réservé aux presses
développant au maximum environ 2000 kN d’effort (à la force nominale, l’ouverture d’une
presse de 2000 kN est de l’ordre de 0,70 mm en avant de l’axe du coulisseau).
Les bâtis à arcades (voir Figure 4-152) présentent une plus grande rigidité et permettent
ainsi de supporter des efforts plus importants, tout en assurant une plus grande précision
dans le guidage des outils. Cependant, la présence des montants réduit l’accessibilité à la
table de travail.
Les coulisseaux sont construits en fonte ou en acier mécanosoudé. Leur partie inférieure,
appelée semelle, comporte des usinages pour assurer la fixation de la partie supérieure de
l’outil : rainures en T pour les outils importants, alésage pour le nez de fixation des petits
outils. Ils sont guidés par des glissières solidaires du bâti.
La table de presse reçoit la partie inférieure de l’outil et assure sa fixation (rainures en T,
trous taraudés). Elle est percée de trous pour assurer le passage des chandelles d’éjection.
Certaines tables sont ajourées au centre pour permettre l’évacuation des pièces ou des
déchets. Les presses sont parfois équipées de tables mobiles dans le but d’augmenter la
productivité ; pendant qu’une table est en position de travail, une seconde table, en attente à
l’extérieur, reçoit l’outillage qui doit entrer en fonction.
Les presses mécaniques sont équipées d’un système bielle – manivelle (vilebrequin ou
excentrique (voir Figure 4-153)) qui imprime le
mouvement au coulisseau entre un point mort bas
(distance minimale entre la table et le coulisseau) et
un point mort haut. La course du coulisseau est
égale à 2 fois le rayon de manivelle.
x ≈ r (1 – cos ω t)
V ≈ ω r sin ω t
La vitesse varie de façon approximativement
sinusoïdale ; elle est maximale au milieu de la course
et s’annule aux points morts haut et bas. Les presses
mécaniques ont une course limitée. Figure 4-153: Evolution de l'effort
L’énergie nécessaire au mouvement et au travail de disponible sur une presse en fonction
formage des tôles est fournie par un volant d’inertie de la course
entraîné par un moteur électrique. Le volant tourne
en permanence et la mise en mouvement de l’arrêt
On citera deux variantes des presses mécaniques : les presses à genouillères et les presses
à vis.
Les presses à genouillères (voirFigure 4-155) sont utilisées pour les opérations qui
nécessitent de grands efforts sur de faibles courses de travail. Ce sont des presses
mécaniques caractérisées par un embiellage particulier qui joue un rôle de multiplicateur
d’effort. Au point mort bas, le vilebrequin est déchargé de tout effort, l’effort de travail étant
uniquement supporté par les genouillères et le bâti c’est-à-dire des éléments massifs dont la
déformation sous charge reste très faible. Ces presses sont utilisées pour des opérations de
calibrage, marquage, frappage pour faire sortir des reliefs. Leur force nominale est comprise
entre 1 et 36 MN (100 et 3600 tonnes).
Dans les presses à vis (voirFigure 4-156), le coulisseau est commandé par une vis à
laquelle le mouvement de rotation est fourni par un volant d’inertie entraîné par un moteur
électrique. En fin de course, le volant d’inertie doit s’arrêter et, par conséquent, toute
l’énergie emmagasinée est consommée. Un moteur à vitesse variable permet d’ajuster la
vitesse du volant de façon à lui permettre d’emmagasiner l’énergie nécessaire à l’opération
de formage car l’excédant doit être absorbé par la presse sous forme de déformation
élastique. Les efforts nominaux sont compris entre 1,4 et 280 MN (140 et 28000 tonnes).
Les presses hydrauliques ont des structures comparable à celle des presses mécaniques ;
elles se différentient par le mode de commande du coulisseau et par le moyen de production
de l’énergie nécessaire au formage. Le coulisseau est solidaire d’un vérin alimenté par un
groupe hydraulique et de ce fait l’effort nominal peut être mieux contrôlé. Les vitesses de
travail sont plus faibles. Les presses hydrauliques sont équipées de pompes délivrant des
pression de l’ordre de quelques centaines de bar et, contrairement aux presses mécaniques,
elles ne présentent aucun risque de surcharge accidentelle. La loi de mouvement optimale
du coulisseau (approche rapide, vitesse de travail lente, remontée rapide) est obtenue, sur
presses mécaniques, au prix de solutions mécaniques complexes et encombrantes ; il en est
différemment des presses hydrauliques : systèmes de chambres différentielles, soupapes,
etc.
Les presses hydrauliques peuvent développer des forces très importantes ; jusqu’à 14000
tonnes pour des presses de forgeage libre et jusqu’à 75000 tonnes pour le forgeage en
matrice (estampage et matriçage) . Elles sont notamment utilisée en construction
aéronautique. L’élément de structure principal du train d’atterrissage d’un Boeing 747 est
forgé à l’aide d’une presse hydraulique de 50000 tonnes. Il s’agit d’une pièce en titane (Ti-
6Al-4V) pesant 1350 kg. Il existe en France une presse de 65000 tonnes ; elle a une hauteur
de 36 m dont 24 m au-dessus du sol, sa surface au sol 13 m x 9 m, sa masse est de 12 000
tonnes soit « 2 tours Eiffel ».
Les presses à plier sont, pour l’essentiel, des presses hydrauliques. Il en existe de deux
types : les presses à tablier plieur et les presses plieuses.
Dans les presses à tablier plieur, la tôle est pincée sur une table horizontale à l’aide d’un
sommier. Un tablier plieur réglable en hauteur et dans le plan horizontal permet le pliage à
différents rayons. Les longueurs utiles de pliage sont de 2 à 4m et l’angle maximal de
rotation du tablier de 120°. Ce type de presse permet une manutention plus aisée des pièces
lourdes ou à grand développement, des frais d’outillages réduits et une grande universalité.
Les presses plieuses (voir Figure 4-157 et Figure 4-158)ont des presses à col de cygne
classiques qui ont pour caractéristique essentielle leur grande longueur. Leur cinématique ne
diffère pas des autres presses : on rencontre des machines mécaniques et hydrauliques. Les
dimensions du coulisseau et du tablier constituent la longueur hors tout de la machine, ce qui
permet, pour les pliages de grande longueur, d’accoler deux machines. Certaines machines
sont équipées d’une commande numérique qui permet notamment de programmer, dans le
cas du pliage en l’air, la profondeur et la position du pli.
Dans le procédé de fluotournage (« shear spinning, tube spinning, flow turning, spin forging,
etc. »), on allonge un flan axisymétrique en réduisant son épaisseur ; le métal s’écoule en
tournant d’où le nom du procédé. L’opération peut être manuelle ou entièrement
automatisée.
On distingue deux modes de fluotournage d’après les formes géométriques de l’ébauche et
du produit :
− le fluotournage conique (« shear spinning »), à partir d’une tôle plane appelée flan, permet
l’obtention d’un cône ou d’une pièce de révolution à génératrice droite ou curviligne
(voirFigure 4-162) ;
− le fluotournage cylindrique (« tube spinning ») réalise des pièces tubulaires à paroi mince,
l’ébauche étant un godet forgé, embouti, extrudé, usiné, etc. En fluotournage cylindrique
direct, la matière s’écoule dans le sens du mouvement d’avance des molettes ; le produit
obtenu est forcément plus court que le mandrin. En fluotournage cylindrique indirect,
l’ébauche vient à butée sur la face côté broche du mandrin ; en cours de travail, la matière
s’écoule dans le sens opposé au mouvement d’avance des molettes ; la pièce finie,
généralement sans fond, peut être plus longue que le mandrin.
Le flan est formé sur une matrice avec un serre-flan le tout étant immergé dans une fosse
d’éclatement de grande dimension remplie d’eau. Le vide d’air est réalisé dans la matrice.
Une charge d’explosif est placée à une certaine distance et mise à feu. L’onde de choc qui
en résulte a une énergie suffisante pour mettre à forme le flan à condition que le métal ait
une ductilité suffisante aux grandes vitesses de déformation. Le calcul de la charge
explosive se fait à partir du calcul de l’énergie nécessaire à la déformation du flan.
Le procédé est rentable pour de petites séries de 2 à 10 pièces. Le prix de revient est
d’autant plus compétitif que la série est faible, que les dimensions sont importantes et qu’une
ou plusieurs des conditions suivantes sont remplies :
− tolérances dimensionnelles très faibles ;
− temps de réalisation d’un outillage plus court que pour un outillage classique ;
− pièce de forme non normalisée ou sans symétrie de révolution ;
− métal de faible formabilité : acier réfractaire.
Un des intérêts du procédé est de nécessiter un outillage simple et peu coûteux. Il est utilisé
dans l’industrie aéronautique, la construction navale et la chaudronnerie pour la fabrication
de fonds bombés ou d’évasements de tubes. Les épaisseurs vont jusqu’à 40 mm pour les
alliages d’aluminium et 15 mm pour les aciers et les dimensions sont de l’ordre du demi
mètre à quelques mètres.
Figure 4-164: Energie dégagée par l'explosion pour le formage de pièces de grandes
dimensions
l’aluminium et 15 fois pour le cuivre, la limitation étant imposée par la technologie actuelle de
réalisation des bobines.
Le procédé est utilisé pour sertir des tubes minces sur des câbles.