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ES00702T - Méthodologie des études romanes I BAUTISTA MACHADO Jennifer

MASTER LLCER | parcours Études romanes : études hispano-américaines

FRANCISCO DE QUEVEDO : PETRARQUISME ET ANTIPETRARQUISME

Sonnet CCXVII b

A FLORI, QUE TENÍA UNOS CLAVELES À FLORI, QUI PORTAIT DES ŒILLETS
ENTRE EL CABELLO RUBIO DANS SES CHEVEUX BLONDS

Al oro de tu frente unos claveles À l’or de ton front je vois des œillets
veo matizar, cruentos, con heridas; infliger, sanglants, leurs blessures ;
ellos mueren de amor, y a nuestras vidas ils se meurent d’amour, et à nos vies,
sus amenazas les avisan fieles. qu’ils menacent, donnent de sûrs conseils.

Rúbricas son piadosas y crueles, Ce sont rouges marques de pitié et cruelles,


joyas facinerosas y advertidas, Criminels joyaux et entendus,
pues publicando muertes florecidas, Qui en proclamant des morts en fleurs,
ensangrientan al sol rizos doseles. Font rutiler au soleil un dais ondoyant.

Mas con tus labios quedan vergonzosos Mais si tes lèvres de honte les colorent
(que no compiten flores a rubíes) (point ne rivalisent fleurs avec rubis)
y pálidos después, de temerosos. ils pâlissent après, de peur saisis.

Y cuando con relámpagos te ríes, Et quand à grands éclairs de pourpre


de púrpura, cobardes, si ambiciosos, tu ris, leur ambition intimidée
marchitan sus blasones carmesíes. laisse faner ses blasons cramoisis.
Le sonnet présenté fait partie de l’œuvre plus célèbre de Quevedo, son Parnaso Español. La
première partie a été publiée en 1648 et la deuxième partie en 1670, avec tous ses poèmes. Dans
le poème choisi, nous allons remarquer les aspects qui le poète espagnol imite de la poésie du
grand écrivain italien Pétrarque et les éléments qui le différencie de la manière d’écrire
pétrarquiste.

Francisco de Quevedo y Villegas est né à Madrid en 1580. Écrivain qui était au service de la
courte espagnole, raison pour laquelle il accompagne au duc d’Osuna en Italie. C’est pendant
cette époque que l’auteur madrilène va rencontrer la genèse d’une type de poésie déjà dispersée
par toute l’Europe, la poésie du poète toscan Pétrarque. Quevedo a été un des derniers écrivains
à employer plusieurs caractéristiques propres des vers du Canzionere, grâce à la philosophie du
néo-platonisme et celle du conceptiste, sur lesquelles il a soutenu et fondé son œuvre poétique.
Cette œuvre est accompagnée aussi de quelques caractéristiques de son époque baroque,
laquelle n’est pas que l’excès de ces formes pétrarquistes.

Les éléments pétrarquistes :

En analysant la structure externe du texte nous pouvons observer l’emploi du très célèbre
sonnetto italiano qui a été beaucoup utilisé par Pétrarque dans ces poèmes. Le sonnet de
Quevedo se divise également en deux quatrains et deux tercets, ils sont accompagnés des rimes
embrassées pour les quatrains et de la terza rima pour les deux strophes finales. Cette structure
poursuit le modèle pétrarquiste qui met l’accent sur la forme et sonorité du poème, ce processus
qui avait pour but de musicaliser les vers dans les sonnets du poète toscan.

Dans ces aspects externes, nous pouvons le remarquer un des premiers éléments qui éloignent
au poète espagnole du poète italien : le titre « A Flori, que tenía unos claveles entre el cabello
rubio ». Cet aspect fait une notable différence entre les sonnets de Pétrarque, où les titres étaient
inexistants, et les sonnets de Quevedo. Cependant, nous savons que ce n’est pas Francisco de
Quevedo qui a donné les titres à ses poèmes, c’est son ami et éditeur Gonzalez de las Salas1 qui
l’ai fait avec l’intention de illustrer le contenu des poèmes. Dans le cas de notre sonnet choisi,
le titre fait l’allusion à un tableau, où nous pouvons apprécier, à travers les yeux du poète, à
Flori, une dame aux cheveux blonds et lèvres rouges qui portait des fleurs et qui est, elle-même

1
María José Alonso Veloso, Los Preliminares "no ineruditos" de González de Salas a la Musa V, "Terpsíchore, de
Quevedo", Iberoamericana Vervuert, coll. Actas del VI Congreso de la Asociación Internacional Siglo de Oro,
Burgos-La Rioja, 2002, p.239.
peut-être, la plus belle de fleurs. Néanmoins, à l’origine de son œuvre, l’auteur avait l’intention
de continuer le patron du sonnet pétrarquiste sans titre.

En ce qui concerne la structure interne, nous pouvons constater que le sonnet de Quevedo fait
partie d’une catégorie des poèmes pétrarquiste nommés « blasons ». Ce type de compositions
se caractérisaient par décrire une partie du corps et à en faire l’éloge. Dans ce texte poétique,
les parties décrites sont les cheveux et les lèvres, en suivant l’image stéréotypé de la dame
blonde et aux lèvres rouges, présente dans la poésie pétrarquiste. Pour décrire les parties du
corps de la bien-aimée le poète emploie plusieurs métaphores classiques de Pétrarque et ses
imitateurs. En décrivant les cheveux, ils va les comparés avec l’or « Al oro de tu frente» v.1 ou
avec le soleil « Al sol » v.8. Pour les lèvres, il transformés en précieux « rubíes » v.10. Ces
métaphores violentes, appelées en poétique des catachrèses, permettent de mettre la beauté
féminine sur un piédestal et de la déshumaniser au même temps, en représentant cet érotisme
courtoise propre de la poésie de Pétrarque où le désir pour la bien-aimée ne se présentait pas
comme un impulse nettement charnel.

Également, nous pouvons observer plusieurs jeux de contraste que Quevedo profite pour nous
décrire un attaque à la beauté de la dame, qui est exécuté par les œillets, ces personnages rouges
qui contraste forcement avec la figure féminine blonde. Dans la plupart de vers est notable
l’utilisation prédominante de la couleur rouge, associée à la sang comme une expression de
violence, pendant l’Espagne du XVII siècle, où les guerres, les morts et la sang faisaient partie
de son réalité. En plus, l’auteur voie comme ces fleurs « matizan »v.2 qu’en espagnol veut
dire assembler, unir avec une belle proportion différentes couleurs, de sorte qu’elles soient
agréables à regarder 2, mais au contraire le résultat de cette nuance est violent et agressif. Nous
pouvons comprendre pourquoi les œillets réagissent comme cela, c’est parce que ils « mueren
de amor » v.4, ils incarnent l’amour du poète. Ce sonnet est clairement un sonnet d’amour, mais
d’amour fou, où les œillets infligent plusieurs types de blesseurs à la dame qu’ils aiment, ces
personnages et les actes commis par eux marquent un éloignement du canon pétrarquiste.

Ensuite, l’auteur se sert des différentes antithèses pour exprimer les actions de son amour et les
résultats de celui-ci. Concernant à ces actions, nous pouvons remarquer comme les œillets sont
des marques rouges « piadosas y crueles » v.5, qui « ensangrientan al sol rizos doseles » v.8,
les manières d’exprimer son amour à sa dame sont pour Quevedo des manifestation d’une pitié,

2
Def.2, Real academia española [en ligne], 2022,[ matizar | Definición | Diccionario de la lengua española | RAE
- ASALE consulté le 6 enero 2022].
que lui comme religieux connaissait. Malheureusement, dans la condition du poète, comme
figure public et religieux, à une époque surveillée par la Sante Inquisition, ces marques
d’amour, au lieu de plaire à sa muse, lui produisaient de la douleur en attentant contre sa beauté.
Cet amour donne un résultat contradictoire celle de la morte et la vie. Ce sentiment fasse que
les œillets meurent, ils « marchitan sus blasones carmesíes », l’amant souffre aussi et il sens
que son amour peut lui conduire qu’à la morte. Néanmoins, la bien-aimée lui donne l’espoir,
elle représente, elle-même la vie, parce que ces œillets il ne sont pas à la hauteur de sa beauté
« no compiten flores a rubíes »v.10. Seulement avec son sourire, son rire, elle est capable de
détruire tous ces forces, ces blasons et libérer au poète de cet amour méprisable et profane.

En résumé, le poème-tableau « A Flori, que tenía unos claveles entre el cabello rubio » que
Francisco de Quevedo nous présente est composé de divers enrichies figures de style. Ces jeux
de contraste et ces métaphores enrichies éloignent parfois la composition du poète madrilène
du modèle pétrarquiste et néoplatonicien et elles lui invite à entrer dans les spécificités du
baroque. Pourtant, avec le triomphe de la beauté de son bien-aimée, il se tourne vers le chemin
de Pétrarque.

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