COURS DE DROIT PENAL INTERNATIONAL ANNEE ACADEMIQUE : 2020-2021 Pr Germain NTONO TSIMI
DROIT PENAL INTERNATIONAL
INTRODUCTION GENERALE
Le droit pénal international est une discipline relativement récente du droit
criminel. Elle résulte de la confrontation et de la tentative de combinaison entre deux mondes opposés : le monde du pénal caractérisé par ce que l’on a appelé la trilogie fondamentale du droit pénal (territorialité, légalité et souveraineté) et le monde de l’international caractérisé par la déterritorialisation du pénal, le dépassement de l’égalité et l’absence totale de souveraineté suprême. Deux idées sous-jacentes portent l’esprit, la philosophie, les problèmes essentiels et les concepts fondamentaux du droit pénal international partant de cette vision de confrontation. La première : la production des normes pénales par le droit international (possible sujet de thèse) La seconde : l’élaboration d’un droit pénal par les Etats en contexte international (possible sujet de thèse). Considérant ces deux idées, la définition de la discipline devient instable (1), son évolution est dynamique (2) et ses sources sont plurielles (3). 1. La question de la définition du droit pénal international Il existe une querelle sur la dénomination de la discipline qui est aussi une querelle sur l’objet de la discipline ou bien son contenu entre droit pénal international et droit international pénal. Le Professeur Adolph MINKOA SHE demande subtilement s’il s’agit seulement d’un problème de déplacement de l’épithète. En d’autre terme l’antéposition ou la postposition de l’épithète modifie-t-elle la composition de la discipline. Lorsqu’on parle de droit pénal international, l’on désigne la branche du droit criminel qui règle l’ensemble des problèmes pénaux présentant un élément d’extranéité. Un problème présente un élément d’extranéité lorsque, apparaissant dans un ordre juridique national, il est en contact avec un ordre juridique étranger. Il en est ainsi : Lorsque le droit pénal règle le problème de la compétence pénale des tribunaux pénaux camerounais pour juger une infraction commise à l’étranger. Lorsque les règles relatives à la compétence de la police camerounaise ou du juge camerounais pour procéder aux investigations sur le territoire étranger. La règle relative à l’exécution au Cameroun des décisions pénales étrangères … Ainsi, le droit pénal international renvoi à l’application extraterritoriale des règles de droit pénal national. Dans ce sens, le droit pénal de chaque Etat se trouve dans ses lois pénales nationales telles que le code pénal ou le code de procédure pénale. S’agissant du code pénal, on peut citer les articles 8, 9, 10, 11, 14… pour ce qui est du code de procédure pénale, on peut citer l’ensemble des dispositions relatives à l’extradition (art.633 …). Le droit international pénal par contre renvoi à une réalité ancienne et à une réalité contemporaine. Du point de vue de classique, ou la référence ancienne renvoie à l’ensemble des conventions internationales contenant des dispositions pénales ou encore aux dispositions pénales contenues dans les conventions internationales. Dans l’approche contemporaine, le droit international pénal relève de ce qui convient d’appeler la logique de Nuremberg c’est-à-dire à l’ensemble des règles du droit international systématisées à partir de l’accord de Londres du 8 aout 1945 (dit statut de Nuremberg) et formant le corpus juris de core crimes. Cette dimension du droit international pénal forme également le droit des infractions internationales. Face à cette divergence de vues, il convient d’observer que l’appellation droit pénal international présente plus de perspectives globalisantes et intégratives des deux grandes dimensions à savoir l’internationalisation du droit pénal et la pénalisation du droit international. 2. L’évolution instable du droit pénal international Il convient d’observer que le droit pénal international revêt un aspect pluridimensionnel qui d’une certaine manière résulte d’une évolution stratifiée. La première strate ou le degré minimal de l’internationalisation se limite à l’établissement conventionnel d’une coopération judiciaire et policière entre les Etats pour une meilleure application de leurs droits pénaux nationaux. La seconde consiste à définir les incriminations pénales par les règles internationales, ou au minimum, à prévoir leur incrimination généralement par des conventions multilatérales. La troisième entraine la création des juridictions pénales internationales qui peuvent juger et condamner en vertu d’incriminations résultant des normes internationales. Ces trois strates désignent trois échelles d’internationalisation du droit pénal. L’internationalisation minimale (l’espace d’application du droit pénal) ; la seconde échelle c’est l’internationalisation du normative et la troisième c’est l’internationalisation institutionnelle Exemple : la création des juridictions pénales internationales. Chronologiquement, ces 3 strates se sont succédées dans l’histoire de la discipline et renvoient chacune à un moment important de la matière. Ainsi, l’internationalisation minimale renvoi à la période au cours de laquelle les Etats ont reconnu un espace commun d’exercice de la compétence pénale. Sous cet angle, l’espace maritime est apparu comme le premier espace d’application du droit pénal international. Pour cette raison, la piraterie est le plus ancien des crimes de droit des gens. La première infraction internationale dont l’origine est coutumière. Ce n’est que dans la convention de Genève du 23 Avril 1958 sur la haute mer qui a été reprise par l’article 101 de la convention des nations unies sur le droit de la mer (convention de Montegobe). Le deuxième moment est celui au cours duquel les Etats ont défini non-plus l’espace commun mais plutôt des intérêts communs. Ceux-ci justifient la plupart sinon la totalité des conventions internationales résultant de l’internationalisation pénale normative. Il en est ainsi en matière de corruption, du terrorisme, du trafic de stupéfiant. Le troisième moment concerne l’émergence des valeurs communes. Face à cette divergence de vue, il convient d'observer que l'appellation Droit Pénal International présente plus de perspectives globalisantes et intégrations que les 2 grandes dimensions de la discipline à savoir l'internationalisation du droit pénal et la pénalisation du droit international.
2) l'évolution instable du droit pénal international
Il convient d'observer que le DPI revêt un aspect pluridimensionnel qui d'une certaine manière résulte d'une évolution stratifiée. La première strate ou le degré minimal de l'internalisation se limite à l'établissement conventionnel d'une coopération judiciaire et policière entre les États pour une meilleure application de leur droit pénaux nationaux. La deuxième consiste à définir les incriminations pénales par les normes internationales ou au minimum à prévoir leur incrimination généralement par les conventions multilatérales. La troisième entraîne la création juridictions pénales internationales qui peuvent juger et condamner en vertu d'incriminations résultant des normes internationales et suivant des procédures internationales. Ces 3 strates désignent les 3 échelles d'internationalisation du pénal. L'internationalisation du pénal (sur l'espace d'application du droit pénal) la seconde échelle c'est l'internationalisation normative, et la troisième c'est l'internationalisation institutionnelle. EXEMPLE : les juridictions pénales internationales. Chronologiquement, ces trois strates se sont succéder dans l'histoire de la discipline et renvoient chacun a un moment important de la matière. Ainsi l'internationalisation minimale renvoie à la période au cours de laquelle les états ont un espace commun d'exercice de la compétence pénale. Sous cet angle, l'espace maritime est apparu comme le premier espace d'application de droit pénal international. Pour cette raison, la piraterie est la plus ancienne des crimes de droit des gens. La première infraction internationale dont l'origine est coutumière. Ce n'est que dans la convention de Genève du 23 Avril 1958 sur la haute mer qui a été reprise par l'article 101 de la convention des nations unies sur le droit de la mer (convention de Montegobe). Le deuxième moment est celui au cours duquel les états ont définis non-plus un espace commun mais plutôt des intérêts communs ceux-ci justifient la plupart sinon la totalité des conventions internationales résultant de l'internationalisation normative. Il en est ainsi en matière de corruption, de terrorisme, de trafic de stupéfiants. Le troisième moment concerne l'émergence des valeurs communes, celles-ci soutiennent l'internationalisation institutionnelle. En effet, les états à travers la jurisprudence de la cour internationale de justice ont consacré le concept de considération élémentaire d'humanité qui renvoie aux intérêts communs de tous les hommes, aux biens communs universels, à la paix et la stabilité internationale et à la conscience universelle. Cela a été affirmé dans l'arrêt de la cour internationale de justice du Detroit de COREFOU du 9 avril 1949 qui évoque le respect des considérations élémentaires d'humanité en temps de paix et en temps de guerre. On peut citer également l'arrêt de la cour internationale de justice du 27 juin 1986 dit arrêt sur les activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui- ci. Qui affirme que les considérations élémentaires d'humanité permettent de désigner les normes impératives qui sont intransgressibles. Sur le fondement des considérations élémentaires d'humanité le droit pénal international fait reposer le développement de la justice pénale internationale.
3 ) La pluralité des sources du DPI
Il n'est pas possible comme pour les autres matières juridiques de déterminer avec plus ou moins d'exhaustivité les sources du droit pénal international. En effet, en l'absence d'un législateur international, il n'existe pas un foyer unique d'émergence du droit pénal international. L'on distingue 2 catégories de sources. Les sources nationales du droit pénal international qui désignent non seulement les dispositions pénales mais aussi celles internationales réceptionnées dans l'ordre juridique national. Et d'un autre côté les sources internationales du droit pénal international. A ce propos, 2 textes majeurs peuvent être énoncés. Le premier relève du droit international général et le second du DPI. Dans la première catégorie l'on se réfère à l'article 38 du statut de la cour internationale de justice. L'alinéa 1 de ce texte prévoit : les conventions internationales, la jurisprudence internationale, les principes généraux de droit, les coutumes internationales. Quant à la doctrine et même aussi à la coutume internationale, il convient de se demander si celles-ci remplissent les conditions ou les caractéristiques résultant de l'application du Principe de la légalité criminelle. Autrement dit, il convient de s'interroger sur la compatibilité de l'article 38 al 1 (b, c, et d) et l'article 22 (NULLUM CRIMEN SINE LEGE) et 23 (NULLA PUENA SINE LEGE) du statut de la CPI. Le second texte de base est l'article 21 du statut de Rome qui évoque de façon hiérarchique les éléments des crimes. Le statut de la cour lui-même, l'ensemble des documents juridiques élaborés par la cour, le règlement de procédure et de preuve en second lieu les traités et les règles du droit international. L'article 21 ajoute qu'en cas de défaillance de ces sources, la cour peut appliquer les principes généraux de droit dégagés par la cour à partir des lois nationales. En tout état de cause, le DPI tente d'ordonner les interactions entre le pénal et le l'international tant sur le plan substantiel (partie 1) que procédural (partie 2).
Première PARTIE : LE DROIT PÉNAL INTERNATIONAL SUBSTANTIEL
Le droit pénal international substantiel désigne l'ensemble des règles juridiques qui définissent le régime de l'incrimination internationale (titre 1) et fixe celui de la responsabilité pénale (titre 2).
TITRE 1: LINCRIMINATION INTERNATIONALE
On part de l'idée selon laquelle il existé une incrimination internationale à côté d'une incrimination nationale. Sur ce point, une précision préalable s’impose. Une incrimination ne devient pas internationale simplement parce que son mode de perpétration transgresse les frontières. En d'autres termes, l'incrimination internationale n'est pas l'infraction totalement ou partiellement commise à l'étranger. Ainsi, il existe tout un procédé d'incrimination international (Chapitre 1) à partir duquel les principales infractions internationales peuvent être examiné (Chapitre 2).
CHAPITRE 1: LES PROCÉDÉS DE LINCRIMINATION INTERNATIONALE
On sait qu'il existe une catégorie juridique de l’incrimination internationale.
Son objectif est de renforcer la coopération internationale en matière pénale et avec elle l'efficacité de la prévention et de la répression des crimes internationaux. La considération ici est que les procédés de l’incrimination internationale résultent de l'alliance et du jeu d'interaction entre le droit pénal et le droit international. Il n'existe donc pas de définition de l'incrimination internationale. Toutefois, l'on peut prendre appui aux travaux de la commission de droit international relatifs au code des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité. Dans ces travaux la commission distingue entre les crimes de droit international par nature désigné par le statut de Rome comme les crimes les plus graves du droit international, et les crimes internationaux par l'effet d'une convention. Dans le premier cas on parle des crimes internationaux matériels (relatifs à la matière). C'est encore la catégorie des core crimes. Et dans le second cas on parle des crimes formels relatifs à la forme. Partant de cette distinction, l'on peut déduire que l'incrimination internationale repose sur deux procédés: le procédé de l'incrimination transnationale (S1) et le procédé supranational (S2).
Section I : le procédé de l'incrimination transnationale
Il résulte des processus normatifs aboutissant à l'internationalisation des droit pénaux nationaux que celle-ci sont ascendants (du droit interne vers le droit international) ou descendants (du droit international vers le droit national). Ainsi, l'incrimination transnationale renvoie à une incrimination nationale internationalisée conventionnellement. Ce qu'il faut mettre en exergue ici est la technique de l'incrimination transnationale (p1) et l'illustration de quelques incriminations transnationales (P2). PARAGRAPHE I: la technique de l’incrimination transnationale Pour expliciter cette technique il faut considérer la dualité normative de l’incrimination pénale. En effet l'incrimination se composé de deux normes : la norme de définition du comportement répréhensible et la norme de sanction. Lorsqu'il s'agit de l'incrimination transnationale les deux normes n'émanent plus du seul législateur. Il y a donc une sorte de division du travail ou encore de répartition de compétence entre le droit pénal et le droit international. Dans ce sens, le droit international détermine la norme du comportement répréhensible et le droit pénal détermine à norme de sanction. On dit qu'il s'agit de la technique du bilatéralisme en droit pénal international. L'incrimination est donc transnationale parce que le droit international adresse, dicte, ordonne, prescrit au droit pénal de sanctionner un comportement. En clair, l'incrimination transnationale se compose d'une obligation internationale d'incriminer (A) et d'une définition nationale de l'incrimination (B).
A- l'obligation internationale d'incriminer
Lorsqu'on parle de l'obligation internationale d'incriminer, l'on entend par là l'obligation conventionnelle souscrite par l'Etat. Celle-ci se distingue de l'obligation supranationale dégagée par le juge de protection des droits de l'homme. Dans l'exercice de sa compétence pénale, l'obligation conventionnelle d'incriminer repose sur le volontarisme des États. Elle est prévue dans la plupart des conventions internationales pénales, à titre d'exemple, l'on peut citer l'article 4 de la convention du 10 décembre 1984 sur la torture. L'alinéa 1 de ce texte dispose 《 tout Etat Partie veille à ce que tous les actes de torture constitue des infractions au regard de son droit pénal (...)》. On peut également citer l'article 15 de la convention de Mérida contre la corruption qui dispose 《chaque état partie adopte les mesures législatives et autres nécessaires pour conférer le caractère d'infraction pénale (aux actes de corruption )...》. Il n'existe donc pas une forme unique d'obligation conventionnelle d'incriminer et ces obligations conventions réalisent un mouvement d'harmonisation des législations pénales nationales à travers l'internalisation des obligations internationales.
B-) L'internalisation de l'obligation internationale d'incriminer
L'internalisation est le processus par lequel l'état insère dans son ordre juridique l'instrument international. Ce faisant on dit que l'Etat exécute l'obligation internationale et conventionnelle d'incriminer. Ce mouvement soulève au moins 3 problèmes. Le premier est celui de la liberté de l'Etat. Le 2ème est celui de la technique utilisée par lui. Le 3 est celui de la prise en compte de la légalité criminelle dans le mouvement d'internalisation de l'obligation internationale
1- le pouvoir pénal de l'État
On sait conformément au principe de la souveraineté que les États disposent d'une totale liberté dans l'exercice de leurs compétences pénales. On sait également l'évolution actuelle du droit pénal travaille à la neutralisation de cette liberté. Il en résulte que la liberté des États dans l'internalisation des obligations internationales est une liberté relative dans la définition des contours de l'obligation internationale en droit interne et une liberté quasi- absolue dans la souscription à l'obligation internationale par l'État. Autrement dit, il convient de relever que l'incrimination transnationale repose sur le volontarisme des États. La plupart des conventions internationales portant des crimes transnationaux affirment que les États vont ériger ces crimes en infractions en vertu de leurs législations pénales et conformément aux principes généraux reconnus par leurs droits. Il s'agit là de la reconnaissance de la liberté pénale des États par le droit international. La convention des nations unies contre la criminalité transnationale organisée est plus explicite en ce sens. Elle dispose en son article 11 paragraphe 6 que 《aucune disposition de la présente convention ne porte atteinte au principe selon lequel la définition des infractions établis à la convention (...) relève exclusivement du droit interne de chaque Etat partie...》. 2-) la technique de l'internalisation des obligations internationales. Il existe 2 techniques d'internalisation des obligations internationales d'incriminer. La technique de l'incrimination par renvoi au terme de laquelle l'État, sans définir l'incrimination internationale dans son ordre juridique, fait simplement référence à la qualification pénale retenue par l'instrument international. Il en est ainsi au Cameroun lorsque le code de justice militaire évoque sans les définir les catégories de crimes contre l'humanité, crimes de guerre, crimes de génocide qui relève de la compétence du tribunal militaire. Il en existe 2 types de renvoi : le renvoi explicite et le renvoi implicite. L'article 11 du code pénal intitulé infractions internationales procède comme pour le code de justice militaire à un renvoi implicite au droit international, c'est-à-dire le législateur reprend la qualification pénale internationale sans faire référence au droit international. Cet article dispose 《 la loi pénale de la république s'applique au mercenariat, à la discrimination raciale, au trafic des personnes, traité des personnes, à l'esclavage, au trafic de stupéfiants, au trafic des déchets toxiques, au blanchiment de capitaux, (...).》. Il s'agit là des incriminations transnationales. Cette d'internalisation présente 2 inconvénients majeurs. Elle ne satisfait pas aux exigences de la légalité criminelle en ce sens qu'elle ne prescrit pas la sanction. Elle ne rend pas possible la répression en droit interne en sens qu'il manque à l'infraction son élément d'incrimination. La seconde technique est celle de la transposition au terme de laquelle le législateur national après la ratification, adopté une loi nationale de transposition. Celle-ci reprend la définition internationale de l'incrimination et y attaché une sanction pénale. Ainsi la technique de la transposition est celle conforme à la légalité criminelle. À titre d'illustration, l'on peut mentionner l'art 134 du CP, corruption active, qui qui transpose dans le droit pénal camerounais la convention sur la corruption, tout comme l'art 134-1, corruption passive, qui fait de même. Il en est également ainsi de l'article 277-3 du CP qui transpose en droit pénal camerounais l'infraction internationale de torture prévue par la convention de New York du 10 décembre 1984.
3-) la question de de l'insertion de la convention internationale dans l'ordre
juridique national. Le PROBLÈME ICI EST CELUI DE LA SUITE DE LA RATIFICATION DE L'INCRIMINATION INTERNATIONALE. En effet, si la ratification permet l'intégration de l'instrument juridique international dans l'ordre juridique national, celle-ci ne règle pas véritablement la question de l'application de la convention internationale par le juge national. En d'autres termes, comment le juge national applique-t-il le crime transnational ? Il faut encore considérer ici la distinction entre convention internationale self exécution (d'exécution immédiate) et celle dite non-self exécution. Partant de là il faut admettre que toutes les conventions internationales relatives aux incriminations transnationales sont des conventions NON-SELF EXECUTING. Cela suppose que pour être appliqué par le juge national, le crime transnational doit nécessairement faire l'objet d'une loi nationale de transposition, conformément aux exigences des principes de la légalité criminelle. Pour appliquer le crime transnational, le juge national appliqué sa loi nationale. Paragraphe II : quelques incriminations transnationales. Il n'est pas possible de dresser une liste exhaustive de ces incriminations parce que les intérêts des États sont fluctuants de la sorte que les incriminations internationales naissent au jour le jour. L'autre raison de cette impossibilité à énumérer limitativement tient au fait que l'incrimination transnationale est toujours étudiée du point de vue d'un Etat. Parce que c'est l'Etat qui choisit seul les conventions qu'il ratifie. Toutefois, au regard de l'évolution du droit international, on peut considérer que les incriminations transnationales sont le faux monnayage, la piraterie maritime, le trafic de stupéfiants et de substance psychotropes, certaines infractions survenues à bord d'aéronefs, capture d'aéronefs, le terrorisme dans toutes ses formes, les prises d'otage, la criminalité transnationale organisée. L'idée ici est que l'art 11 du code pénal ne contient pas une énumération limitative des incriminations transnationales en droit camerounais. Celle-ci est plutôt indicative. Il faut donc se référer à chaque fois aux différentes conventions ratifiées par le Cameroun.
Section II: Procédé de l'incrimination supranationale.
Les crimes supranationaux contrairement aux crimes transnationaux, peuvent ne présenter aucun élément d'extranéité, mais dans tous les cas ils portent atteinte à l'ordre public international. Il ne vise donc pas la garantie des intérêts des États mais plutôt la protection des valeurs communes de l'humanité, telles que l'être humain, l'espèce et la paix. Ces éléments forment les biens juridiques supranationaux. Et c'est sur la base de ceux-ci que se sont construit toute la doctrine des core crimes, c'est-à-dire la doctrine des crimes internationaux les plus graves. La caractéristique de ces crimes supranationaux est qu'ils échappent totalement à la souveraineté des États. Et relève de l'internationalisation institutionnelle. C'est au regard lendemain de la 2ème guerre mondiale que ces crimes ont été véritablement systématisés. On dit alors qu'ils relèvent de la logique de Nuremberg. Du point de vue de leurs procédés, ces incriminations empruntent plutôt la technique de l'unilatéralisme, en ce sens que leur fondement est international, leur description est internationale et leurs sanction est d'origine internationale. Il n'est pas attendu des États ici qu'ils transposent ces crimes dans leurs droits pénaux nationaux pour qu’ils soient appliqués par le juge international. La problématique actuelle des crimes supranationaux est de savoir si d'autres biens juridiques supranationaux méritent de faire l'objet d'incrimination. En tout Etat de cause, l'incrimination internationale est soit transnationale soit supranationale. Dans le premier cas, elle est déterminée par le législateur national et jugée exclusivement par le juge national. Dans le second cas, elle est déterminée par le législateur international et jugée soit par le juge international, soit par le juge national. Sous l'angle de la classification, on peut dire que l'incrimination supranationale constitue la classification principale, l'autre la classification secondaire.
CHAPITRE 2: LES PRINCIPALES INCRIMINATIONS INTERNATIONALES
Lorsqu’on parle des principales incriminations internationales l'on fait
référence à la catégorie des incriminations supranationales. Leur détermination peut être faite à partir du statut de Rome créant la cour pénale internationale qui constitue le dernier état de la question. Globalement, on y retrouve les crimes contre l'humanité (s1), le crime de génocide (S2), le crime de guerre (S3), et le crime d'agression (S4).
Section I: les crimes contre l'humanité
Le terme crime contre l'humanité peut-être entendu de deux manières, d'abord génériquement qui permet de désigner par-là l'ensemble des crimes supranationaux. On dit dans ce sens que les crimes contre l'humanité constituent la catégorie globale des crimes supranationaux. Elle renferme l'ensemble des biens juridiques supranationaux. Dans un second sens, ces crimes renferment une catégorie spécifique de crimes supranationaux distincte des crimes d'agression, crime de guerre, et crime de génocide. C'est dans ce dernier sens que la catégorie sera étudiée ici. Ce terme apparaît pour la première dans une déclaration conjointe signée entre la France, la Grande Bretagne et la Russie relativement au massacre des Arméniens le 18 mai 1915. Ces Etats évoquent les crimes de la Turquie contre l'humanité et la civilisation. La véritable définition des crimes contre l'humanité comme incrimination spécifique a été faite par le Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie (TPI/R),notamment la chambre de première instance I dans le jugement de condamnation de DRAZEN ERDEMOVIĆ dans un attendu important, le tribunal affirme : 《les crimes contre l'humanité couvrent les faits de violence qui lèsent l'être humain en l'atteignant dans ce qui lui est le plus essentiel: sa vie, sa liberté, son intégrité physique, sa santé, sa dignité. Il s'agit d'actes inhumains qui par leur ampleur ou par leur gravité outrepassent les limites tolérables par la communauté internationale qui doit en réclamer la sanction. Mais les crimes contre l'humanité transcendent aussi l'individu puisque en attaquant l'homme, est visée et niée l'humanité. C'est l'identité de la victime, l'humanité qui marque d'ailleurs la spécificité du crimes contre l'humanité. 》. Le crime contre l'humanité suppose pour être étudiée que son évolution historique (P1) et la problématique contemporaine (P2).
Paragraphe I: l'évolution historique des crimes contre l'humanité.
L'histoire des crimes contre l'humanité présente 2 séquences: Une séquence antérieure au le statut de Rome (A) et une séquence basé sur le statut de Rome (B). A- la séquence antérieure au statut de Rome Celle-ci est conventionnelle (1) et jurisprudentielle (2). 1-) l'histoire conventionnelle des crimes contre l'humanité Il faut considérer que la naissance formelle en droit pénal international remonte à l'accord de Londres du 8 Août 1945. En effet, c'est cet instrument juridique portant création du tribunal militaire international de Nuremberg qui marqué la naissance juridique des crimes contre l'humanité. À la différence donc des autres crimes internationaux, le crime contre l'humanité est le seul crime supranational ne faisant pas l'objet de convention générale. C'est l'article 6 al.C de l'accord de Londres qui définissait les crimes contre l'humanité : 《 assassinat, extermination, réduction à l'esclavage, déportation ou "tout autre acte inhumain " contre toute population civile avant ou pendant la guerre .》. À la suite de ce tribunal, l'incrimination a été reprise dans les 2 statuts des 2 TPI ad hoc. L'article 5 du TPI /Y disposait 《 les crimes contre l'humanité sont des crimes commis au cours d'un conflit armé de caractère international ou interne et dirigé contre une population civile quelle qu'elle soit : Assassinat, extermination, réduction à l'esclavage, expulsion, emprisonnement, torture , viole, persécution pour des raisons politiques, raciales et religieuses, et autres actes inhumains 》. L'ARTICLE 3 du TPI /R reprend ce même nombre d'infractions mais modifie l'élément centrale du crime contre l'humanité. Ce texte dispose in limine : 《les crimes contre l'humanité sont des crimes commis dans le cadre d'une attaque généralisée et systématique dirigé contre une population civile (...). 》. Au regard de ces 3 dispositions on remarque 2 choses: la 1ère est que le crime contre l'humanité est né en droit international dans un acte juridique constitutif d'une juridiction internationale. Le deuxième est que le crime contre l'humanité est une incrimination en extension : une première extension matérielle liée aux divers actes susceptibles d'être qualifié crimes contre l'humanité et une seconde extension contextuelle qui détache ce crime de son origine historique de conflit armé, et l'envisage dans un contexte de paix.
2-) l'évolution prétorienne
Elle porte principalement sur l'interprétation de ses éléments d'extension. Ainsi, dans l'affaire AKAYESU, la chambre de première instance du TPI/R affirme que malgré la pluralité des infractions qui la compose, la catégorie de crimes contre l'humanité comporte 4 éléments essentiels : 1) un acte inhumain qui de par sa nature doit infliger des souffrances graves. 2) Un acte qui s'inscrit dans le cadre d'une attaque" généralisée ou systématique". 3) l’acte doit être dirigé contre les membres d'une population civile. 4) l’acte doit être commis pour un ou plusieurs motifs tels que : politique, ethnique, racial, religieux... Dans la même affaire, le TPI/R défini la notion d'attaque comme un type de comportement entraînant des actes de violence. Cette définition est complétée par la jurisprudence KAYESHIMA et RUZINDANA dans laquelle le tribunal pénal international pour le RWANDA considère que l'attaque caractéristique d'un crime contre l'humanité peut être soit généralisée soit systématique. Cette opinion est encore reprise dans l'affaire KUNARAC dans laquelle chambre de première instance du TPI/Y affirmait 《 dans le cadre d'un crime contre l'humanité, le terme attaque a une signification légèrement différente de celle qu'il revêt dans les lois de guerre. En matière de crime contre l'humanité, l'attaque ne se limite pas à la conduite des hostilités, mais peut également comprendre des situations où de mauvais traitements peuvent être infligés à des personnes ne participant pas aux hostilités. ..》. Au regard de cette jurisprudence, l'idée d'attaque permet de prendre en compte les violences dirigées contre une population civile. C'est ce qui permet d'étendre le crime contre l'humanité au temps de paix. Dans l'affaire MESKIĆ, les juges du TPI/Y admettent que les crimes contre l'humanité doivent être généralisée ou présenter un caractère systématique. Ces juges soulignent notamment et expressément qu'un acte unique peut remplir les conditions d'un crime contre l'humanité. De ce fait un individu qui commet un crime contre une seule victime ou un nombre limité de victimes peut être retenu coupable d'un crime contre l'humanité si ces actes font partie du contexte spécifique d'une attaque contre une population civile. Partant de cette vision, l'on peut bonnement se demander si l'attaque est un éléments constitutif du crime contre l'humanité ou bien une condition préalable à l'existence de ce crime. Dans l'affaire TADIC, le TPI/Y conclut que le désir d'exclure les actes fortuits de la notion de crime contre l'humanité a conduit à admettre le caractère général qui se réfère au nombre de victimes ou bien le caractère systématique qui se réfère au schéma ou au plan méthodique mis en œuvre. L'on retrouve ainsi la notion de plan concerté retenu par la jurisprudence française ou encore la notion de planification.
B-) le contre l'humanité dans le statut de Rome.
Il convient d'observer que le statut de Rome apparaît comme le dernier état de la question du crime contre l'humanité en droit pénal international. Aussi, ce texte réalise le mouvement de codification de la jurisprudence et considérant le caractère permanent de la Cour Pénal International. L'incrimination a encore été étendue afin d'inclure de la manière la plus large les autres actes inhumains. Dans ce sens, l'article 7 considère que le crime contre l'humanité est une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de ces attaques. Constitue un crime contre l'humanité le meurtre, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation ou le transfert forcé des populations, l'emprisonnement ou toute autre forme de privation de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international, la torture, viole, l'esclavage sexuel, la grossesse forcée, la stérilisation forcée, la persécution, les disparitions forcées de personnes, les crimes d'apartheid, tous autres actes inhumains. Le statut de Rome consacre ainsi le caractère d'une incrimination en extensions qui caractérise le crime contre l'humanité.
Paragraphe II : la problématique contemporaine des crimes contre l'humanité
Dans le développement actuel du droit pénal international, le crime contre l'humanité connaît une actualité importante. En effet, cette infraction toujours liée au statut portant création des juridictions pénales internationales tend désormais à l'objet d'une convention internationale générale. En effet, la commission du droit international en sa 66è session en 2014 a décidé d'inscrire le sujet dans son programme de travail, et a nommé M. Shawn Murphy comme rapporteur spécial de la commission. Lors de sa 69ème session en 2017, la commission a adopté en première lecture le projet d'article sur les crimes contre l'humanité composé d'un projet préambule, de 15 projets d'articles, et d'un projet annexe. Ce projet a été transmis aux différents gouvernements et organisations internationales par l'entremise du Secrétariat général pour commentaire et observations jusqu'en décembre 2018. Dans ses deux séances 3453 et 3458 du 29 avril au 07 mai 2019, la commission a encore pris une seconde lecture du projet sur la base des propositions du rapporteur spécial compte tenu des commentaires et observations des Etats, des organisations internationales et des débats en plénière. Comme principale innovation, le projet de la CDI (Commission de Droit International) porte l'affirmation fondamentale selon laquelle l'interdiction du crime contre l'humanité constitue une norme impérative du droit international général du Jus Cogens. Cependant, le projet de delà CDI manque d'ambition car non seulement il ne fait pas évolution vers plus de clarifications et de précisions dans la définition du crime contre l'humanité au regard de l'exigence actuelle du principe de la légalité criminelle, mais aussi et surtout ce projet reste totalement silencieux sur la question particulièrement importante en matière de responsabilité pénale internationale à savoir la question des immunités. Également, l'on observe que l'initiative de la CDI présente un risque qui est celui de la fragilisation du système de la cour pénale internationale. En effet, le système de Rome établit un rapport juridique vertical avec les États alors que le système de la CDI a pour mission d'établir un rapport horizontal avec les États. Deux problèmes en résultent. Le problème du devenir de la complémentarité avec la CPI et celui de la fragmentation de l'incrimination de crimes contre l'humanité. Il s'agit pour ce projet de penser le crime contre l'humanité entre l'internationalisation et l'universalisation.
SECTION 2: LE CRIMES DE GÉNOCIDE.
Le génocide est l'un des crimes graves du droit international. Le terme en lui- même a été inventé par le juriste américain RAPHAËL LEMKIN en 1944 pour les crimes commis pendant la deuxième guerre mondiale. À la différence du crime contre l'humanité, le crime de génocide fait l'objet d'une convention générale des Nations unies depuis le 9 décembre 1948, convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. L'article 1 dispose: 《 le génocide est un crime du droit des gens (droit des Etats) qu'il soit commis en temps de paix ou en temps de guerre 》. La résolution 96-1 du 11 décembre 1946 de l'ONU dispose : 《 le génocide est le refus du droit à l'existence à des groupes humains entier, de même que l'homicide est le refus du droit à l'existence à un individu (...) 》. Ce qui caractérise cette infraction c'est l'intention spéciale de détruire un groupe sans laquelle quelque quelle que soit l'atrocité d'un acte et son analogie avec les actes décrits dans la convention il ne peut être qualifié de génocide. Ainsi, l'on affirme que le génocide est un crime Supranational spécial. La cour internationale de justice dans un avis consultatif émis le le 28 mai 1995 dite affaire sur les réservés à la convention pour la prévention et la répression des actes de génocide, affirmait que 《le génocide est un crime de droit des gens, impliquant le refus à l'existence, à la vie de groupes humains entiers, refus qui bouleverse la conscience humaine, inflige de grandes pertes à l'humanité et qui est contraire à la fois à la morale, à l'esprit et aux fins des nations unies. Cette conception entraîne une première conséquence: les principes qui sont à la base de la convention sont des principes reconnus par les nations civilisées comme obligeant les États en dehors de tous liens conventionnels. Une deuxième conséquence est le caractère universel à la fois de sa condamnation et de la coopération nécessaire pour libérer l'humanité d'un fléau aussi odieux 》 À travers cette jurisprudence, la cour internationale de justice affirme que l'interdiction du crime de génocide est une norme impérative du Jus Cogens. Ainsi, l'étude de cette infraction amène à examiner sa perception tant sur le plan conventionnel (P1) que jurisprudentiel (P2).
Paragraphe 1: le génocide dans les définitions conventionnelles
Le génocide apparaît officiellement pour la première fois dans une résolution 96/1 adopté le 11 décembre 1946 par l'assemblée générale des nations unies sur proposition du Cuba, de l'Inde et la Panama. L'infraction y est présentée comme un crime du droit des gens condamné par le monde civilisé. Et cette approche est confirmée pour la répression des crimes de génocide qui sera adopté 2 ans plus tard à l’unanimité des 56 membres de l’assemblée générale le 9 décembre 1948. Cette convention qui inscrit le crime de génocide en droit international est entrée en vigueur le 12 janvier 1951. A la différence des crimes contre l'humanité, le crime de génocide fait l'objet d'une convention internationale. L'article 1 de ladite convention a immédiatement détaché le crime de génocide du contexte de conflits armés. Les États craignaient par là l'impossibilité de poursuivre le génocide en dehors du conflit armé cet article 1 dispose《 LES PARTIES CONTACTANT confirment que le génocide qu'il soit commis en temps de paix ou en temps de guerre est un crime du droit des gens qu'elle s'engage à prévenir et à punir》. L'article 2 de la convention de 1948 défini le génocide Comme 《l'un quelconque de ces actes ci-après Commis dans l'intention de détruire tout ou partie d'un groupe national ethnique racial ou religieux comme tel : meurtre de membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique ou mentale, mesure visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d'enfants du groupe a un autre groupe 》. Cette définition du crime de génocide est resté stable dans les diverses conventions internationales. L'article 4 du TPI/Y et l'article 2 du TPI/R ont repris cette définition et l'article 6 du statut de Rome portant création de la CPI s'est inscrit dans la même logique. On parle de l'invariant du crime de génocide. La seule différence entre la convention de 1948, les statuts des 2 TPI ad hoc, d'une part, et l'article 6 du statut de Rome d'autre part est que les premiers instruments en plus de la définition du génocide sus évoqué incrimine l'entente en vue de commettre le génocide, l'incitation directe à commettre le génocide, la tentative de génocide, la complicité dans le génocide ( article 3 de la convention de 1948 et articles 2 et 4 des TPI ad hoc . Mais il convient de relever que si le statut de Rome n'a pas spécifiquement incriminé ces actes constitutifs du fait de complicité à commettre le génocide, cela ne doit pas être regardé comme une carence. En effet, le statut de est un instrument beaucoup plus général qui comprend les dispositions générales en matière de participation criminelle qui s'applique à toute les infractions internationales par nature et par simplement au crime de génocide. La plupart des pays ayant ratifié la convention a pris des lois nationales de transposition. Il en est ainsi de la France, qui a introduit le crime de génocide dans son code pénal, à l'article 211-1 a la faveur de la réforme de 1992. La loi française contient une définition beaucoup plus large que celle prévue par la convention internationale. Le législateur a par exemple ajouté la notion de plan concerté, tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe. En plus des critères de discrimination prévue par la convention (national, ethnique, racial ou religieux,) le législateur français a ajouté une autre catégorie ouverte à travers l'expression TOUT AUTRE CRITÈRE ARBITRAIRE au-delà de cette position française, les pays s OK n'y liés par ladite convention et sont tenus à la double obligation d'incriminer et de poursuivre sur le fondement de l'universalité du droit de punir le génocide. Paragraphe II : quelques applications jurisprudentielles du génocide. La spécificité du crime de génocide invite à examiner la position de la jurisprudence sur la notion même du génocide (A) et la définition de l'intention génocidaire (B).
A-) la notion de génocide
Sur la notion de génocide la définition générale du génocide dans les conventions a été quelque peu précise dans la jurisprudence dans l'affaire KARADZIC, relative à l'examen de l'acte d'accusation dans le jugement du 11 juillet 1996, la chambre de première instance du TPI/Y a compris que 《 l'effectivité de la destruction partielle ou totale n'est pas nécessaire pour conclure à l'existence du génocide. Il suffit que l'un ses actes énumérés dans la définition soit perpétré dans une intention spécifique.》 C'est donc la spécificité de cette intention qui caractérise le crime de génocide. Dans le jugement AKAYESU, du 2 septembre 1998, la chambre de première instance du TPI/R a énoncé 《contrairement à l'idée couramment rependue, le crime de génocide n'est pas subordonné à l'anéantissement de fait d'un groupe tout entier mais s'entend dès lors que l'un de ses actes a été commis dans l'intention spécifique de détruire 》. Cette idée selon laquelle le génocide se caractérise spécifiquement par l'intention de détruire permet de faire la différence entre le crime de génocide et le crime contre l'humanité. A ce propos le jugement KAYESHIMA du TPI/R est suffisamment évocateur. Les jugés dénoncent dans ce jugement que la définition du génocide s'inspire de celle des crimes contre l'humanité. Ce qui signifie que cette infraction combine les caractéristiques des actes d'extermination et de persécution (...) le génocide est une forme de crimes contre l'humanité. Toutefois il diffère fondamentalement des autres crimes contre l'humanité en ce sens que l'intention spécifique d'exterminer un groupe doit être constatée pour qu'il soit constitué 》. Le même raisonnement est repris dans le jugement JENISIC du 14 DÉCEMBRE 1999. Au regard de cette jurisprudence, il ressort de la matérialité de l'acte ne suffit pas à caractérisé le génocide. C'est l'intention de détruire qui en est l'élément déterminant.
B -) l'intention génocidaire Dans la jurisprudence
Dans les applications jurisprudentielles des éléments constitutifs de l'infraction de génocide, les juges ont estimé que la responsabilité pénale pour crime de génocide ne peut exister que si UN DOL SPÉCIAL qui caractérise l'intention génocidaire est relevé. En effet, la jurisprudence distingue en matière de génocide le dol spécial et du dol général dans le jugement AKAYESU sus-évoqué, les juges énoncent que 《 le dol spécial est concept du droit criminel requis comme élément constitutif de certaines infractions et exige que l'auteur de l'infraction ait eu nettement l'intention de provoquer le résultat incriminé. L'agent n'est répréhensible que parce qu'il savait ou aurait dû savoir que l'acte commis était susceptible de provoquer la destruction du groupe. 》. Ce même raisonnement est repris dans le jugement KAYESHIMA dans lequel le juge parle de l'intention génocidaire comme le DOLUS SPÉCIALIS qui singularise donc le crime de génocide. Dans cette même jurisprudence, les juste de la première instance estiment que la constitution du crime de génocide exige l'existence de la MENS REA soit préalable à la commission des actes il en résulte que la connaissance de la victime du crime de génocide est jeu n'est éléments essentiel dans la caractérisation de l'infraction. Celle-ci (la victime) doit être touché en raison de son appartenance au groupe de sorte que à travers elle est niée et lésée l'existence humaine. De façon générale, le crime de génocide n'a pas évolué dans l'histoire du droit pénal international. Non seulement parce que sa caractérisation est difficile (la preuve de l'intention génocidaire n'est pas aisée à établir mais aussi et surtout parce que la qualification de génocide est très souvent absorbé par celle de crimes contre l'humanité.
Section 3 : les crimes de guerre
Cette qualité d'infraction n'admet pas d'observation particulière. Il convient
simplement de souligner que ces crimes sont la notion centrale du JUS IN BELIUM c'est-à-dire le droit de la guerre ou droit dans la guerre. Elle désigne par-là les us et coutumes morales et légales d'une guerre. Le droit de la guerre est encore appelé le DROIT DE LA HAYE parce qu'il regroupe l'ensemble des Conventions de la Haye dont l'objectif est de fixer les droits et devoirs des belligérants dans la conduite des hostilités. L'objectif du droit de la guerre est donc de limiter les moyens afin de sanctionner les comportements plus meurtriers, définir un certain nombre de règles applicables au combat, prévoit les sanctions en cas de non-respect. Le droit de la guerre CONSTITUE UN COMPROMIS ENTRE LA NÉCESSITÉ D'ATTEINDRE LES BUTS DE LA GUERRE ET LE PRINCIPE D'HUMANITÉ. Les crimes de guerre sont prévus dans les conventions de la Haye (1899 et 1907) dans les 4 conventions de Genève du 12 Août 1949 avec leurs protocoles additionnels. La première convention de Genève est relative à la protection des malades et blessé des forces armées en campagne. La deuxième est relative à la protection malades et blessés et les naufragés dans les forces armées sur mer. La troisième convention est relative au traitement des prisonniers de guerre et la quatrième relative à la protection des populations civiles. Au regard de leur objet, les conventions de Genève constituent le socle normatif du droit international humanitaire. Ce qu'il convient de dire s'agissant des crimes de guerre est que la notion de conflit armé a connu une évolution dans son interprétation. A ce propos l'article3 3 communs aux 4 conventions de Genève étant les crimes de guerre aux situations de conflits armés non internationaux. Ainsi, ces crimes peuvent être appliqués en cas de conflit armé interne, de sorte que la question fondamentale du droit de la guerre qui portait sur la qualification du conflit a perdu un peu de sa substance. L'on distingue aujourd'hui 3 types de conflits armés. Le conflit armé international, le conflit interne et le conflit armé internationalisé. Les crimes de guerre sont définis par l'article 8 du statut de Rome.
Section 4 : Les crimes d'agression
La notion de crime d'agression est la notion centrale de JUS AD BELIUM qui
signifie le droit avant la guerre. Il concerne l'interdiction du recours illégal à la force. En effet, le crime d'agression est la version contemporaine du crime contre la paix. Il caractérise le mouvement de pénalisation de l'interdiction du recours à la force en droit international. L'on peut considérer qu'il existe en droit international 2 types de guerre. La guerre d'agression et la guerre légitime. La première fait appel au crime d'agression et la seconde donne lieu à la commission des crimes de guerre. D'un point de vue conventionnel, c'est le Pacte BRYAN KELLOG qui nie la guerre hors la loi. L'article 1 de ce texte disposait 《 les parties contractantes déclarant solennellement au nom de leurs peuples respectifs quelles condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu’instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles 》. Le crime d'agression pose en droit international le problème de sa définition la difficulté se situe à un doublé niveau. D'abord, il faut déterminer l'acte préalable de l'agression. Ensuite, il faut établir la spécificité du crime d'agression par rapport au crime de guerre. La réforme du statut de Rome à Kampala en 2010 avait entre autre objectif de donner cette incrimination en une définition consensuelle. On peut dire que l'objectif n'a pas été totalement atteint et la jurisprudence international n'a pas encore véritablement parler faire application du crime d'agression de sorte que l'utilité de cette incrimination pourrait être posée. En tout état de cause, les principaux crimes internationaux en ce qui relevé de la catégorie des core crimes sont dicté par la logique de Nuremberg. Laquelle met l'accent sur les considérations élémentaires d'humanité et la lutte contre l'impunité. Ces éléments fondamentaux déterminent le régime de la responsabilité pénale internationale.
TITRE 2: la responsabilité pénale internationale
Il existe un concept de responsabilité pénale internationale, c'est-à-dire
un régime totalement dérogatoire au système classique de responsabilité pénale dégagée par les législations nationales. Ces dérogations se fondent sur trois idées essentielles dont la combinaison porte l'émergence d'une catégorie propre de responsabilité pénale la première idée est celle de la logique de Nuremberg à partir de laquelle le droit international tente de dépasser la souveraineté des États. La deuxième idée est celle du détachement de la responsabilité pénale de la figure de l'individu auteur ou plus précisément du détachement de la responsabilité pénale de la faute personnelle. La troisième idée est celle de l'identification de l'auteur principal de l'infraction internationale. Considérant ce qui précède, il apparaît qu'il existe une culpabilité propre au droit international qui se fonde sur une faute pénale spécifique, la faute de planification. L'étude de la responsabilité pénale internationale peut se faire à partir de 2 questions essentielles. L'engagement de la responsabilité pénale internationale (chap1) et les formes de responsabilité pénale internationale (chap2).
CHAPITRE 1: L'ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
INTERNATIONALE
Lorsqu’on parle d'engagement de la responsabilité pénale internationale,
l'on entend par là la mise en œuvre de la responsabilité pénale en droit international. C'est-à-dire la poursuite des auteurs des crimes graves du droit international. À travers cette thématique, se pose le problème des obstacles à la mise en œuvre de la responsabilité pénale internationale (les obstacles aux poursuites pour crimes graves du roi international. Pour répondre à la question de savoir quelles sont obstacles à la mise en œuvre de cette responsabilité, il convient de répondre que ces obstacles résultent d'une chose qui est la Souveraineté des Etats, c3 qui placé l'engagement de cette responsabilité dans le rapport entre souveraineté des États et justice pénale internationale. L'un des points essentiels dans ce rapport se rapporte à la portée des actes juridiques nationaux sur la mise en œuvre de la responsabilité. En d'autres termes, la législation nationale peut-elle empêcher l'engagement de la responsabilité pénale internationale. Il s'agit ici d'examiner la portée des institutions telles que l'amnistie, la prescription, la grâce et surtout les immunités en DPI. Concernant la prescription, il est aujourd'hui admis en droit international que les crimes graves les core crimes sont imprescriptibles et cette imprescriptibilité est une norme coutumière du roi international. Aucun Etat ne peut donc déclarer ces crimes prescriptibles dans son ordre juridique. S'agissant des institutions telles que l'amnistie et la grâce, les hésitations existent entre le droit national et le droit international. De sorte que l'opinion générale considère que l'amnistie et la grâce ne doivent pas faire obstacles à la mise en œuvre de la responsabilité pénale. Et lorsque la poursuite est engagé par une juridiction internationale les lois nationales d'amnistie et de grâce sont réputée ne produire aucun effet. S'agissant des IMMUNITÉS, le droit pénal international fait l'objet d'interprétation divergente. Cependant, une constante existe et une distinction a été admise. La constante est que l'on distingue en droit international entre l'immunité fonctionnelle qui constitue un obstacle définitif aux poursuites Mais sous l'emprise de la notion d'acte d'état ("Souverain Immunity act", "State immunity act») de l'immunité personnelle c'est-à-dire celle attachée à la qualité professionnelle. La distinction invite à examiner l'engagement de la responsabilité pénale devant les juridictions nationales étrangère (S1) et l'engagement de la responsabilité devant les juridictions internationale (S2)
SECTION 1: La poursuite des crimes graves devant les juridictions nationales
étrangères Devant les juridictions nationales étrangères, la responsabilité pénale internationale se heurte au principe de L'ÉGALE SOUVERAINETÉ DES ÉTATS. Sur la base de ce principe, une distinction est faite entre la poursuite d'un dirigeant en fonction et la poursuite d'un dirigeant déchu. Cette distinction a été posée clairement par la CIJ dans l'affaire ABDOULAYE YERODIA NDONDASSI dont il convient d'exposer les faits de la cause (P1) et l'absence d'exception à la règle des immunités devant les juridictions nationales consacrée dans les autres affaires (p2)
Paragraphe 1: la jurisprudence YERODIA NDONDASSI : l’arrêt du 14 février
2002 relatif au mandat d'arrêt du 11 avril 2000 (République Démocratique du Congo contre Belgique devant la CIJ)
La jurisprudence YERODIA occupe une place centrale dans la problématique
des immunités d'un dirigeant étranger devant une juridiction nationale étrangère. Non seulement devant les faits de la cause sont saisissant (A) mais aussi cette jurisprudence apporte des clarifications sur la nature de l'immunité devant la juridiction nationale étrangère (B) et sur la portée de celle-ci en matière de crime grave du droit international (C). A-) les faits dans la jurisprudence YERODIA NDONDASSI. Cette importante jurisprudence concerne un mandat d'arrêt émis par un juge d'instruction près du Tribunal de première instance de Bruxelles appelé mandat d'arrêt international par défaut contre M. ABDOULAYE YERODIA NDONDASSI émis le 11 avril 2000 sous l'inculpation en tant qu'auteur ou co- auteur des crimes constituant des crimes graves aux conventions de Genève de 1949 et aux protocoles additionnels à ces conventions et le crime contre l'humanité. L'accusé, M. YERODIA NDONDASSI était Ministre des affaires étrangères du Togo. Le mandat d'arrêt du juge VANDERMERCH reprochait la commission des crimes graves sur le fondement des textes internationaux et justifiait son action procédure par l'application de la loi belge. En effet, l'article 7 de la loi belge du 10 février 1999 prévoyait que les juridictions belges sont compétentes pour les crimes graves du droit international indépendamment du lieu de leur commission. Le paragraphe 3 de l'article 5 de la même loi disposait en outre 《 L'immunité attachée à la qualité officielle d'une personne n'empêche pas l'application de la loi belge 》. Le 17 octobre 2000 la république démocratique du Congo déposé une requête contre la Belgique devant la cour international de justice dans laquelle elle soutient que la Belgique a violé le principe selon lequel un État ne peut exercer son pouvoir sur le territoire d'un autre État ( principe de légale souveraineté des Etats ) et la violation du principe de l'immunité diplomatique du ministre des affaires étrangères d'un Etat Souverain reconnu par la convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques. La RDC a ainsi demandé l'annulation du mandat d'arrêt émis par le juge belge. Au regard de cet exposé sommaire des faits, 2 questions étaient posée à la cour : l'existence ou non d'une immunité juridictionnelle d'un dirigeant étranger devant la juridiction nationale étrangère et surtout la portée de cette immunité en matière de poursuites pour crimes graves du droit international. La CIJ s'est prononcé sur ces 2 points
B-) la position de la cour sur la question de l'existence de l'immunité des
dirigeants étrangers devant la juridiction nationale. La cour dans cette affaire affirme que le ministre des affaires étrangères (le dirigeant d'un état étranger, le représentant) bénéficie d'une immunité devant la juridiction nationale étrangère. Ce faisant, la cour affirme le nature de cette immunité et indiqué quelle en est la portée. 1) la nature de l'immunité d'un dirigeant étranger devant une juridiction nationale étrangère Lorsque le dirigeant étranger est en fonction il bénéficie d'une immunité personnelle. En droit international coutumier. Cette immunité ne lui est accordé pour son avantage personnel afin de s'acquitter librement de ses fonctions pour répondre de l''Etat mais afin de lui permettre de s'acquitter librement pour l'état qu'il représente. L'immunité est donc liée directement à la souveraineté de l'État. C'est l'application de la règle de l'égale souveraineté. Le dirigeant bénéficie de l'immunité en tant qu'il est le représentant de l'état ses acte sont susceptibles de lier l'état qu'il représente dès lors qu'il est doté de plein pouvoir pour agir au nom de l'Etat. La cour estime qu'un ministre des affaires étrangères est responsable de la conduite des relations de son état avec les autres États. Il occupe une position qui à l'instar du chef d'Etat ou du chef de gouvernement il se voit reconnaître par le droit international la qualité de représenter son Etat par le seul faut de l'exercice de sa fonction. Cette immunité dure pendant la durée de sa charge et elle constitue une immunité de juridiction pénale (interdiction de lancer un mandat d’arrêt) et une inviolabilité totale (interdiction d’arrestation) à l'étranger. En claire, cette immunité protège l'intéresse contre tout acte d'autorité de la part d'un autre État. Il convient de souligner que cette forme d'immunité n'admet pas la distinction entre les actes privés et les actes de fonction. Et l’on ne peut penser que cette absence d'intérêt sur la nature de l'acte explique pourquoi la qualification de crime grave du droit international ne retient pas l'attention de la cour lorsqu'il s'agit de l'immunité personnelle. 2) la portée de l'immunité des dirigeants La cour estime que l'immunité de juridictions dont bénéficie le représentant de l'état ne signifie pas qu'il bénéficie d'une impunité au titre des crimes qu'il aurait commis. La cour précise que l'immunité de juridiction pénale et la responsabilité pénale individuelles sont des concepts distincts. Alors que l'immunité de juridiction est un obstacle procédural, la responsabilité pénale touche au fond de l'affaire. Ainsi, l'immunité de juridiction pénale n'est pas un obstacle à la mise en œuvre de la responsabilité pénale. La cour énoncé 4 points au soutien de sa démonstration. Primo les représentants de l'Etat bénéficient de cette immunité seulement à l'étranger en vertu du droit international. Il n'en bénéficie pas leurs propres pays. Secundo il ne bénéficie pas de cette immunité à l'étranger si l'état qu'il représente décidé de la lever. Tercio: lorsque le représentant de l'état a cessé sa fonction il ne bénéficie plus de cette immunité personnelle. Quatrièmement le représentant de l'état même en fonction peut faire l'objet de poursuite devant une juridiction internationale. Considérant ces éléments, il apparaît que du point de vue de sa portée l'immunité personnelle est un obstacle temporaire et limitée qui ne saurait faire obstacle à la mise en œuvre de la responsabilité pénale pour crime grave.
Paragraphe II : la question de l'exception à la règle des immunités devant les
juridictions nationales. Existe-t-il une exception aux immunités de juridictions pénales devant les juridictions étrangères en cas de crime graves du droit international en dehors de l'affaire NDOMBASI. En d'autres termes, quelle est la position des juges nationaux sur cette question. De façon quasi générale, les juridictions nationales admettent qu'il n'existe pas d'exception à la règle de l'immunité pénale des dirigeants étrangers. À titre d'illustration, dans la première affaire AUGUSTO PINOCHEL. LE Tribunal du district de Amsterdam avait rejeté une plainte contre le général Pinochet au motif qu'à l'époque de la commission des actes, le général jouissait d'une immunité en tant que chef d’Etat. Dans une seconde affaires Pinochet, rendue par la Higth court en 1998, juge COLLINS avait souligné dans son opinion que l'immunité du chef d'état en fonction est absolue. Et elle couvre les actes de la fonction. Dans la même affaire Pinochet, LORD BROWNE WILKINSON à admis que l'immunité dont jouit un chef d'état en fonction est une immunité totale liée à la personne du chef de l'état. Dans l'affaire MOHAMAR KADHAFFI la cour de cassation française a annulé un arrêt de la cour d'appel de Paris en se fondant sur la coutume internationale. Dans l'opinion qu'elle avait exprimé dans son arrêt de 2001, la haute juridiction française a jugé 《la coutume internationale à ce que les chefs d'état en exercice, puissent être jugé en l'absence des dispositions internationales coutumières》 cette opinion a été reprise dans le jugement FIDÈLE CASTRO devant la Audiencia Nationale (cour suprême espagnole ) au sujet du mandat d'arrêt lancé par le célèbre juge Balthazar Galzón. Considérant cette tendance jurisprudentielle, l'on peut admettre qu’il n'existe pas d'obligation coutumière internationale susceptible de fonder l'exception à l'immunité de juridiction pénale des représentants étrangers. Ce qui n'est pas le cas avec la poursuite devant les juridictions internationales.
SECTION II: L'engagement de la responsabilité pénale devant les juridictions
internationales. La question traitée ici est celle de savoir si le droit international permet la mise en œuvre de la responsabilité pénale du dirigeant étranger en fonction ou déchu devant les juridictions internationales en cas de crime grave. La réponse à cette question paraît évidente. En effet, l'on peut penser que les juridictions internationales ont été mises en place pour combler les lacunes des juridictions nationales. Les textes affirment clairement (P1) mais l'article 98 du statut de Rome suscite de grandes difficultés (P2).
Paragraphe I: les dispositions conventionnelles pertinentes.
La règle du rejet des immunités des juridictions pénales devant les juridictions internationales remonte à l'accord de Londres portant création du Tribunal militaire international de Nuremberg dont l'article 7 dispose《 la situation officielle des accusés soit contre chef d’état, soit contre hauts fonctionnaires ne sera considéré ni comme une excuse absolutoire, ni comme un motif de diminution de la peine. 》 Article 6 du tribunal international de Tokyo reprend cette disposition de Nuremberg. L'art 7 du TPI/Y ET L'ART 6 DU TPI/R s'inscrivent dans la même logique. Le dernier état de la question est déterminé par l'article 27 du statut de Rome qui dispose 《le présent statut s'applique à tous de manière égale sans aucune distinction fondée sur la qualité officielle en particulier la qualité officielle de chef d'état ou de gouvernement, de membre d'un gouvernement ou d'un parlement, de représentant élu ou d'agent d'un Etat n’exonère en aucun. Cas de la responsabilité pénale au regard du présent statut pas plus qu’elle ne constitue en tant que tel un motif de diminution de la peine 》 l'alinéa 2 de cet texte ajoute les immunités aux règles de procédure pénales qui peuvent s'attacher à la qualité officielle d'une personne en vertu du droit interne ou du droit international n'empêche pas à la cour l'exercice de ses compétences à l'égard de cette personne. Cet alinéa 2 présente une portée plus importante que l'alinéa 1. Alors que cet alinéa 1 pose simplement le principe du rejet de l'immunité devant la cour, l'alinéa 2 établi une hiérarchie entre le texte de la cour, le droit international, et les droits nationaux.
Paragraphe II : le débat suscité par l'article 98 alinéa 1 du statut de Rome.
L'article 98 alinéas 1 suscite d'importantes discussions ayant même trait à sa cohérence avec l'article 27. Il convient d'exposer l'état du droit et de présenter les divergences affichées par la cour dans l'interprétation et l'application de cet article au sujet de l'arrêt OMAR EL-BECHIR (B). A) L'ÉNONCÉ DE L'ARTICLE 98 ALINÉA 1 L'art 98 al 1 dispose 《 la cour ne peut poursuivre l'exécution d'une demande de remise ou d'assistance qui contraindrait l'état requis à agir de façon incompatible avec les obligations qui lui incombent en droit international en matière d'immunité des Etats ou d'immunité diplomatique d'une personne ou bien d'un état tiers à moins d'obtenir au préalable la coopération de cet état tiers en vue de lever l'immunité 》 . L'art 98 semble en contradiction avec l'article 27 notamment l'alinéa 2 par conséquent il convient d'admettre que l'article 27 visent exclusivement les États partis au statut de Rome et que l'art 98 al 1 n'est applicable qu'à une relation triangulaire mettant au prise la cour, l'état requis (état parti au statut) vis-à-vis la cour suit l'exécution d'une demande de remise ) et l'état tiers ( non parti au statut et contre lequel la cour veut exercer sa compétence sur son ressortissant. L'art 98 esquisse une confrontation entre l'obligation de coopérer qui incombe a l'état parti et les immunités accordées aux ressortissants d'un Etat tiers en visite sur le territoire d'un état parti. Cet article a fait l'objet d'application dans l'affaire OMAR EL-BECHIR B) l'article 98 et l'affaire OMAR EL-BECHIR Cette affaire a donné l'occasion d'expérimenter les difficultés liées à cet article. Selon les faits le conseil de sécurité à soumis au procureur de la CPI la situation au Darboux conformément à l'art 13 al b en date du 31 mars 2005. Après ouverture de l'enquête la première chambre préliminaire a en 2009 et 2010 émis 2 mandats d'arrêt à l'encontre du président soudanais OMAR EL- BECHIR pour crime contre l'humanité, crime de guerre et génocide. La problématique soulevée par cette affaire concerne la remise de l'accusé par les états parus à la convention c'est-à-dire la confrontation entre l'effet vertical de l'obligation de coopérer entre la cour et l'état parti et l'effet horizontal entre l'état parti et l'état tiers au sujet du respect de l'immunité. Dans cette affaire, la cour a développé différents arguments. L'on peut en évoquer 3 qui traduisent la divergence de point de vue exprimé par la cour elle-même dans l'interprétation de l'art 98. 1) l'argument de la cour tiré de l'exception à l'immunité Dans l'affaire OMAR EL-BECHIR, la cours a rendu un arrêt au sujet de l'art 98. OMAR s'étant retrouvés le territoire du Malawi dans le cadre du sommet du marché commun de l'Afrique orientale et australe. Pour justifier la remise, la cour a écarté l'immunité du président soudanais dans un arrêt du 12 décembre 2011. La cour a décidé 《 la chambre trouve que le droit international coutumier a créé une exception à l'immunité du chef d'état en fonction si la cour internationale
L'argument signifie que la coutume aurait cristallisé une exception à
l'immunité des chefs d'état des lors qu'il serait poursuivi par un tribunal international. Cet argument rejoint certaines opinions dissidentes exprimées dans l'affaire YERODIA NDOMBASI 2) LE deuxième argument de la cour fondé sur la levée de l'immunité La cour a adopté une approche différente dans sa décision du 09 avril 2014 concernant la République Démocratique du Congo contrairement à l'argument du 12 décembre 2011, la cour évoque ici la notion de levée implicite de l'immunité. Cet argument signifie que la cour déduit la levée de l'immunité de de l'interprétation de la résolution du conseil de sécurité en ces termes. 《 Le conseil de sécurité décide que le gouvernement soudanais et les autres parties au conflit doivent coopérer pleinement avec la cour et le procureur et leur apporter toute l'assistance nécessaire conformément à la présente résolution et demande instamment à tous les états et à toutes les organisations régionales et internationales concernées de coopérer pleinement 》. On parle de levée implicite de l'immunité parce que la cour s'appuie sur le terme coopérer pleinement employé par la résolution du conseil de sécurité. Face au caractère artificiel de cet argument, qui fait dériver la levée d'une immunité d'une résolution du conseil de sécurité, et surtout développé la notion de levée implicite de l'immunité. 3) l'argument fondé sur la notion d'Etat quasi parti au statut de Rome Dans le jugement de 2017, concernant l'Afrique du Sud, la cour s'est appuyé sur l'argument selon lequel le Soudan étant état membre de l'ONU, le conseil de sécurité pouvant renvoyer une affaire devant la cour, alors le soudan devrait se considérer comme un état quasi parti au statut de Rome. Ce qui aurait pour conséquence de ne pas totalement appliquer au soudan la notion d'état tiers et demander à l'Afrique du Sud d'interpeller le président soudanais sans plus au préalable demander la levée de l'immunité. En tout état de cause, il apparaît que les États sur le fondement de l'article 98 n'ont pas donné suite aux demandes de coopération avec la cour. On peut y voir le triomphe des immunités même devant les juridictions internationales. Mais il s'agit davantage de la difficile et lente renonciation aux immunités en matière de crime grave du droit international. Une fois surmonter l'obstacle des immunités, le droit pénal international indiqué 2 formes de responsabilité.
CHAPITRE 2: LES FORMES DE RESPONSABILITÉ PÉNALE. INTERNATIONALE
La question des formes de responsabilité pénale résulte de la
nature des crimes graves du droit international. En effet, les core crimes sont présentés du point de vue de la participation criminelle comme des infractions structurellement collectives. C'est-à-dire, comme des activités criminelles qui échappent au schéma classique de la responsabilité pénale à savoir : action, coaction, complicité. La dimension collective inhérente à cette infraction suggère que de nouvelles formes de participation criminelle soient prises en compte. L'idée ici est celle d'une culpabilité propre à l'infraction collective distincte de la culpabilité classique du droit pénal. C'est l'idée de la culpabilité collective que l'on peut qualifier de culpabilité de planification qui se superpose à la culpabilité de participation personnelle. Il n'est donc pas exige de l'auteur de l'infraction internationale par nature qu'il ait lui-même commis l'acte ou même qu'il ait lui-même participer directement à la commission de l'acte .la culpabilité de planification est établie même lorsque l'individu mis en cause n'a pas participé à la commission effective de l'infraction. La culpabilité de planification ou collective signifie en d'autres termes que la faute pénale dans les core crimes n'est pas nécessairement une faute de commission l'agent pénal peut être poursuivi même en cas d'inaction sans que cela ne soit identique à la faute pénale pour omission. Il en résulte deux formes principales de responsabilité pénale caractéristiques de deux modes de participation criminelle en droit pénal international. L'extension de la responsabilité pénale individuelle (SECTION 1) et le développement de la responsabilité pénale du supérieur hiérarchique (SECTION 2).
Section 1 la conception élargie de responsabilité pénale individuelle
La conception élargie de la responsabilité pénale individuelle suppose des
formes de participation pénale indirectes (P1) et l'admission d'une forme de participation spéciale à la commission de de crimes graves de droit international, la notion d'entreprise criminelle commune (P2).
Paragraphe 1 : la participation criminelle indirecte
Celle-ci s'entend des hypothèses envisagées par les dispositions des articles 7 du TPI/Y 7. Du TPI/R et de l'article du statut de la cour pénale internationale. Ces différents textes imputé l'infraction pénale internationale à quiconque a planifié, incité à commettre, ordonné la commission, a préparé l'exécution ou a encouragé la planification. Le statut de Rome prévoit qu'un personne est pénalement responsable des infractions graves du droit international lorsqu'elle ordonne sollicite, encourage, ou facilite la commission de l'infraction. La jurisprudence française a développé à ce propos la notion de plan concerté dans la jurisprudence TOUVIER. Le caractère indirect de cette participation part de ce que l'accent est davantage mis sur la résolution criminelle arrêtée et concertée les juges s'intéressent donc à minima à ceux qui participent à l'élaboration de la résolution criminelle. Il n'insiste donc pas sur ceux qui matériellement participent à la commission de l’acte. La jurisprudence a de ce point de vue développé la notion de participation substantielle, qui ne signifie donc pas commission matérielle. Cela a été affirmé dans l'affaire SEMANZA dans laquelle le TPI/R a affirmé que pour satisfaire aux exigences de l'article 6 al1, qu’iI faut que la participation de l'intéressé ait contribué de façon substantielle à la préparation du crime ou qu'elle ait eu un effet important sur sa commission (jugement du 15 mai 2003 ). La notion de participation substantielle fait référence à celle de participation déterminante. Les juges ne recherchent donc pas l'auteur ayant matériellement commis l’acte. À ce propos, le TPI/R dans une autre affaire jugement Baginishema du 7 juin 2001. Défini la planification comme 《 le fait de participer personnellement à la préparation d'un crime, même si celui-ci est commis effectivement par autrui. 》Les juge ajoutent 《 le degré de cette participation doit être substantiel, il peut s'agir notamment d'arrêter un plan criminel, ou de souscrire à un plan criminel propose par autrui》. La notion de participation substantielle également été évoqué dans la jurisprudence JEAN PAUL AKAYESU ( 2/09/1998) dans cette affaire, les juges décident 《 quiconque incite autrui à commettre un crime encore une responsabilité du fait de ce crime. L'instigateur doit contribuer de façon substantielle à la commission du crime. L'existence d'une relation causale entre l'incitation et l'actus reus doit-être prouvée. En tout état de cause, il est exigé que la participation indirecte soit nécessairement substantielle quelle que soit sa forme criminelle. (Incitation, planification, instigation, assistance...).
Paragraphe II : la notion d'entreprise criminelle commune
Il s'agit d'une notion propre au droit pénal international, qui a été développé par la jurisprudence du tribunal pénal international pour la Yougoslavie sous l'appellation anglaise de JOIN CRIMINAL ENTREPRISE. Cette forme de participation criminelle peut être dégagée de l'alinéa 3 d de l'article 5 du statut de Rome qui disposé 《 toute personne qui contribue de toute autre manière à la commission ou à la tentative de commission d'un crime par un groupe de personnes agissant de concert est pénalement responsable selon le cas si cette personne vise à faciliter l'activité criminelle ou le dessein criminel du groupe. Si cette contribution est faite en plénière connaissance de l'intention du groupe, si les actes de cette personne constituent substantiellement un commencement d'exécution 》. Sur ce fondement, l'entreprise criminelle commune vise à sanctionner le dessein criminel. La connaissance de l'activité criminelle du groupe et sa notion fondamentale est celle de but commun. Ainsi l'individu est pénalement responsable lorsqu'il partage l'intention criminelle du groupe même s'il n'a pas participé à la planifier du crime. Cette notion a été évoqué dans la jurisprudence Dusco TADIC (arrêt du 15 juillet 1999, ) en ces termes 《 quiconque contribue à la préparation d'un crime par un groupe de personne en poursuivant un but commun peut être tenu pénalement responsable sous certaines conditions 》. La notion d'entreprise criminelle commune n'a pas fait l'objet d'une abondante jurisprudence.
Section II : la responsabilité du supérieur hiérarchique
C'est une forme particulière de responsabilité pénale, exclusivement admise en droit international. Sa conception donne lieu à un certain nombre de critiques au moins pour 3 raisons. 1) elle postule l'établissement de la responsabilité pénale en dehors d'une faute pénale liée à la commission de l'infraction (elle prend la forme d'une responsabilité pénale du fait d’autrui). Deuxièmement, cette responsabilité postule son engagement en dehors de toute faute pénale avérée. (Cette responsabilité suggère une objectivation de la faute pénale). Troisièmement, la responsabilité pénale internationale semble ne pas être fondée sur une intention criminelle alors même que nous sommes en matière pénale (cette responsabilité paraît fondée sur une faute de négligence. ). Historiquement, la responsabilité du supérieur hiérarchique remonte à la discipline militaire et encadre l'obligation de surveillance du supérieur hiérarchique. Sa première forme d'expression dans le Droit pénal international remonte à la condamnation du général japonais Yamaschita devant la cour martiale des États-Unis. Puis, dans sa formulation, elle a évoluée dans les conventions internationales. Dans le statut du TPI/TU elle était définie à l'article 7 al 3 《 le fait que l'un quelconque des actes (criminels) a été commis par un subordonné ne dégage pas son supérieur de sa responsabilité pénale s'il savait ou avait des raisons de savoir que le subordonné s'apprêtait à commettre cet acte ou l'avait fait et que le supérieur n'a pas pris les mesures et raisonnables pour empêcher que ledit acte ne soit commis ou en punir les auteurs. 》. L'article 6 al 3 du TPI/R reprend la même disposition. L'on peut observer qu’à l'origine la responsabilité du supérieur hiérarchique apparaît comme une responsabilité subsidiaire à celle du subordonné puisqu'il est dit que l'acte commis par le subordonné ne dégage pas son supérieur hiérarchique de sa responsabilité. En revanche dans le statut de Rome, l'article 28 fait de cette responsabilité une responsabilité pénale principale. On peut dire aujourd'hui que le droit ou plus précisément le régime de la responsabilité su supérieur hiérarchique en droit pénal international est fixé par l'article 28 du statut de Rome. Qui établit les conditions d'engagement de la responsabilité du supérieur hiérarchique (P1) et la nature de la faute du supérieur hiérarchique (P2).
Paragraphe I: conditions d'engagement de la responsabilité du supérieur
hiérarchique
À la lecture de larti528 du statut de Rome, l'on distingue une condition
principale d'engagement de la responsabilité du supérieur hiérarchique (A), et des conditions variables en fonction du type de responsabilité en fonction de. Nature du supérieur hiérarchique, selon qu'il est militaire (B), selon qu'il est civile (C).
A- la condition principale de la responsabilité du supérieur hiérarchique
L'article 28 alinéa A dispose 《 un chef militaire ou une personne faisant officiellement fonction de chef militaire est pénalement responsable de crimes relevant de la compétence de la cour, commis par les forces placées sous son commandement et son contrôle effectif. Ou sous son autorité et contrôle effectif selon le cas lorsqu'il ou elle n'a pas exercé le contrôle qui convenait sur ces forces (...) 》 cette condition principale comporte 3 branches : la première renvoi au lien de subordination (1), la forme de contrôle exercé (2), et l'effectivité du contrôle (3). 1. Le lien de subordination Le lien de subordination suppose la réunion de 2 éléments. Le premier est la qualité du supérieur hiérarchique (a) et la forme du lien de subordination (b) a- la notion de supérieur hiérarchique La loi distingue d'une part le supérieur hiérarchique de de droit et supérieur hiérarchique de fait, et d'autre part supérieur hiérarchique militaire et supérieur hiérarchique civil.