Le Secteur Pétrolier Au Gabon: Aperçu Du Secteur
Le Secteur Pétrolier Au Gabon: Aperçu Du Secteur
La production pétrolière du Gabon est en repli. Les espoirs portent désormais sur l’exploration off-
shore profond qui pourrait relancer à la hausse la production. De nombreux investisseurs étrangers
s’y intéressent. Les découvertes récentes dans le secteur du gaz pourraient aussi être susceptibles
d’offrir des opportunités nouvelles de développement du secteur, tandis que le gouvernement
gabonais souhaite étendre davantage son contrôle et accroitre sa part de revenus.
Aperçu du secteur
Les nouvelles opportunités de développement se situent en off-shore profond, mais nécessitent des
coûts d’exploitation élevés. Les conditions de marché ne sont pas aujourd’hui favorables; les
investisseurs étrangers restent nombreux à s’y intéresser et à entrer sur le marché. Le 10ème appel
d’offres pour l’attribution de blocs pétroliers avait fait l’objet de négociations en 2013-2014 sur les
43 blocs pétroliers en mer disponibles. Les contrats sur la vente de blocs offshore ont été signés fin
2014. Ils concernent :
Repsol E13
Ophir PLC A3 et A4
Petronas F14
Un 11ème appel d’offres pour l’attribution de 5 blocs pétroliers (E12, F12, F13, E14 et G14), dans
l’off-shore profond et ultra-profond au large du Gabon a été lancé à la fin de l’année 2015 sans que
les résultats ne soient connus pour l’instant. Les études sismiques 2D et 3D réalisées par l’entreprise
française CGG ont confirmé l’intérêt pétrolier de ces blocs. CGG a signé un accord d’exclusivité
avec le ministère du pétrole gabonais consistant en l’acquisition et le traitement de 35 000 km2 de
données 3D.
Production gazière
Le pays détient des réserves prouvées de gaz naturel à hauteur de 28,3 milliards de mètres cubes
– essentiellement sous forme de gaz associé, mais n’en fait actuellement qu’un usage limité, puisque
3 La société Pacifico contrôlée par Jean-François Henin, PDG de Maurel et Prom, et Pertamina ont indiqué par communiqué en août
dernier avoir signé un accord relatif à la cession de la totalité de la participation de Pacifico dans Maurel & Prom à Pertamina, la
compagnie nationale pétrolière indonésienne.
4 Lié à Woodside (Australie) qui dispose de 40% du champ de Luna Muestse (E13).
Les ressources en gaz sont actuellement exploitées par la seule compagnie française Perenco à
partir de deux gisements : Ganga et Ozangue. La société a produit 50 millions de pieds cube de gaz
en 2015, lui offrant un positionnement stratégique au Gabon, puisqu’elle alimente les centrales
thermiques de Port-Gentil et Libreville6. Shell dispose également de réserves de gaz importantes
sur des gisements en déclin : Rabi-Kounga, Toucan et Bende-M’Bassou. Globalement la plus forte
concentration des ressources de gaz se trouve dans la zone autour de Rabi-Kounga, d'Olouwi et
Ozangue. Les récentes découvertes de gaz à condensats par Total, Shell et Eni dans trois blocs off-
shore nécessitent des travaux d’appréciation et pourraient, si ces ressources s’avèrent importantes
et économiques, propulser le Gabon sur la scène mondiale des producteurs de gaz.
Raffinage
La SOGARA, Société Gabonaise de Raffinage7, est l’unique raffinerie du pays. Elle produit du fuel
(55% du total), du bitume, du gasoil, de l’essence, du kérosène et d’autres hydrocarbures comme le
pétrole lampant et le gaz liquéfié. Sa capacité de raffinage est de 1 200 000 tonnes. Dans le cadre
de son activité, elle a traité 927 000 tonnes de brut de qualité Rabi en 2015. L’activité de la raffinerie
a été marquée par un arrêt de production de 7 semaines l’année dernière, en raison d’une grève de
l’ONEP8. La remise à neuf de l’outil de production en 2012-2013 permet de traiter de plus en plus
de brut mais ne suffit pas pour autant à satisfaire le marché local, la SOGARA devant
s’approvisionner régulièrement sur le marché international pour satisfaire la demande locale en
gasoil.
En 2012, l’Etat gabonais a signé un protocole d’accord avec la société sud-coréenne Samsung C&T
Corporation pour la construction d’une nouvelle raffinerie dans la zone économique en projet de l’Ile
Mandji, à Port-Gentil. La production de cette raffinerie pourrait servir pour un tiers à approvisionner
le marché local, les 2/3 restant étant destinés à l’exportation. Le montant de ce projet, d’une capacité
de 3 Mt de pétrole, est estimé à environ 1 Md € et sa mise en exploitation, initialement prévue pour
2016, est pour l’instant retardée, les ajustements juridiques de ce projet restent à finaliser avec l’Etat
gabonais.
5 Depuis janvier 2010, le torchage du gaz est interdit au Gabon. Un délai a néanmoins été accordé jusqu’à pour donner le temps aux
entreprises du secteur de s’adapter à cette nouvelle mesure.
6 Contrat de vente de gaz naturel signé entre la Société d'Énergie et d'Eau du Gabon (SEEG) et Perenco.
7 Le capital de la SOGARA est actuellement réparti entre Total (43,84%), l’Etat gabonais (25%), la société panaméenne Portofino
Assets Corporation (16,99%), Petro Gabon (11,67%) et le groupe italien ENI International (2,50%).
8 L'Organisation Nationale des Employés du Pétrole
Evolutions du secteur
Dans cette même logique, le gouvernement gabonais cherche à développer et favoriser l’utilisation
des sous-traitants pétroliers gabonais (« local content »). Le nouveau code des hydrocarbures
réaffirme le principe de l’emploi prioritaire de personnel gabonais et l’utilisation prioritaire des sous-
traitants locaux. Le défaut de personnel local qualifié est resté un frein pendant plusieurs années à
la bonne application du code du travail local (minimum de 90% d’employés locaux).
Total Gabon en partenariat avec la République gabonaise a créé en 2011 l’Institut gabonais du
Pétrole et du Gaz à Port-Gentil, avec la collaboration de l’Institut Français du Pétrole suivie après
par les sociétés Shell et Perenco. Total Gabon et Addax interviennent également auprès de l’Ecole
Polytechnique de Masuku afin de former des ingénieurs spécialisés. D’autres compagnies envoient
des étudiants, à travers des partenariats, dans des écoles à l’étranger.
2. Un nouveau code des hydrocarbures a été adopté en 2014 visant à réguler le marché tout
en réaffirmant l’appartenance de la ressource à l’Etat gabonais. Il offre en particulier des
nouveaux types de contrats : 3 types de contrats pétroliers (contrat d’exploration, contrat
9 Le champ d’Obangue a depuis été restitué à Addax Petroleum après versement par Sinopec d’une indemnité transactionnelle, suite à
un conflit qui opposait la compagnie à l’Etat gabonais.
S’agissant des aspects fiscaux, l’impôt sur les sociétés qui était auparavant compris dans la part de
production qui revenait à l’Etat dans les contrats de partage de production (profit-oil Etat) s’ajoute à
la part de rente revenant à l’Etat au taux de droit commun de 35%. Les contributions, telles que la
redevance superficiaire (rémunère la location du domaine pétrolier par l’Etat), la PID/PIH10, la
redevance proportionnelle (due en phase de production) ou les éléments de parafiscalité (fonds de
formation, fonds de soutien au développement des communautés locales, etc.) restent applicables.
Des dispositions environnementales ont été ajoutées telle que l’interdiction du « torchage » de gaz
naturel. Le Code des hydrocarbures prévoit, sans autre précision, un régime fiscal adapté aux
spécificités de l’exploitation du gaz naturel pour encourager la mise en valeur des gisements.
3. Jusqu’en février 2016, les produits pétroliers distribués sur le marché gabonais
bénéficiaient d’une subvention substantielle de l’Etat (700 Mds XAF les 6 dernières années)
permettant de vendre à prix fixe les produits sur l’ensemble du territoire. Décidée en janvier 2015,
et appliquée depuis février 2016, la décision de libéralisation des prix des produits pétroliers sur le
marché local a permis de faire varier les prix à la pompe. Seuls le gaz butane et le pétrole lampant
restent subventionnés, en raison de leur caractère « social ». La réactivation du mécanisme
d’indexation automatique des prix des carburants à la pompe au prix international a eu pour
conséquence, compte tenu des cours du pétrole actuels, la baisse des prix du gasoil et de l’essence.
Un mécanisme de péréquation permet par ailleurs de maintenir des prix identiques sur tout le
territoire.
La société Perenco (dirigé par François Perrodo, fils aîné d’Hubert Perrodo son fondateur) a débuté
ses opérations au Gabon en 1992. Grâce à une stratégie ambitieuse d'acquisitions et de
développement, elle détient des intérêts dans 29 licences on-shore et off-shore. Sa production
opérée de pétrole moyenne en 2015 était de 61 000 barils par jour. Actuellement la société parvient
à produire 72 000 barils par jour, occupant la place de 1er producteur de pétrole au Gabon, et de 50
millions cube feet de gaz. En 2014 et 2015 les investissements de Perenco au Gabon se sont élevés
à près de 1 Md$ (forage et exploration en eau profonde).
Total Gabon opère au Gabon depuis 1928. La société exploite une trentaine de champs, pour la
plupart en mer, développés au cours des cinquante dernières années avec une production opérée
en moyenne de 57 000 barils/jours (2015). La société fait figure de second producteur gabonais (en
intégrant sa part de production dans les champs dont Total Gabon n’est pas opérateur)11.
Shell Gabon a débuté ses activités d’exploration et de production d’hydrocarbures au Gabon en
1960. Sa production opérée en moyenne était de 51 000 barils/jours à partir de 4 champs terrestres
en tant qu’opérateur (Gamba/Ivinga, Rabi, Toucan et Koula). Découvert en 1985, Rabi reste l’un des
plus grands champs de pétrole jamais découvert en Afrique subsaharienne. Coucal, Avocette et
Atora, opérés par Total et Tsiengui opéré par Addax, figurent parmi les actifs non opérés de Shell
Gabon. La compagnie détient aussi deux permis d’exploration en off- shore profond obtenus en
2007 dans les blocs BC-9 et BCD10 situés au sud-ouest.
La société française Maurel et Prom, implantée au Gabon depuis 2004 à la suite du rachat des
actifs de la société sud-africaine Rockover, a atteint une production de 28 000 barils/jour en 2015.
La société Pacifico contrôlée par Jean-François Henin, PDG de Maurel et Prom, et Pertamina ont
indiqué par communiqué en août dernier avoir signé un accord relatif à la cession de la totalité de la
participation de Pacifico dans Maurel & Prom à Pertamina, la compagnie nationale pétrolière
indonésienne.
Addax (racheté par le chinois SINOPEC en 2009) a débuté ses opérations en 2004 et produit en
moyenne 19 000 barils/jour grâce à ses intérêts au sein de 6 champs producteurs on-shore (Dinonga
Irondou – Awoun) et off-shore (Etam Marin – Avouma - Ebouri).
L’américain Vaalco produisait 24 000 barils/jours début 2013 (Etame Marin), mais l’entreprise a été
contrainte de suspendre ses forages jusqu’à nouvel ordre, en raison de la situation économique.
Canadian Natural ressources limited, entreprise canadienne qui exploite les sables bitumineux,
est présente, par ailleurs, sur le champ d’Olowi situé en off-shore peu profond, au sud du pays,
depuis 2009. CNR a racheté les actifs de Pionner Natural Ressources en 2005
La junior britannique Tullow Oil, est présent depuis plus de 10 ans au Gabon sur 23 permis mais
n’en opère aucun. Elle se développe en partenariat actif avec Perenco et Maurel & Prom, lui
permettant d’obtenir une part nette d’environ 13 700 barils/jour en 2015. Nouvel opérateur,
SinoGabon Oil & Gas est par ailleurs rentrée en production au premier trimestre 2016 pour des
quantités limitées.
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11 Pour plus de précisions sur le domaine minier et d’exploration, consulter le site de Total Gabon :
http://www.total.ga/activites/domaine-minier-et-exploration