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LE DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES APPROFONDI

par le Docteur Racine MBaye

INTRODUCTION

Le droit des sociétés commerciales approfondi a pour finalité de permettre aux étudiants, en plus de l’aspect
théorique sur l’étude des sociétés commerciales, d’ajouter les aspects pratiques de cette matière ; ce qui leur
permettra de mieux faire face aux nombreux problèmes qu’ils peuvent rencontrer au cours de leur carrière
professionnelle.

Néanmoins, vouloir traiter de toutes les situations auxquelles peut être confrontée une société commerciale serait trop
fastidieux. Aussi, nous limiterons-nous seulement à celles qui nous paraissent les plus récurrentes dans la vie d’une société
commerciale.

Le cours va donc être axé dans un premier temps sur les règles générales applicables à toutes les sociétés commerciales.
Ensuite, il comprendra des questions relatives successivement à la constitution des différents types de sociétés
commerciales, à leur gestion, à leur fonctionnement et à leur liquidation.

Mais, il ne s’agit pas encore une fois de dispenser un cours théorique sur ces questions mais d’étudier en profondeur les
problèmes qu’elles posent. Et pour ce faire, la jurisprudence et la doctrine seront sollicitées pour servir de base de travail.

Le commentaire de décisions de justice, d’une part et, la lecture et le résumé des commentaires des hommes de droit,
d’autre part, sur des points importants du droit des sociétés commerciales constitueront un volet important de notre
méthode de travail.

Aussi, le recours au cours théorique du droit des sociétés commerciales va permettre aux étudiants de réviser ce cours
mais aussi et surtout d’être imprégnés des modifications qui ont été apportées par l’OHADA à la réglementation des
sociétés commerciales. A ce propos, il faut souligner que l’AU de l’QHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique a été adopté le 17 Avril 1997 à Cotonou.

Et après vingt (20) ans d’existence, l’OHADA a éprouvé le besoin de réviser les dispositions de certains des textes qu’elle a
déjà rédigés afin de les adapter à l’évolution du monde surtout dans le domaine des affaires. Aussi, après avoir enregistré
les acquis dans cette mission de moderniser et d’harmoniser les textes que ses pays membres, qui sont aujourd’hui au
nombre de dix sept (17), appliquaient à leurs relations d’affaires, elle s’est évertuée à actualiser le contenu de certaines
dispositions de l’AU et d’adjoindre de nouvelles dispositions afin de tenir compte de l’évolution des temps modernes
(exemple des NTIC).

C’est ce qui explique la révision de certaines dispositions de l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
du GIE. En effet, ledit AU a fait l’objet d’une révision et, le nouvel AU appelé Acte Uniforme révisé relatif au droit des
sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique a été adopté le 30 Janvier 2014 à Ouagadougou (Burkina
Faso) et est entré en vigueur depuis le 29 Juin 2014. Et, cet AU révisé a apporté des avancées notables dont les principales
innovations concernent :

- la forme juridique des entreprises et la flexibilité dans les opérations relatives à la création des sociétés ;

- l’adaptation des règles sur les sociétés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication

(NTIC) ;
- l’administration provisoire de la société, le capital variable, les conventions extrastatutaires ;
- la possibilité de réduction du montant du capital minimum de la SARL ;
- la possibilité de créer des actions de préférence et une innovation sur les apports en industrie ;
- les limitations à la transmission des actions ;
- l’introduction du bureau de représentation ;
- l’attribution gratuite d’actions, la tenue de registre de titres nominatifs, les actions de préférence et les valeurs
mobilières composées dans le cadre de la société anonyme ;
- l’appel public à l’épargne, le régime de nullité des actes sociaux et des développements sur les organes sociaux ;
- l’application améliorée de l’option entre l’établissement des statuts sous forme notarié ou par acte sous seing privé ;
- la possibilité, en plus de l’arbitrage, de recourir à d’autres modes alternatifs de règlement des différends et
l’application à l’arbitrage soit de l’AU relatif à l’arbitrage, soit de tout autre système d’arbitrage convenu par les parties.

Par exemple, il est désormais possible d’organiser les assemblées générales et les réunions de conseil d’administration et
d’autres réunions par visioconférence et même de convoquer les actionnaires par courrier électronique.

Les nouveautés qui nous semblent les plus importantes et qui nécessitent en conséquence un développement sont celles
relatives à la réalisation des apports en industrie, aux modifications apportées à la réglementation de la société anonyme, à
l’attribution gratuite d’actions et à la création de la société par actions simplifiée.

Et pour réaliser son objectif de moderniser le droit des sociétés commerciales et du GIE, l’OHADA s’est fortement inspirée
du travail du législateur français ; ce qui s’explique aisément par le fait que la législation de ses pays membres est héritée
de celle du pays colonisateur qu’a été la France sans compter que cela a facilité grandement l’harmonisation que
recherchaient ses initiateurs.

Ainsi, la naissance de la société par actions simplifiée ou SAS découle de ce que le législateur de l’OHADA a suivi le
cheminement emprunté par le législateur français dans l’esprit qui l’a guidé dans ce sens, à savoir  : créer une société qui
s’apparente à une société anonyme mais dont les règles de création, de gestion et de fonctionnement sont beaucoup plus
simples voire plus souples pour les associés.

C’est compte tenu donc de ce caractère dérivé de la SAS par rapport à la société anonyme qu’il nous a semblé plus indiqué
de l’étudier après la SA.

Ce cours comprend en conséquence les six (6) chapitres suivants :

- chapitre 1 : les règles générales des sociétés commerciales ;


- chapitre 2 : l’étude de la société en nom collectif ou SNC ;
- chapitre 3 : l’étude de la société à responsabilité limitée ou SARL ;
- chapitre 4 : l’étude de la société en commandite simple ou SCS ;
- chapitre 5 : l’étude de la société anonyme ou SA et
- chapitre 6 : l’étude de la société par actions simplifiée ou SAS.

Avant d’aborder ces différents chapitres, il faut souligner que le Sénégal a créé, par la loi 2017-27 du 28 juin 2017, de
nouvelles juridictions à caractère commercial : il s’agit des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel ;

Les tribunaux de commerce sont « des juridictions spécialisées compétentes pour juger en premier ressort les affaires
commerciales, c'est-à-dire les litiges relatifs aux actes de commerce (achat de marchandises pour la revente, les lettres de
change, les opérations de banque, les engagements nés à l’occasion du commerce, les litiges concernant les sociétés
commerciales notamment, les incidents relatifs à la conciliation, au règlement préventif, à la cessation des payements, au
redressement judiciaire et à la liquidation des biens des entreprises commerciales ».

Les chambres commerciales d’appel jugent en second ressort les affaires commerciales dont le litige dépasse cent (100)
millions de frs CFA.
Le premier chapitre de ce cours est donc consacré aux règles générales appliquées aux différentes sociétés commerciales.

Chapitre 1 : Les règles générales des sociétés commerciales

L’alinéa 1 de l’article 4 de l’AU révisé définit la société commerciale comme la personne morale créée par deux ou plusieurs
personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de l’industrie,
dans le but de se partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourrait en résulter. Les associés s’engagent à
contribuer aux pertes dans les conditions prévues par l’AU révisé.

Toutefois, l’article 5 de l’AU révisé consacre une nouveauté sur le nombre d’actionnaires d’une société commerciale car, il
dispose qu’une seule personne dénommée actionnaire unique peut créer à elle seule et par un acte écrit une société
commerciale.

Comment se constitue une société commerciale ? Quelles sont les conditions à remplir par les promoteurs ? Une fois la
société constituée, quelles sont les attributions de sa personnalité juridique ?

L’étude du contrat de société et ses conséquences, d’une part, et les opérations juridiques des sociétés commerciales,
d’autre part, nous permettront de répondre à ces différentes interrogations.

Section 1 : Le contrat de société et ses conséquences

Toute société commerciale quelle qu’elle soit suppose à son origine un contrat et ce contrat de société est souvent désigné
par l’expression pacte social et l’écrit qui constate ce négocium est désigné sous le vocable de statuts.

La formation du contrat de société obéit à des conditions. Une fois ces conditions remplies, le contrat formé produit des
conséquences dont la création d’une société ayant la personnalité juridique avec les conséquences d’usage.

La société ainsi créée fonctionne mais peut prendre fin comme toute personne juridique.

Paragraphe 1 – Le contrat de société

Il apparait de la définition de l’AU que le contrat de société est constitué par le ou les associés, les apports et le partage de
bénéfice ou l’économie mais, un autre élément constitué par l’affectio societatis, c’est à dire le lien de solidarité,
caractérise le contrat de société.

La formation de ce contrat de société obéit à des conditions et celles-ci peuvent être classées en trois catégories  : les
conditions classiques, les conditions particulières et les conditions de formation.

I – Les conditions classiques

Les conditions classiques considérées ici concernent respectivement les associés, l’objet social et la cause.

A – Les associés

Le nom d’associés est attribué ici à celui ou à ceux qui sont à l’origine de la création de la société. Sans eux en effet, il n’y a
pas de société.

L’article 2-1 de l’AU révisé permet à ces associés, sous réserve du respect des dispositions dudit AU et des clauses
statutaires, de conclure des conventions extrastatutaires afin d’organiser selon leur convenance :

- les relations entre associés ;


- la composition des organes sociaux ;
- la conduite des affaires de la société ;
- l’accès au capital social ;
- la transmission des titres sociaux.
Les conditions concernant les associés sont relatives à leur nombre, à leur consentement, à leur capacité et aux litiges nés
entre eux.

1 – Le nombre d’associés

En se basant sur les seules dispositions de l’article 4 de l’AU révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE, on
est tenté de dire que le nombre exigé d’associés dans une société commerciale est de deux (2) personnes au minimum ou
plus mais, l’article 5 dudit AU révisé admet dorénavant la création d’une société à associé unique, c'est-à-dire ayant une
seule personne comme associé. Cela constitue une innovation au Sénégal car, avant le 1 er janvier 1998, l’article 1078 du
COCC exigeait au moins deux (2) personnes pour former une société commerciale. Aujourd’hui donc le nombre d’associés
dans une société commerciale est d’une à x personnes au niveau de l’OHADA.

2 – Le consentement

La problématique du consentement ne se pose pas si la société commerciale n’a qu’un seul associé, car sa création ne va
dépendre dans ce cas que de la seule volonté de ce dernier. Il en va autrement s’il y a deux ou plus d’associés. En effet,
s’agissant ici d’un contrat, il faut nécessairement le consentement de chaque associé.

C’est la raison pour laquelle, l’accord de volonté entre les associés ne doit souffrir d’aucune ambiguité. Ainsi, l’accord d’un
quelconque associé ne doit pas être vicié par une erreur (par exemple sur le type de société), par un dol (par exemple sur la
qualité d’un associé) ou par la violence, chaque associé devant exprimer sans équivoque son consentement lors de la
signature des statuts.

3 - La capacité

Toute personne physique ou morale peut être un associé dans une société commerciale. C’est ce que dit l’article 7 de l’AU
révisé qui exclut néanmoins les personnes frappées d’interdiction, d’incapacité ou d’incompatibilité.

Les mineurs et les incapables ne peuvent pas être associés (même représentés par leurs tuteurs) dans une société dans
laquelle ils seraient tenus des dettes sociales comme la société en nom collectif ou SNC au-delà de leurs apports (article 8
de l’AU).

Deux époux peuvent être associés d’une société dans laquelle ils ne sont pas tenus des dettes sociales indéfiniment et
solidairement (article 9 de l’AU) ; ce qui veut dire qu’ils ne peuvent pas être ensemble dans une SNC.

4 – Le litige entre les associés

Au cours de la vie de la société, il est possible qu’un litige survienne entre les associés. Dans ce cas, ce sont les dispositions
des articles 147, 148 et 149 de l’AU révisé qui sont appliquées.

Ainsi, tout litige entre associés ou entre un ou plusieurs associés et la société relève en principe de la juridiction
compétente. Mais, un tel litige peut être également soumis à l’arbitrage:

- - soit par une clause compromissoire, statutaire ou non ;


- - soit par compromis ou à d’autres modes alternatifs de règlement des différends.

L’arbitrage en question est soumis à l’application des dispositions de l’AU relatif au droit de l’arbitrage ou de tout autre
système d’arbitrage convenu entre les parties.

B – L’objet social

L’objet social représente l’activité de la société qui doit être déterminée et décrite dans ses statuts (article 19 de l’AU). Il
doit être licite et moral c'est-à-dire non prohibé par la loi (article 20 de l’AU révisé).
Ainsi, certaines activités sont interdites aux sociétés commerciales (exercice des professions de notaire, d’huissier, de
commissaire priseur…..). L’article 22 de l’AU révisé permet la modification de l’objet social avec bien sûr l’accord des
associés.

La taille de l’objet social n’étant pas limitée, certains professionnels du droit des sociétés commerciales sont d’avis que les
sociétés à risque limité, à savoir la SARL, la SAS et la SA, ont intérêt à opter pour un objet social très large afin d’anticiper
sur les diversifications d’activités possibles au cours de la durée d’activité de la société surtout si celle-ci a beaucoup de
succès.

Il a été relevé en effet que, dans les rapports avec les tiers, ces sociétés sont engagées même par les actes de leurs
dirigeants excédant l’objet social sauf à prouver que le tiers contestataire savait ou ne pouvait ignorer, comte tenu des
circonstances, que l’acte contesté dépassait l’objet social.

En revanche, les sociétés à risques illimités comme la SNC et la SCS ne courent pas un tel risque car, elles ne sont engagées
que par les actes accomplis par leurs dirigeants qui relèvent de l’objet social défini dans les statuts.

On se rend compte donc qu’il est très important pour les membres fondateurs de la société d’être très précis dans la
rédaction des statuts quant à l’objet social de celle-ci.

C – La cause

La cause de la société est la raison pour laquelle ladite société a été constituée, c'est-à-dire la recherche de bénéfice ou
d’économie. Il est exigé que la cause de la société soit une cause licite et cette licéité de la cause est une condition sine qua
non pour valider la création d’une société commerciale. Aussi, l’activité qui constitue l’objet de la société est sensée être
une activité conforme à la loi, au règlement et aux bonnes mœurs pour qu’elle soit admise à apporter à la société un
rendement à même de pouvoir engendrer les bénéfices et les économies escomptés par les associés.

Par exemple, si la cause de la société découle de l’entretien d’un réseau de prostitution, de l’achat ou de la vente d’organes
humains, la fabrication de fausses monnaies, il est évident qu’une telle cause ne saurait prospérer.

Il faut donc obligatoirement que la cause de la société soit le résultat de son activité réelle, donc de son objet car, l’illicéité
de cet objet entraine celle de la cause de la société qui peut entrainer à son tour sa nullité.

II - Les conditions particulières

Les conditions particulières dont il s’agit ici concernent le capital, les apports, le partage de bénéfice et ¨l’affectio
societatis¨.

A - Le capital social

Le capital social des sociétés commerciales relève dans sa généralité des dispositions des articles 61 à 71 de l’AU révisé. Par
ailleurs, la révision dudit AU a introduit une nouveauté concernant ce qu’on appelle un capital variable.

Ainsi, toute société commerciale doit avoir un capital social dont le montant est indiqué dans ses statuts. Ainsi, pas de
société commerciale sans capital (article 61 de l’AU révisé).

Quelle est la source du capital ? Quel est son montant, est-il possible de le modifier et qu’est-ce que le capital variable ?

1 – La source du capital

L’article 62 de l’AU révisé dispose que le capital social est représenté par le montant des apports en capital versés par les
associés. Il peut être augmenté, le cas échéant, par des incorporations de réserves de bénéfices ou de primes d’apports,
d’émission ou de fusion.
En échange de leurs apports, l’apporteur est rémunéré par la société par des titres sociaux appelés actions ou parts
sociales et dont la valeur globale est égale à celle du capital de la société.

En contrepartie des incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’apport, d’émission ou de fusion, la société a le
choix entre émettre des titres sociaux ou élever le montant nominal des titres sociaux existants avec la possibilité de
combinaison des deux systèmes (article 63 alinéa 2 de l’AU révisé).

Le capital social est divisé soit en parts sociales, soit en actions selon la forme de la société.

2 – Le montant du capital social

Les associés ont la liberté de fixer le montant du capital social de leur société sous réserve de respecter un capital
minimum fixé d’autorité par l’AU révisé en fonction de la forme ou de l’objet de la société (article 65 de l’AU révisé). Ainsi,
la société commerciale n’est pas considérée comme valablement constituée si en cours de fonctionnement elle n’atteint
pas le montant minimum fixé par l’AU révisé.

Une fois la société constituée, les associés ne peuvent pas diminuer le montant de son capital en deçà du montant
minimum exigé par l’AU révisé pour cette forme de société au risque de la voir dissoute (alinéa 2 article 66 de l’AU).

3 - La modification du capital

En principe, le capital est fixe mais l’article 67 alinéa 1 de l’AU révisé permet son augmentation ou sa diminution dans les
conditions prévues par l’AU révisé.

Par dérogation à ce principe, le capital peut être variable mais dans les conditions prévues aux articles 269-1 et suivants de
l’AU révisé. Une augmentation du capital social est possible par :

- de nouveaux apports faits à la société ;


- l’incorporation de réserves ;
- l’incorporation de bénéfices ;
- l’incorporation de primes d’apports, d’émission ou de fusion.

Il peut être également procédé à la réduction du capital par remboursement aux associés d’une partie de leurs
apports, cette réduction pouvant s’effectuer par remboursement en numéraire ou par attribution d’actif.

4 – Le capital variable

La notion de capital variable est introduite dans la nouvelle version de l’AU relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique par l’insertion des dispositions des articles 269-1 à 269-7.

En effet, l’article 269-1 alinéa 1 de l’AU révisé accorde aux sociétés anonymes ne faisant pas appel public à l’épargne et aux
sociétés par actions simplifiées la possibilité de prévoir dans leurs statuts une augmentation ou une diminution de leur
capital :

- soit par augmentation par des versements successifs des associés ou l’admission d’associés nouveaux ;
- soit par diminution par la reprise totale ou partielle des apports effectués.

Mais, les sociétés concernées qui prévoient donc de telles dispositions sont soumises, en plus de la réglementation qui leur
est propre, des règles qui vont suivre.

Ainsi, les sociétés anonymes et les sociétés par actions simplifiées qui optent pour un capital variable ont l’obligation de
mentionner cette option de capital variable dans tous les actes et documents qu’elles destinent aux tiers en ajoutant à leur
forme sociale les mots suivants : « à capital variable ».
L’article 269-2-1 autorise ces sociétés, par dérogation aux dispositions de l’AU révisé, à organiser les modalités de
souscription, de libération et de reprise des apports. Dans ce cadre, l’article 269-3 soustrait aux formalités de dépôt et de
publication les actes de ces sociétés constatant les augmentations ou les diminutions du capital social ainsi opérées ou les
retraits d’associés, autres que les gérants ou les dirigeants sociaux de la SAS qui auraient lieu conformément à l’article
269-6 dont les dispositions vont suivre.

Dans ce cadre, l’alinéa 2 de l’article 269-3 déclarent inapplicables les dispositions relatives au droit d’opposition des
créanciers en cas de réduction de capital non motivée par des pertes.

Mais, il ressort des dispositions de l’article 269-4 de l’AU que les statuts de la société concernée peuvent accorder, soit aux
dirigeants sociaux soit à l’assemblée générale ou à la collectivité des associés, le droit de s’opposer au transfert des titres
sociaux sur les registres de la société. Et, cet article rend nul tout transfert réalisé en violation du droit d’opposition stipulé
dans les statuts .Dans le cadre du capital variable, les statuts peuvent déterminer une somme au dessous de laquelle le
capital ne peut être réduit par des reprises des apports autorisées par l’article 269-1 de l’AU révisé.

Cette somme ne saurait être inférieure ni au dixième du capital social stipulé dans les statuts ni au montant minimal du
capital exigé pour la forme de la société considérée par les dispositions qui la régissent. Il reste entendu que toute
réduction de capital au-delà de la limite prescrite par les statuts est nulle.

Tout associé peut se retirer de la société à tout moment sauf une convention contraire et sauf application de l’alinéa 1 de
l’article 269-5 de l’AU révisé.

Possibilité est en outre donnée de stipuler que l’assemblée générale ou la collectivité des associés puisse décider, à la
majorité fixée par les statuts, qu’un ou plusieurs des associés cessent de faire partie de la société. Toutefois, est nulle toute
délibération ou décision prise en violation des règles de majorité fixées par les statuts.

Si un associé cesse de faire partie de la société soit volontairement, soit par suite de la décision de l’assemblée générale ou
de la collectivité des associés, il reste néanmoins tenu, pendant cinq (5) ans, envers la société et envers les tiers de toute
les obligations existant au moment de son retrait. Néanmoins, il n’est tenu que dans la limite des sommes qui lui ont été
restituées avant son départ (article 269-6 alinéa 3 de l’AU révisé).

La société n’est dissoute ni par la mort ou le retrait d’un associé, ni par une décision prononçant sa liquidation, ni par
une mesure d’interdiction d’exercer une profession commerciale, ni par une mesure d’incapacité prononcée à
l’égard de l’un des associés. Elle continue de plein droit entre les autres associés (article 269-7 de l’AU révisé).

B - Les apports

L’apport est la mise que les associés versent pour faire partie de la société. Ainsi, chaque associé doit faire un apport à la
société au moment de sa constitution (alinéa 1 de l’article 37 de l’AU révisé).

En contrepartie de ces apports, les associés reçoivent des titres émis par la société, titres appelés actions dans les sociétés
par actions et parts sociales dans les autres sociétés (articles 38 et 51 de l’AU révisé).

C’est l’article 40 de l’AU révisé qui énumère ces apports  qui sont de trois (3) catégories :

- les apports en numéraire,


- les apports en nature et
- les apports en industrie qui sont constitués de connaissances techniques, professionnelles ou des services.
Il interdit tout autre type d’apport,
1 - Les apports en numéraire

Les apports en numéraires sont des sommes d’argent que les associés se sont engagés à verser à la société lors de sa
constitution (article 41 de l’AU révisé). Avec les apports en nature, ils constituent le capital social car, les apports en
industrie sont exclus dudit capital. En outre ils sont en principe libérés entièrement lors de la constitution de la société.

Toutefois, l’AU révisé prévoit un versement échelonné des apports en numéraire mais, seuls les apports correspondant à
des sommes intégralement et définitivement encaissées par la société sont considérés comme libérées et, pour le reste des
sommes à verser, tout retard entraine un intérêt légal au profit de la société qui peut, en plus, réclamer des dommages et
intérêts s’il y a lieu (articles 43  de l’AU révisé).

Si les statuts ne l’interdisent pas, les créanciers de la société peuvent, en cas d’augmentation de capital, transformer en
apports en numéraire leurs créances certaines, liquides et exigibles sur la société (article 44 de l’AU révisé).

2 - Les apports en nature

Les apports en nature sont constitués par des biens apportés et sur lesquels portent soit des droits réels, soit des droits
personnels. Ces apports en nature ne sont réalisés que par le transfert desdits droits au nom de la société et par la mise à
la disposition de celle-ci des biens relatifs aux droits en question (article 45 alinéa 1 de l’AU révisé).

Contrairement aux apports en numéraire, les apports en nature sont libérés intégralement lors de la constitution de la
société.

Les biens apportés à la société peuvent être faits en pleine propriété (la société devient alors propriétaire des apports), en
jouissance (l’apporteur reste propriétaire des biens mais la société en a l’usage) ou en usufruit.

Les biens apportés peuvent prendre la forme de biens meubles (machines, tables, véhicules….), de biens immobiliers
(bâtiments, terrains….), de biens corporels (ordinateurs, meubles de bureau….) ou de biens incorporels (brevets, fonds de
commerce….).

Les apports en nature sont évalués par les associés sous le contrôle d’un commissaire aux apports (article 45 de l’AU
révisé). Cette évaluation est contenue dans les statuts de la société (article 50 de l’AU révisé).

3 - Les apports en industrie et leur réalisation

L’AU révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE a apporté du nouveau en ce qui concerne les apports en
industrie. Ainsi, il a ajouté l’apport en industrie à l’article 37 in fine qui n’avait cité que les apports en numéraire et en
nature en ce qui concerne ce que doit chaque associé envers la société.

L’AU révisé a également consacré ses nouveaux articles 50-1 à 50-4 à l’évaluation de ces apports en industrie. Alors,
comment se constituent les apports en industrie et comment les réalise-t-on ?

a - La constitution des apports en industrie

Les apports en industrie sont réalisés par la mise à disposition effective de la société de connaissances techniques ou de
service par certains associés. Il s’agit pour l’apporteur de mettre son activité, sa force de travail et son intelligence au
service de la société. Toutefois, l’apport en industrie est exclue du capital quelle que soit sa valeur. Aussi, lors de la
dissolution de la société l’apporteur en industrie n’a pas droit au partage du capital.

Les apports en industrie sont interdits dans les sociétés anonymes ou SA (article 50-1 de l’AU révisé).

Du fait que l’AU révisé parle de force de travail, il est possible de penser qu’il s’agit des travailleurs salariés de la société. Il
n’en est rien car, il ne faut pas croire que toutes les personnes qui travaillent dans une société sont des apporteurs en
industrie.
Par exemple cet apport en industrie doit être distingué de l’apport d’un Directeur de service car, celui-ci est rémunéré par
la société sur la base d’un contrat de travail et non d’un contrat social. Il a droit en tant que tel à un salaire et non à une
part des bénéfices.

Est-ce qu’on peut cumuler le rôle de directeur salarié et celui d’associé ? Oui mais seulement si le salaire est certain parce
que supporté par les frais généraux, l’apport en industrie ayant plutôt un caractère aléatoire car il n’est rémunéré qu’en
cas de réalisation de bénéfices.

b - La réalisation des apports en industrie

L’AU révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE a consacré les nouveaux articles 50-1 à 50-4 à la
réglementation de la réalisation des apports en industrie. Ainsi, l’article 50-1 dispose que les apports en industrie sont
réalisés par la mise à disposition effective à la société de connaissances techniques ou professionnelles ou de service.

Ce type d’apport n’est pas accepté dans les SA mais, il peut exister dans une société par actions simplifiée ou SAS.

L’apporteur en industrie a l’obligation de rendre à la société la contribution promise et, il lui doit compte de tous les gains
qu’il a réalisés par l’activité faisant l’objet de son apport (article 50-2 alinéa 1 de l’AU révisé).

Il est exigé dans les statuts de la société la description de l’apport en industrie et la détermination :

- des modalités de sa libération ;


- de la durée des prestations fournies par l’apporteur ;
- du nombre des titres sociaux attribués en rémunération de ces prestations ;
- des droits attachés à ces titres dans le partage des bénéfices et de l’actif net ;
- des modalités de liquidation de ces titres en cas de cessation par l’apporteur de l’activité faisant l’objet de son
apport.

L’article 50-3 de l’AU exclut les apports en industrie de la constitution du capital social mais, il leur confère l’attribution de
titres sociaux qui donnent des droits au vote et au partage des bénéfices et de l’actif net mais, ce droit est accompagné
d’une contribution aux pertes. Toutefois, ces droits de vote ne peuvent être supérieurs à 25 % de l’ensemble des droits de
vote.

En outre, l’alinéa 3 de l’article 50-3 de l’AU révisé limite au maximum à 25% des bénéfices de l’actif net et des pertes de la
société à la part totale attachée à ces titres sociaux.

Les titres sociaux acquis avec des apports en industrie ne sont ni cessibles, ni transmissibles et ils sont dépourvus de valeur
nominale (article 50-4 de l’AU révisé).

C - Le partage des bénéfices

La recherche de bénéfice distingue les sociétés des associations. Et, une société commerciale est constituée dans le but de
réaliser des bénéfices ou de profiter d’une économie. Aussi, en échange de son apport, l’associé reçoit un titre social qui lui
permet d’avoir sa part de bénéfice ou d’économie (article 53 alinéa 1 de l’AU).

En principe chaque associé reçoit une part des bénéfices au prorata de son apport. Par exception, les statuts de la société
peuvent passer outre mais, sans pour autant contenir des clauses léonines qui privent un associé de tous les bénéfices ou
accorde à un seul associé tous les gains sociaux. Ces mêmes règles sont applicables en cas de contribution des associés aux
pertes.

Le profit d’économie signifie ici qu’il peut y avoir une société où les associés cherchent juste à économiser par exemple
leurs dépenses.
Exemple : une société formée par des médecins qui travaillent séparément mais qui, pour des raisons d’économie, créent
une société pour regrouper en un seul lieu leur salle d’attente, l’accueil de leurs différents patients ou même leurs
équipements communs.

D - L’affectio societatis

Aux éléments matériels précédents que sont les apports et les bénéfices ou l’économie, la jurisprudence a ajouté un
troisième élément psychologique défini comme la volonté de plusieurs associés de collaborer ensemble à l’affaire sociale, à
l’entreprise commune mais de manière volontaire, organisée, active et égalitaire. Ce troisième élément est l’affectio
societatis.

Il s’agit ici de la volonté des associés de collaborer sur un même pied d’égalité à l’œuvre commune. Aussi, quelle que soit
leur part dans le capital, les associés doivent être traités d’une manière égalitaire. De ce fait, aucun associé ne doit être
subordonné à un autre du fait de sa qualité d’associé.

Les associés sont sensés œuvrer pour le même objectif, la réalisation de l’objet social qui reste le gain de bénéfices ou
l’économie escomptée et, dans la pratique, l’affectio societatis est plus marqué dans les sociétés de personnes que dans les
autres.

Même dans une société à associé unique, l’affectio societatis est exigé car, il est exigé à celui-ci de se comporter comme s’il
partageait la société avec d’autres associés et, il ne doit pas confondre le patrimoine social avec son patrimoine propre.

Par exemple sans affectio societatis, une société peut être considérée comme une société fictive car les associés peuvent
être considérés dans ce cas comme des prête-noms au profit d’un maitre d’affaires.

Il peut être mis fin à une société commerciale par une annulation pour défaut d’affectio societatis.

III – Les conditions de formation de la société commerciale

Les conditions de formation de la société commerciale sont constituées par :

- l’acte fondateur de la société, c'est-à-dire les statuts ;


- les formalités auprès du Tribunal de Commerce ;
- la publication de la constitution de la société.

A – L’acte fondateur de la société : les statuts

Les associés rédigent et signent l’acte qui consacre la constitution de la société. Cet acte fondateur de la société constitue
les statuts qui peuvent être sous forme d’acte authentique établi par un notaire ou un acte sous seing privé déposé avec
reconnaissance d’écriture et de signature par toutes les parties au rang de minutes d’un notaire (articles 10 de l’AU révisé).

Les statuts constituent soit le contrat social en cas de pluralité d’associés, soit l’acte de volonté d’une seule personne en
cas d’associé unique. Ils doivent énoncer :

- la forme de la société ;
- sa dénomination suivie, le cas échéant, de son sigle ;
- la nature et le domaine de son activité qui forment son objet social ;
- son siège ;
- sa durée ;
- l’identité des apporteurs en numéraire avec, pour chacun d’eux, le montant des apports, le nombre et la
- valeur de titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport ;
- l’identité des apporteurs en nature, la nature et l’évaluation de l’apport effectué par chacun d’eux, le nombre
et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport ;
- l’identité des apporteurs en industrie, la nature et la durée des prestations fournies par chacun d’eux, le
nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport ;
- l’identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
- le montant du capital social ;
- le nombre et la valeur des titres sociaux émis en distinguant, le cas échéant, les différentes catégories de
titres créées :
- les clauses relatives à la répartition du résultat, à la constitution des réserves et à la répartition du boni de
liquidation ;
- les modalités de son fonctionnement.

L’alinéa 2 de l’article 11 de l’AU révisé dit qu’il est obligatoire, lorsque les statuts sont établis par acte sous seing privé, de
remettre un exemplaire original à chaque associé d’une société en nom collectif, d’une société en commandite simple mais
en plus aux associés d’une SARL.
Pour les autres sociétés que sont les SA et les SAS, il ne sera remis un exemplaire des statuts aux actionnaires que s’ils en
ont fait la demande lors de la signature des statuts ou lors de l’assemblée générale constitutive.

B – Les formalités au Tribunal de Commerce

Ces formalités sont prévues par les dispositions des articles 73, 74 et 75 de l’AU révisé.
Les formalités au niveau du Tribunal de Commerce concerne essentiellement l’immatriculation de la société commerciale
au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM).

C’est le greffe de ce tribunal qui est compétent pour l’immatriculation et, c’est le jour de ladite immatriculation au RCCM
que la société commerciale acquiert la personnalité juridique.

Les associés peuvent décider de ne pas procéder à cette immatriculation. Dans ce cas, la société est une société en
participation qui donc est dépourvue de personnalité juridique et qui est dispensée de publicité (articles 84 alinéa 1 de
l’AU). L’existence d’une telle société peut être prouvée par tout moyen.

Avant de procéder à l’immatriculation au RCCM, il est exigé aux fondateurs et aux premiers membres des organes
d’administration et de gestion de déposer une déclaration relatant toutes les péripéties de la constitution et affirmant que
celle-ci a été réalisée en conformité avec l’AU révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE.

Cette déclaration est appelée ¨déclaration de régularité et de conformité¨. Elle est exigée à peine de rejet de la demande
d’immatriculation au RCCM. Elle est signée par ceux qui l’ont conçue ou par l’un ou plusieurs d’entre eux s’ils ont reçu
mandat à cet effet.

Cette déclaration de régularité et de conformité doit être effectuée également en cas de modification des statuts mais,
dans ce cas, la déclaration est déposée par les membres des organes de gestion et d’administration (article 73-1 de l’AU
révisé).

Toutefois, l’article 74 de l’AU révisé écarte cette règle de l’article 73-1 si une déclaration notariée de souscription et de
versement des fonds a été établie et déposée, dans les conditions déterminées par l’AU révisé ainsi que par l’AU portant
sur le droit commercial général.

Le Tribunal de Commerce peut être saisi aux fins de régularisation de la constitution par tout intéressé lorsque les statuts
ne contiennent pas toutes les énonciations exigées ou s’il y a omission ou irrégularité dans la constitution de la société.

C – La publicité de la constitution

La publication de la constitution est régie au Sénégal par les dispositions des décrets n° 86-784 et 93-153 des 30 Juin 1986
et 24 Février 1993 et les formalités de publicité sont effectuées à la diligence et sous la responsabilité des responsables
légaux de la société.

Pour la constitution de la société un avis est inséré dans un journal d’annonces légales avec des indications relatives entre
autres :
- à la raison sociale ou dénomination sociale suivie, le cas échéant, de sigle ;
- à la forme de la société ;
- au montant du capital social ;
- à l’adresse du siège social ;
- à l’objet social indiqué sommairement ;
- à la durée de la société ;
- au montant des apports en numéraire et
- à la description sommaire et à l’évaluation des apports en nature……

Toute modification des dispositions des statuts, du siège social, du capital et de la dénomination sociale doit faire
également l’objet d’une publicité dans un journal d’annonces légales, de même que la liquidation.
L’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier ou RCCM doit s’accompagner d’une demande auprès du greffe
de l’enregistrement du nom commercial par l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle ou OAPI.

Paragraphe 2 – La sanction du non respect des conditions de fond et de forme

Le non respect des conditions de fond et de forme relatives à la constitution d’une société expose à une sanction. Et en ce
qui concerne les sociétés commerciales, il y a en matière de sanction pour non respect des conditions de formation, des
principes de base et un régime de nullité.

I – Les principes de base

Comme tout contrat, lorsque les conditions de formation ne sont pas respectées, il est possible de demander l’annulation
du contrat de société ; ce qui a pour conséquence l’inexistence juridique de la société en question.

Toutefois, le but d’une société commerciale étant de promouvoir une activité économique, le législateur puis la
jurisprudence ont reconnu aux associés la possibilité de régulariser la situation de la société dont la formation est entachée
de nullité afin d’éviter que son annulation ne se traduise, dans la pratique, par l’obligation pour les fondateurs de
recommencer toute la procédure de constitution d’une société identique. Ainsi, au lieu d’annuler purement et simplement
la société, il est admis une régularisation de la formalité incriminée.

Tout intéressé et le ministère public peuvent solliciter une telle régularisation au Tribunal de Commerce dans un délai de
trois (3) ans à compter de la date d’immatriculation (articles 75 et 77 de l’AU révisé).

II - Le régime des nullités

La sanction du non respect des conditions de formation diffère selon les sociétés mais, le régime juridique de la sanction
reste le même.

A – La différence de régime de nullité entre les sociétés commerciales

La différence de nullité entre les sociétés commerciales concerne les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux.
Ainsi, le non respect des conditions de formation est plus durement sanctionné pour les sociétés de personnes que pour
les sociétés de capitaux.

En effet, pour les sociétés de personnes comme la société en nom collectif ou SNC et la société en commandite simple ou
SCS, la sanction prévue ici est la nullité relative de la société si celle-ci n’a pas un objet illicite ou une cause immorale.  Ainsi,
les associés ont le choix entre annuler ou y renoncer ; cela s’explique par le fait que ces associés sont solidairement et
indéfiniment responsables des dettes sociales.

En revanche, pour les sociétés de capitaux, il n’est pas question de nullité même relative car, seule une régularisation est
prévue en cas de vice du consentement ou d’incapacité d’un actionnaire à moins ici aussi que l’objet de la société ne soit
pas illicite et que sa cause ne soit immorale.
B – Le régime juridique

La théorie générale des nullités retient la rétroactivité de l’annulation d’un contrat en cas de sanction d’un vice dans le

processus de formation. Mais, il est admis ici que l’annulation de la société en formation pour une telle cause ne soit pas
rétroactive car, il est impossible de rétablir la situation juridique antérieure, la société ayant déjà fonctionné et donc elle a
déjà noué un certain nombre de relations juridiques auxquelles on ne peut remédier (contrats avec les fournisseurs,
contrats de travail, prestations de services, constructions …..) au

C’est la raison pour laquelle il est admis que l’annulation ne puisse avoir ici d’effets que pour l’avenir. Ainsi, les relations
juridiques nouées dans le cadre de la constitution de la société commerciale restent en principe valables.

Paragraphe 3 – Les attributs de la personnalité juridique des sociétés commerciales

Les attributs de la personnalité juridiques des sociétés commerciales dont il s’agit ici concernent leur dénomination sociale,
leur siège social, leur nationalité, leur capacité et leur patrimoine.

I – La dénomination sociale

Comme toutes les personnes juridiques, les sociétés s’identifient par un nom ou dénomination sociale. Aussi, l’article 14 de
l’AU révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE dispose que toute société est désignée par une
dénomination sociale qui est mentionnée dans ses statuts. Le choix de cette dénomination sociale de la société est libre.
Toutefois, le choix du nom ne peut pas porter sur la dénomination d’une société déjà immatriculée au RCCM (article 16 de
l’AU révisé).

Aussi, cette liberté de choix ne doit pas porter atteinte aux intérêts des autres, par exemple aux intérêts d’une société qui
avait déjà choisi une dénomination dont l’utilisation peut prêter à équivoque.

Par ailleurs, la dénomination sociale choisie par la société doit figurer sur tous les actes et documents de celle-ci (lettres,
factures, annonces, publications…). Elle doit être précédée ou suivie immédiatement de l’indication de la forme de la
société, du montant de son capital, de l’adresse de son siège social et de la mention de son immatriculation au RCCM
(article17 de l’AU révisé).

Il est possible de modifier la dénomination sociale et celle-ci est protégée contre toute usurpation.

II – Le siège social et la nationalité

Le siège social représente le domicile de la société. Il permet de la localiser pour l’accomplissement de certaines opérations
(correspondances, actions en justice, impôts...). Ainsi, toute société doit avoir un siège social qui doit être mentionné dans
ses statuts (article 23 de l’AU révisé).

Le siège social détermine la nationalité de la société. Ainsi, toute société ayant son siège social au Sénégal est de
nationalité sénégalaise si plus de la moitié des parts sociales ou des actions nominatives appartiennent à des personnes de
nationalité sénégalaise dit le COCC.

L’importance de la nationalité est considérable car elle détermine les lois applicables à la société quant à sa formation, son
fonctionnement….

Le siège social et la nationalité de la société peuvent être changés mais, cela nécessite la modification des statuts avec
toutes les formalités requises à cet effet.
III – La capacité

La capacité des sociétés est moins étendue que celle des personnes physiques car une société n’a de raison d’exister qu’en
fonction d’une activité économique (objet social). Sa capacité se limite en principe aux actes relatifs à l’objet social défini
dans ses statuts. C’est la règle dite de la spécialité ou de la spécialisation.

Pour exercer les droits et obligations découlant de sa capacité, la société fait appel à des représentants qui ne peuvent être
que des personnes physiques et qui accomplissent les actes en ses lieu et place et pour son compte. Ce sont les dirigeants
de la société qui assurent cette fonction.

Par exemple quand la société est attraite en justice il est non seulement impossible de la déplacer mais aussi de la faire
parler. Aussi, c’est son représentant légal qui doit la représenter devant la juridiction.

IV - Le patrimoine

Comme les personnes physiques, la société a un patrimoine composé de son actif et de son passif.

Son actif est constitué par les apports des associés en numéraire et en nature et par les biens qu’elle a acquis du fait de son
activité (matériels, marchandises, immeubles ….).

A contrario, son passif est composé de l’ensemble de ses dettes (emprunts, créances fournisseurs, impôts…).

La société a un patrimoine propre et autonome qui ne se confond pas avec celui des associés. Ainsi, son actif n’appartient
pas aux associés tant qu’elle existe et, ces derniers ont seulement des droits pécuniaires et non pécuniaires sur la société
du fait des titres émis à leur profit par celle-ci.

Exemple : les créanciers des associés ne peuvent en aucun cas saisir le patrimoine social pour éteindre leurs créances.

A contrario, le patrimoine de la société ne peut être réglé sur le patrimoine des associés sauf s’il s’agit d’une société de
personnes dans laquelle la responsabilité des associés est indéfinie.

La société a aussi d’autres droits mais extrapatrimoniaux qui lui permettent par exemple de défendre son honneur par des
actions en diffamation ou protéger sa dénomination sociale contre une usurpation. Mais bien qu’ayant une personnalité
juridique comme la personne physique, la société commerciale n’a pas de droit civique lui permettant par exemple de
voter ou d’être éligible comme un citoyen.

Paragraphe 4 – La fin du contrat des sociétés commerciales

Comme toute personne juridique, la société est appelée à prendre fin, à disparaitre. C’est ainsi que l’article 200 de l’AU
révisé prononce la dissolution de la société pour des raisons diverses. Celles-ci sont relatives à :

- la durée et la prorogation ;
- la volonté des associés ;
- la disparition ou l’extinction de l’objet social ;
- la dissolution judiciaire ;
- la liquidation résultant d’une procédure collective et
- les causes particulières.

I – La durée et la prorogation

La société doit obligatoirement avoir une durée et celle-ci doit être mentionnée dans ses statuts (article 28 alinéa 1 de l’AU
révisé).
Cette durée peut être modifiée en hausse ou en baisse pour chaque type de société dans les conditions prévues par l’AU
révisé mais, cela doit se traduire par la modification des statuts (article 31 de l’AU révisé). Sans cette modification, et à
l’expiration de la période pour laquelle elle a été constituée, la société est en principe dissoute.

Et, même si la durée d’une société est laissée à l’initiative des fondateurs, elle ne saurait dépasser 99 ans à partir du jour
de son immatriculation au RCCM car, c’est ce jour qui constitue le point de départ du décompte de la durée retenue par les
fondateurs.

La prorogation de la durée de la société est possible une ou plusieurs fois mais elle nécessite non seulement le respect des
dispositions y relatives de l’AU révisé mais aussi une modification des statuts (article 33 de l’AU révisé). Cette prorogation
n’entraine pas la création d’une personne juridique nouvelle.

L’article 35 de l’AU révisé exige la consultation obligatoire des associés, au moins un (1) an avant la date à laquelle doit
prendre fin la société, s’il est décidé une prorogation de la durée. A défaut, tout associé peut demander à la juridiction
compétente dans le ressort de laquelle se situe le siège social de la société de provoquer cette consultation des associés
par la désignation, à bref délai, d’un mandataire ad hoc.

II - La volonté des associés

Les associés qui ont eu l’initiative de créer la société ont la possibilité de mettre fin à celle-ci avant le terme prévu au
départ. Mais ils doivent le faire selon les modalités prévues par l’AU révisé et notamment par la modification des statuts.

Par exemple, ils peuvent prendre cette décision lors d’une assemblée générale extraordinaire convoquée à cet effet.

III – La disparition ou l’extinction de l’objet social

Il peut arriver que l’objet social de la société disparaisse. C’est le cas lorsque la société a réalisé son objet social, ou
lorsqu’elle est expropriée par l’Etat par exemple, ou lorsqu’elle est frappée d’une interdiction d’exploitation.

Par exemple si la société a été créée pour l’exploitation de minerais, une fois ces minerais complètement épuisés, elle n’a
plus de matière à exploiter. Dans ces cas en effet, la société n’a plus sa raison d’être et elle doit être dissoute.

IV – L’annulation du contrat de société

Si les fondateurs de la société n’ont pas respecté les conditions de formation, le juge peut être amené à prononcer la
dissolution de la société. Si le non respect n’est pas d’ordre public, il est possible de remédier à la situation en remédiant
autant que possible à ce non respect. Si en revanche ce non respect ne peut être réparé (par exemple s’il s’agit d’une
société dont l’objet est illicite), la dissolution est obligatoire.

C’est le cas aussi lorsqu’il y a vice de consentement surtout s’il s’agit d’une société de personnes comme la société en nom
collectif ou SNC.

V – La dissolution judiciaire

Un associé peut obtenir du juge une dissolution anticipée de la société s’il invoque de justes motifs.

Par exemple il peut invoquer l’inexécution de ses obligations par un associé, une mésentente entre associés entravant le
fonctionnement normal de la société ou un vice de consentement surtout en ce qui concerne une société de personnes.

VI – La liquidation résultant d’une procédure collective

Si la société est en difficulté parce qu’elle ne peut plus avec son actif actuel régler son passif exigible, une procédure
collective est entamée qui peut aboutir soit à une mesure de redressement, soit à la liquidation s’il n’y a pas moyen de la
sauver d’une mort certaine.
Dans ce dernier cas, le juge ne peut que prononcer sa dissolution qui entraine inéluctablement sa liquidation.

VII – Les causes particulières

Les associés peuvent prévoir des causes autres que celles qui précèdent dans les statuts de la société. Par exemple, ils
peuvent prévoir que le départ ou la mort d’un associé provoque la dissolution de la société. Si cette condition est avérée, la
dissolution s’impose.

Par ailleurs, pour chaque type de société il existe des causes spécifiques de dissolution qui seront relevées au moment
d’étudier les différents types de sociétés commerciales.

Section 2 – Les opérations juridiques des sociétés commerciales

Les opérations juridiques des sociétés commerciales concernent, d’une part, la création d’un bureau de
représentation et de liaison, d’autre part, la fusion, la scission, l’apport partiel d’actif et enfin l’appel public à
l’épargne.

Paragraphe 1 – La création d’un bureau de représentation et de liaison

La création par la société commerciale d’un bureau de représentation et de liaison constitue l’une des nouveautés de
l’AU révisé. Et comme son nom l’indique, ce bureau représente la société qui l’a créé dans ses relations avec le
marché de l’Etat partie où elle se situe.

Ce bureau n’a pas de personnalité juridique distincte de celle de la société qui l’a créé et il n’est pas doté d’une
autonomie de gestion. Il n’exerce qu’une activité préparatoire ou auxiliaire par rapport à la société créatrice. Ainsi,
ses droits et obligations issus de ses activités propres sont compris dans le patrimoine de celle-ci car, il ne dispose
pas de patrimoine propre.

Ce bureau peut être un établissement d’une société étrangère mais il reste soumis au droit de l’Etat partie dans
lequel il se situe. Il est immatriculé au RCCM (article 120-4 de l’AU révisé).

Ce bureau de représentation et de liaison peut être transformé en succursale de la société qui l’a créé mais pour
cela, il faut obligatoirement une justification de cette décision et une demande de rectification au RCCM dans les
trente (30) jours qui suivent ce changement de situation.

Cette succursale est soumise, le cas échéant, aux dispositions de l’article 120 de l’AU révisé et, en cas de non respect
des dispositions relatives à la transformation en succursale, le greffier ou l’organe compétent de l’Etat partie
intéressé procède à la radiation de ce bureau de représentation du RCCM après décision de la juridiction
compétente statuant sur requête, à sa demande ou à celle de tout intéressé.

Cette décision de radiation doit être publiée dans un journal d’annonces légales de l’Etat partie concerné par le
greffier ou l’organe compétent (alinéa 3 article 120-5 de l’AU révisé).

Paragraphe 2 - La fusion, la scission et l’apport partiel d’actif des sociétés commerciales

Les opérations de fusion, de scission et d’apport partiel d’actif peuvent intervenir entre des sociétés de forme
différente (article 196 de l’AU révisé).

Ces mêmes opérations peuvent concerner des sociétés dont le siège social n’est pas situé sur le territoire d’un même
Etat partie mais, les dispositions de l’AU révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE restent
néanmoins applicables (article 199 de l’AU).

Dans leur généralité, la fusion, la scission et l’apport partiel d’actif des sociétés commerciales sont régis par les
dispositions des articles 189 à 199 de l’AU révisé.
I – La fusion

La fusion est l’opération par laquelle deux (2) ou plusieurs sociétés se réunissent pour n’en former qu’une seule, soit
par création d’une société nouvelle, soit par absorption par l’une de l’autre ou des autres (article 189 de l’AU révisé).

Une société même en liquidation peut être absorbée par une société ou participer à la constitution d’une société
nouvelle par voie de fusion. Quels sont les modes de fusion ? Comment s’effectue la fusion ? Quels sont les effets de
la fusion ?

A – Les modes de fusion

La fusion aboutit donc soit à la création d’une nouvelle société, soit au maintien d’une des sociétés appelée société
absorbante, qui absorbe l’autre ou les autres. Ainsi, on retient deux modes de fusion : la fusion pure et simple et la
fusion par absorption.

1 – La fusion pure et simple

La fusion pure et simple est la fusion qui a pour effet la dissolution des sociétés fusionnées et la création d’une
nouvelle société. Ici, toutes les sociétés fusionnées n’existent plus, leur actif et leur passif sont fondus en un seul
actif et un seul passif qui reviennent désormais à la société à laquelle elles ont donné naissance. Les sociétés
fusionnées sont fondues juridiquement dans une toute nouvelle société qui hérite de leur patrimoine. Elles
disparaissent donc toutes au profit de la nouvelle.

2 – La fusion par absorption

La fusion absorption est l’opération par laquelle une société décide de s’approprier le capital d’une ou de plusieurs
autres sociétés qui disparaissent juridiquement. C’est le procédé le plus courant. On dit qu’il y a absorption des
autres sociétés par la société absorbante.

Généralement, il s’agit d’une ou de plusieurs sociétés qui fusionnent et qui généralement, au lieu de se faire
dissoudre, préfèrent se faire absorber par l’une d’elles, généralement la société la plus florissante appelée, après
cette fusion, la société absorbante.

On a tendance à accuser les sociétés absorbantes de se débarrasser par élimination des sociétés concurrentes.

B – Les effets de la fusion

La fusion a pour effet d’entrainer à titre universel la transmission du patrimoine de la ou des sociétés fusionnées qui
disparaissent soit à la nouvelle société soit à la société absorbante (alinéa 3 article 185 de l’AU révisé).

Donc les sociétés absorbées par la fusion disparaissent sans liquidation pour laisser la place à une nouvelle société
ou à la société absorbante. Ainsi, leurs patrimoines passent dans celui de la nouvelle société ou de la société
absorbante dans l’état où ils se trouvent à la date de réalisation définitive de la fusion.

Les associés des sociétés fusionnées acquièrent dès la date de réalisation définitive de la fusion la qualité d’associés
de la nouvelle société ou de la société absorbante.

La fusion prend effet :

– en cas de création d’une nouvelle société, à la date d’immatriculation de celle-ci au RCCM ;

– en cas d’absorption, à la date de la dernière AG ayant approuvé la fusion sauf dispositions contraires du

contrat de fusion.
II – La scission des sociétés commerciales

La scission est l’opération par laquelle le patrimoine d’une société est partagé entre plusieurs sociétés existantes ou
nouvelles (article 190 alinéa 1 de l’AU révisé).

On peut donc valablement penser que la société dont le patrimoine est partagé est comme absorbée non pas par
une société absorbante, mais par deux ou plusieurs sociétés déjà existantes ou par deux ou plusieurs sociétés
nouvelles. Mais en réalité, cette société est scindée plus qu’elle n’est absorbée.

Dans la pratique, la scission se fait même avec une société concurrente ; on scinde une activité dans laquelle la
société est concurrencée et on conserve les activités dans lesquelles elle n’est pas concurrencée en créant une
nouvelle société.

Une société peut donc transmettre son patrimoine par voie de scission à des sociétés existantes ou nouvelles.

La procédure de scission d’une SA est la même que la procédure de sa fusion (article 684 de l’AU révisé).

Généralement, c’est l’AG extraordinaire de la société scindée et celles des sociétés préexistantes qui prennent la
décision de scission. Ainsi, un rapport est établi comme en cas de fusion.

Si la scission aboutit à la création de nouvelles sociétés, celles-ci peuvent être constituées sans autre apport que celui
de la société scindée. Dans ce cas, il n’y aura pas de rapport équivalent à celui d’un commissaire à la fusion si les
actions de chacune des nouvelles sociétés sont attribuées aux actionnaires de la société scindée
proportionnellement aux droits qu’ils avaient dans la société scindée.

Dans tous les cas pour les SA, les statuts des sociétés nouvelles sont approuvés par l’AG extraordinaire de la société
scindée ; ce qui exclut l’approbation de scission par l’AG des sociétés nouvelles (article 685 alinéas 3 et 4 de l’AU
révisé).

Le projet de scission est soumis aux assemblées d’obligataires de la société scindée et non à celles des sociétés
auxquelles le patrimoine de celle-ci est transmis. Toutefois, pour les SA ces dernières assemblées d’obligataires
peuvent faire opposition à la scission (article 687 de l’AU révisé).

Les sociétés bénéficiaires des apports issus de la scission sont débitrices solidaires des obligataires et des créances
non obligataires de la société scindée aux lieux et places de celle-ci. Mais, le contrat de scission peut décider que les
sociétés bénéficiaires ne seront tenues que de la partie du passif de la société scindée mise à leurs charges
respectives et sans solidarité entre elles.

III – L’apport partiel d’actif

L’actif d’une société est l’ensemble des biens, mobiliers et immobiliers, des créances et sommes d’argent que
possède cette société et qui figurent dans la partie gauche de son bilan comptable.

L’apport partiel d’actif est l’opération par laquelle une société fait apport d’une branche autonome d’activité à une
société préexistante ou à créer (article 195 de l’AU révisé). Il est décidé par l’AG extraordinaire.

La société apporteuse ne disparait pas du fait de cet apport d’actif. Et celui-ci reste soumis au régime de la scission.

Paragraphe 3 – L’appel public à l’épargne

Il arrive qu’une société commerciale éprouve le besoin d’accroitre son actif pour diverses raisons. Pour cela, elle
peut s’adresser à un établissement financier pour obtenir par exemple un prêt mais, le montant de l’emprunt
pouvant être assez important, il peut arriver que la société ne puisse pas se satisfaire du seul concours des banques.
Aussi, l’AU révisé a-t-il prévu dans les dispositions de ses articles 81 à 96-1 une règlementation relative à une
opération d’emprunt nommée appel public à l’épargne. Celui-ci consiste à permette à la société commerciale
d’emprunter de l’argent non pas seulement auprès des établissements financiers mais aussi au sein du public.

Alors, quel est le champ d’application de l’appel public à l’épargne et quels sont les modalités de sa mise en œuvre ?

I – Le champ d’application de l’appel public à l’épargne

Ce sont les articles 81 à 85 de l’AU révisé qui traitent du champ d’application de l’appel public à l’épargne d’une
société commerciale. Aussi, l’article 81 cité-t-il les deux (2) types de sociétés suivantes comme sociétés réputées
faire appel public à l’épargne :

1) les sociétés dont les valeurs mobilières sont admises à la négociation sur la bourse des valeurs d’un Etat partie à
compter de l’admission de ces titres ;
2) les sociétés ou toutes personnes qui offrent au public d’un Etat partie des valeurs mobilières dans les conditions
énoncées à l’article 83 de l’AU révisé.

Si un marché financier couvre plusieurs Etats parties, ces derniers sont considérés comme constituant un seul Etat
partie pour les besoins de l’appel public à l’épargne.

Il ressort de l’article 81-1 de l’AU révisé que n’est pas considérée comme une offre au public au sens de l’article 83
de l’AU révisé, l’offre qui porte sur les valeurs mobilières :

a) dont le montant total dans les Etats parties est inférieur à cinquante (50) millions, ce montant étant
calculé sur une période de douze(12) mois ;
b) ou qui est adressée uniquement à des investisseurs qualifiés agissant pour compte propre, ou à moins
de cent (100) personnes physiques ou morales agissant pour compte propre, autres que des
investisseurs qualifiés, par marché boursier régional des Etats parties ou, pour les Etats parties qui ne
sont pas membres d’un tel marché, par Etat partie.

L’article 81-2 de l’AU révisé entend par investisseur qualifié une personne ou une entité disposant des compétences
et des moyens nécessaires pour appréhender les risques inhérents aux opérations sur instruments financiers
comme :

- les établissements de crédit et autres intermédiaires ou établissements financiers agréés ou

réglementés dans les Etats parties ;

- les organismes de placement collectif ainsi que leurs sociétés de gestion ;

- les entreprises d’assurances et de réassurances, les sociétés de groupe d’assurances ;

- les mutuelles et unions de mutuelles et

- les institutions de prévoyance.

L’article 83-1 de l’AU révisé considère également comme une offre toute revente de valeurs mobilières qui ont déjà
fait l’objet d’un ou de plusieurs des types d’offre cités par l’article 81-1 de l’AU révisé mais, dans ce cas, il s’agit d’une
offre distincte qui peut constituer une offre au public si elle s’effectue dans le cadre d’une des opérations visées à
l’article 83 de l’AU révisé.

Si aucune des conditions ci-dessus de l’article 81-1 de l’AU révisé n’est remplie pour le placement final, le placement
de valeurs mobilières par des intermédiaires financiers fait l’objet de la publication d’un document d’information
comme prévu au B ci-dessous.
Aucun autre document d’information n’est exigible lors d’une revente ultérieure de valeurs mobilières ni lors d’un
placement final de valeurs mobilières par des intermédiaires financiers dès lors qu’un document d’information valide
est disponible et que l’émetteur ou celui qui est chargé de le rédiger consent à son utilisation par un accord écrit.

L’article 82 de l’AU révisé interdit d’effectuer un appel public à l’épargne aux sociétés n’ayant pas été autorisées par
l’AU révisé. Cette interdiction frappe aussi toute personne qui procède à la cession par appel public à l’épargne des
titres d’une société non autorisée à faire appel publiquement à l’épargne par l’AU révisé.

Et dans ce cadre, l’alinéa 3 de l’article 82 de l’AU révisé frappe d’annulation toute opération effectuée en violation
de ce qui précède.

Sont considérées comme une offre au public de valeurs mobilières les opérations suivantes :

- une communication adressée sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit à des personnes et
présentant une information suffisante sur les conditions de l’offre et sur les valeurs mobilières à offrir de
manière à mettre une personne en mesure d’envisager d’acheter ou de souscrire ces valeurs ;

- un placement de valeurs mobilières par des intermédiaires financiers dans le cadre soit d’une émission,
soit d’une cession.

Il est conféré par l’alinéa 1 de l’article 84 de l’AU révisé à une société dont le siège social est situé dans un Etat partie
la possibilité de placer ses valeurs mobilières dans un ou plusieurs autres Etats parties en sollicitant leur public.

Dans ce cas, la société en question est soumise aux dispositions de l’AU révisé relatives à l’appel public à l’épargne
dans l’Etat partie de son siège social et dans ces autres Etats parties.

Si l’offre au public de valeurs mobilières n’est pas faite par l’émetteur, la société qui fait cette offre est soumise aux
dispositions de l’AU révisé y relatives dans l’Etat partie de l’émetteur et dans les autres Etats parties dont le public
est sollicité (article 84 alinéa 3 de l’AU révisé).

Si le montant global de l’offre dépasse cinquante (50) millions, pour une société dont le siège social est situé dans un
Etat partie mais qui fait appel public à l’épargne dans un autre Etat partie, un ou plusieurs établissements de crédit
de cet autre Etat partie doivent garantir la bonne fin de cette opération.

Toutefois, l’alinéa 2 de l’article 85 de l’AU révisé assujettit, dans tous les cas, cette société à recourir dans cet autre
Etat partie à un ou plusieurs intermédiaires financiers chargés d’assurer le service financier de l’opération.

En outre, l’alinéa 3 suivant l’enjoint, si le montant global de l’opération dépasse cinquante (50) millions, de désigner
sur la liste des commissaires aux comptes de cet autre Etat partie un ou plusieurs commissaires aux comptes qui
vérifient les états financiers.

Ce ou ces commissaires aux comptes signent le document d’information prévu à l’article 86 de l’AU révisé tel que
modifié ou complété, le cas échéant, conformément aux dispositions de l’article 90 de l’AU révisé.

II – Les modalités de la mise en œuvre de l’appel public à l’épargne : le document d’information

Ce sont les articles 86 à 96-1 de l’AU révisé qui traitent des modalités de mise en œuvre de l’appel public à l’épargne.

Ainsi, l’article 86 de l’AU révisé exige à toute société commerciale qui projette de faire publiquement appel à
l’épargne de publier au préalable, dans l’Etat partie de son siège social et, le cas échéant, dans les autres Etats
parties dont le public est sollicité, un document destiné à informer ledit public.

Ce document doit contenir toutes les informations nécessaires pouvant, compte tenu de la nature particulière de
l’émetteur et des valeurs mobilières offertes au public ou admises à la négociation sur une bourse des valeurs
mobilières d’un Etat partie, permettre aux investisseurs d’évaluer en connaissance de cause, en ce qui concerne
cette société emprunteuse :

- le patrimoine ;
- la situation financière ;
- les résultats et les perspectives de l’émetteur et des garants éventuels ;
- ainsi que les droits attachés à ces valeurs mobilières.

Ces informations sont précisées par l’autorité compétente de chaque Etat partie et présentées sous forme
simple et compréhensible. Ce document d’information doit contenir un résumé qui fournit des informations
clés, dans une formulation simple et concise dans la langue dans laquelle ledit document est rédigé.

Ce résumé est établi sous une forme étendard sur un même marché boursier et présenté sous une forme simple et
compréhensible. Il doit en outre contenir les informations adéquates sur les valeurs mobilières concernées.

Le résumé comporte également un avertissement au lecteur lui indiquant :

- qu’il doit être lu comme une introduction au document d’information ;


- que toute décision d’investir dans les valeurs mobilières concernées doit être fondée sur un examen
exhaustif du document d’information par l’investisseur ;
- qu’engagent leur responsabilité civile les personnes qui ont présenté le résumé si le contenu dudit
résumé est trompeur, inexact ou contradictoire par rapport aux autres parties du document
d’information ou s’il ne fournit pas, en combinaison avec les autres parties du document
d’information, les informations essentielles permettant d’éclairer les investisseurs lorsqu’ils envisagent
d’investir dans ces valeurs mobilières.

Si l’appel public à l’épargne d’une société commerciale est fait dans un Etat partie autre que celui de son siège
social, le document d’information soumis aux autorités visées à l’article 90 de l’AU révisé comporte des
renseignements spécifiques au marché de cet autre Etat partie. Ces renseignements sont notamment relatifs au
régime fiscal des revenus, aux établissements qui assurent le service financier de l’émetteur dans cet Etat partie,
ainsi qu’aux modes de publication des avis destinés aux investisseurs.

Le document d’information contient une présentation complète des garants visés à l’article 85 de l’AU révisé,
lesquels fournissent les mêmes renseignements que la société dont les titres sont offerts à l’exception de ceux
relatifs aux titres qui sont mis dans le public (article 87 alinéa 3 de l’AU révisé).

Il peut être dispensé, par l’autorité compétente de l’Etat du siège de l’émetteur, d’inclure dans le document
d’information certaines informations prévues dans l’AU révisé si cette autorité estime que :

1)  ces informations n’ont qu’une importance mineure et ne sont pas de nature à influencer l’appréciation portée
sur le patrimoine, la situation financière, les résultats ou les perspectives de l’émetteur ;

2) la violation de ces informations est contraire à l’intérêt public ;

3) la divulgation de ces informations peut entrainer un préjudice grave pour l’émetteur pour autant que cette
émission ne risque pas d’induire le public en erreur sur des faits et des circonstances dont la connaissance est
indispensable à une évaluation en connaissance de cause de l’émetteur, de l’offreur ou du garant éventuel ainsi
que des droits attachés aux valeurs mobilières sur lesquelles porte le document d’information ;

4) la personne qui fait l’offre n’est pas l’émetteur et ne peut avoir accès à ces informations ;
5) ces informations sont d’une importance mineure uniquement pour une offre spécifique ou une admission à la
négociation sur une bourse des valeurs d’un Etat partie et ne soit pas de nature à influencer l’évaluation de la
situation financière et des perspectives de l’émetteur, de l’offreur et du garant éventuel.

Le document d’information peut faire référence à tout autre document d’information visé depuis au moins un (1) an
par les autorités citées ci-après lorsque le document d’information visé a été établi pour des titres de même
catégorie et qu’il comprend les derniers états financiers annuels approuvés de l’émetteur et l’ensemble des
informations requises aux articles 87 et 88 de l’AU révisé.

Le document d’information est dans ce cas complété alors par une note d’opération qui doit comprendre :

1) les informations relatives aux valeurs mobilières offertes ;

2)  les éléments comptables qui ont été publiés depuis le visa initial;

3)  les éléments sur les faits nouveaux significatifs de nature à avoir une incidence sur l’évaluation des valeurs
mobilières offertes;

4) le cas échéant, un tableau de correspondances afin de permettre aux investisseurs de retrouver facilement les
informations déterminées.

Le projet de document d’information est soumis au visa de l’organisme de contrôle de la bourse des valeurs de l’Etat
partie du siège social de l’émetteur et, le cas échéant, des autres Etats parties dont le public est sollicité.

Si cet organisme n’existe pas, il est soumis au visa du ministre chargé des finances de ces Etats parties.

Ces derniers s’assurent que l’opération n’est pas entachée d’irrégularités et n’est pas accompagnée d’actes
contraires aux intérêts des investisseurs de l’Etat partie du siège social de l’émetteur et, le cas échéant, des autres
Etats parties dont la publicité est sollicitée (article 90 alinéa 2 de l’AU révisé).

Les autorités compétentes indiquent, dans le cadre de l’examen de la demande de visa, les mentions à modifier ou
les mentions complémentaires à insérer.

Elles peuvent aussi :

- demander toutes explications et justifications, notamment au sujet de la situation, de l’activité et des


résultats de la société ;
- demander, aux frais de la société, aux commissaires aux comptes des investigations complémentaires
à insérer ;
- demander une révision effectuée par un professionnel indépendant désigné avec leur accord,
lorsqu’elles estiment que les diligences des commissaires aux comptes sont insuffisantes ;
- demander de faire figurer sur le document d’information un avertissement rédigé par leurs soins ;
- requérir toute garantie appropriée en application de l’article 85 de l’AU révisé.

Les autorités compétentes accordent le visa prévu ci-dessus dans le mois suivant la date de délivrance du récépissé
de dépôt du document d’information. Ce délai peut être prolongé à deux (2) mois si elles sollicitent des
investissements complémentaires.

Le récépissé de dépôt de projet de document d’information est délivré le jour même de la réception du document
d’information.
S’il est décidé de ne pas accorder de visa par l’organisme de contrôle de la bourse des valeurs ou, le cas échéant, par
le ministre chargé des finances, ce refus est notifié dans les mêmes conditions de délai à la société (article 90 dernier
alinéa de l’AU révisé).

Le visa est refusé dans deux (2) cas :

1) s’il y a rejet des demandes de l’organisme de contrôle de la bourse des valeurs ou ,à défaut, du ministre chargé
des finances de l’Etat partie du siège social de la société émettrice et, le cas échéant, des autres Etats parties dont le
public est sollicité ;

2) si l’opération s’accompagne d’actes contraires aux intérêts des investisseurs de l’Etat partie du siège social de
l’émetteur ou, le cas échéant, des autres Etats parties dont le public est sollicité.

Si entre la date du visa et la clôture de l’offre ou, le cas échéant, le début de la négociation sur un marché boursier
d’un Etat partie il a été constaté un ou plusieurs faits nouveaux significatifs ou toute erreur ou inexactitude
substantielle de nature à avoir une incidence sur l’évaluation des valeurs mobilières offertes au public, l’émetteur ou
l’initiateur’ du document d’information doit établir un supplément mis à jour qui doit être soumis préalablement à
sa diffusion au visa de l’organisme de contrôle de la bourse des valeurs ou, à défaut, au ministre chargé des finances
de l’Etat partie du siège social de l’émetteur et, le cas échéant, des autres Etats parties dont le public est sollicité
(article 92 alinéa 1 de l’AU révisé).

Ce supplément d’informations est approuvé dans un délai de sept (7) jours ouvrables de la même manière et publié
selon les mêmes modalités que le document d’information initial. Le résumé et toute traduction éventuelle de celui-
ci donnent également lieu à un supplément d’information si cela s‘avère nécessaire pour tenir compte des
informations nouvelles figurant dans le supplément au document d’information.

Les investisseurs ayant déjà accepté d’acheter les valeurs mobilières ou d’y souscrire avant la publication du
supplément ont la possibilité de retirer leur acceptation dans un délai de trois (3) jours ouvrables après la publication
du supplément.

Le document d’information tel que visé par les autorités compétentes doit faire l’objet d’une diffusion effective sur
support papier ou électronique sous les formes suivantes dans l’Etat partie du siège social de l’émetteur et, le cas
échéant, dans les autres Etats parties dont le public est sollicité :

1) diffusion dans les journaux habilités à recevoir des annonces légales à diffusion nationale ou à plus large
diffusion ;

2) mise à disposition d’une brochure accessible pour consultation à toute personne qui en fait la demande au siège
social de l’émetteur et auprès des organismes chargés d’assurer le service financier des valeurs mobilières ; une
copie du document doit être adressée sans frais à tout intéressé ;

3) mise en ligne sur le site internet de l’émetteur ou, le cas échéant, sur celui des intermédiaires financiers qui
placent ou vendent les valeurs mobilières concernées, y compris ceux chargés du service financier ;

4) mise en ligne sur le service internet de la bourse des valeurs où l’admission à la négociation est sollicitée ;

5) mise en ligne sur le site internet de l’autorité compétente de l’Etat partie du siège social de l’émetteur si celui-ci a
décidé d’offrir ce service.

Les émetteurs et les offreurs qui publient leur document d’information conformément au 1) ou au 2) le publient
également sous forme électronique conformément au 3).
Le document d’information doit être diffusé le plus tôt possible et au plus tard au début de l’offre au public ou de
l’admission à la négociation des valeurs mobilières concernées.

S’il s’agit d’une offre au public d’une catégorie d’actions non encore admises à la négociation sur une bourse des
valeurs d’un Etat partie et qui doivent l’être une première fois, le document d’information doit être disponible au
moins six (6) jours ouvrables avant la clôture de l’offre.

Un Etat partie du siège de l’émetteur peut exiger la publication d’une notice précisant comment le document
d’information a été mise à la disposition du public et où celui-ci peut se le procurer (article 93 alinéa dernier de l’AU
révisé).

Les principes annoncés ci-dessus doivent être respectés par toute publicité ou autre communication à caractère
promotionnel se rapportant à l’offre de valeurs mobilières au public ou à leur admission à la négociation sur une
bourse des valeurs mobilières d’un Etat partie.

Ces principes ne s’appliquent que dans les cas où l’émetteur ou l’offreur sollicitant l’admission a l’obligation d’’établir
un document d’information.

Les publicités ou communications qui font la promotion à l’opération d’appel public à l’épargne doivent faire
référence à l’existence du document d’information visé et doivent indiquer les moyens de se le procurer. Elles
doivent être clairement reconnaissables en tant que publicité ou communication et les informations qu’elles
donnent ne doivent pas être erronées ou prêter à confusion.

Elles doivent également être cohérentes avec les documents contenus dans le document d’information si celui-ci a
été déjà publié ou avec les informations devant y figurer si celui-ci est publié ultérieurement.

Il est exigé par l’alinéa 3 de l’article 94 de l’AU révisé que soit cohérente avec les informations fournies dans le
document d’information toute information diffusée oralement ou par écrit en ce qui concerne l’offre au public ou
l’admission à la négociation sur une bourse des valeurs d’un Etat partie même si la dite offre n’a pas de visée
promotionnelle.

L’obligation de publier un document d’information n’est pas applicable aux offres au public portant sur les catégories
de valeurs mobilières suivantes :

1) les actions émises en substitution d’actions de même catégorie déjà émises, si l’émission de ces nouvelles
actions n’entraine pas d’augmentation du capital souscrit ;

2) les valeurs mobilières offertes dans le cadre d’une offre publique d’attribution par voie d’offre publique
d’échange lorsque l’émetteur a rendu disponible un document soumis au contrôle de l’autorité compétente
visée à l’article 90 de l’AU révisé comprenant des renseignements équivalant à ceux qui doivent figurer dans le
document d’information ;

3) les valeurs mobilières offertes, attribuées ou devant être attribuées à l’occasion d’une opération de fusion, de
scission ou d’apport partiel d’actif, lorsque l’émetteur a rendu disponible un document, soumis au contrôle de
l’autorité compétente visée à l’article 90 de l’AU révisé comprenant des renseignements équivalant à ceux qui
doivent figurer dans le document d’information ;

4) les actions offertes, attribuées ou devant être attribués gratuitement aux actionnaires existants, ainsi que les
actions remises en payement de dividendes lorsque ces actions sont de la même catégorie que celles déjà
admises aux négociations sur une même bourse des valeurs et que l’émetteur a rendu disponible un document
comprenant des renseignements sur le nombre et la nature des actions ainsi que sur les motifs et les modalités
de l’offre ;
5) les valeurs mobilières offertes, attribuées ou devant être attribuées aux administrateurs, aux mandataires
sociaux ou aux salariés anciens ou existants par leur employeur ou une société appartenant au même groupe
que l’émetteur lorsque ces valeurs sont de la même catégorie que celles déjà admises à la négociation sur une
même bourse des valeurs et que l’émetteur a rendu disponible un document comprenant des renseignements
sur le nombre et la nature des valeurs mobilières ainsi que sur les motifs et les modalités de l’émission ;

6) les actions résultant de la conversion ou de l’échange d’autres valeurs mobilières, ou de l’exercice des droits
conférés par d’autres valeurs mobilières lorsque ces actions sont de la même catégorie que celles déjà admises à
la négociation sur une même bourse des valeurs mobilières.

L’article 96-1 de l’AU révisé dispose que l’obligation de publier un document d’information ne s’applique pas à
l’admission à la négociation sur une bourse des valeurs d’un Etat partie des catégories de valeurs mobilières
suivantes :

1) les actions représentant, sur une période de douze (12) mois, moins de 10% du nombre d’actions de
même catégorie déjà admises à la négociation sur la même bourse des valeurs ;  
2) les actions émises en substitution d’actions de même catégorie déjà admises à la négociation sur une
même bourse des valeurs, si l’émission de ces nouvelles actions n’entraine pas d’augmentation du
capital souscrit ;

3) les valeurs mobilières ouvertes dans le cadre d’une offre publique d’acquisition par voie d’offre
publique d’échange, lorsque l’émetteur a rendu disponible un document, soumis au contrôle de
l’autorité compétente visée à l’article 90 de l’AU révisé, comprenant des renseignements équivalant à
ceux qui doivent figurer dans le document d’information ;

4) les valeurs mobilières offertes, attribuées ou devant être attribuées à l’occasion d’une opération de
fusion, de scission ou d’apport partiel d’actifs, lorsque l’émetteur a rendu disponible un document
soumis au contrôle de l’autorité compétente visée à l’article 90 de l’AU révisé comprenant des
renseignements équivalant à ceux qui doivent figurer dans le document d’information ;

5) les actions offertes, attribuées ou devant être attribuées gratuitement aux actionnaires existants, ainsi
que les actions remises en payement de dividendes, lorsque ces actions sont de la même catégorie
que celles déjà admises aux négociations sur une même des bourses des valeurs et que l’émetteur a
rendu disponible un document comprenant des renseignements sur le nombre et la nature des actions
ainsi que sur les motifs et les modalités de l’offre ;

6) les valeurs mobilières offertes, attribuées ou devant être attribuées aux administrateurs, aux
mandataires sociaux et aux salariés anciens ou existants par leur employeur ou par une société
appartenant au même groupe que l’émetteur, lorsque ces valeurs sont de la même catégorie que
celles déjà admises à la négociation sur une même bourse des valeurs et que l’émetteur a rendu
disponible un document comprenant des renseignements sur le nombre et la nature des valeurs
mobilières ainsi que sur les motifs et les modalités de l’admission ;

7) les actions résultant de la conversion ou de l’échange d’autres valeurs mobilières, ou de l’exercice des
droits conférés par d’autres valeurs mobilières lorsque ces actions sont de la même catégorie que
celles déjà admises à la négociation sur une même bourse des valeurs mobilières.
L’article 96 de l’AU révisé met la responsabilité des informations fournies dans un document d’information à la
charge de l’émetteur ou de l’offreur et à leur organe d’administration ou de direction et, le cas échéant, au garant.

Le document d’information identifie clairement les personnes responsables par leur nom et fonction ou, dans le cas
de personnes morales, par leur nom et siège social et fournit une déclaration de leur part certifiant que, à leur
connaissance, les données du document d’information sont conformes à la réalité et ne comportent pas d’omission
de nature à altérer la portée.

La responsabilité civile des personnes qui ont présenté le résumé y compris, le cas échéant, sa traduction, ne peut
être engagée à moins que son contenu soit trompeur, inexact ou contradictoire par rapport aux autres parties du
document d’information ou, s’il ne fournit pas, en combinaison avec les autres parties du document d’information,
les informations essentielles permettant d’éclairer les investisseurs lorsqu’ils envisagent d’investir dans ces valeurs
mobilières, le résumé devant comprendre un avertissement clair à cet effet conformément au dernier alinéa de
l’article 86-1 de l’AU révisé.

La validité d’un document d’information est de douze (12) mois au maximum après son approbation pour des offres
au public ou des admissions à la négociation sur une bourse des valeurs d’un Etat partie à condition qu’il soit, s’il y a
lieu, complété par les éléments requis en application de l’article 92 de l’AU révisé.

Après ce premier chapitre consacré aux règles générales des sociétés commerciales, les chapitres suivants vont être
consacrés aux différents types de sociétés commerciales réglementées par l’AU révisé.

Le chapitre 2 est en conséquence consacré à la société en nom collectif ou SNC

En dehors des sociétés commerciales que sont la société en nom collectif ou SNC, la société à responsabilité limitée
ou SARL, la société anonyme ou SA et la société par actions simplifiée ou SAS, l’AU révisée a réglementé trois (3)
autres types de société appelées société en participation, société crée de fait et société de fait.

Avant d’étudier les cinq (5) premières sociétés précitées, terminons ce premier chapitre par quelques mots sur ces
dernières sociétés prévues par les articles 854 à 868 de l’AU révisé.

La société en participation est la société commerciale que les associés décident de ne pas soumettre à une
immatriculation au RCCM et qui de ce fait n’a pas de personnalité morale et n’est pas soumise à publicité (article 854
de ’AU révisé).

Elle n’est pas soumise à publicité et son existence peut être prouvée par tous moyens. Ensuite, les associés
conviennent librement de son objet social, de sa durée, des conditions de son fonctionnement, des droits de ses
associés, de sa fin sous réserve de respecter les règles impératives des dispositions communes aux sociétés à
l’exception de celles relatives à la personne morale.

Les rapports entre ses associés sont les mêmes que ceux des SNC à moins que les associés en décident autrement.
Aussi, les biens nécessaires à l’activité de la société sont mis à la disposition du gérant mais, chaque associé reste
propriétaire des biens qu’il a mis à la disposition de la société.

Toutefois, l’article 858 de l’AU révisé permet aux associés de convenir de mettre certains biens en indivision ou bien
que l’un des associés est, à l’égard des tiers propriétaires de tout ou partie des biens qu’il acquiert en vue de la
réalisation de l’objet social.

Sont considérés comme indivis entre les associés, les biens acquis par emploi ou remploi de deniers indivis pendant
la durée de la société et les biens qui se trouvaient indivis avant d’être mis à la disposition de la société. Il en est de
même des biens que les associés auraient convenu de mettre en indivision,
Tant que la société en participation n’est pas dissoute, aucun associé ne peut demander le partage des biens indivis à
moins que les statuts n’aient pas décidé autrement (article 860 de l’AU révisé).

En acceptant d’être associé, chacun des associés contracte à son nom propre et reste seul engagé à l’égard des tiers
mais, si les associés agissent expressément en leur qualité d’associé auprès des tiers, chacun de ceux qui ont ainsi agi
reste tenu par les engagements des autres. Dans ce cas, les obligations souscrites les engagent indéfiniment et
solidairement.

L’alinéa 4 de l’article 861 de l’AU révisé dispose qu’il en est de même de l’associé qui, par son immixtion, a laissé
croire au cocontractant qu’il entendait s’engager à son égard alors qu’en réalité l’engagement a tourné à son profit.

En principe, la société en participation est dissoute par les mêmes causes qui mettent fin à une société en nom
collectif ou SNC à moins de convenir dans les statuts ou dans un acte ultérieur que la société continue en dépit de
ces causes.

Si la société en participation est à durée déterminée, sa dissolution peut provenir à tout moment d’une notification,
par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, adressée par
l’un d’eux à tous les associés, pourvu que ladite notification soit de bonne foi et non faite à contretemps (article 863
de l’AU révisé).

La société créée de fait est la société créée par deux ou plusieurs personnes physiques ou morales qui se
comportent comme des associés alors qu’en fait elles n’ont pas constitué entre elles l’une des sociétés reconnues
par l’AU révisé.

Il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales ont bien constitué entre elles une
société reconnue par l’AU révisé mais qui comporte un vice de formation non régularisé ou une société non
reconnue par ledit AU.

L’article 866 de l’AU révisé dispose que tout intéressé peut solliciter auprès de la juridiction compétente la
reconnaissance de la société créée de fait entre deux (2) ou plusieurs personnes s’il apporte l’identité ou la
dénomination sociale de celles-ci. La preuve de l’existence de ces deux types de société peut être apportée par tout
moyen et lorsque ladite existence est reconnue par le juge, les règles de la société en nom collectif ou SNC sont
applicables à leurs associés (article 868 de l’AU révisé).
Chapitre 2 – La société en nom collectif ou SNC

La société en nom collectif semble être, parmi les sociétés commerciales, celle qui est la plus ancienne. Ce
qui la caractérise c’est pour certains sa simplicité et celle-ci ajoutée à son ancienneté explique
certainement le fait qu’elle ait été pendant longtemps présentée comme l’archétype de société.

Elle est aussi considérée comme la plus commerciale car, elle est commerciale par le forme mais surtout
par la qualité de commerçant de ses associés. Toutefois, elle est taxée aussi de société commerciale la plus
dangereuse à cause de la responsabilité solidaire de ses associés.

C’est aussi la société commerciale la plus fermée dit- on car, l’intuitu personae y est indispensable et,
d’aucuns avancent même que s’il est assez facile d’y entrer, il est par contre difficile d’en sortir car la
nécessité du consentement de tous les associés est indispensable pour cela.

Au Sénégal, la société en nom collectif est régie par les dispositions des articles 270 et suivants de l’AU. Elle
constitue l’archétype des sociétés de personnes. Il s’agit le plus souvent d’une société de type familial.

L’article 270 de l’AU la définit comme la société dans laquelle tous les associés sont des commerçants et
répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales.

L’étude de ses caractères généraux, de son mode de gestion, des règles concernant ses associés et des
causes qui entrainent sa dissolution édifie sur sa particularité.

Section 1 – Les caractères généraux

Les caractères généraux concernent respectivement le capital et la responsabilité, la capacité des associés
et l’objet social.

Paragraphe 1 – Le capital et la responsabilité

Comme toute société commerciale, la SNC doit avoir un capital mais il n’y a pas de règles contraignantes en
ce qui la concerne. En effet, la société en nom collectif ou SNC n’a pas de capital minimal et les apports
peuvent être en numéraire, en nature ou en industrie et ils donnent droit à l’attribution de parts sociales
de même valeur nominale (article 273 de l’AU).

Il n’est pas fixé de délai pour la libération du capital souscrit et, en contrepartie de la faiblesse du capital
social de la SNC, ses associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes de la société.

La faiblesse du montant du capital de la SNC n’est pas dangereuse et ne pose généralement pas de
problèmes majeurs pouvant inquiéter les éventuels créanciers car, la solidarité et la responsabilité
indéfinie de ses associés constituent une sûreté pour ces derniers.

Paragraphe 2 – La capacité des associés

De la définition même de la SNC, il ressort que les associés doivent avoir la capacité de faire du commerce.
C’est la raison pour laquelle il est exigé qu’ils soient commerçants.

Aussi, ne peuvent être associés dans une SNC les mineurs, les majeurs sous tutelle ou sous curatelle, les
personnes dont la profession n’est pas compatible avec la qualité de commerçant (avocats, notaires,
fonctionnaires…) et les personnes dont l’activité commerciale est interdite suite à une incapacité ou une
déchéance.
La responsabilité des associés dans une SNC est importante car ils engagent leur propre responsabilité et
leur patrimoine propre en cas de difficultés financières de la SNC. Ainsi, dès le départ, l’associé s’engage à
payer sur son patrimoine propre la dette de la société si celle-ci est dans l’incapacité de le faire.

La solidarité à laquelle sont contraints les associés aidant, un seul associé peut être obligé de payer la
totalité de la dette de la SNC avec la possibilité de bénéficier d’une action récursoire contre les autres
associés pour leur réclamer leur quotepart de responsabilité dans le règlement de cette dette.

En contrepartie du versement de sa part dans le capital de la SNC, l’associé reçoit des parts sociales et,
celles-ci ne sont pas représentées par des titres qui peuvent être négociés comme les actions d’une
société anonyme.

Si l’associé veut céder ses parts sociales, il doit bénéficier de l’accord unanime de ses coassociés et la
cession doit être constatée par écrit, cette unanimité étant une règle d’ordre public.

Une fois la cession autorisée, l’associé cédant reste néanmoins responsable du passif existant sur son
compte au jour de son départ. C’est ainsi que dans un arrêt de la Cour de Cassation française, il a été
retenu que l’associé cédant reste tenu solidairement du prêt souscrit par la SNC avant la cession de ses
parts même si pour cette dette le remboursement du prêt n’était pas encore exigible.

Cass. Com, 4 janvier 1994 : Bull. Jolly, 1994 p. 314 note P Le Canmu.

En réalité, le passif retenu à son égard est celui constaté à la date de l’accomplissement des diverses
formalités de publicité de la cession. Toutefois, cet associé n’est pas responsable du passif qui apparait
ultérieurement à cette dette car celui-ci reste à la charge du cessionnaire.

En revanche, le nouvel associé est responsable de plein droit de tout le passif, même celui existant
antérieurement à la date de cession. Cela peut sembler assez anormal et injuste pour celui-ci mais, il faut
convenir que le cessionnaire doit s’entourer de toutes les garanties avant de signer l’acte de cession  : par
exemple, il doit savoir à quoi s’en tenir avec le passif en question avant d’accepter de signer l’acte de
cession.

Il faut noter qu’un associé de la SNC ne peut conclure un contrat de travail avec la société. Si d’aventure il
exerce une activité professionnelle au sein de la SNC, il ne pourra être rémunéré que par une majoration
de sa part de bénéfice.

Paragraphe 3 – L’objet social

L’objet social est défini dans les statuts. Il appartient aux membres fondateurs de la SNC de choisir cet
objet social et de bien le préciser dans ces statuts pour qu’il n’y ait pas d’équivoque. Ce choix est libre.

La précision dans la rédaction des statuts à propos de l’objet social est très importante car, cela réduit les
risques encourus par les associés du fait par exemple que tous les actes des gérants entrant dans cet objet
social les engagent personnellement.

Toutefois, certaines activités sont interdites aux SNC notamment les métiers d’assurances, de banque ou
les professions libérales règlementées comme les médecins, les avocats qui, par exemple ne peuvent
monnayer leur art au sein d’une SNC car, il leur est interdit d’acquérir directement ou indirectement la
qualité de commerçant.
D’autres SNC font l’objet d’une réglementation particulière comme par exemple les agences et les bureaux
de voyage.

Section 2 – La gestion de la SNC

Les associés ont la liberté de choisir le mode de gestion de leur SNC et, ils choisissent généralement un
gérant qui, dans l’exercice de ses fonctions, endosse une certaine responsabilité.

Paragraphe 1 – Le gérant

Ce sont les statuts qui organisent généralement la gérance de la SNC soit en désignant le ou les gérants,
soit en prévoyant leur désignation dans un acte ultérieur (article 276 alinéas 1 et 2 de l’AU).

Quelles sont les conditions de la gérance, les pouvoirs du gérant et comment met-on fin à ses fonctions ?

I - Les conditions de la gérance

Le choix peut porter sur un seul gérant ou sur plusieurs gérants. Le gérant peut être un associé ou un tiers
au contrat de société. Il peut être une personne physique ou une personne morale.

Si les statuts n’ont pas organisé la gérance de la SNC, tous les associés sont réputés être des gérants.

Le gérant doit avoir la capacité de faire commerce mais, Il n’est pas exigé qu’il soit commerçant à moins
qu’il s’agisse d’un associé choisi par ses pairs.

II – Les pouvoirs du gérant

Les pouvoirs du gérant sont définis en principe dans les statuts et ils s’exercent, d’une part, face aux
associés et, d’autre part, face aux tiers.

A – Face aux associés

Dans ses rapports avec les associés, le gérant peut accomplir tous les actes de gestion dans l’intérêt de la
société. Toutefois, il peut arriver que les statuts limitent ses pouvoirs en soumettant certains de ses actes à
l’autorisation préalable des associés.

Exemple : en cas de vente d’immeubles, de dépenses excessives, de constitution de sûretés….

S’il y a plusieurs gérants, chacun détient les mêmes pouvoirs que s’il était le seul gérant de la société avec
toutefois la possibilité pour chacun des autres de s’opposer à toute opération avant sa conclusion.

Lorsque les décisions sont prises en assemblée générale, celle-ci est convoquée par le ou l’un des gérants
au moins 15 jours avant sa tenue, par lettre au porteur contre récépissé, par lettre recommandée avec avis
de réception ou par télécopie ou courrier électronique. Toutefois, les convocations par télécopie ou
courrier électronique ne sont valables que si l’associé a au préalable donné son accord écrit et
communiqué son numéro de télécopie ou son adresse électronique.

Cet associé peut à tout moment demander expressément à la société, par lettre recommandée avec avis
de réception, que ce moyen de communication soit remplacé à l’avenir par un envoi postal (article 286 de
l’AU révisé).
B – Face aux tiers

Dans ses rapports avec les tiers, le gérant engage la responsabilité de la société par ses actes qui entrent
dans le cadre de l’objet social et, s’il y a plusieurs gérants, chacun détient vis-à-vis des tiers les mêmes
pouvoirs que s’il était le seul gérant.

Les clauses limitatives de pouvoirs face aux associés sont inopposables aux tiers. En outre, l’opposition d’un
gérant aux actes d’un autre est sans effet à l’égard des tiers à moins que ces derniers en aient eu
connaissance.

III – La cessation de fonctions du gérant

Les fonctions du gérant prennent fin par démission, incapacité, déchéance ou révocation par les associés.

Si tous les associés sont gérants ou si l’un seul d’entre eux l’est du fait des statuts, la révocation ne peut
intervenir qu’à l’unanimité des associés. Cette révocation entraine la dissolution de la SNC à moins que les
statuts aient prévu sa poursuite ou que celle-ci émane d’une décision unanime des associés (article 279
alinéa 2 de l’AU révisé).

Si le gérant n’est pas nommé par les statuts, il peut être révoqué par décision de la majorité des associés,
qu’il soit lui-même associé ou un tiers. Mais s’il est associé, il faut pour le révoquer une double majorité :
une majorité en nombre des associés et une majorité en capital.

Des dommages et intérêts peuvent être alloués au gérant révoqué sans justes motifs (article 281 de l’AU).

Paragraphe 2 – La responsabilité du gérant

Le gérant est responsable des fautes commises à l’occasion de sa gestion et il encourt 3 types de
responsabilité : civile, pénale et fiscale.

La responsabilité civile du gérant est engagée en cas de faute, que celle-ci soit une faute de gestion, une
méconnaissance du droit ou le non respect des dispositions statutaires.

La responsabilité pénale du gérant résulte des lois pénales réprimant les agissements douteux des
dirigeants de société.

Quant à la responsabilité fiscale, elle résulte des manquements par le gérant au respect de la législation
fiscale.

Section 3 – Les règles concernant les associés

Les règles concernant les associés sont relatives au droit d’information et de communication, au pouvoir
des assemblées, à la cession des parts sociales et à la responsabilité des associés.

Paragraphe 1 – Le droit d’information et de communication

Les associés d’une SNC ont un droit à l’information et à la communication et ce droit concerne
l’information au siège social, l’information préalable aux assemblées et le droit d’alerte.
I – L’information au siège social

Au terme de l’article 289 de l’AU révisé, les associés non gérants de la SNC ont le droit de consulter, au
moins deux fois par an, tous les documents et pièces comptables ainsi que les procès verbaux des
délibérations et des décisions collectives concernant la société. Pour exercer ce droit, l’associé doit avertir
le gérant au moins 15 jours à l’avance par simple lettre contre récépissé ou par télex ou télécopie.

Il peut aussi se faire assister à ses frais par un expert comptable ou un commissaire aux comptes (alinéa 3
article 298 de l’AU). S’il ne s’exécute pas, le gérant risque des sanctions civiles et / ou pénales.

II – L’information préalable aux assemblées

Avant la tenue de l’assemblée générale annuelle suivant la clôture de l’exercice, les associés ont le droit
d’avoir communication, au moins 15 jours à l’avance, du rapport de gestion, de l’inventaire et des états
financiers de synthèse, du texte des résolutions et du rapport du commissaire aux comptes (article 288
alinéas 1 et 2 de l’AU révisé).

Les associés ont la possibilité de poser des questions par écrit au gérant dans les 15 jours qui précèdent
l’assemblée et de recevoir les réponses le jour de la réunion.

III – Le droit d’alerte

C’est le droit prévu par les procédures collectives et qui permet aux associés, deux fois par an, de poser des
questions au gérant sur des faits de nature à compromettre la continuité de l’activité de la SNC.

Des sanctions sont prévues au cas où le gérant ne s’exécute pas (dommages et intérêts, astreintes…).

Paragraphe 2 – Le pouvoir des assemblées

L’unanimité des associés est exigée pour toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs du gérant et, les
décisions collectives sont prises en assemblée ou par consultation écrite au cas où l’assemblée n’est pas
sollicitée par l’un des associés (articles 283 et 284 de l’AU révisé).

Les décisions des assemblées sont prises soit à l’unanimité des associés (par exemple en cas de révocation
du gérant associé, de continuation de la société, de cession de parts…) soit à la majorité des associés si les
statuts le permettent.

L’assemblée générale est convoquée par le gérant 15 jours au moins avant les réunions par lettre au
porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec avis de réception (article 286 alinéa 1 de l’AU
révisé). Le procès verbal de l’assemblée générale doit être signé par chacun des associés présents.

Paragraphe 3 – La cession des parts sociales

Le capital de la SNC est divisé en parts sociales de même valeur nominale et, ces parts sociales peuvent
être cédées mais à des conditions (articles 274 et 275 de l’AU révisé). Par exemple la cession doit être
approuvée par l’unanimité des associés même si les statuts passent outre. Cela s’explique par le fait que
l’intuitu personae est particulièrement important dans les SNC où les associés évitent l’intrusion de
personnes en qui ils n’ont pas confiance.

Ainsi, sans l’unanimité, la cession est impossible mais les statuts peuvent prévoir le rachat par les autres
associés des parts sociales à céder pour permettre à l’associé cédant de se retirer de la société. Toutefois,
la cession de parts sociales doit être constatée par écrit et ne peut être opposable à la société que si l’une
des trois (3) formalités suivantes est accomplie :

1 – signification de la cession à la société par un exploit d’huissier ;

2 – acceptation de la cession par la société par un acte authentique ;

3 – dépôt d’un original de l’acte de cession au siège social contre remise par le gérant d’une
attestation de dépôt.

La cession n’est opposable aux tiers que si, après avoir respecté l’une des 3 formalités ci-dessus, l’acte de
cession est publié par dépôt en annexe au RCCM (dernier alinéa de l’article 275 de l’AU révisé).

Paragraphe 4 – La responsabilité des associés

Les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes de la société. Cela signifie qu’en
cas de non payement de ses dettes par celle-ci et 15 jours après une mise en demeure par acte
extrajudiciaire, les associés peuvent être poursuivis par les créanciers de la société pour la totalité de ses
dettes.

Du fait du caractère indéfini de la responsabilité des associés, ceux-ci peuvent être amenés à régler le
passif de la société sur leurs biens personnels et, la solidarité de la responsabilité des associés permet de
poursuivre un seul associé solvable pour la totalité du passif.

Dans ce cas, l’associé qui a payé peut se retourner contre les autres associés par une action récursoire
pour récupérer les sommes qu’il a payées indûment.

Section 4 – La fin de la SNC

A coté des causes de dissolution communes à toutes les sociétés, il existe certaines causes particulières aux
SNC. Ainsi, en cas de problèmes graves affectant la personne des associés (décès, incapacité, faillite
personnelle…) ou lors de la révocation d’un gérant associé statutaire, la société doit être en principe
dissoute.

Mais les statuts ou à défaut les associés peuvent décider autrement ; par exemple continuer avec tout ou
parie des associés (article 290 alinéa 1 de l’AU).

Si l’un des associés est décédé, les autres associés peuvent prendre les décisions suivantes en cas de
continuation de la société :

- poursuivre l’activité avec les seuls associés survivants ;


- poursuivre l’activité avec certains héritiers ou successeurs du decujus ;
- poursuivre l’activité avec tous les héritiers ou successeurs du decujus.

Dans les deux premiers cas, les associés survivants et les héritiers retenus doivent racheter les parts
sociales des héritiers ou successeurs du decujus qui n’ont pas été acceptés comme associés.

Dans le troisième cas, si l’un ou plusieurs héritiers ou successeurs du decujus sont des mineurs non
émancipés, ceux-ci ne répondent des dettes sociales qu’à concurrence des parts sociales laissées par le
decujus.
Dans ce cas également la SNC doit être transformée en société en commandite simple ou être dissoute si,
au bout d’un an après le décès de l’associé, ses héritiers ou successeurs mineurs ne sont pas émancipés.

Il faut rappeler que la liquidation judiciaire décidée par le juge met obligatoirement fin à la société en nom
collectif.

Chapitre 3 – La société à responsabilité limitée ou SARL

Les SARL sont, dans la pratique, assez nombreuses au Sénégal et elles se partagent avec les sociétés
anonymes l’essentiel du monde des sociétés commerciales. Elles présentent la caractéristique d’être
hybrides. Elles ont en effet des traits de ressemblance à la fois avec les sociétés de capitaux et avec les
sociétés de personnes.

Elles sont réglementées par les dispositions des articles 309 et suivants de l’AU révisé relatif au droit des
sociétés commerciales et du GIE et, l’article 309 de cet AU définit la SARL comme «  une société dans
laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont
les droits sont représentés par des parts sociales ».

La SARL peut être constituée par une personne physique ou morale ou entre deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales (alinéa 2 de l’article 309 de l’AU révisé). Il n’y a donc pas de limitation du nombre
d’associés.

Par rapport aux règles de constitution d’une SA celles de la SARL sont beaucoup plus simples et la
procédure de constitution est moins longue donc moins coûteuse.

En ce qui concerne la SARL, il est constaté toujours par rapport à la SA :

- qu’il n’est pas nécessaire d’instituer une dualité d’organes de gestion ;


- que le formalisme est moins pesant ;
- qu’il n’existe aucun capital légal minimum et
- que la présence d’un commissaire aux comptes n’est pas systématique.

Par rapport à la SNC, la SARL met ses associés dans une situation moins périlleuse ; les associés n’ont pas
obligatoirement la qualité de commerçant et leurs responsabilités sont limitées au montant de leurs
apports.

La forme de la SARL comporte des inconvénients comme par exemple l’impossibilité d’émettre des actions
et de faire appel public à l’épargne et, sur le plan juridique, il est constaté des pesanteurs sur son
fonctionnement comme par exemple en ce qui concerne la cession des parts sociales dont les modalités
sont plus compliquées que celles d’une société par actions simplifiée ou SAS.

L’étude de la SARL va porter successivement sur ses caractères généraux, sur sa gestion, sur la situation de
ses associés, sur sa transformation, sur la désignation du commissaire aux comptes, sur sa fusion- scission
et sur sa dissolution.
Le cas particulier de l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée ou EURL et de la société
unipersonnelle à responsabilité limitée ou SURL sera également étudié.

Section 1 – Les caractères généraux de la SARL

Les caractères généraux de la SARL portent, d’une part, sur le capital et la responsabilité, d’autre part, sur
la capacité et, enfin, sur l’objet social.

Paragraphe 1 – Le capital et la responsabilité

La SARL se rattache aux sociétés de capitaux car sa constitution suppose un capital minimum qui était fixé
à au moins un million (1 000 000) de frs CFA par l’ancien article 311 de l’AU révisé.

Toutefois, l’AU révisé renferme une innovation car, cet article retient bien ce montant mais permet
désormais à la législation interne des Etats Parties de fixer le capital social d’une SARL à un montant
inférieur à 1 million de frs CFA sans fixer un montant minimum. Ainsi, le législateur sénégalais, par la loi
2014-20 du 14 AVRIL 2014, avait fixé ce montant à cent mille (100 000) frs CFA.

Par une nouvelle loi, le législateur sénégalais a décidé de laisser le montant du capital social d’une SARL à
l’appréciation des associés et cela, suite au constat du succès qu’a eu la loi de 2014 qui a favorisé la
création de plus de 1700 nouvelles SARL au Sénégal dont 1502 à Dakar. L’explication fournie par le Ministre
sénégalais de la justice pour justifier cette nouvelle loi est que « c’est pour permettre aux associés de
décider le plus librement ce qu’ils entendent faire avec l’outil qu’ils ont choisi pour aller à la conquête du
marché. Cela signifie qu’ils seront libres de déterminer à travers leurs statuts ce que sera le montant du
capital, ce montant pouvant aller jusqu’à 1 milliard de francs CFA ou plus ».

Le capital de la SARL est divisé en parts sociales égales comme dans les sociétés de personnes, d’une valeur
minimum de cinq mille (5 000) frs CFA. Ces parts sociales doivent être souscrites en totalité par les associés
et elles doivent être intégralement libérées lorsqu’elles représentent des apports en nature.

Les apports en numéraire sont libérés lors de la souscription du capital de la moitié au moins de leur valeur
nominale et, la libération de l’autre moitié peut être faite en un ou plusieurs versements dans un délai de
deux (2) ans à compter de l’immatriculation de la société au RCCM et, selon les modalités définies par les
statuts (article 311-1 de l’AU révisé).

Les apports en nature doivent être nécessairement évalués dans les statuts de la SARL qui doivent contenir
en plus la description des avantages stipulés.

Cette évaluation est faite par un commissaire aux apports toutes les fois que l’apport ou les apports en
nature dépassent un total de cinq millions (5 000 000) de frs CFA.

L’évaluation des avantages particuliers est obligatoirement contrôlée par le commissaire aux apports
(alinéa 3 article 312 de l’AU révisé) et, si cette évaluation n’est pas faite par un commissaire aux apports,
les associés deviennent indéfiniment et solidairement responsables de l’évaluation contenue dans les
statuts et cela pendant une période de cinq (5) ans.

Les fonds provenant de la libération des parts sociales doivent être immédiatement versés contre récépissé
par le fondateur de la SARL dans un compte ouvert dans une banque ou en l’étude d’un notaire au nom de
la société en formation (article 313 de l’AU révisé). Ces fonds sont indisponibles jusqu’au jour de
l’immatriculation de la société au RCCM.
Une fois cette formalité effectuée, les fonds sont mis à la disposition du ou des gérants de la SARL. A
défaut, les apporteurs peuvent demander au Président du Tribunal de Commerce l’autorisation de retirer
le montant de leurs apports dans un délai de 6 mois à compter de la date du premier dépôt de fonds à la
banque ou chez le notaire.

L’avantage de la SARL réside en ce que la responsabilité des associés est limitée au montant de leurs
apports. Ainsi, en cas de difficulté de la société, le patrimoine personnel des associés ne sera pas mis en
contribution comme dans une SNC. Cette limitation de responsabilité fait que le capital social est dans la
pratique si minime par rapport au volume des activités de la société que les créanciers sollicités dans le
cadre des affaires exigent généralement un cautionnement bancaire.

C’est la raison pour laquelle les banques exigent aussi des associés une caution.

Paragraphe 2 – La capacité

Le nombre d’associés est illimité contrairement donc aux anciennes dispositions de l’article 1182 du COCC
qui menaçaient même de dissolution toute SARL ayant plus de 50 associés et qui ne se conforme pas à ce
nombre ou ne se transforme pas en société anonyme dans un délai de deux (2) ans.

Toute personne physique ou morale ayant la capacité civile peut devenir un associé dans une SARL et il
n’est pas exigé que l’associé soit un commerçant comme dans une SNC. Ainsi, un mineur (émancipé ou
représenté) et un majeur incapable (sous tutelle) peuvent être associés dans une SARL.

L’article 315 de l’AU révisé dispose que l’associé ou les associés ont l’obligation d’intervenir à l’acte
instituant la société et ils peuvent le faire en personne ou en se faisant représenter par un mandataire
justifiant d’un pouvoir spécial.

Le non respect de cette disposition entraine la nullité de la société et, le dommage résultant d’une telle
annulation et causé ainsi à des associés ou à des tiers est endossé solidairement par les premiers gérants
et les associés auxquels la nullité est imputée.

Dans ce cas, l’action en responsabilité doit être intentée, sous peine de forclusion, dans les trois (3) ans à
compter du jour où la décision de justice qui a prononcé la nullité de la société est revêtue de la force de la
chose jugée (article 316 alinéa 2 de l’AU révisé).

Paragraphe 3 – L’objet social

L’objet social de la SARL doit être licite car on ne saurait l’autoriser par exemple à faire des opérations
prohibées comme la vente d’organes humains. Certaines activités comme les entreprises de spectacles, de
banques, d’assistance…sont interdites à la SARL.

Par ailleurs, les activités relatives à une société d’architecture ou d’expertise comptable sont assujetties à
une réglementation particulière.

Section 2 – La gestion de la SARL


La SARL étant une personne morale, son fonctionnement ne peut être assuré que par une ou plusieurs
personnes physiques. Il s’agit du ou des gérants. Le gérant de la SARL est nommé par les associés ; Il
dispose de pouvoirs et engage sa responsabilité ; il peut être mis fin à ses fonctions.

Paragraphe 1 – Le gérant

L’alinéa 1 de l’article 323 de l’AU révisé dispose que la SARL est gérée par une ou plusieurs personnes
physiques associés ou non et que ce gérant est nommé par les associés soit dans les statuts, soit dans un
acte postérieur. Dans ce dernier cas, si les statuts ne prévoient pas une majorité supérieure, l’alinéa 2 de
l’article précité dit que la nomination du gérant requiert la majorité des associés.

En cas de silence des statuts, le gérant de la SARL est nommé pour une période de 4 ans renouvelable
(article 324 de l’AU révisé) et, seule la capacité civile est exigée au gérant qui ne doit donc être l’objet
d’aucune interdiction d’exercice ou de déchéances.

Le gérant peut cumuler la gérance de deux ou plusieurs SARL. Il peut être salarié de la société à condition :

- que son travail corresponde à un emploi effectif ;


- qu’il existe un lien de subordination entre lui et la société ;
- que sa fonction technique se distingue de la direction de la société.

Le gérant ne peut donc être l’actionnaire majoritaire de la SARL à gérer et sa rémunération est fixée dans
les statuts ou par une décision collective des associés (article 325 de l’AU révisé).

Sauf dans le cas où la société a un seul associé, le gérant associé ne prend pas part au vote de la
délibération relative à sa rémunération et ses voix ne sont pas prises en compte pour le calcul de la
majorité (alinéa 2 de l’article 325 de l'AU révisé).

Paragraphe 2 – Les pouvoirs du gérant

Le gérant de la SARL a presque les mêmes pouvoirs que ceux du gérant d’une SNC ; la seule différence
concerne l’engagement de la SARL vis-à-vis des tiers. En effet, si pour la SNC la société est engagée vis-à-vis
des tiers dans la limite de l’objet social, il n’en est pas de même ici car, la SARL est tenue de tous les actes
de gestion du gérant même si ces actes dépassent l’objet social à moins toutefois de prouver que lesdits
tiers connaissaient ce dépassement.

Paragraphe 3 – La responsabilité du gérant

La responsabilité du gérant de la SARL peut être civile, pénale ou fiscale (article 330 de l’AU révisé).

I – La responsabilité civile

La responsabilité civile du gérant de la SARL suppose une faute, un dommage et un lien de causalité entre
la faute et le dommage. Pour la gérance il existe généralement 3 types de fautes :

- la faute de gestion (mauvais contrats, emprunts trop forts…) ;


- la violation des lois et règlements en vigueur (non respect du droit social par exemple) ;
- le non respect des statuts (abus de pouvoirs conférés par les statuts).
L’action en responsabilité peut être intentée par les associés ou les tiers et, si le dommage concerne la
société, un autre gérant ou un nouveau gérant, un associé ou un groupe d’associés peuvent intenter
l’action sociale qui peut être une action individuelle d’un associé ou d’un tiers.

II – La responsabilité pénale

Elle est punie par les dispositions du code pénal qui prévoient des règles relatives aux infractions des
gérants. Il peut s’agir d‘une mauvaise tenue des livres comptables, de dissimulation de fonds, de
corruptions, de tenues d’assemblées non conformes…….

III – La responsabilité fiscale

Si le gérant effectue des manœuvres frauduleuses quant à la législation fiscale, le fisc peut engager sa
responsabilité en vue de recouvrer tout ou partie des impositions fiscales de la société sur son patrimoine
personnel.

Les actions en responsabilité précitées se prescrivent par trois (3) ans à compter du fait dommageable ou,
s’il a été dissimulé, à compter de sa révélation. La prescription est de dix (10) ans si le fait est qualifié de
crime par le code pénal (article332 de l’AU).

Section 3 – La situation des associés

Comme dans toute société, les associés de la SARL ont un droit permanent de communication et
d’information. Ils participent aux assemblées, engagent leurs responsabilités en cas de dettes et peuvent
décider de quitter la société en cédant leurs parts sociales.

Paragraphe 1 – Le droit d’information et de communication

En ce qui concerne ce droit, les associés ont la possibilité de contrôler en permanence la société, d’avoir
des informations avant les assemblées et de sonner l’alerte.

I - Le contrôle permanent

Les associés des SARL ont un droit de contrôle permanent sur la société (article 344 de l’AU révisé). Ainsi,
ils peuvent prendre connaissance à tout moment au siège social de la société de l’ensemble des
documents sociaux concernant les trois (3) derniers exercices (article 345 alinéa 6 de l’AU révisé).

II – L’information avant les assemblées

Avant la tenue des assemblées, les associés ont droit pour leur information à la communication d’un
certain nombre de documents quinze (15) jours au moins avant la tenue de la réunion.

Ainsi, le gérant doit leur faire parvenir dans ce délai, en cas d’assemblée générale annuelle, les documents
portant sur les états financiers de synthèse de l’exercice et le rapport de gestion établi par le gérant, sur le
texte des résolutions proposées et , le cas échéant, sur le rapport du commissaire aux comptes…..

Une fois ces documents reçus, les associés ont le droit de poser par écrit des questions auxquelles le gérant
est tenu de répondre lors de l’assemblée générale annuelle (alinéa 3 de l’article 345 de l’AU révisé).

S’il s’agit des autres assemblées, le droit de communication porte sur le texte des résolutions proposées, le
rapport du gérant et, le cas échéant, le rapport du commissaire aux comptes.
III – Le droit d’alerte

Tout associé non gérant peut, deux fois par exercice, poser des questions par écrit au gérant sur tout fait
de nature à compromettre la continuité des activités de la société. La réponse du gérant à ces questions
doit être communiquée au commissaire aux comptes.

Paragraphe 2 - Les pouvoirs des associés

Ayant créé la SARL dans un but bien précis, il est normal que les associés soient non seulement informés
mais aussi qu’ils puissent influer sur l’orientation des activités de la société à l’occasion des assemblées
générales ordinaires et extraordinaires.

I – L’assemblée générale ordinaire annuelle

L’assemblée générale ordinaire de la SARL se tient dans les six (6) mois suivant la clôture de l’exercice
(article 348 de l’AU révisé). A défaut, le ministère public ou tout associé peut saisir la juridiction
compétente statuant à bref délai afin d’enjoindre, le cas échéant sous astreinte, aux gérants de convoquer
cette assemblée ou de désigner un mandataire ad hoc pour y procéder (article 348 alinéa 2 de l’AU révisé).

Les associés peuvent se faire représenter par d’autres associés, leur conjoint ou une autre personne si les
statuts le prévoient et, chaque associé possède à cette occasion un nombre de voix équivalant au nombre
de parts qu’il détient.

Les décisions sont prises si elles sont approuvées par un ou plusieurs associés totalisant plus de la moitié
du capital. A défaut ou en cas de silence des statuts, une deuxième convocation des associés est faite et la
majorité des votes émis suffit pour l’adoption de la décision quelle que soit la proportion de capital
représentée par cette majorité (article 345 alinéa 2 de l’AU révisé).

La révocation du gérant ne peut intervenir qu’à la majorité absolue.

Cette assemblée est convoquée soit par le gérant, soit par un commissaire aux comptes en cas de
problème, soit par un associé ou un mandataire désigné à sa requête par le Tribunal de Commerce.

Les délibérations donnent lieu à un procès verbal qui contient toutes les indications sur la tenue et le
déroulement de l’assemblée. Celle-ci a pour fonction principale l’approbation des comptes annuels. Mais
également de nombreuses autres décisions peuvent être prises à cette occasion (nomination et révocation
du gérant, autorisations diverses…).

II – L’assemblée générale extraordinaire

L’assemblée générale extraordinaire permet de modifier les statuts de la société. Ainsi, si la société
comprend plus d’un associé, la modification des statuts est décidée par un vote représentant au moins les
trois quarts du captal social, cela nonobstant toute clause contraire des statuts (articles 357 et 358 de l’AU
révisé).

Si la société ne comprend qu’un seul associé, c’est ce dernier qui prend la décision que devait prendre la
majorité requise en cas de pluralité d’associés (articles 357 alinéa 1 et 558 alinéa 1 de l’AU révisé).

Si cette assemblée a pour but le changement de nationalité ou l’augmentation des obligations des associés
(SARL transformée en SNC ou en SAS par exemple), l’unanimité des associés est nécessaire. Cette
unanimité se justifie par le fait que les décisions à prendre peuvent entrainer des conséquences pour la
société et par conséquent pour les intérêts des associés (changement de dénomination, de siège social,
fusion, dissolution…).

Paragraphe 3 – La responsabilité des associés

Contrairement à la SNC ici, la responsabilité des associés est limitée à leurs apports. Ainsi, le montant de
leurs pertes ne peut dépasser ce qu’ils ont engagé dans la société. Et dans la pratique, les dettes sociales
étant reportées chaque année sur l’exercice suivant, la responsabilité ne sera réellement engagée qu’à la
dissolution de la société ou après le payement des dettes cumulées (l’apurement du passif).

Paragraphe 4 – La cession des parts sociales

Lorsqu’un associé veut quitter la SARL, il doit céder ses parts sociales. Cette cession est plus facile ici que
dans une SNC où il est exigé l’accord unanime des associés. Mais des conditions sont quand même exigées.
Ainsi, la cession est libre si elle est faite au profit d’un associé, de son conjoint, ascendant ou descendant
ou en cas de transmission par voie de succession ou de liquidation de communauté entre époux. En
revanche, la cession à un tiers nécessite l’agrément des autres associés.

La cession entre vifs doit être constatée par écrit et elle n’est opposable à la société qu’après
l’accomplissement de l’une des trois (3) formalités suivantes :

- signification de la cession à la société par acte extrajudiciaire ;

- acceptation de la cession par la société par acte authentique ;

- dépôt d’un original de l’acte de cession au siège social contre remise par le gérant d’une attestation de
dépôt.

La cession n’est opposable aux tiers qu’après l’accomplissement de l’une des formalités précitées, la
modification des statuts et la publicité au registre du commerce et du crédit mobilier ou RCCM (article 317
alinéa 3 de l’AU révisé).

Section 4 : La transformation de la SARL

La transformation de la SARL est prévue par les articles 374 et 375 de l’AU révisé.

Ainsi, la SARL peut être transformée en société d’une autre forme et cette transformation ne donne pas
lieu à la création d’une nouvelle personne morale.

Toutefois, cette transformation obéit à des conditions, à savoir :

- il faut que la SARL ait, au moment d’engager la transformation, des capitaux propres d’un
montant au moins égal à son capital social à peine de nullité de la transformation ;
- la transformation nécessite l’intervention d’un commissaire aux comptes qui dresse un
rapport certifiant, sous sa responsabilité, que la condition précédente est bien remplie ;
- en l’absence de commissaire aux comptes, il en est choisi un par le ou les gérants de la société
selon les modalités prévues aux articles 694 et suivants de l’AU révisé relatifs au choix d’un
commissaire aux comptes et de son suppléant.

La transformation de la SARL est nulle si l’une de ces conditions n’est pas respectée.
Section 5 : La désignation du commissaire aux comptes

La désignation d’un commissaire aux comptes n’est obligatoire pour une SARL que si celle-ci remplit deux
(2) des trois (3) conditions suivantes à la clôture de son exercice social :

- avoir un total de bilan supérieur à 125 millions de frs CFA ;


- avoir un chiffre d’affaires annuel supérieur à 250 millions de frs CFA ;
- avoir un effectif de travailleurs permanents supérieur à cinquante (50) personnes.

L’obligation de désigner un commissaire aux comptes n’incombe plus à une SARL qui ne remplit pas au
moins deux (2) des trois (3) conditions précitées pendant les deux exercices précédant l’expiration du
mandat du commissaire aux comptes.

La nomination du commissaire aux comptes par une SARL qui ne remplit pas deux (2) des trois (3)
conditions précitées est facultative mais, cette nomination peut être sollicitée par un ou plusieurs associés
détenant au moins 1/10 du capital (article 376 alinéa 3 de l’AU révisé).

L’article 379 de l’AU révisé fixe à trois (3) ans la durée du mandat du commissaire aux comptes nommé par
un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital social.

Sauf clauses contraires des statuts, le commissaire aux comptes est nommé, si cette majorité n’est pas
obtenue, à la majorité des votes émis quelle que soit la portion du capital représentée.

L’article 380 rend nulles toutes les délibérations prises si la désignation du commissaire aux comptes n’est
pas nécessaire ou si le commissaire aux comptes est maintenu alors que son mandat a expiré. Toutefois,
cette nullité est sans effet à deux conditions :

- si un nouveau commissaire aux comptes fait un rapport sur ces délibérations et

- si ces délibérations ont été confirmées par une assemblée.

Section 6 : La fusion et la scission de la SARL

Une opération de fusion ou de scission est possible pour une SARL (article 382 de l’AU révisé).

Concernant la fusion de la SARL, si celle-ci est réalisée par apport à une nouvelle SARL, cette dernière peut
être constituée sans autre apport de celui des sociétés qui fusionnent.

S’il s’agit d’une scission réalisée par apport à de nouvelles SARL, ces dernières peuvent être constituées
sans autre apport que celui de la société scindée.

Dans ces deux cas, si les parts de chacune des SARL nouvelles sont attribuées à la société scindée
proportionnellement à leurs droits dans le capital de cette société, il n’est pas nécessaire d’établir le
rapport prévu à l’article 672 de l’AU révisé relatif aux modalités de la fusion ou de la scission.

Section 7 – La dissolution de la SARL

On retrouve ici les causes de dissolution communes à toutes les formes de sociétés.

La SARL n’est pas dissoute en cas d’interdiction, de faillite ou d’incapacité d’un associé.
Le décès d’un associé ne provoque pas non plus la dissolution de la SARL à moins que les statuts en
décident autrement.

Section 8 – Le cas particulier de l’EURL et de la SURL

L’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée ou EURL est apparue en France en 1985 par une loi du
5 Janvier de cette année. Elle fonctionne comme une SARL quant à sa constitution, sa gérance et sa
dissolution mais elle a la particularité de n’avoir qu’un seul associé appelé associé unique.

C’est ce type de personne juridique dont l’AU de l’OHADA relatif au droit commercial général permet la
constitution à l’alinéa 2 de son article 309.

L’associé unique prend les décisions seul comme s’il s’agissait de décisions prises à l’unanimité par les
associés d’une SARL (article 558 de l’AU révisé). Ainsi, dans les 6 mois qui suivent la clôture de l’exercice, il
prend toutes les décisions relevant d’une assemblée générale ordinaire annuelle d’une SARL.

Ses décisions sont prises au vu des rapports de l’administrateur général et du commissaire aux comptes
qui assistent aux assemblées générales (article 559 de l’AU révisé). Elles revêtent la forme de procès
verbaux à verser aux archives de la société et sont assujetties aux mêmes formalités de publicité légale que
les décisions prises par une assemblée d’une SARL (article 561 de l’AU révisé).

Certains ont constaté que l’expérience de l’UERL n’est pas encore tout à fait concluante en France.
Toutefois, il est possible que ce genre de société commerciale ait plus de succès dans les pays membres de
l’OHADA.

Au Sénégal, on assiste progressivement à l’apparition de sociétés unipersonnelles à responsabilité limitée


ou SURL qui sont l’équivalentes des EURL.
Chapitre 4 – La société en commandite simple ou SCS

Le mot commandite vient du mot latin commadare qui signifie confier. Et, à l’origine, la commande
consistait à confier un bien, en marchandise ou en capital, à quelqu’un en lui donnant comme mission de le
fructifier sur une opération commerciale déterminée.

De ce simple contrat de commande dans lequel l’entrepreneur commandité n’apportait que son savoir
faire et son travail, la société en commandite elle faisait participer l’entrepreneur partiellement au
financement de son entreprise commerciale. En fait, une telle société n’existait seulement qu’entre
l’apporteur de la marchandise (ou bailleur de fonds) et le commerçant sans être portée à la connaissance
des tiers.

A ce stade, on l’appelait une société « anonyme » à cause de cette absence de publicité de sa création.


Aujourd’hui, une société créée dans ces conditions (c'est-à-dire sans publicité) est appelée société en
participation. Il a été avancé que c’est le dynamisme commercial des italiens qui a exporté en France cette
forme de société dénommée société en commandite.

La société en commandite simple ou SCS est une société par intérêts dont les parts ne peuvent être
représentées par des titres négociables. Il parait que c’est sous l’ancien régime en France qu’elle a connu
un grand succès car, elle avait la réputation de permettre à un commerçant, tenté par l’aventure, mais sans
fonds, de bénéficier des apports des actionnaires disposant de fonds mais ne pouvant pas se livrer à des
opérations commerciales en raison de leur statut de nobles, clercs et magistrats.

La SCS permettait ainsi une fructueuse collaboration des classes de la société sans pour autant offenser le
statut de chacun.

Elle a perdu par la suite son degré de succès parce que supplantée par la SARL et la SA et, aujourd’hui, on a
constaté que d’anciennes SNC ont été transformées en SCS à la suite du décès d’un associé dont l’héritier
est un mineur qui ne peut devenir commerçant mais qui peut intégrer cette SCS.

Celle-ci est considérée comme une société dualiste permettant d’associer des entrepreneurs (les
commandités) et des investisseurs (les commanditaires) ; les commandités étant comme les associés de la
SNC. A cause des risques qu’ils encourent avec leur solidarité et leur responsabilité illimitée, ils ont une
certaine prééminence sur les associés commanditaires.

Les commanditaires eux prennent moins de risques, leur responsabilité étant limitée et la solidarité ne les
concernant pas.

Il est reproché à la SCS ses deux catégories d’associés dont la coexistence est susceptible de créer des
situations complexes et, il y a aussi que la position du commandité n’est pas tellement différente de celle
d’un associé d’une SNC du fait de sa solidarité et du caractère illimité de sa responsabilité.

En effet, la société en commandite a la particularité de regrouper des associés de deux types : des associés
commandités qui ont entre eux les mêmes relations que les associés d’une société en nom collectif ou
SNC et des associés commanditaires qui n’ont qu’une responsabilité limitée au montant de leur apport.
Dans les sociétés en commandite les associés commanditaires sont considérés comme des bailleurs de
fonds des associés commandités. En réalité, il existe deux sortes de société en commandite : la société en
commandite simple et la société en commandite par action.

La différence entre ces deux sociétés réside en ce que dans les sociétés en commandite simple, les
commanditaires ne peuvent céder leurs parts sociales quand bien même ils ont une responsabilité limitée.
Ils ne peuvent pas quitter librement la société qui reste une société de personnes.

En revanche, dans les sociétés en commandite par action, les commanditaires ont des parts sociales
représentées par des actions négociables et cessibles. En outre, les sociétés en commandite par action sont
des sociétés de capitaux.

Avant la loi 85-40 du 29 Juillet 1985 portant code des sociétés commerciales, au Sénégal le législateur avait
prévu des dispositions relatives aux sociétés en commandite par la loi 66-66 du 4 Juillet 1966 qui s’était
fortement inspirée du code de commerce de la France.

L’article 2 de cette loi de 1966 avait même exigé la rédaction des statuts par un acte authentique. Mais,
l’article 1080 de la loi 85-40 du 29 juillet 1985 précitée qui portait en fait la 4ème partie du COCC avait
purement et simplement supprimé les sociétés en commandite puisqu’elle ne les citait plus parmi les
sociétés commerciales auxquelles elle s’appliquait.

Avec la signature de l’AU de l’OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE, la société en
commandite simple est revenue dans la législation sénégalaise (articles 293 et suivants de l’AU révisé).

Par contre, la société en commandite par action reste inexistante dans la législation sénégalaise actuelle
car, l’article 908 alinéa 2 de cet AU révisé avait demandé sa transformation en société anonyme dans les
Etats parties où elle existe sous peine d’être dissoute et cela au plus tard le 31 Décembre 1999.

En conséquence, c’est le traité de l’OHADA et notamment l’AU relatif au droit des sociétés commerciales et
du GIE qui a ramené la possibilité de créer une société en commandite simple au Sénégal.

L’article 293 de l’AU révisé définit donc la SCS comme la société dans laquelle coexistent un ou plusieurs
associés indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales dénommés associés commandités
avec un ou plusieurs associés responsables des dettes sociales dans la limite de leurs apports dénommés
associés commanditaires ou associés en commandite et dont le capital est divisé en parts sociales.

L’article 293-1 de l’AU révisé dispose que les règles relatives à la SNC sont applicables aux SCS sous réserve
des dispositions de ses articles 293 à 308.

L’étude de la SCS va porter successivement sur ses caractères généraux, sa gestion, les règles concernant
ses associés et sa dissolution.

Section 1 – Les caractères généraux de la SCS

Les caractères généraux de la SCS concernent, d’une part, le capital et la responsabilité, d’autre part, les
statuts et la capacité des associés et, enfin, la dénomination sociale et l’objet social.

Paragraphe 1 – Le capital et la responsabilité


Le capital de la SCS est fixé librement par les membres fondateurs et il n’est exigé ni un montant minimum
ni un montant maximum.

Ce capital est constitué par les apports des associés qui reçoivent en retour des parts sociales.

L’apport peut être en numéraire ou en nature. Mais, l’apport en industrie bien qu’exclu du capital social
n’est possible que pour les commandités.

Du fait de la responsabilité limitée des associés commanditaires, ces derniers ne peuvent pas faire des
apports en industrie.

Les associés commandités ont eux une responsabilité solidaire et illimitée vis-à-vis des créanciers de la
société.

Paragraphe 2 - Les statuts et la capacité des associés de la SCS

Les statuts de la SCS doivent obligatoirement contenir les mentions suivantes :

- le montant ou la valeur des apports de tous les associés ;


- la part de chaque associé commandité et de chaque associé commanditaire dans ce
montant ou cette valeur;
- la part globale des associés commandités et la part de chaque associé commanditaire dans la
répartition des bénéfices et dans le boni de liquidation. 

La capacité des associés de la SCS est différente selon qu’il s’agit de commandités ou de commanditaires.

L’associé commandité doit être commerçant ou tout au moins avoir la capacité de faire commerce. Ainsi,
tous ceux qui ne peuvent être commerçants ne peuvent non plus être associés commandités dans une SCS.

A contrario, l’associé commanditaire peut ne pas être commerçant car il suffit qu’il ait la capacité civile.
Ainsi, un mineur et deux conjoints peuvent être commanditaires dans une SCS.

Paragraphe 3 – La dénomination et l’objet social de la SCS

La SCS doit avoir une dénomination sociale qui doit être précédée ou suivie immédiatement des mots
suivants écrits en caractères lisibles « Société en Commandite Simple » ou du sigle « SCS ».

Il est interdit de mentionner le nom d’un associé commanditaire à la dénomination sociale. Aussi, s’il est
passé outre, le commanditaire dont le nom est ainsi mentionné doit répondre indéfiniment et
solidairement des dettes sociales (article 294 alinéa 2 de l’AU révisé).

L’objet social d’une SCS est défini dans les statuts par les membres fondateurs. L’essentiel est qu’il ne porte
pas sur des choses interdites de commerce. Par exemple, il ne peut porter sur l’exploitation d’une activité
de prostitution.

Il peut porter sur certaines activités soumises à une réglementation particulière à condition de respecter
ladite réglementation. Ainsi, s’il porte par exemple sur le commerce du riz ou du sucre, il doit se conformer
aux mesures destinées à la protection de ces produits.

Section 2 - La gestion de la SCS

La SCS est administrée par un ou plusieurs gérants dont la responsabilité peut être engagée.
Paragraphe 1 – Le gérant de la SCS

L’article 298 de l’AU révisé dispose que la SCS est gérée par tous les associés commandités si les statuts ne
disent rien. Toutefois, cet article permet que les statuts désignent un ou plusieurs gérants parmi les
associés commandités ou prévoient par un acte ultérieur la désignation d’un tiers.

L’article 299 de l’AU révisé interdit aux associés commanditaires de devenir gérants de la SCS même s’ils
disposent d’une procuration pour cela.

Un commanditaire qui passe outre cette interdiction sera tenu solidairement et indéfiniment responsable
des dettes sociales et des engagements découlant des actes de gestion qu’il a effectués.

La désignation d’un tiers comme gérant obéit aux mêmes conditions que dans une SNC. Ce tiers gérant a
les mêmes pouvoirs que celui d’une SNC.

Paragraphe 2 – La responsabilité du gérant de la SCS

Comme dans les autres types de société, le gérant encourt 3 types de responsabilité : une responsabilité
civile, une responsabilité pénale et une responsabilité fiscale.

I – La responsabilité civile du gérant d’une SCS

Cette responsabilité civile du gérant d’une SCS est engagée si celui-ci commet une faute de gestion
(mauvais contrat, engagements excessifs…) ou une violation des lois et règlements applicables à la société
(non respect du droit du travail, du droit de la sécurité sociale…) ou le non respect des dispositions
statutaires (en outrepassant par exemple les pouvoirs qui lui sont conférés).

Un arrêt de la Cour de Cassation française a légitimé la révocation d’un gérant commandité qui a refusé
d’exécuter des décisions de justice rendues contre la société.

Cass. Com. 8 février 2005, JCP E 2005, 973

L’action en responsabilité peut être intentée par les associés ou les tiers et, si le dommage est subi par la
société, un autre gérant, un nouveau gérant, un associé ou un groupe d’associés peuvent intenter l’action
sociale. Sinon, l’action sociale peut être individuelle et émaner d’un associé ou d’un tiers intéressé.

II – La responsabilité pénale du gérant d’une SCS

Elle découle des dispositions du code pénal relatives aux infractions commises par les gérants d’une société
(mauvaise tenue des livres comptables, dissimulation de fonds, détournement, concussion, corruption…).

III – La responsabilité fiscale du gérant d’une SCS

La responsabilité fiscale du gérant d’une SCS est engagée généralement par le fisc si celui-ci se rend
compte qu’il n’a pas respecté la législation fiscale applicable à la société. Et ce gérant répond de ses
deniers propres si sa responsabilité personnelle est engagée.

La prescription de l’action en responsabilité est de 3 ans sauf s’il s’agit de faits qualifiés de crime par le
code pénal. Dans ce dernier cas la prescription est de 10 ans.
Section 3 – Les règles concernant les associés de la SCS

Il s’agit des règles applicables aux associés et concernant : le droit d’information et de communication, le
pouvoir des assemblées, la cession des parts sociales et la responsabilité des associés.

Paragraphe 1 – Le droit d’information et de communication

Les associés commandités et commanditaires ont droit pour leur information, au moins 15 jours avant la
tenue de l’assemblée générale annuelle, à la communication des documents suivants : le rapport de
gestion, l’inventaire et les états financiers de synthèse établis par les gérants, et enfin le rapport du
commissaire aux comptes.

La communication desdits documents aux associés est obligatoire même si les statuts n’en ont pas fait cas
ou s’ils disent autre chose (article 306 dernier alinéa de l’AU révisé).

Ainsi, toute délibération prise en violation de ce droit d’information et de communication peut être
annulée.

L’article 307 de l’AU révisé consacre le droit des associés non gérants, et cela deux (2) fois par an, d’avoir
communication des livres comptables et des documents sociaux et de poser par écrit des questions sur la
gestion sociale des gérants ; ces derniers doivent répondre par écrit.

Paragraphe 2 – Le pouvoir des assemblées

La SCS doit tenir chaque année et dans les 6 mois qui suivent la clôture de l’exercice une assemblée
générale annuelle (alinéa 1 de l’article 306 de l’AU révisé). Il peut être également convoqué une assemblée
générale extraordinaire.

L’assemblée générale est convoquée par les gérants 15 jours au moins avant la réunion.

Chaque associé doit recevoir soit une lettre au porteur contre récépissé ou une lettre recommandée avec
accusé de réception, soit un télex, une télécopie ou un courrier électronique (article 303 alinéa 1 de l’AU
révisé).

La convocation doit indiquer la date, l’heure, le lieu et l’ordre du jour de la réunion.

Au cours de ces assemblées, toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants sont prises par la
collectivité des associés (alinéa 1 de l’article 302 de l’AU révisé).

Ce sont les statuts qui organisent la prise de décision par la collectivité des associés et il est possible de
procéder par une consultation écrite.

Une assemblée générale est obligatoire si elle est demandée par un associé commandité ou par le quart en
nombre et en capital des associés commanditaires.

L’assemblée générale annuelle ne peut valablement se tenir que si elle réunit une majorité d’associés
représentant la moitié du capital social. Elle est présidée par l’associé représentant à lui seul ou comme
mandataire le plus grand nombre de parts sociales (article 306 alinéa 3 de l’AU révisé).
Pour modifier les statuts de la SCS il faut impérativement le consentement de tous les commandités et
celui de la majorité en nombre et en capital des commanditaires (article 305 de l’AU révisé).

Paragraphe 3 – La cession des parts sociales

La cession des parts sociale est possible mais elle doit remplir des conditions qui sont au nombre de trois
(3) :

1 - En principe la cession doit totaliser le consentement de tous les associés. Toutefois, les statuts peuvent
décider :

- que les parts sociales des commanditaires sont librement cessibles entre associés ;

- que les parts des commanditaires peuvent être cédées à des tiers avec le consentement de tous les

commandités et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires ;

- qu’un commandité peut céder une partie de ses parts à un commanditaire ou à un tiers avec

l’accord de tous les commandités et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires.

2 - La cession doit être constatée par écrit.

3 - La cession, pour être opposable à la société, doit remplir l’une des 3 formalités suivantes :

- être signifiée à la société par exploit d'huissier ;

- être acceptée par la société dans un acte authentique ;

- être déposée au siège social de la société contre remise par le gérant d’une attestation de dépôt.

Pour être opposable aux tiers, la cession doit non seulement remplir l’une des 3 formalités précitées mais,
en plus, faire l’objet d’une publication par dépôt au registre du commerce et du crédit mobilier (dernier
alinéa de l’article 298 de l’AU révisé).

Paragraphe 4 – La responsabilité des associés de la SCS

La responsabilité des associés d’une SCS diffère selon qu’il s’agit des commandités ou des commanditaires.

I – La responsabilité des commandités

Du côté des commandités, la SCS est une société de personnes car, en signant l’acte de création de la
société, ils engagent leur responsabilité solidairement et indéfiniment face aux éventuelles dettes de la
société.

Ainsi, en cas de non payement des dettes de la société, les créanciers peuvent poursuivre les commandités
ou l’un d’entre eux pour la totalité desdites dettes. Donc les commandités peuvent être amenés à payer
les dettes de la société sur leurs deniers propres.

S’il arrive à un commandité de payer la totalité desdites dettes, il bénéficie d’une action récursoire contre
les autres associés commandités et commanditaires pour récupérer les sommes que ces derniers devaient
payer du fait de leur engagement indéfini et solidaire.
II – La responsabilité des commanditaires

La responsabilité des commanditaires est moins étendue que celle des commandités car, de leur côté, la
SCS est une société de capitaux. En signant le contrat social, les commanditaires ne s’engagent que d’une
manière limitée au montant de leurs apports face aux dettes de la société. Ils ne sont pas astreints à une
solidarité comme un commandité.

Toutefois, le commanditaire ne doit pas s’immiscer dans la gestion de la SCS. S’il passe outre, sa
responsabilité peut aller au-delà du montant de son apport.

Ainsi, il ne peut effectuer aucun acte de gestion externe même en vertu d’une procuration ; ce qui
s’explique par le fait qu’il s’agit là d’éviter d’induire en erreur les tiers à cause d’agissements du
commanditaire qui peuvent laisser croire qu’il est un commandité.

Par ailleurs, le nom d’un commanditaire ne peut pas figurer dans la dénomination sociale de la SCS au
risque de lui faire perdre la limitation de sa responsabilité. Par contre, il peut accomplir des actes de
gestion interne dans la société comme délibérer et voter dans les assemblées.

Il peur également exercer des fonctions salariales dans la société à condition que lesdites fonctions ne
soient pas équivoques mais, il ne peut en aucune manière assurer la direction de la société.

Section 4 – La fin de la SCS

Elle est prévue par l’article 308 de l’AU révisé.

Le décès d’un commanditaire ne dissout pas la SCS alors que le décès d’un commandité peut la dissoudre si
les statuts l’ont décidé. Toutefois, les statuts peuvent décider la continuation de la société avec les
héritiers d’un commandité décédé.

Ces héritiers peuvent être des commandités s’ils peuvent être commerçants. Par contre, s’ils sont des
mineurs non émancipés, ils ne peuvent être que des commanditaires.

Si le decujus était le seul commandité et que ses héritiers sont des mineurs non émancipés, il est
obligatoire de le remplacer par un nouveau commandité ou de transformer la SCS dans un délai d’un an à
compter du jour du décès. A défaut, la SCS est dissoute de plein droit à l’expiration dudit délai.

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