Note 2 - Comment Maintenir Les Seniors en Emploi
Note 2 - Comment Maintenir Les Seniors en Emploi
seniors en emploi ?
26 octobre 2023
Chaire TDTE
Samba Sawane
Chargé de recherche
Résumé
La France est l’un des pays d’Europe avec le plus faible taux d’emploi des séniors (55-64
ans). Ce taux était en 2022 environ 57% soit 5 points en-dessous de la moyenne européenne
(62%) et loin derrière des pays comme l’Allemagne ou la Suède qui affichaient des taux
respecMfs de 73,3% et 77,3%.
Le taux d’emploi diminue avec l’âge, il est plus faible après 60 ans ; en effet, il est de 75,1%
pour les 55-59 ans et de 35,5% pour les plus de 60 ans. À cela, on peut ajouter le fait que plus
de 40% des séniors retraités partent à la retraite car ne voulant plus travailler (DRESS (2022)).
Toutefois, les seniors apportent une richesse d’expérience, de compétences et de
connaissances de l’environnement de travail. Il est donc primordial de se quesMonner sur
l’emploi des séniors et réfléchir aux moyens à me]re en œuvre pour les maintenir en emploi.
Pour mener à bien ce]e étude, nous avons cherché à idenMfier les déterminants du mainMen
en emploi des séniors puis procédé à l’esMmaMon de leur impact grâce à un modèle de
régression Probit pour les 3 raisons suivantes :
- Il permet de modéliser les variables binaires 1, c’est le cas de notre variable cible qui
prend la valeur de 1 si le sénior décide de se maintenir en emploi et 0 si le sénior décide
prendre sa retraite dès que les condiMons de départ sont remplies.
- L’esMmateur issu de la méthode des moindres carrés généralisés (MCG) permet de tenir
compte du caractère non linéaire de certaines variables et donc d’éviter la perte d’informaMon.
- Il permet d’établir un classement des principaux déterminants qui agissent sur le
mainMen en emploi des séniors.
Ainsi les 4 principaux facteurs sont :
o L’absence de saMsfacMon dans le travail qui diminue de 29% la décision de se maintenir
en emploi
o Les problèmes de santé psychique diminuent de 8% la décision de se maintenir en
emploi
o Les problèmes de santé physique diminuent de 4% la décision de se maintenir en
emploi
o La formaMon qui, au contraire, augmente de 5% la probabilité de se maintenir en
emploi
Ce classement nous a ainsi permis de cibler nos recommandaMons afin d’améliorer le mainMen
en emploi des seniors.
Ce]e étude suggère de repenser le cadre de travail : personnaliser le parcours professionnel
de chaque senior selon ses besoins, ses aspiraMons, proposer des horaires de travail plus
flexibles et du temps parMel, proposer des formaMons conMnues, prendre en compte la
1
. Une variable binaire est une variable qui n’a que 2 valeurs possibles.
2
pénibilité de certains méMers, envisager des voies de reconversion, valoriser leur expérience,
aménager les postes de travail, mais aussi favoriser une culture de mentorat où les séniors
peuvent aider à former les plus jeunes travailleurs.
3
Table des ma-ères
Résumé 2
Introduc)on 5
1. Revue de la li4érature 5
2. Méthodologie 9
3. Es)ma)ons et résultats 13
5. Discussions 21
7. Recommanda)ons 23
Conclusion 25
Annexe 26
Annexe 1 26
Annexe 2 29
4
Introduc-on
En 2021, 59,7% des 55-64 ans étaient en acMvité dont 3,7% au chômage. Le taux d’emploi
diminue avec l’âge : en 2021, il a]eint 81,8 % 2 pour les 25-49 ans, puis 75,1 % pour les 55-59
ans et 35,5 % pour les 60-64 ans. Plus précisément, de 50 à 56 ans, le taux reste proche de 80
%, puis diminue de 10 points jusqu’à 59 ans. Il passe ensuite en deçà de 60 % à 60 ans.
Ce]e situaMon des seniors de plus 60 ans plonge la France parmi les pays d’Europe avec le plus
faible taux d’emploi des séniors. En effet, en 2022, le taux d’emploi des 55-64 ans était de 57%
dans l’hexagone soit 5 points en dessous de la moyenne européenne qui s’établissait à environ
62%. Quant à l’Allemagne et la Suède, ils affichaient à la même période des taux respecMfs de
73,3% et 77,3%.
Face à ce constat, il est primordial de se pencher sur la situaMon des seniors afin d’améliorer
leur taux d’emploi. Il faudra repenser le cadre de travail pour maintenir les seniors en emploi
car d’après le rapport DRESS (2022) réalisée en 2022, 42 % des retraités sont parMs à la retraite
car ne voulaient plus travailler et 65% de ces départs à la retraite ne sont pas liés à des
problèmes de santé.
L’objecMf de ce]e étude sera dans un premier temps d’idenMfier les déterminants du
mainMen en emploi puis d’évaluer l’impact de ces déterminants sur la probabilité de se
maintenir en emploi.
Pour mener à bien ce]e étude, nous opterons pour une esMmaMon avec un modèle Probit dont
l’esMmateur issu de la Méthode des Moindres Carrés Généralisés (MCG) permet de prendre en
compte la non-linéarité de certaines variables et d’obtenir des esMmaMons fiables.
Le plan de l’étude se présente comme suit : dans un premier temps, nous idenMfierons les
déterminants à travers la li]érature existante sur le sujet. Ensuite, nous esMmerons l’impact
de ces facteurs grâce à un modèle Probit afin de voir quels sont les déterminants qui impactent
le plus la décision des seniors et pouvoir faire quelques recommandaMons visant à améliorer
le mainMen en emploi des séniors.
1. Revue de la li9érature
Lors d’une précédente étude inMtulée "les moMvaMons des séniors à rester en emploi", Fel
(2022) a abordé le sujet en citant deux études qui se sont penchées sur la quesMon. Dans la
première étude, Böckerman and Ilmakunnas (2020) s’intéressent à l’impact des condiMons de
travail et des nouvelles formes de management sur la volonté de parMr à la retraite.
2
h5ps ://dares.travail-emploi.gouv.fr
5
Il en ressort que "les mauvaises condiMons au travail réduisent le bonheur reMré de l’emploi,
augmentent les départs à la retraite tôt et réduisent la poursuite d’acMvité après l’âge de la
retraite."
Dans la deuxième étude, Hudomiet et al. (2021) étudient les iniMaMves à me]re en place afin
d’inciter les séniors à repousser l’âge de départ à la retraite. L’étude s’appuie sur les données
d’une enquête américaine réalisée auprès de 5000 individus sur les caractérisMques qui
influenceraient leur décision de conMnuer à travailler après l’âge de 70 ans.
Les résultats de ce]e enquête sont les suivants :
- Plus de la moiMé (soit 53%) des personnes interrogées disent vouloir se maintenir en
emploi après l’âge de départ à la retraite néanmoins, ils esMment que des problèmes de santé
les en empêcheraient.
- Les répondants souhaitent rejoindre des organisaMons où le caractère social prime sur
l’aspect physique et/ou cogniMf.
- Ils considèrent aussi la flexibilité des horaires de travail comme étant un facteur de
mainMen en emploi. En outre, les séniors optent pour plus de flexibilité horaire dans un
arbitrage entre ce]e dernière et une augmentaMon de 20% du salaire.
- Le stress est un facteur qui favorise le départ tôt à la retraite.
Tandis que les études françaises manquent sur le sujet, beaucoup de pays saisissent
l’importance des moMvaMons des séniors à rester en emploi. Néanmoins, Les études existantes
sont qualitaMves, elles demeurent intéressantes mais laissent de côté le quanMtaMf. Notre
papier est donc crucial car il apporte un éclairage quanMtaMf à une li]érature où ce dernier
manque cruellement. Ainsi, à l’aide de modèle de régression Probit, nous serons en mesure de
fournir des esMmaMons de l’impact des déterminants du mainMen en emploi des séniors. Les
esMmaMons obtenues seront ainsi plus proches du réel impact des déterminants du mainMen
des séniors en emploi.
Une récente étude québécoise (Negrini et al. (2018)) réalisée en 2018 a réuni bon nombre
d’études et de modèles théoriques sur les déterminants du mainMen en emploi dans le but de
réaliser une enquête auprès des séniors en acMvité autour des facteurs de mainMen en emploi.
En nous appuyant sur ce]e étude et d’autres plus anciennes, nous allons idenMfier les
principaux déterminants, puis esMmer leur impact sur la décision de se maintenir en emploi
grâce au modèle Probit et à la base de données SHARE.
Pour réaliser leur étude, Negrini et al. (2018) ont mené une enquête auprès de travailleurs
séniors d’une commission scolaire québécoise afin d’idenMfier les facteurs psychosociaux et
aspects de la santé psychologique qui contribuent à leur décision de se maintenir en emploi
jusqu’à l’obtenMon de la pleine pension. La réalisaMon de ce]e enquête s’est arMculée autour
de sept thèmes :
6
- Le contexte du travail : les changements et les praMques de gesMon des ressources
humaines
- Le contenu du travail
- Le souMen social au travail
- La santé psychologique au travail
- L’état de santé et les artudes vis-à-vis de la retraite
- La situaMon financière
- Le contexte de vie hors travail
À l’issue de ce]e expérience, les auteurs ont pu établir une liste non exhausMve des facteurs
qui influent sur le mainMen des séniors à l’emploi :
7
- Les incer-tudes de la vie post-retraite : le fait de ne pas avoir de passe-temps ni de plan
de retraite ou de projet incite les séniors à repousser leur départ à la retraite.
- La planifica-on de la retraite avec le conjoint : Certains séniors synchronisent leur
départ à la retraite avec celui de leur partenaire afin de pouvoir profiter ensemble de
la vie.
- Le niveau d’études : l’accès à certaines promoMons nécessite un certain niveau
d’études.
- Le stress, l’épuisement, la dépression et l’anxiété sont des facteurs qui, résultant de
l’environnement ou des condiMons de travail, génèrent de la lassitude, de l’irritaMon,
de l’absentéisme et poussent les séniors à parMr le plus possible à la retraite.
Ces résultats sont en adéquaMon avec plusieurs travaux et modèles théoriques tels que
Zaniboni (2015) qui montrent qu’une culture de non-discriminaMon dans une entreprise
favorise le mainMen en emploi des séniors. Christensen and Catsouphes (2005) ou encore
Tremblay and Genin (2009) ont montré dans leurs études que les séniors qui ont recours à la
retraite progressive avaient tendance à allonger leur durée de vie professionnelle. En effet,
une retraite progressive consMtue une transiMon douce vers la retraite pleine et donc permet
aux futurs retraités de revoir leur plan post-retraite et de se préparer au mieux pour bien vivre
leur retraite.
Le rôle joué par la mobilité promoMonnelle et les disposiMfs de développement des
compétences dans la mise en place d’un environnement sain propice au mainMen des séniors
en emploi est démontré dans le modèle théorique demandes-ressources au travail de
DemerouM et al. (2001). McGonagle et al. (2015) ont montré que des facteurs tels que
l’autonomie et la flexibilité au travail perme]ent de réduire le stress et incitent les employés
à rester dans leur lieu de travail. Schreurs et al. (2011) ont aussi montré que le mainMen des
employés en emploi résulte d’une bonne percepMon de leur emploi.
Olesen et al. (2012) montrent que les séniors saMsfaits de leur travail et de leurs carrières sont
moins suscepMbles à planifier leur retraite. Maurits et al. (2015) montrent qu’un travailleur qui
reçoit du souMen de la part de son supérieur est saMsfait et souhaite poursuivre sa carrière
dans l’entreprise.
L’étude de Dares (2023) sur les facteurs qui influencent la capacité des salariés à faire le même
travail montre que des facteurs comme l’autonomie dans le travail, le souMen social plus fort
au travail ou la flexibilité des horaires sont des facteurs d’accroissement de la soutenabilité du
travail. D’autre part, l’insoutenabilité du travail se traduit avec l’âge par des a]eintes à la santé
et peut conduire à des départs précoces à la retraite dans de mauvaises condiMons (problèmes
de santé, insaMsfacMon des condiMons de travail).
8
2. Méthodologie
Pour mener à bien ce]e étude, nous nous appuierons sur les données de l’enquête SHARE
qui abrite. En effet, le choix de ce]e base de données est jusMfié d’une part par la présence
d’une variable sur la volonté de conMnuer à travailler ou non mais aussi par la mine
d’informaMons qu’elle renferme sur des individus âgés d’au moins 50 ans. La variable sur la
volonté de conMnuer à travailler ou non est présentée sous forme binaire c’est-à-dire que
qu’elle prend la valeur de 1 si l’individu décide prendre sa retraite dès que possible et 0 sinon.
Ainsi, pour pouvoir modéliser une telle variable, nous opterons pour un modèle Probit capable
de modéliser des relaMons complexes entre la variable dépendante binaire et les variables
explicaMves mais ayant également la capacité d’incorporer plusieurs variables indépendantes
et perme]re des interacMons entre elles.
9
uMlisaMon des soins de santé, force de préhension, indice de masse corporelle,
tabagisme et consommaMon d’alcool, acMvités/sports.
- Travail et revenus : situaMon professionnelle actuelle, durée de l’emploi principal,
heures de travail par semaine, saMsfacMon à l’égard de l’emploi principal, projets de
retraite anMcipée, capacité à joindre les deux bouts, revenu net imputé du ménage.
ep013
ep011
hhsize
Variable expliquée :
- ep036_mod : C’est notre variable dépendante, celle que nous cherchons à esMmer.
L’enquêteur demande à l’individu s’il veut prendre sa retraite dès que possible. Ainsi la valeur
prend la valeur de 1 si l’individu décide de prendre sa retraite le plus tôt possible c’est-à-dire
si toutes les condiMons sont réunies et 0 sinon.
10
Néanmoins, pour les besoins de l’étude, nous avons reprogrammé la variable de sorte qu’elle
prenne la valeur de la valeur de 1 si l’individu décide de ne pas prendre sa retraite le plus tôt
possible et 0 sinon.
NB : Dans la suite de l’étude, nous approximons le fait de ne pas parMr tôt à la retraite par le
fait de se maintenir en emploi.
Variables explicaMves :
- co007_ : elle désigne les difficultés financières du sénior. Elle prend la valeur de 1 si l’individu
a des difficultés financières et O sinon.
- chronic_mod : désigne l’état de santé physique du sénior. Il peut s’agir de problème
cardiaque, d’hypertension artérielle, d’avc, de diabète, d’asthme, d’ulcère etc.... La variable
prend la valeur de 1 si l’individu souffre d’une ou plusieurs de ces pathologies et 0 sinon.
- isced1997_r : désigne le niveau d’études de l’individu. Elle regroupe en tout six niveaux du
primaire au master.
- euro_tot : désigne si la personne souffre d’épuisement (euro9), d’anxiété (euro2), de
dépression (euro12) ou dirritaMon (euro7).
- ep026_mod : désigne le niveau de saMsfacMon de l’individu dans son travail.
- br015 : désigne si l’individu praMque une acMvité physique.
- ep013_mod : désigne le nombre d’heures travaillées par semaine.
- ep013_mod2 : évalue la variabilité de la décision de se maintenir en emploi en foncMon du
temps de travail.
- ep011_mod : la personne est sous contrat à durée indéterminé.
- mar_stat : désigne le statut matrimonial de l’individu (en couple, conjoint éloigné, jamais
marié, divorcé, veuf).
- hhsize : désigne la taille du foyer de l’individu.
- et 0 sinon.
11
- Le modèle Probit foncMonne avec la méthode de maximum de vraisemblance dont
l’esMmateur est le plus efficace. Ce dernier a une variance minimale donc pas de problème
d’hétéroscédasMcité. La méthode de maximum de vraisemblance permet ainsi de prendre en
compte la variabilité des individus.
- Le modèle Probit uMlise une foncMon de distribuMon normale standard (la foncMon de
réparMMon cumulaMve de la distribuMon normale) pour modéliser la probabilité d’occurrence
de l’événement binaire. Ce]e approche permet de modéliser les variaMons conMnues de
probabilité le long d’une échelle.
12
Avec ϕ la foncMon de densité de la loi normale.
3. Es-ma-ons et résultats
3.1 Résultats bruts
Le tableau 1 présente les résultats de la régression (1). Ces derniers correspondent aux
effets marginaux moyens des déterminants du mainMen en emploi des séniors. On peut voir
que l’impact de certaines variables comme les difficultés financières ou niveau d’études collège
n’ont pas d’impact significaMf sur la décision de se maintenir en emploi. Par conséquent, les
effets marginaux de ces facteurs ne pourront être interprétés. D’autre part, on peut voir que
les problèmes de santé consMtuent un obstacle au mainMen en emploi. En effet, que ce soit la
santé physique ou psychique, l’impact demeure négaMf mais plus fort dans certains cas. Les
problèmes de santé psychique sont plus hosMles à la poursuite d’emploi des séniors. En effet,
le fait d’être irrité ou anxieux réduit respecMvement la probabilité de se maintenir en emploi
de 11 et 7% contre 4% pour les problèmes de santé physique.
Quant aux facteurs qui caractérisent l’environnement de travail, ils ont un impact très
significaMf. La décision du mainMen en emploi est très sensible aux condiMons de travail. Elle
diminue de -17% lorsqu’un sénior déclare être peu saMsfait dans son emploi et jusqu’à -36%
lorsqu’il n’est pas saMsfait dans son travail.
Quant au temps de travail, il a également un impact négaMf sur le mainMen en emploi des
séniors. En effet, une augmentaMon du temps de travail d’une unité d’heure entraîne une
baisse de la volonté de se maintenir en emploi. Néanmoins en prenant en compte le carré de
ce]e variable (dont le coefficient est posiMf), nous obtenons une foncMon convexe. Ainsi,
lorsque l’on diminue légèrement le nombre d’heures de travail, les séniors se montrent peu
sensibles à l’idée de se maintenir en emploi, mais à parMr d’un certain seuil de réducMon du
nombre d’heures travaillées, la sensibilité au mainMen en emploi devient plus forte.
Nous pouvons ainsi interpréter ce]e baisse du nombre d’heures de travail comme une retraite
progressive. En effet, ce]e dernière permet de réduire le temps de travail des séniors afin
d’alléger les tâches qui leur sont confiées et de les inciter à rester en emploi.
Le fait de vivre seul a un impact posiMf sur la décision de conMnuer à travailler. En effet, le fait
d’être divorcé ou veuf augmente respecMvement la décision de se maintenir en emploi de 3 et
5%.
13
14
3.2 Interpréta5ons des résultats
Il est important de rappeler la problémaMque à laquelle ce]e esMmaMon tente d’apporter
des réponses : quel est l’impact des déterminants du mainMen en emploi ? En d’autres termes
comment ces facteurs influent sur la décision des séniors à se maintenir en emploi ? Les
problèmes de santé physique que peuvent rencontrer les séniors amoindrissent leurs capacités
de travail et peuvent occasionner des arrêts maladie prolongés jusqu’au départ à la retraite.
Quant aux séniors qui sont proches de la retraite mais qui ont des problèmes de santé, auront
tendance à se reMrer du monde professionnel pour se soigner et se reposer. Le niveau scolaire
ou de formaMon peut être déterminant dans le mainMen en emploi des séniors. Les séniors
avec un faible niveau d’études ont commencé à travailler souvent très tôt, ils occupent parfois
des emplois pénibles et répètent les mêmes gestes qui à long terme les usent ou finissent par
les lasser. N’ayant pas fait d’études ou avec un faible niveau de formaMon, ils ont rarement
accès à la mobilité promoMonnelle. Par conséquent, ils partent à la retraite dès que possible.
Quant aux séniors ayant un niveau d’études élevé occupent des postes à responsabilités et
sont éligibles aux promoMons, par conséquent, ils connaissent des évoluMons de carrière et
des revenus plus intéressantes. En outre, ils occupent des emplois qui ne nécessitent pas ou
peu d’efforts physiques, cela contribue à conserver leurs capacités physiques. Compte tenu de
ces avantages, ils prolongent leur durée de vie professionnelle.
Malgré les avantages que peuvent offrir un niveau d’études élevé, les séniors de toutes les
catégories socio-professionnelles ne sont pas épargnés par les troubles psychiques. En effet,
en raison d’une charge de travail importante, les mauvaises condiMons de travail, des
problèmes liés à la gesMon, certains séniors souffrent de troubles psychiques qui peuvent se
traduire par du stress, de l’anxiété, de l’épuisement voire de la dépression. Ces derniers
génèrent de la lassitude, un taux d’absentéisme important et dissuadent les séniors de se
maintenir en emploi.
D’autre part, les bonnes condiMons de travail, des horaires flexibles adaptés aux besoins des
séniors, une écoute et de l’entraide à leur égard contribuent au bonheur et à la saMsfacMon
des séniors dans leur emploi et par extension à leur mainMen en emploi. Les séniors qui se
voient proposer une réducMon significaMve du temps de travail sont favorables au mainMen en
emploi. En effet, avec l’âge, les séniors connaissent des défaillances de leurs capacités de
travail, ils sont moins par conséquent moins producMfs malgré leur expérience. Une réducMon
et une adaptaMon du temps de travail à leurs besoins perme]ront de mieux valoriser leur
savoir-faire et les moMvent à travailler davantage.
Quant aux séniors divorcés ou veufs, ils sont confrontés à la solitude et donc pour échapper à
l’isolement ils décident de se maintenir en emploi pour conMnuer à garder des liens avec
l’extérieur.
15
3.3 Test de robustesse
Les résultats de l’esMmaMon sont cohérents avec la li]érature néanmoins, nous allons
mener un test de robustesse sur nos coefficients. En effet, le fait d’avoir plusieurs variables de
contrôle peut apporter du pouvoir explicaMf à notre esMmaMon ; néanmoins, l’introducMon de
certaines variables peut tout aussi diminuer ce pouvoir et faire perdre de l’informaMon en
modifiant la valeur et la significaMvité de certains coefficients.
Pour ce faire, nous procédons à une première esMmaMon en gardant que les variables que nous
considérons plus perMnentes dans la prise de décision des séniors sur le mainMen en emploi,
puis nous ajoutons des variables de contrôle au fur et à mesure afin de voir si la valeur de nos
coefficients va changer de façon significaMve.
Dans la première esMmaMon nous choisissons comme variables explicaMves :
- la situaMon financière
- la santé physique
- le niveau d’études
- la santé psychique
16
Ces résultats nous montrent que pour améliorer le mainMen en emploi des séniors, il serait
plus perMnent que les organisaMons privilégient les programmes non financiers et consacrent
plus de moyens dans les opMons de carrière flexibles en proposant des opMons de travail plus
adaptées aux besoins des séniors.
— Bien-être dans le travail : Le bien-être des séniors favorise leur mainMen en emploi
(Negrini et al. (2018)). Dans notre esMmaMon, nous n’avons pas intégré ce]e
variable car elle est suscepMble de générer un biais de mulMcolinéarité. En effet, le
bien-être peut être déduit de la saMsfacMon dans le travail ou obtenu par une
combinaison linéaire de la saMsfacMon dans le travail et la flexibilité des heures de
travail.
— Mo-va-on et engagement dans le travail : La moMvaMon et l’engagement
contribuent au mainMen en emploi des séniors (Negrini et al. (2018)). En effet, la
reconnaissance de la contribuMon des séniors dans les organisaMons procure de la
saMsfacMon qui à son tour génère davantage de moMvaMon et d’engagement chez
ces employés. Nous n’avons pas introduit ces deux variables dans notre esMmaMon
car elles résultent de la saMsfacMon. Par conséquent, ce]e forte corrélaMon entre la
saMsfacMon et ces deux variables engendrerait un biais de mulMcolinéarité.
— Sou-en social des supérieurs et des collègues : Un employé qui reçoit du souMen de
la part de ses supérieurs souhaite conMnuer à travailler dans la même organisaMon
(Maurits et al. (2015)). En effet, le souMen agit comme une aide et contribue à
réduire le stress (Negrini et al. (2018)). Cependant, nous n’avons pas pu esMmer
l’impact du souMen social sur le mainMen en emploi des séniors car la base de
données SHARE ne conMent pas une telle variable. Toutefois, l’étude de la Dares
(2023) sur les facteurs qui influencent la capacité des salariés à faire le même travail
17
montre qu’un souMen social plus fort au travail est un facteur d’accroissement de la
soutenabilité et réduit le senMment d’insoutenabilité de 12 points de pourcentage.
En outre, on esMme que les travailleurs qui se sentent reconnus ont une meilleure santé
mentale et ont moins de risques de souffrir de stress, de burn-out et de troubles
psychosociaux. Selon un rapport de la DRESS réalisé en 2016, le manque de
reconnaissance triple le risque de maladie et double celui d’état dépressif chez les
salariés.
2. Qualité de vie au travail : La qualité de vie au travail (QVT) englobe les condiMons,
l’environnement et les expériences vécues par les employés dans leur milieu
professionnel. Une bonne QVT vise à créer un équilibre entre les exigences
professionnelles et la vie personnelle, en tenant compte de différents aspects tels
que :
— Sa-sfac-on dans le travail : Ce déterminant est l’un des plus importants dans notre
étude ; comme nous l’avons souligné dans les précédents paragraphes elle englobe
plusieurs autres facteurs qui contribuent au mainMen en emploi des séniors. Olesen
et al. (2012) et Schreurs et al. (2011) ont montré que les séniors saMsfaits dans leur
carrière sont moins suscepMbles de planifier leur retraite. Notre esMmaMon montre
que la saMsfacMon dans son travail est favorable au mainMen en emploi des séniors
et à l’opposé l’insaMsfacMon réduire la probabilité de se maintenir en emploi. Tout
comme Böckerman and Ilmakunnas (2020) qui ont montré que les mauvaises
condiMons de travail réduisent le bonheur reMré de l’emploi et poussent les séniors
à parMr à la retraite dès que possible. En outre, 40% des retraités ayant occupé un
emploi jugé non soutenable déclarent avoir leur retraite car ils étaient insaMsfaits
dans leurs travail (Dares (2023)).
— Flexibilité des horaires et autonomie dans le travail : McGonagle et al. (2015) ont
montré que l’autonomie et la flexibilité au travail perme]ent de réduire le stress et
contribuent au mainMen en emploi des séniors. Par ailleurs, des horaires de travail
flexibles perme]raient aux seniors de mieux équilibrer leur vie professionnelle et
personnelle. L’étude de Hudomiet et al. (2021) a montré que les seniors préfèrent
avoir des horaires plus flexibles à une augmentaMon du salaire de 20%. En outre,
ce]e variable combinée à l’autonomie dans le travail contribue à réduire le stress
généré par la charge de travail. Par ailleurs, la flexibilité des horaires de travail réduit
de 3% le senMment de non-soutenabilité du travail (Dares (2023)).
— Santé physique : D’après nos résultats, les problèmes de santé physique sont un
obstacle à la poursuite d’emploi. En effet, ils génèrent un fort taux d’absentéisme et
poussent les séniors à prendre leur retraite. De plus, 48% des retraités ayant occupé
18
un travail insoutenable déclarent avoir pris leur retraite pour des raisons de santé
(Dares (2023)).
— La santé psychique : Notre esMmaMon montre que les troubles psychiques sont un
obstacle à la poursuite d’emploi des séniors. Ce résultat rejoint l’étude de Negrini
et al. (2018) qui constate que les troubles tels que la dépression ou l’anxiété
génèrent de la lassitude et un fort taux d’absentéisme et incitent les séniors à
prendre leur retraite dès que possible.
— Ac-vité physique : L’absence d’acMvité physique est favorable au mainMen en emploi
des séniors. Cet étonnant résultat peut s’expliquer par le fait que la passion pour le
travail laisse peu de temps aux acMvités physiques qui sont, rappelons-le,
indispensables pour garder une bonne santé.
3. GesMon des ressources humaines : Ce thème joue un rôle central dans le mainMen
en emploi des séniors. Il permet de valoriser l’emploi des séniors et de me]re en
place des mesures adaptées aux besoins de ces derniers. La gesMon des
ressources humaines pourrait inclure des mesures de valorisaMon de l’expérience
des séniors, proposer des formaMons conMnues pour développer leurs
compétences et d’envisager une évoluMon de carrière, me]re à disposiMon des
séniors des emplois du temps flexibles adaptés à leurs besoins.
Les différents composants qui caractérisent ce déterminant dans notre étude sont les
suivants :
19
— Promo-on et perspec-ves de carrière : Notre esMmaMon montre qu’un niveau de
formaMon élevé donne accès à la mobilité promoMonnelle et des perspecMves de
carrière, ce qui va dans le sens du mainMen en emploi des seniors. Tandis qu’un
faible niveau de formaMon peut être un obstacle à l’accès à la mobilité
promoMonnelle et contraindre les séniors à occuper le même poste. Par
conséquent, ces derniers sont plus sensibles à l’idée de parMr à la retraite dès que
possible.
Catégories Déterminants du mainMen en emploi
Bien-être dans le travail3
20
— Discrimina-on fondée sur l’âge : Bien qu’il soit menMonné dans la li]érature, nous
n’avons pas pu esMmer l’impact de ce déterminant car il ne figure pas dans notre
base de données.
5. Discussions
Les résultats de notre étude sont en adéquaMon avec la li]érature existante. En effet, ils
montrent que le fait d’avoir des problèmes de santé empêche les séniors de conMnuer à
travailler après l’âge de départ à la retraite ; ce résultat rejoint l’étude américaine Hudomiet et
al. (2021) qui montre que les problèmes de santé physique sont un obstacle à la poursuite
d’emploi des séniors.
Nos résultats rejoignent également l’étude québécoise Negrini et al. (2018) dans le rôle joué
par le niveau d’études dans le mainMen en emploi des séniors. En effet, les séniors ayant un
niveau d’études élevé occupent des postes à responsabilités et sont éligibles aux promoMons,
par conséquent, ils connaissent des évoluMons de carrière et des revenus plus intéressants. À
l’opposé, les séniors avec un faible niveau d’études n’ont généralement pas accès à la mobilité
promoMonnelle et finissent par se lasser à force d’occuper le même poste et de ne pas
connaître d’évoluMon de carrière. Ce]e situaMon les pousse à prendre leur retraite dès que
possible.
De plus, nous avons montré dans notre étude que le niveau de saMsfacMon joue un rôle crucial
sur la décision des séniors de se maintenir en emploi ; le senMment d’insaMsfacMon dans le
travail réduit fortement la probabilité de se maintenir en emploi. L’étude de Böckerman and
Ilmakunnas (2020) a également montré que les mauvaises condiMons de travail réduisent le
bonheur reMré de l’emploi et incitent à un départ tôt à la retraite. Ce résultat rejoint également
l’étude de Olesen et al. (2012) selon laquelle les séniors saMsfaits de leur emploi et de leur
carrière sont moins suscepMbles de planifier leur retraite.
Nos résultats montrent aussi qu’une réducMon significaMve du temps de travail augmente
fortement la volonté des séniors de se maintenir en emploi. Et nous avons rapproché ce]e
réducMon du temps de travail des séniors de la retraite progressive. En effet, ce]e dernière
permet de réduire le temps de travail des séniors afin d’alléger les tâches qui leur sont confiées
et de les inciter à rester en emploi.
Christensen and Catsouphes (2005) ou encore Tremblay and Genin (2009) ont également
montré que les séniors qui ont recours à la retraite progressive ont tendance à allonger leur
durée de vie professionnelle.
La santé psychique des séniors joue également un rôle décisif dans leur décision de se
maintenir en emploi. En effet, nos résultats montrent que l’épuisement, la dépression,
l’irritaMon ou encore l’anxiété agissent négaMvement sur le mainMen en emploi des séniors et
21
empêchent la poursuite d’emploi. Ces facteurs, souvent occasionnés par les mauvaises
condiMons de travail ou le stress généré par la charge de travail, peuvent être éradiqués grâce
à des mesure telles que l’accompagnement, l’écoute, la reconnaissance et souMen social dans
l’emploi des séniors. Le souMen de la part des collègues et des supérieurs agit comme une aide
ou une assistance dans l’accomplissement des tâches. Il permet également de réduire le stress.
Maurits et al. (2015) montrent également dans leur étude qu’un employé qui se sent soutenu
par ses supérieurs désire poursuivre sa carrière dans la même entreprise.
Quant à la situaMon matrimoniale, elle peut avoir un impact significaMf sur le mainMen en
emploi. En effet, les séniors divorcés ou veufs repoussent généralement le départ à la retraite
car c’est un moyen d’éviter l’isolement. Ce]e catégorie de séniors voit tout son programme
post-retraite chamboulé à la suite de la mort ou au départ de leur partenaire. Par conséquent,
l’incerMtude de la vie post-retraite les pousse à se maintenir en emploi.
22
7. Recommanda-ons
Les résultats de notre étude ont permis de me]re l’accent sur l’impact des principaux
déterminants du mainMen en emploi des séniors. Ainsi, ces résultats nous perme]ent de
spécifier nos recommandaMons.
Nous avons vu que les problèmes de santé physique et psychique pouvaient provoquer une
défaillance des capacités de travail et générer de l’absentéisme ; les organisaMons pourraient
me]re en place des programmes qui promeuvent la santé, le bien-être et la capacité de travail
des séniors afin de prévenir les défaillances prématurées de capacités de travail. Les
organisaMons pourraient éventuellement adapter les postes de travail en foncMon des besoins
physiques des séniors. Par ailleurs, selon la Dares (2023), la proporMon de salariés âgés de
moins de 50 ans et ayant un senMment d’insoutenabilité de leur travail reste stable 6 ans après
l’avoir déclaré. Tandis que chez les plus de 50 ans, ce]e proporMon décroit notamment grâce
aux disposiMfs d’aménagement des postes de travail et du départ des postes les plus difficiles.
Pour lu]er efficacement contre les troubles psychiques, les entreprises pourraient développer
une gesMon des ressources humaines liées à l’âge afin de mieux écouter les séniors et instaurer
une coopéraMon étroite sur le lieu de travail entre les employeurs et les séniors pour prévenir
ces troubles, rechercher les causes des congés maladie et de l’absentéisme et y remédier.
Nous avons aussi vu que le faible niveau d’études incitait certains séniors à prendre leur
retraite dès que possible. Pour contrecarrer ce phénomène qui n’est pas une fatalité, les
organisaMons peuvent proposer des formaMons conMnues afin de développer leurs
23
compétences mais aussi proposer des voies d’évoluMon de carrière pour assurer leur mainMen
en emploi.
Nos résultats ont également montré l’importance de la saMsfacMon dans le travail. Pour
maximiser ce facteur favorable au mainMen en emploi des séniors, les organisaMons pourraient
proposer des horaires flexibles et me]re en place le télétravail.
Nous avons aussi montré qu’une réducMon du temps de travail agissait sur la volonté des
séniors de se maintenir en emploi. En effet, les organisaMons pourraient proposer du temps
parMel, adapter le temps de travail aux besoins des séniors, développer des programmes de
transiMon vers la retraite qui perme]ent aux séniors de réduire progressivement leurs heures
de travail.
Ces suggesMons pourraient contribuer à maintenir les séniors en emploi le plus longtemps
possible dans des condiMons de travail opMmales. Ces mesures sur le mainMen en emploi
peuvent d’une part être "à l’origine de gains partagés entre différents groupes d’acteurs : gain
en termes de bien-être pour les salariés, gain en producMvité et qualité de travail pour les
entreprises, gain pour la collecMvité en raison du recul de l’âge de départ en retraite" (Tuomi
et al. (2001)). D’autre part, les gains pourraient perme]re de réduire la part de la de]e
publique allouée aux dépenses de retraites obligatoires. En effet, les dépenses des retraites
obligatoires représentent 21% des dépenses publiques soit un montant total de 345 milliards
d’euros. Néanmoins, seulement 79% de ces dépenses proviennent des prélèvements
obligatoires (coMsaMons de 228 Md€ soit 66% et impôts affectés aux retraites de 46 Md€ soit
13%). Ainsi, le solde de 21% (soit 71 Md€ et -2,8% du PIB) est couvert par des subvenMons
allouées au système de retraites, qui font parMe du déficit public (Beaufret (2023).
24
- Aménagement des postes : Adapter les postes de travail en foncMon des besoins
physiques et cogniMfs des seniors. Cela peut inclure des ajustements de charge de
travail et des horaires flexibles.
- Programmes de transiMon : Les entreprises peuvent développer des programmes
de transiMon vers la retraite qui perme]ent aux seniors de réduire progressivement
leurs heures de travail tout en restant acMfs dans l’entreprise. Cela peut être une
opMon a]rayante pour les travailleurs qui souhaitent prolonger leur carrière de
manière progressive.
Concernant les séniors qui jugent leur travail pénible ou ennuyeux et qui souhaitent
changer de méMers ou d’entreprises, les organisaMons devraient envisager des
voies de reconversion en invesMssant dans des formaMons pour faciliter la
transiMon.
25
Ainsi, le mainMen en emploi des seniors passe par la prise en compte de la saMsfacMon dans le
travail et la formaMon des seniors.
Les organisaMons pourraient me]re en place des moyens pour améliorer les condiMons de
travail et le bien-être des séniors, personnaliser le parcours professionnel de chaque senior
selon ses aspiraMons, ses besoins et son rythme de travail et me]re en place des formaMons
conMnues pour développer leurs compétences et envisager des voies de reconversion pour les
séniors qui souhaitent se réorienter pour la suite de leurs carrières.
Donc le mainMen en emploi des seniors nécessite une approche proacMve et globale, qui
comprend des éléments tels que l’adaptaMon des condiMons de travail, la formaMon conMnue
et la valorisaMon de l’expérience. Cela peut profiter tant aux travailleurs plus âgés qu’aux
entreprises, en créant un environnement de travail plus inclusif et producMf pour tous.
Annexe
Annexe 1
26
3. Le bien-être est un facteur qui favorise le mainAen en emploi des séniors (Negrini et al. (2018)). Dans
notre esAmaAon, nous n’avons pas introduit ce5e variable car elle est suscepAble d’engendrer un biais de
27
mulAcolinéarité. En effet, elle peut être obtenue par la combinaison linéaire d’autres variables telles que la
saAsfacAon dans son travail et la flexibilité des horaires. En effet, ces deux facteurs peuvent procurer un senAment
bien-être.
4. Negrini et al. (2018) menAonnent dans leur étude le rôle de l’engagement et de la moAvaAon dans le
mainAen en emploi des séniors. En effet, les organisaAons qui valorisent la contribuAon des séniors accroissent
la moAvaAon et l’engagement de ces derniers. Par soucis de fiabilité de notre esAmaAon, nous n’incluons pas de
telles variables car elles résultent de la saAsfacAon (que nous avons esAmée). En effet, ce5e dernière génère de
la moAvaAon et de l’engagement chez les séniors.
5. (Voir paragraphe ci-dessus)
6. Maurits et al. (2015) montrent qu’un employé qui se soutenu par son supérieur souhaite poursuivre sa
carrière dans l’organisaAon ; Negrini et al. (2018) montrent que le souAen social agit comme une aide et contribue
à réduire le stress. Néanmoins, notre base de données ne comporte pas une telle variable et donc nous n’avons
pas pu esAmer son impact.
7. Olesen et al. (2012), Schreurs et al. (2011) ont montré que les séniors saAsfaits dans leur carrière sont
moins suscepAbles de planifier leur retraite. Notre esAmaAon montre que la saAsfacAon dans son travail est
favorable au mainAen en emploi des séniors et à l’opposé l’insaAsfacAon réduire la probabilité de se maintenir
en emploi. Tout comme Böckerman et Ilmakunnas (2020) qui ont montré que les mauvaises condiAons de travail
réduisent le bonheur reAré de l’emploi et poussent les séniors à parAr à la retraite dès que possible.
8. McGonagle et al. (2015) ont montré que l’autonomie et la flexibilité au travail perme5ent de réduire le
stress et contribuent au mainAen en emploi des séniors. Hudomiet et al. (2021) ont quant à eux montré dans leur
étude que les séniors préfèrent plus de flexibilité des heures de travail à une augmentaAon de 20% du salaire.
Dans notre esAmaAon, nous avons considéré que la saAsfacAon est une condiAon suffisante à la flexibilité et à
l’autonomie. En effet, le fait d’être saAsfait dans son travail implique une adaptaAon des horaires aux besoins des
séniors et une autonomie dans l’exécuAon des tâches.
9. (Voir paragraphe au-dessus)
10. Hudomiet et al. montrent que les problèmes de santé étaient un obstacle à la poursuite de l’emploi des
séniors. Notre esAmaAon montre que les problèmes de santé physique diminuent la probabilité de se maintenir
en emploi.
11. Negrini et al. (2018) montrent que l’épuisement, l’anxiété, la dépression ou encore l’irritaAon génèrent
de la lassitude et un fort taux d’absentéisme et poussent les séniors à prendre leur retraite dès que possible. Nos
résultats rejoignent effecAvement l’avis ce5e étude ; ils montrent que les troubles psychiques étaient
défavorables au mainAen en emploi des séniors.
12. L’absence d’acAvité physique est favorable au mainAen en emploi des séniors. Ce résultat étonnant peut
s’expliquer par le fait que la passion pour le travail laisse peu de temps aux acAvités physiques qui sont, rappelons-
le, indispensables pour garder une bonne santé.
13. Tremblay et al. (2009), Christensen et al. (2005) ont montré que les séniors qui ont recours à la retraite
progressive ont tendance à tendance à allonger leur durée de vie professionnelle. Nos résultats montrent que si
l’on réduit légèrement le temps de travail, la décision des séniors à se maintenir en emploi n’évolue pas de façon
significaAve ; néanmoins si l’on réduit de manière significaAve le temps de travail jusqu’à a5eindre un certain
seuil, la volonté des séniors de se maintenir augmente de façon significaAve.
14. DemerouA et al. (2001) montrent que les disposiAfs de développement de compétences et la mobilité
promoAonnelle contribuent à me5re en place un environnement sain et propice au mainAen en emploi des
séniors. Nos résultats montrent que plus le niveau d’études est élevé, plus les séniors allongent leur durée de vie
professionnelle. Toutefois, un faible niveau d’études peut être complété avec la mise en place de formaAons
conAnues à desAnaAon des séniors.
15. Negrini et al. (2018) montrent que la mobilité promoAonnelle est favorable au mainAen en emploi des
séniors. Notre esAmaAon montre qu’un niveau de formaAon élevé donne accès à la mobilité promoAonnelle, des
perspecAves de carrière et incite les séniors à rester en emploi. Alors qu’un faible niveau de formaAons peut
empêcher l’accès à certaines promoAons et contraindre les séniors à occuper le même poste, ce qui peut les
lasser sur le long terme et les incite à prendre leur retraite dès que possible.
16. (Voir paragraphe au-dessus)
17. Nos résultats montrent que les difficultés financières ont un impact non significaAf sur la décision de se
maintenir en emploi. En effet, ce5e variable perd sa significaAvité suite à l’introducAon de la "saAsfacAon" dans
notre esAmaAon. La saAsfacAon implique la flexibilité des heures de travail que les séniors préfèrent à une
augmentaAon du salaire.
28
18. Nos résultats montrent que le fait d’être divorcé ou veuf pousse les séniors à se maintenir en emploi. La
raison est que les séniors craignent de se retrouver seuls et de finir isolés. Le travail leur permet de garder une
vie sociale. Negrini et al. (2018) montrent également que ce5e situaAon est favorable au mainAen en emploi des
séniors.
19. Il s’agit de la moyenne de chaque bloc de déterminants
Annexe 2
29
Références
Beaufret, J.-P. (2023). Retraites obligatoires et déficits publics : Pour la clarté. Commentaire, (2)
:245–254.
Böckerman, P. and Ilmakunnas, P. (2020). Do good working condiMons make you work longer?
analyzing reMrement decisions using linked survey and register data. The Journal of the
Economics of Ageing, 17 :100192.
Cereq (2023). Comment les séniors envisagent-ils leur avenir professionnel jusqu’à la retraite?
Cereq.
Christensen, K. and Catsouphes, M.-P. (2005). AccommodaMng older workers’ needs for flexible
work opMons. Ivey Business Journal, 69(6) :1.
Dares (2023). Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à
la retraite? DARES.
DemerouM, E., Bakker, A. B., Nachreiner, F., and Schaufeli, W. B. (2001). The job demands-
resources model of burnout. Journal of Applied psychology, 86(3) :499.
Fel, L. (2022). Quelles sont les moMvaMons des séniors à rester en emploi. ChaireTDTE.
Hudomiet, P., Hurd, M. D., Parker, A. M., and Rohwedder, S. (2021). The effects of job
characterisMcs on reMrement. Journal of pension economics & finance, 20(3) :357–373.
Maurits, E. E., de Veer, A. J., van der Hoek, L. S., and Francke, A. L. (2015). Factors associated
with the self-perceived ability of nursing staff to remain working unMl reMrement : a
quesMonnaire survey. BMC Health Services Research, 15 :1–11.
McGonagle, A. K., Fisher, G. G., Barnes-Farrell, J. L., and Grosch, J. W. (2015). Individual and
work factors related to perceived work ability and labor force outcomes.
Journal of Applied Psychology, 100(2) :376.
Negrini, A., Dubé, J., Hupé, J., Gragnano, A., and Corbière, M. (2018). Étude qualitaMve sur les
facteurs qui contribuent à la décision d’un groupe de travailleurs seniors de se maintenir en
emploi dans le secteur de l’éducaMon au québec. Humain et Organisa-on, 4(1) :1–14.
30
Olesen, S. C., Bu]erworth, P., and Rodgers, B. (2012). Is poor mental health a risk factor for
reMrement? findings from a longitudinal populaMon survey. Social psychiatry and psychiatric
epidemiology, 47 :735–744.
Schreurs, B., Cuyper, N. D., Emmerik, I., Notelaers, G., and Wi]e, H. d. (2011). Job demands
and resources and their associaMons with early reMrement intenMons through recovery need
and work enjoyment. SA Journal of Industrial Psychology, 37(2) :63–73.
Tremblay, D.-G. and Genin, É. (2009). Aging, economic insecurity, and employment : Which
measures would encourage older workers to stay longer in the labour market?
Studies in Social Jus-ce, 3(2) :173–190.
Tuomi, K., Huuhtanen, P., Nykyri, E., and Ilmarinen, J. (2001). PromoMon of work ability, the
quality of work and reMrement. Occupa-onal medicine, 51(5) :318–324.
Zaniboni, S. (2015). The interacMon between older workers’ personal resources and perceived
age discriminaMon affects the desired reMrement age and the expected adjustment.
Work, Aging and Re-rement, 1(3) :266–273.
31