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Le Renegat Kautsky Et Son Disciple Lenine
Le Renegat Kautsky Et Son Disciple Lenine
fr
1977
“Les trois sources du Marxisme, l’œuvre historique de Marx” (Livre de Karl Kautsky Ndlr)
présente un intérêt historique évident. Kautsky était incontestablement le maître à penser
de la IIe Internationale, et de son parti le plus puissant: le parti social-démocrate allemand.
Gardien de l’orthodoxie, Kautsky était quasi universellement considéré comme le meilleur
connaisseur de l’œuvre de Marx et Engels, et comme leur interprète privilégié. Les positions de
Kautsky portent donc témoignage de toute une époque du mouvement ouvrier, et méritent
d’être connues, ne serait-ce qu’à ce titre.
Cette conférence porte précisément sur une question centrale pour le mouvement prolétarien:
le rapport entre la classe ouvrière et la théorie révolutionnaire. La réponse que donne Kautsky
à cette question constitue le fondement théorique de a pratique et de l’organisation de tous les
partis qui constituaient la IIIe Internationale, et donc du parti social-démocrate russe et de sa
fraction bolchevique, membre «orthodoxe» de la IIIe Internationale lorsqu’en 1914, c’est-à-dire
jusqu’à son effondrement face à la première guerre mondiale.
Pourtant, les thèses développées par Kautsky dans cette brochure ne se sont pas effondrées,
en même temps que la IIe Internationale. Tout au contraire, elles ont survécu et constitué
tout autant le fondement de la IIIe Internationale par l’intermédiaire du léninisme et de ses
avatars staliniens et trotskystes. Le léninisme, sous-produit russe du kautskysme ! Voilà qui
fera sursauter ceux qui ne connaissent de Kautsky que les anathèmes lancés contre lui par le
bolchevisme, et en particulier la brochure de Lénine : “La faillite de la IIIe Internationale et le
renégat Kautsky”, et qui ne connaissent de Lénine que ce qu’il est bon d’en connaître dans les
différentes églises, chapelles ou sacristies qu’ils fréquentent.
Pourtant le titre même de la brochure de Lénine définit très exactement son rapport avec
Kautsky. Si Lénine traite Kautsky de renégat, c’est bien qu’il considère que celui-ci était
auparavant un adepte de la vraie foi, dont il s’estime maintenant le seul défenseur qualifié.
Loin de critiquer le “kautskysme” qu’il se montre incapable d’identifier, Lénine se contente
en fait de reprocher à son ancien maître à penser de trahir sa propre doctrine. A tout point
de vue, la rupture de Lénine fut à la fois tardive et superficielle. Tardive parce que Lénine
a entretenu les plus grandes illusions sur la social-démocratie allemande, et n’a compris
qu’après que la trahison fût consommée. Superficielle parce que Lénine se borne à rompre
sur les problèmes de l’impérialisme et de la guerre, sans remonter aux causes profondes de la
trahison social-démocrate d’août 1914 liée à la nature même de ces partis et de leurs relations,
tant avec la société capitaliste qu’avec le prolétariat. Ces relations doivent elles-mêmes être
ramenées au mouvement même du capital et de la classe ouvrière, et comprises comme phase
du développement du prolétariat, et non comme quelque chose susceptible d’être modifié par
la volonté d’une minorité, pas même d’une direction révolutionnaire, aussi consciente soit-elle.
De là découle l’importance actuelle des thèses que Kautsky développe dans cette brochure
de manière particulièrement cohérente, et qui constitue le tissu même de sa pensée tout au
long de sa vie, et que Lénine reprend et développe dès 1900 dans Les objectifs immédiats de
notre mouvement puis dans “Que faire ?” en 1902, où d’ailleurs il cite longuement et très
laudativement Kautsky. En 1913, Lénine reprendra de nouveau ces conceptions dans Les trois
sources et les trois parties constitutives du Marxisme où il développe les mêmes thèmes en
reprenant parfois mot à mot le texte de Kautsky.
Ces thèses, appuyées sur une analyse historique superficielle et sommaire des rapports de
Marx et Engels, tant avec le mouvement Intellectuel de leur époque qu’avec !a mouvement
ouvrier, peuvent se résumer en peu de mots, et quelques citations suffiront à en éclairer la
substance, “Un mouvement ouvrier spontané et dépourvu de toute théorie se dressant dans les
classes travailleuses contre le capitalisme croissant, est incapable d’accomplir [. . . ] le travail
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révolutionnaire.” Aussi est-il nécessaire de réaliser ce que Kautsky appelle l’union du mouvement
ouvrier et du socialisme. Or: “La conscience socialiste d’aujourd’hui (! ?) ne peut surgir que
sur la base d’une profonde connaissance scientifique. . . Or le porteur de la science n’est pas le
prolétariat, mais les intellectuels bourgeois,. . . ainsi donc la conscience socialiste est un élément
importé du dehors dans la lutte de classe du prolétariat et non quelque chose qui en surgit
spontanément.” – Ces paroles de Kautsky sont, selon Lénine, “profondément justes . . . ”
Il va de soi que cette union tant souhaitée du mouvement ouvrier et du socialisme ne pouvait se
réaliser de la même manière dans les conditions allemandes et dans les conditions russes. Mais il
es important de voir que les divergences profondes du bolchevisme sur le terrain organisationnel
ne résultent pas de conceptions différentes, mais bien uniquement de l’application des mêmes
principes dans des situations politiques, économiques et sociales différentes. En fait, loin
d’aboutir à une union toujours plus grande du mouvement ouvrier et du socialisme, la sociale-
démocratie n’aboutira qu’à une union toujours croissante avec le capital et avec la bourgeoisie.
Quant au bolchevisme, après avoir été dans la révolution russe comme le poisson dans l’eau (Les
révolutionnaires sont dans la révolution comme l’eau dans l’eau.) et du fait de l’échec de celle-ci,
il aboutira à une fusion quasi-complète avec le capital étatique géré par une bureaucratie
totalitaire.
Pourtant le léninisme continue à hanter la conscience de bien des révolutionnaires de plus ou
moins bonne volonté, à la recherche d’une “recette” susceptible de réussir. Persuadés d’être
d’avant-garde “parce qu’ils ont la conscience” alors qu’ils ne possèdent qu’une théorie fausse, ils
militent pour unir ces deux monstres métaphysiques que sont Un mouvement ouvrier spontané,
dénué de toute théorie – et une conscience socialiste désincarnée.
Cette attitude est simplement volontariste. Or, si comme l’a dit Lénine “L’ironie et la patience
sont les principales qualités du révolutionnaire”, – “l’impatience est la principale source de
l’opportunisme” (Trotsky). “L’intellectuel, le théoricien révolutionnaire n’a pas à se soucier de
se lier aux masses car si sa théorie est révolutionnaire, il est déjà lié aux masses. Il n’a pas à
-choisir le camp du prolétariat (ce n’est pas Sartre qui utilise ce vocabulaire, c’est Lénine) car, à
proprement parler, il n’a pas le choix.” La critique théorique et pratique dont il est le porteur est
déterminée par le rapport qu’il entretient avec la société. Il ne peut se libérer de cette passion
qu’en s’y soumettant (Marx). S’il a le choix – c’est qu’il n’est déjà plus révolutionnaire, et que
sa critique théorique est déjà faisandée. Le problème de la pénétration des idées révolutionnaires
qu’il partage en milieu ouvrier est par là -même entièrement transformé : lorsque les conditions
historiques, le rapport de forces entre les classes en lutte, principalement déterminé par le
mouvement autonomisé du capital, interdisent toute irruption révolutionnaire du prolétariat
sur la scène de l’histoire, l’intellectuel fait comme l’ouvrier : ce qu’il peut. Il étudie, écrit,
fait connaître ses travaux le mieux possible, généralement assez mal. Lorsqu’il étudiait au
British Museum, Marx, produit du mouvement historique du prolétariat, était lié, sinon aux
travailleurs, du moins au mouvement historique du prolétariat. Il n’était pas plus isolé des
travailleurs que n’importe quel travailleur n’est lui-même isolé des autres, dans la mesure où
les conditions du moment limitent ses rapports à ceux que le capitalisme permet.
Par contre, lorsque le prolétariat se constitue en classe et déclare d’une façon ou d’une autre
la guerre au capital (et il n’a nul besoin qu’on lui apporte LE SAVOIR pour le faire, n’étant
lui-même, dans les rapports de production capitaliste, que du capital variable, il suffit qu’il
veuille changer tant soit peu sa condition, pour être d’emblée au cœur du problème que
l’intellectuel aura lui quelque difficulté à atteindre) le révolutionnaire n’est ni plus ni moins lié
au prolétariat qu’il n’y était déjà. Mais la critique théorique fusionne alors avec la critique
pratique, non pas parce qu’on l’a apportée de l’extérieur, mais parce qu’elles sont une seule et
même chose.
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et au premier plan Lénine, ont contribué par leur propagande et leur agitation incessantes au
soulèvement d’octobre 1917. En tant que militants révolutionnaires, ils ont joué un rôle efficace:
mais en tant que “direction de la classe”, “avant-garde consciente” –, ils ont été en retard sur
le prolétariat. La révolution russe s’est déroulée contre les idées de “Que faire?”. Et dans la
mesure où ces idées ont été appliquées (création d’un organe dirigeant la classe ouvrière mais
séparé d’elle), elles se sont révélées un frein et un obstacle à la révolution. En 1905, Lénine
est en retard sur l’histoire parce qu’il s’accroche aux thèses de “Que faire ?”. En 1917, Lénine
participe au mouvement réel des masses russes et ce faisant il rejette – dans sa pratique – la
conception développée dans “Que faire ?”.
Si nous appliquons à Kautsky et à Lénine le traitement inverse de celui qu’ils font subir à Marx,
si nous relions leurs conceptions à la lutte de classes au lieu de les en séparer, le kautskysme-
léninisme apparaît comme caractéristique de toute une période de l’histoire du mouvement
ouvrier dominée d’abord par la IIIe, Internationale. Après s’être développé et organisé tant
bien que mal, le prolétariat se trouve dès la fin du XIXe siècle dans une situation contradictoire.
Il possède diverses organisations dont le but est de faire la révolution et en même temps il est
incapable de la faire car les conditions ne sont pas encore mûres. Le kautskysme-léninisme est
l’expression et la solution de cette contradiction. En postulant que le prolétariat doit passer
par le détour de la connaissance scientifique pour être révolutionnaire, il consacre et justifie
l’existence d’organisations encadrant, dirigeant et contrôlant le prolétariat.
Comme nous l’avons signalé, le cas de Lénine est plus complexe que celui de Kautsky, dans la
mesure où Lénine fut, dans une partie de sa vie, révolutionnaire contre le kautskysme-léninisme.
D’ailleurs, la situation de la Russie était totalement différente de celle de l’Allemagne, qui
possédait presque un régime de démocratie bourgeoise et où existait un mouvement ouvrier
fortement développé et intégré au système. En Russie, ou contraire, il fallait tout construire, et
il n’était pas question de participer à des activités parlementaires bourgeoises et syndicales
réformistes qui n’existaient pas. Dans ces conditions, Lénine pouvait adopter une position
révolutionnaire malgré ses idées kautskystes. Il faut néanmoins signaler qu’il considéra jusqu’à
la guerre mondiale la social-démocratie allemande comme un modèle.
Dans leurs histoires revues et corrigées du léninisme, les staliniens et les trotskystes nous
montrent un Lénine lucide comprenant bien et dénonçant avant 1914 la trahison de la social-
démocratie et de l’Internationale. C’est là pure légende et il faudrait bien étudier la véritable
histoire de la IIIe Internationale pour montrer que non seulement Lénine ne la dénonçait
pas, mais qu’il n’avait rien compris avant la guerre au phénomène de dégénérescence social-
démocrate. Avant 1914, Lénine fait même l’éloge du parti social-démocrate allemand pour
avoir su réunir le “mouvement ouvrier” et le “socialisme”, (cf. “Que faire ?”). Citons seulement
ces lignes extraites de l’article nécrologique “August Bebel” (qui contient d’ailleurs plusieurs
erreurs de détail et de fond sur la vie de ce “dirigeant”, ce modèle de chef ouvrier – et sur
l’histoire de la IIIe Internationale).
“Les bases de la tactique parlementaire de la social-démocratie allemande (et internationale),
qui ne cède pas un pouce aux ennemis, qui ne laisse pas échapper la moindre possibilité
d’obtenir une amélioration, si faible soit-elle, pour les ouvriers, qui se montre en même temps
intransigeante sur le plan des principes et s’oriente toujours vers la réalisation de l’objectif
final, les bases de cette tactique furent mises au point par Bebel, . . . ”
Lénine adressait ces louanges à “la tactique parlementaire de la social-démocratie allemande
(et internationale.), intransigeante sur le plan des principes (!)” en août 1913 ! Lorsqu’un an
plus tard il crut que le numéro du Vorwärts (organe du parti social démocrate allemand),
annonçant le vote des crédits de guerre par les députés sociaux-démocrates, était un faux
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fabriqué par l’état-major allemand, il révélait seulement les illusions qu’il avait entretenues
depuis longtemps, en fait depuis 1900-1902, depuis “Que faire ?” , sur l’Internationale en
général et la social-démocratie allemande en particulier. (Nous n’envisageons pas ici l’attitude
d’autres révolutionnaires face à ces questions, Rosa Luxembourg par exemple. Ce problème
mériterait en fait une étude détaillée.)
Nous avons vu comment Lénine avait abandonné dans la pratique les thèses de “Que faire?” en
1917. Mais l’immaturité de la lutte de classes à l’échelle mondiale, et en particulier l’absence de
révolution en Europe, entraîne la défaite de la révolution russe. Les bolcheviques se retrouvent
au pouvoir avec la tâche d’ “administrer la Russie” (Lénine), de remplir les tâches de la
révolution bourgeoise qui n’a pu avoir lieu, c’est-à-dire en fait d’assurer le développement de
l’économie russe, ce développement ne pouvant être que capitaliste. La mise au pas de la classe
ouvrière – et des oppositions dans le parti – devient un objectif essentiel. Lénine, qui n’avait
pas rejeté “Que faire ?” explicitement en 1917, reprend aussitôt les conceptions “léninistes”
qui seules permettent l’encadrement nécessaire – des ouvriers. Les centralistes-démocrates,
l’opposition ouvrière et le Groupe ouvrier sont écrasés pour avoir nié “le rôle dirigeant du parti”.
La théorie léniniste du parti est également imposée à l’Internationale. Après la mort de Lénine,
Zinoviev, Staline, et tant d’autres devaient la développer en insistant toujours davantage sur la
discipline de fer, l’unité de pensée et l’unité d’action : alors que le principe sur lequel reposait
l’Internationale stalinisée était le même que celui qui fondait les partis socialistes réformistes (le
parti séparé des travailleurs leur apportant la conscience d’eux-mêmes), quiconque refusait la
théorie lénino-stalinienne tombait dans “le marais opportuniste, social-démocrate, menchevik”.
De leur côté, les trotskystes s’accrochaient à la pensée de Lénine et récitaient “Que faire ?”
“La crise de l’humanité n’est autre que la crise de la direction”, disait Trotsky : il fallait donc
créer à tout prix une direction. Suprême idéalisme, l’histoire du monde était expliquée par la
crise de sa conscience.
En définitive, le stalinisme ne devait triompher que dans les pays où le développement du
capitalisme ne pouvait être assuré par la bourgeoisie, sans que les conditions soient réunies
pour que le mouvement ouvrier puisse le détruire. En Europe de l’Est, en Chine, à Cuba, s’est
formé un groupe dirigeant nouveau, composé de cadres du mouvement ouvrier bureaucratisé,
d’anciens spécialistes ou techniciens bourgeois, parfois de cadres de l’armée ou d’anciens
étudiants ralliés au nouvel ordre social comme en Chine. En dernière analyse, un tel processus
n’était possible qu’en raison de la faiblesse du mouvement ouvrier. En Chine, par exemple, la
couche sociale motrice de la révolution fut la paysannerie, incapable de se diriger elle-même,
elle ne pouvait qu’être dirigée par “le parti”. Avant la prise du pouvoir, ce groupe organisé
dans le parti dirige les masses et les régions libérées s’il y en a. Ensuite, il prend en main
l’ensemble la vie sociale du pays. Partout les thèses de Lénine ont été un puissant facteur
bureaucratique. Pour Lénine, la fonction de direction du mouvement ouvrier était une fonction
spécifique assurée par des “chefs” organisés séparément du mouvement et dont c’est là le seul
rôle. Dans la mesure où il préconisait un corps séparé de révolutionnaires professionnels guidant
les masses, le léninisme a servi de justification idéologique à la formation de directions séparées
des travailleurs. A ce stade, le léninisme, détourné de son contexte originel, n’est plus qu’une
technique d’encadrement des masses et une idéologie justifiant la bureaucratie et soutenant
le capitalisme : sa récupération était une nécessité historique pour le développement de ces
nouvelles formations sociales qui représentent elles-mêmes une nécessité historique pour le
développement du capital. Au fur et à mesure que le capitalisme s’étend et dominé la planète
entière, les conditions de possibilité de la révolution mûrissent. L’idéologie léniniste commence
à avoir fait son temps – dans tous les sens du mot.
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Il est impossible d’examiner le problème du parti sans le relier aux conditions historiques
dans lesquelles ce débat est né: dans tous les cas, bien que sous des formes différentes, le
développement de l’idéologie léniniste est dû à l’impossibilité de la révolution prolétarienne.
Si l’histoire a donné raison au kautskysme-léninisme, si ses adversaires n’ont jamais pu ni
s’organiser durablement ni même en présenter une critique cohérente, cela n’est pas dû au
hasard : le succès du kautskysme-léninisme est un produit de notre époque et les premières
attaques sérieuses pratiques contre lui marquent la fin de toute une période historique. Il
fallait pour ce faire que le mode de production capitaliste se développe largement à l’échelle
du monde entier. La révolution hongroise de 1956 a sonné le glas de toute une période de
contre-révolution, mais aussi de mûrissement révolutionnaire. Nul ne sait quand cette période
sera définitivement dépassée mais il est certain que la critique des thèses de Kautsky et de
Lénine, produits de cette époque, devient dès lors possible et nécessaire. C’est pourquoi nous
avons tenu à rééditer “Les trois sources du marxisme, l’Oeuvre historique de Marx”, pour
mieux faire connaître et comprendre ce que fut, ce qu’est encore, l’idéologie dominante de toute
une période. Loin de vouloir dissimuler les idées que nous condamnons et combattons, nous
voulons au contraire les diffuser largement, afin de montrer en même temps leur nécessité et
leur limite historiques.
Les conditions qui ont permis le développement et l’essor d’organisations de type social-
démocrate ou bolchevique sont aujourd’hui dépassées. L’idéologie léniniste quant à elle, outre son
utilisation par les bureaucrates au pouvoir, loin de servir dans les groupements révolutionnaires
qui s’en réclament à l’union du socialisme et du mouvement ouvrier, ne peut servir dès à présent
qu’à cimenter provisoirement l’union d’intellectuels médiocres et de travailleurs médiocrement
révolutionnaires.