Sainte-Agathe, 1967. Léo Robert est enseignant à l’école élémentaire du village. Sa carrière commence tout juste à bourgeonner que déjà sa passion insatiable pour l’éducation en français se ressent au sein de la petite communauté dans laquelle il œuvre. Et bientôt, quelques années plus tard, fort de son expérience en enseignement, il se lance avec détermination à la poursuite de la pérennité et du rayonnement de la francophonie. Le fruit de son labeur retentira pour des décennies et au-delà.
S’investir pour le mieux-être de sa communauté est de toute évidence une priorité pour Léo Robert. Entraineur de balle rapide, arbitre de hockey et membre de conseils d’administration, l’enseignant de formation est au service d’autrui depuis plus de 35 ans. Aujourd’hui, son influence dépasse largement les salles de classe, s’étendant à la communauté francophone dans son ensemble. Son discernement, son leadership et son engagement exemplaire sont unanimement reconnus, ce qui fait de lui une figure de proue de la communauté francophone du Manitoba.
Architecte du monde de l’éducation en français
Diplômé de la maitrise en éducation avec spécialisation en administration scolaire (2003) de l’Université de Saint-Boniface, Léo Robert incarne le dynamisme et la détermination dans le domaine de l’éducation francophone.
Ce bâtisseur franco-manitobain a œuvré à titre d’enseignant dans les écoles élémentaires Sainte‑Agathe et Précieux-Sang de 1967 à 1985, avant de se lancer officiellement dans l’administration scolaire.
Son intérêt accru envers l’éducation en français s’est traduit par un engagement dans la communauté éducative francophone, dont le regroupement national des directeurs généraux des commissions scolaires francophones en situation minoritaire, le comité divisionnaire de négociations représentant les directeurs et directrices de Saint-Boniface, le comité provincial des Sciences naturelles du Bureau de l’éducation française, de même que la Manitoba Teachers' Society.
Monsieur Robert est également l’un des membres fondateurs de l’Association des directeurs / directrices d’écoles franco-manitobaines, organisme dont il a été président de 1988 à 1991 et de 1994 à 1996.
De plus, quelques années après la création de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), il a été nommé directeur général de l’organisme, poste qu’il a occupé de 1997 à 2003.
L’année suivant son départ de la DSFM, la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) lui a décerné le prix Edgar-Gallant, mettant en lumière sa contribution exceptionnelle à titre d’administrateur et gestionnaire scolaire du développement de l’éducation en français.
Pour couronner le tout, il a aussi laissé sa marque à titre de président du Bureau des gouverneurs de l’USB, son passage ayant fortement influencé les travaux entourant le changement de statut du Collège universitaire de Saint-Boniface (CUSB), qui est officiellement devenu l’Université de Saint-Boniface le 1er septembre 2011.
Pour une communauté forte et résiliente
Homme de conviction, Léo Robert reconnait qu’il a un rôle à jouer non seulement dans l’éducation, mais aussi dans le développement et le renforcement de la communauté francophone du Manitoba au sens large.
En 1981, il est entré au conseil d’administration de la Société franco-manitobaine (SFM), et il en est devenu le président de 1982 à 1984. Durant ces deux années intenses de la crise linguistique du Manitoba français, il a été obligé de déménager à plusieurs reprises pour des raisons de sécurité, à la suite de menaces et de l’incendie criminel des bureaux de la SFM. Malgré cela, sous sa gouverne, la SFM a mené les négociations auprès des gouvernements provincial et fédéral en vue d’obtenir un amendement constitutionnel exigeant la traduction de toutes les lois et règlements du Manitoba dans les deux langues officielles du Canada.
Homme de foi, monsieur Robert est devenu président du comité diocésain de l’Organisation catholique canadienne et coordonnateur diocésain d’un projet de consultation auprès des laïcs concernant le rôle et l’implication des laïcs dans l’Église, réalisé par la Conférence des évêques catholiques du Canada. En 1993, il a été nommé coresponsable du programme Coéducation de la foi pour le diocèse de Saint-Boniface.
À l’automne 2003, il s’est vu décerner le prix Riel pour ses contributions notables à l’épanouissement de la communauté francophone du Manitoba.
En 2021, monsieur Robert a reçu l’Ordre du Canada, en reconnaissance de sa contribution à l’enseignement en français au Manitoba ainsi que pour son engagement sans compromis à préserver et à promouvoir la langue de Molière dans la province.
Visionnaire émérite au service de la communauté
Chef de file de la francophonie, Léo Robert demeure indéniablement un pilier de l’éducation et de la communauté francophone du Manitoba. Son parcours illustre non seulement son engagement passionné envers la langue et la culture françaises, mais aussi sa capacité à surmonter les obstacles avec résilience et détermination dans le but de façonner un héritage durable pour les générations d’expression française à venir.
Le 10 juin 2024, dans le cadre des célébrations de la collation des grades, l’USB lui a conféré le grade de docteur honoris causa, soulignant le dévouement exemplaire de cet homme à la promotion et à l’accessibilité de l’enseignement en français au Manitoba.