The Ballad of Suzanne Césaire

lundi 8 juillet 2024, 20h15

Salle Jean Epstein

20h15 22h15 (120 min)

Madeleine Hunt-Ehrlich
États-Unis / 2024 / 74 min / DCP / VOSTF

Avec Zita Hanrot, Motell Gyn Foster, Josué Gutierrez.

Poursuivant son attachement à exhumer des chapitres invisibilisés de l'histoire des femmes noires, Madeleine Hunt-Ehrlich s'empare de la figure de Suzanne Césaire, militante, écrivaine et intellectuelle méconnue. Restée dans l'ombre de son mari Aimé Césaire ou d'André Breton, elle fut cofondatrice de la fameuse revue Tropiques, dont elle a été une contributrice déterminante et la cheville ouvrière, elle qui fut aussi femme, noire et mère. Sur et autour d'un plateau de tournage d'un film qui lui est dédié, reconstituant les années 1940, les questions s'entrelacent, se répondent : positions mises en abyme qui sont questionnées dans les écrits de Suzanne Césaire, par Madeleine Hunt-Ehrlich et par l'actrice qui incarne l'actrice l'incarnant, Zita Hanrot : « Comment a-t-elle pu écrire ? se demande-t-elle, elle qui a eu six enfants et enseignait à plein temps. » Et, paradoxe, remarque-t-elle face caméra, « nous faisons un film sur une artiste qui ne voulait pas qu'on se souvienne d'elle ». Dans ce jeu de positions, de résonances entre époques, la cinéaste fait sien le caractère fragmentaire des écrits de Suzanne Césaire (seuls subsistent sa correspondance et les textes publiés dans le revue), dont des extraits dits, lus, émaillent le film. Un des enjeux est de redonner force et actualité à cette pensée située, le film formulant des questions dont il s'agit de s'emparer, aujourd'hui. Traversée des temps et des espaces que souligne le parti de se défaire des illusions de la reconstitution, le film est tourné dans un jardin tropical en Floride, lieu choisi comme point de rencontre de la diversité caribéenne (elle qui a écrit sur ces paysages) et de son caractère diasporique. Ce film magnifique s'offre autant comme un hommage que comme un envoi, afin de garder sa pensée vivante. — Nicolas Feodoroff