Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Le virus Ebola peut probablement se réveiller chez un survivant après des années

Dans une étude publiée par la revue « Nature », une résurgence de la maladie pourrait survenir chez des patients infectés lors d’une précédente épidémie.

Le Monde avec AFP

Publié le 16 septembre 2021 à 09h48, modifié le 16 septembre 2021 à 12h12

Temps de Lecture 3 min.

Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du « Monde Afrique » depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du Monde Afrique.

Vaccination contre le virus Ebola à l’hôpital de Nzérékoré, dans le sud de la Guinée, le 24 février 2021.

Le virus Ebola peut-il se réveiller chez un survivant d’une précédente épidémie et provoquer une résurgence de la maladie des années plus tard ? C’est ce que laisse penser l’examen du virus prélevé chez des malades cette année en Guinée.

« Nous montrons clairement que, même après près de cinq ans (…), de nouvelles épidémies pourraient provenir d’une transmission par des humains infectés lors d’une précédente épidémie », met en avant une étude publiée mercredi 15 septembre dans la revue Nature.

Les auteurs font cette hypothèse à partir de l’analyse de virus prélevés chez douze patients infectés lors de la dernière épidémie en date, cette année en Guinée. Celle-ci, qui s’est achevée en juin, a fait six morts, un chiffre peu élevé au regard de cette maladie relativement peu contagieuse mais particulièrement mortelle pour les personnes infectées.

Par contraste, une épidémie avait été bien plus meurtrière quelques années plus tôt. La pire de l’histoire du virus, elle avait tué plus de 11 000 personnes entre 2013 et 2016 en Guinée et dans les pays voisins.

Une autre souche ?

Or, en cinq ans, le virus a très peu changé. C’est la conclusion obtenue par les chercheurs de trois laboratoires – deux en Guinée et un au Sénégal – qui ont séquencé les virus à l’origine de l’épidémie de 2021, une opération qui consiste à en dresser un portrait détaillé via leur génome.

Et c’est une surprise : on s’attendrait à ce que le virus ait beaucoup plus muté au fil des ans. Pour le comprendre, il faut revenir sur la manière dont apparaissent les épidémies de cette maladie. Le virus circule parmi certaines espèces de chauve-souris, qui le transmettent à d’autres animaux comme les grands singes. Ces derniers, à leur tour, contaminent les êtres humains.

Les épidémiologistes considèrent majoritairement que c’est comme cela que naissent systématiquement les épidémies de maladie à virus Ebola. Mais l’étude publiée mercredi remet en cause cette vision.

Si l’épidémie de 2021 avait été provoquée par une transmission de l’animal à l’être humain, le virus aurait en effet probablement un visage bien différent par rapport aux cas de 2013-2016. Il proviendrait dans ce cas d’une autre souche qui, au fil des contaminations entre animaux puis vers l’être humain, aurait sûrement développé des mutations différentes.

Suivez-nous sur WhatsApp
Restez informés
Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne du « Monde Afrique »
Rejoindre

Les auteurs de l’étude avancent donc que le virus était resté présent dans l’organisme de patients infectés des années plus tôt. Il serait redevenu actif, déclenchant ainsi une nouvelle épidémie.

L’hypothèse d’un virus dormant

Tout n’est pas nouveau dans cette hypothèse. On savait déjà que le virus peut demeurer dans l’organisme. Ce qui apparaît inattendu, c’est qu’il puisse provoquer une nouvelle maladie aussi longtemps après l’infection d’origine. « C’est un nouveau paradigme, la possibilité d’avoir une transmission à partir d’un individu infecté pendant une épidémie précédente pouvant être le point de départ d’une nouvelle flambée », souligne auprès de l’AFP Alpha Keita, l’un des principaux auteurs.

Il n’y a pas de preuve absolue que ce soit le cas, mais les données publiées mercredi penchent fortement dans cette direction. Et cette lecture est partagée par plusieurs chercheurs qui n’ont pas participé à l’étude.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés En République démocratique du Congo, le virus Ebola réapparaît

Ce sont « des résultats impressionnants et importants », juge Trudie Lang, spécialiste de la santé mondiale à l’université d’Oxford, sollicitée par l’AFP via le Science Media Center britannique. « Cette nouvelle épidémie semble bien avoir été une réapparition de la précédente et non un nouvel événement », appuie-t-elle. Mais il reste désormais « de nombreuses incertitudes, souligne-t-elle. Qu’est-ce qui fait que l’infection dormante va se transformer en infection à part entière et comment gérer ces cas ? »

De fait, avec l’hypothèse d’un virus dormant chez certains survivants, la donne change en matière de santé publique. Il faudra certainement assurer un suivi plus étroit de ces anciens patients. C’est pourquoi ces données provoquent une crainte chez les auteurs de l’étude comme d’autres chercheurs : que les survivants soient désormais stigmatisés comme des individus dangereux.

« Il sera important de ne pas encore alourdir le fardeau des survivants en leur faisant comprendre qu’ils peuvent éventuellement déclencher de nouvelles épidémies », prévient l’immunologue américain Robert Garry, dans un commentaire publié parallèlement par la revue Nature.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.