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Inondations en Libye : trois questions sur le risque de propagation de maladies

Si la présence de morts n’est pas un facteur de risque de propagation de maladies en soi, le manque d’hygiène et l’eau contaminée à la suite des inondations en Libye peuvent provoquer « une deuxième crise dévastatrice », alerte l’ONU.

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Publié le 18 septembre 2023 à 18h01, modifié le 18 septembre 2023 à 19h30

Temps de Lecture 3 min.

Des volontaires désinfectent le sol d’un hôpital à Derna après les inondations en Libye, 18 septembre 2023.

Les inondations survenues en Libye dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 septembre ont causé la mort de milliers de personnes − le bilan restait, lundi 18 septembre, incertain. Mais après les destructions causées par les flots, un autre risque apparaît, celui d’une « deuxième crise dévastatrice dans la région », estime l’Organisation des Nations unies (ONU) : la propagation de maladies.

Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Croix-Rouge rappellent que « les cadavres des catastrophes naturelles et des conflits ne présentent généralement pas de risque pour la santé ». Mais dans le cas libyen, ce risque est réel au point de constituer le second enjeu de l’aide humanitaire, après la recherche et le sauvetage de personnes rescapées.

D’où provient le risque de propagation de maladies ?

« Ce n’est pas le cadavre mais l’eau » qui constitue un risque sanitaire, répond Claire Nicolet, responsable adjointe des urgences de Médecins sans frontières (MSF). « La croyance selon laquelle les cadavres provoqueraient des épidémies n’est étayée par aucune preuve. Nous voyons trop de cas où les médias et même certains professionnels de la santé se trompent sur cette question », complète Pierre Guyomarc’h, chef de l’unité médico-légale du Comité international de la Croix-Rouge, dans le communiqué conjoint de l’OMS et de la Croix-Rouge.

En réalité, c’est la consommation d’eau viciée, voire son simple contact avec la peau, qui peut entraîner des diarrhées et des maladies comme l’hépatite A, la leptospirose ou la fièvre typhoïde, selon une liste établie par l’OMS en 2005, « car les corps peuvent laisser échapper des excréments et contaminer les sources d’eau », précisent les deux organisations. Claire Nicolet relate que la dizaine d’humanitaires de MSF présents en Libye a déjà fait état de quarante-quatre cas de diarrhées. Ces infections « peuvent être mortelles pour les enfants de moins de cinq ans ». Les maladies diarrhéiques ont causé la mort de 1,5 million de personnes en 2019, devant le diabète.

Lire la chronique : Article réservé à nos abonnés La longue histoire de Derna, ville martyre de Libye

Comment prévenir une potentielle épidémie ?

En Libye, le risque d’une épidémie est pris au sérieux par les acteurs humanitaires et le ministère de la santé libyen, assure Mme Nicolet : des échantillons d’eau sont prélevés et analysés, et des donations de bouteilles d’eau ont été réalisées. Ces mesures correspondent aux recommandations de l’OMS, qui estime que « le risque de flambée [épidémique] peut être réduit au maximum [s’il] est pleinement reconnu et que l’approvisionnement en eau propre est l’une des mesures prioritaires ».

Des contaminations ont tout de même été recensées. Samedi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU comptait cinquante-cinq enfants empoisonnés par l’eau potable. Al-Jazira rapporte que le « réseau d’eau de la ville est usé et n’a pas fait l’objet d’entretien ou de renouvellement depuis des années », comme les barrages de Derna.

Aussi, la question de l’eau à des fins d’hygiène est essentielle car une eau souillée peut aussi provoquer des maladies de peau. Pour prévenir le risque, il est nécessaire d’« avoir accès à des points d’eau pour sa toilette et faire ses besoins ». L’Organisation mondiale de la santé estime « vital de renforcer la surveillance et le contrôle des maladies infectieuses, en particulier pour les quelque 35 000 personnes déplacées par la crise ».

Le choléra, particulièrement mortel et dont la contagiosité est très élevée − on peut en mourir en quelques heures en cas d’absence de soins −, a déjà été détecté en Libye « il y a des années et pas en grand nombre », assure Claire Nicolet. A la suite du tremblement de terre en Haïti en 2010, 10 000 morts ont été attribués au choléra, estimait-on en 2016.

En l’état, les installations sanitaires libyennes sont-elles suffisantes ?

Faute de personnels et de matériel, des centres de santé libyens ont fermé. Humanitaires et Nations unies ont déjà confirmé leur intention de rétablir le fonctionnement de ces établissements. L’OMS estime que c’est « plus de la moitié des établissements de santé des zones touchées qui ne sont plus fonctionnels » et a communiqué avoir envoyé presque 60 tonnes de fournitures médicales pour pallier ces carences.

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Si l’offre de santé est défaillante, dans ce pays touché par un chaos politique après la mort de Mouammar Kadhafi, en 2011, la mobilisation importante de Libyens, y compris venus d’autres régions, est exceptionnelle pour Claire Nicolet. Par ailleurs, l’Unicef (le Fonds des Nations unies pour l’enfance) a fourni des trousses médicales d’urgence aux services de soins primaires, et d’autres agences onusiennes ont distribué des kits de secours de base, des bâches en plastique, du matériel de cuisine et de la nourriture à plusieurs milliers de familles.

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