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L’Ethiopie, espoir déçu de l’Occident en Afrique de l’Est

Miné par les conflits et loin de réaliser son plein potentiel économique, le pays est éclipsé par le Kenya, qui sert notamment de relais des intérêts américains en Afrique.

Publié le 17 juin 2024 à 12h30 Temps de Lecture 3 min.

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L’étiquette de « lion africain » lui a longtemps collé à la peau. L’Ethiopie était programmée pour devenir le futur géant économique du continent à la faveur d’un développement à la chinoise, fait d’industrialisation centralisée menée tambour battant sous l’impulsion d’un gouvernement autoritaire. Une décennie plus tard, le pays de 120 millions d’habitants – le deuxième le plus peuplé d’Afrique – a manqué ce décollage annoncé.

Les prévisions de croissance, qui s’écrivaient autrefois systématiquement à deux chiffres, laissant entrevoir une irrésistible ascension, font désormais pâle figure en comparaison (6,1 % en 2023, pour une croissance démographique de 2,5 % en 2022). Son modèle économique prometteur s’est progressivement dissous dans de violents conflits – la guerre du Tigré (2020-2022) – et des crises politiques sans fin. Au point de déclasser ce géant qu’est l’Ethiopie aux yeux des investisseurs étrangers et des partenaires occidentaux.

Ironie du sort, c’est lorsque Addis-Abeba se trouvait aux mains du régime marxiste-léniniste du premier ministre Meles Zenawi (1991-2012) que Washington en avait fait son partenaire incontournable dans la Corne de l’Afrique – en raison de son combat contre le terrorisme islamiste en Somalie. Malgré les espoirs suscités par l’arrivée au pouvoir, en 2018, d’Abiy Ahmed, chantre du libéralisme auréolé du prix Nobel de la paix, les alliés occidentaux ont délaissé un pays qui s’est fragmenté au moment de la guerre du Tigré.

Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés La croissance africaine encore bridée par sa démographie galopante

Cette guerre civile, l’une des plus violentes du XXIe siècle, a fait 600 000 morts, estime l’Union africaine, et a occasionné l’équivalent de 28 milliards de dollars (26,2 milliards d’euros) de dégâts. La suite n’est guère plus enviable ; deux guérillas nationalistes paralysent les principales régions (Oromia et Amhara), où les enlèvements deviennent monnaie courante.

« Luttes intestines »

Si les économistes lui prédisaient un développement similaire à celui du Rwanda, ils assistent désormais au délitement de l’Ethiopie. « En théorie, la démographie éthiopienne devait lui assurer un avenir industriel prospère, souligne Macharia Munene, professeur à l’université USIU-Africa, à Nairobi. Mais les luttes intestines, la rivalité avec le voisin érythréen et la déliquescence de l’administration ont gâché ce potentiel. »

Le Parti de la prospérité d’Abiy Ahmed n’y a rien changé. Son ambitieux programme de réformes libérales, censé mettre fin aux monopoles d’Etat de cet ancien régime dirigiste, n’a jamais vu le jour. « L’Etat est même plus présent qu’avant !, souligne Benedikt Kamski, chercheur à l’Institut Arnold Bergstraesser. L’idée selon laquelle l’Ethiopie avait un immense potentiel économique repose en partie sur un mythe, celui d’un vaste marché reposant sur une démographie galopante, mais le taux d’urbanisation reste bas et le pouvoir d’achat demeure très faible, et concentré dans la capitale. »

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