L'été attire l'attention sur les dangers de la poliomyélite (paralysie infantile ou maladie de Heine-Medin). C'est en effet la période des épidémies saisonnières, heureusement localisées la plupart du temps, mais qui doivent toujours être surveillées de très près.
Nous avons rappelé ici-même (1) les caractères cliniques : symptômes, évolution, complications de cette redoutable maladie. Il convient de revenir sur les travaux qui tendent a préciser les modalités de la contagion de la poliomyélite et dont nous n'avions indiqué que les grandes lignes. Aussi bien cette question a-t-elle fait l'objet d'une communication récente à l'Académie de médecine du docteur C. Levaditi, qui s'est spécialisé dans cette étude et qui, avec les auteurs américains et suédois, a grandement contribué à l'éclairer.
Les observations des cliniciens et des épidémiologistes en cette matière sont évidemment à la base de nos connaissances, mais elles prêtent à discussion. L'expérimentation a une valeur de contrôle cl de découverte inestimable, et nous possédons dans le singe un animal particulièrement réceptif à l'infection par le virus de la maladie de Heine-Medin et dont les réactions sont voisines de celles de l'homme.
Pendant longtemps on a considéré comme jouant le rôle essentiel dans la contagion de l'infection la transmission du germe par les voies aériennes supérieures. Les rhino-pharyngites, les angines fébriles ne sont pas rares pendant la période prodromique de la maladie. Il est d'autre part amplement démontré que des instillations nasales ou intratrachéales d'émulsions de moelle virulente provoquent, chez l'animal, la paralysie surtout aux membres supérieurs, avec les modifications classiques du liquide céphalo-rachidien.
On a retrouvé, en outre, la présence du virus dans les amygdales d'enfants atteints de poliomyélite; on a pu inoculer l'infection au singe par voie amygdalienne et on a constaté que l'amygdalectomie favorisait l'éclosion de la maladie quand elle était pratiquée sur des enfants porteurs des germes dans le nez et le rhino-pharynx.
L'élude de l'élimination du virus par l'organisme constitue en quelque sorte une contre-épreuve qui confirme les données précédentes. C'est ainsi que sur l'animal expérimentalement contaminé, et quelle que soit la voie d'inoculation, on retrouve le virus sur les muqueuses des voies aériennes supérieures et dans leurs sécrétions. De même, chez l'homme atteint de poliomyélite, on décèle dans 30 % des cas au moins la présence du virus dans les sécrétions du nez, de la gorge et de la trachée. Ce phénomène est constate avant même l'apparition des premiers symptômes et dans les formes larvées ou abortives. Il persiste longtemps après la fin de la période aiguë et jusqu'à deux ans. On conçoit donc que, le germe pénétrant dans l'organisme par la voie rhino-pharyngée et s'éliminant par cette même voie, les sécrétions nasales et pharyngées constituent un élément de contagion humaine capital de la poliomyélite.
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