Les résultats de la vaccination entreprise depuis avril 1954 sur deux millions d'écoliers des États-Unis avec le sérum antipoliomyélitique découvert par le docteur Jonas E. Salk, de l'université de Pittsburgh, ont été centralisés au centre de recherche d'Ann-Arbor et ont été officiellement rendus publics cet après-midi, au cours d'une conférence qu'à tenue à 16 h. 30 (heure française) le docteur Thomas Francis Jr., de la fondation nationale de la paralysie infantile de l'université du Michigan.
" Le vaccin du docteur Salk est sûr, efficace et puissant. Il a prévenu, dans 80 à 90 % des cas, la poliomyélite ", a déclaré le docteur Francis, qui a précisé que les " réactions graves " sont presque Inexistantes. La période d'immunisation parait être " raisonnablement bonne ". Trente-trois cas de poliomyélite ont été signalés parmi les enfants vaccinés. Il n'y a pas eu de cas mortel.
Le docteur Salk a ajouté qu'il était convaincu que son vaccin pouvait être efficace à presque 100 %.
Par centaines, savants, médecins et journalistes étaient arrivés dans la calme ville universitaire d'Ann-Arbor, précédant le docteur Salk, qu'accompagnent sa femme et ses trois enfants.
La conférence du docteur Thomas Francis Jr. a été radiodiffusée et télévisée et un résumé en a été distribué aux journalistes.
Cette communication, impatiemment attendue par l'opinion américaine, intervient au jour anniversaire de la mort du président Roosevelt. qui fut une des plus illustres victimes de la poliomyélite.
Certes, le secret a été jusqu'au bout bien gardé sur les résultats des essais du vaccin Salk, mais une telle manifestation n'aurait sans doute pas été organisée si elle n'avait pas du prendre la forme d'un bulletin de victoire.
Le journal Détroit Times, rapportant l'opinion d'un membre de la faculté de médecine de l'université du Michigan, annonçait déjà hier que le vaccin serait " efficace à plus de quatre-vingt-dix pour cent ",
Le docteur Salk, au cours d'une récente conférence de presse, a révélé le procédé de fabrication de son vaccin.
Le virus de la poliomyélite, prélevé sur des personnes atteintes de paralysie infantile, est mis en contact avec une préparation de reins de singe, sur lequel il se multiplie. Les reins de singe sont ensuite débarrassés de leur enveloppe, coupés en morceaux et broyés, puis soumis a un procédé spécial appelé " trypsinisation ", qui a pour effet d'éliminer toutes les substances indésirables afin de ne laisser que les cellules. Celles-ci sont immergées dans une solution de soixante-huit produits chimiques désignée par le chiffre " 199 ". Les cellules, nourries par ces produits chimiques, reçoivent alors une injection du virus de la polio. Celui-ci, trouvant un terrain fertile, se développe rapidement et gagne en virulence.
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