Depuis trente ans, et dans tous les pays du monde, le nombre des cas de poliomyélite augmente de façon inéluctable et régulière cependant que l'âge des sujets atteints s'élève et que les formes paralytiques graves de la maladie deviennent de plus en plus fréquentes.
Ce phénomène tient à la diminution de la mortalité infantile diminution de la mortalité infantile, et à l'amélioration des conditions d'hygiène : en effet, le jeune enfant est isolé du monde extérieur et protégé des infections inapparentes qui lui permettent d'acquérir une immunité solide contre la poliomyélite, par exemple, à l'âge où il est encore protégé par les anticorps de la mère.
À présent un nombre croissant d'individus, d'âge de plus en plus élevé, sont exposés à rencontrer un virus poliomyélitique au cours de l'adolescence ou de l'âge mûr, alors qu'ils n'ont aucune immunité protectrice de base. De plus, les chances que ce virus provienne d'un cas paralytique augmentent, ce qui explique l'inquiétante fréquence des formes nerveuses graves ou mortelles de la maladie (1).
Comme la médecine ne dispose d'aucun remède efficace contre cette affection, mais uniquement de procédés divers de rééducation, la " marée fatale de la poliomyélite ", selon l'expression du professeur Pierre Lépine, aurait dû se poursuivre inéluctablement si, depuis 1955, la vaccination n'avait permis d'opposer à ce flot montant une arme puissante, et de subsister à l'immunité naturelle, paradoxalement supprimée par les progrès de l'hygiène, une immunité artificielle dont l'efficacité s'est démontrée remarquable. Des résultats des vaccinations pratiquées dans l'armée sur les soldats du contingent avant leur départ en Algérie ont donné une protection de 97,5 % après la troisième injection, et de 100 % après l'injection de rappel.
Ces chiffres sont identiques dans tous les pays du monde, et ceux d'entre eux qui ont généralisé la vaccination contre la poliomyélite ont constaté la quasi-disparition de la maladie, même lorsqu'elle régnait auparavant à l'état endémique.
Il en est ainsi du Danemark, où l'on a observé 87 cas de poliomyélite seulement durant dix-huit mois, alors que ce pays était, de tous les pays d'Europe, celui qui avait la morbidité la plus élevée.
Si l'on sait qu'en temps d'épidémie on trouve dans l'entourage du sujet atteint 80 % de porteurs de virus poliomyélitique et 15 % dans le reste de la population sans contact direct avec le malade, on comprend mieux, d'une part, qu'il soit impossible d'établir par des mesures d'isolement ou d'hygiène une protection valable contre cette maladie redoutable, et d'autre part que le danger subsiste tant que la vaccination n'est pas absolument généralisée aux couches de la population les plus vulnérables, c'est-à-dire aux groupes d'âges situés entre un an et vingt-cinq ans.
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