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La bataille des crapauds

Arthur Koestler et les rivalités entre les savants.

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Publié le 19 juillet 1972 à 00h00, modifié le 04 juillet 2024 à 16h25

Temps de Lecture 4 min.

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ARTHUR KOESTLER était jeune étudiant de Vienne, à vingt et un ans, lorsque Paul Kammerer, un biologiste autrichien de l’Institut de biologie expérimentale de la ville, s’est donné la mort, à l’âge de quarante-six ans. Quelques mois auparavant, un zoologiste américain avait visité cet institut et découvert qu’un spécimen de crapaud, dont les caractéristiques physiologiques servaient de base aux thèses de Kammerer, avait été falsifié.

Koestler fut intrigué par la personnalité complexe de Paul Kammerer : un mondain aimant les femmes, un amateur de musique et un expérimentateur consciencieux. Kammerer défendit ses idées scientifiques toute sa vie ; il était partisan de la théorie de l’hérédité des caractères acquis de Lamarck et il refusait la théorie de l’évolution de Darwin. Cette histoire de manipulation de spécimen aussi était mystérieuse… Koestler a donc étudié le dossier et il en a tiré un livre : l’Étreinte du Crapaud*.

Patiemment, consciencieusement, l’auteur a réuni de nombreux documents, retracé la vie et l’œuvre de Kammerer, retrouvé les publications et les photographies scientifiques du biologiste viennois et de ses détracteurs, interrogé les survivants de cette période, pris l’avis de quelques grands biologistes contemporains.

Les salamandres et les alytes

Presque toutes les expériences de Kammerer visaient à démontrer qu’en faisant se reproduire des animaux dans un milieu différent de leur habitat naturel ils acquéraient des caractéristiques qu’ils transmettaient ensuite héréditairement à leurs descendants. Kammerer étudia d’abord divers animaux, dont les salamandres. Il dut finalement tous ses ennuis aux travaux qu’il fit sur les alytes, les crapauds accoucheurs.

Certains alytes s’accouplent sur la ter ferme, d’autres dans l’eau. Chez ces derniers, les mâles possèdent des rugosités aux doigts des pattes pour mieux agripper le corps glissant de la femelle. En revanche, les crapauds à accouplant sur la terre ferme n’en possèdent pas. En forçant des alytes s’accouplant normalement sur terrain sec à copuler dans l’eau, Kammerer parvint à obtenir, au bout de quelques générations, un petit nombre de survivants qui possédaient des rugosités aux pattes.

Ces résultats, certains biologistes anglais, de Cambridge, et notamment William Bateson, tenant des théories génétiques de Mendel, allaient les combattre vigoureusement. Jusqu’au jour où un Américain découvrit que les rugosités nuptiales d’un crapaud spécimen de Kammerer étaient remplies d’encre de Chine…

Pourtant, Koestler est parvenu à la conclusion, qu’il est difficile de ne pas partager après avoir lu son ouvrage, que Kammerer était un homme honnête et que le spécimen unique qui lui restait avait probablement été falsifié par un aide de laboratoire.

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