Les spécialistes s’accordent sur au moins un point : l’appellation « Young Timer » désigne des voitures fabriquées à partir des années 1980. Savoir où elle s’arrête est plus compliqué.
Pour Paul-Emile Coignet, spécialiste automobile de la maison de ventes Aguttes, il existe en fait deux classifications : « Légalement, une voiture doit avoir trente ans d’âge pour obtenir une carte grise de collection qui lui permet de rouler à peu près partout, en s’affranchissant des règles Crit’Air. Cela limiterait donc les Young Timer aux années 1980 et 1990, mais, pour les amateurs de voitures anciennes, une Young Timer peut dater des années 2000. » Quoi qu’il en soit, elles captent une nouvelle génération de collectionneurs, qui ont entre 40 et 60 ans, et sont en général peu intéressés par les véhicules plus anciens, devenus pièces de musées.
Lors de la vente Bonhams du 3 février, maintenue malgré le report du salon Rétromobile à la mi-mars, quelques bolides ont illustré par de belles enchères la bonne santé de ce marché : une Jaguar XJ220 de 1994, fabriquée à moins de 350 exemplaires, a atteint 335 000 euros, et la Bugatti EB110 de 1996, avec 10 000 kilomètres au compteur, 1 817 000 euros. « C’est un nouveau record du monde pour la Bugatti, et ces deux modèles cochaient toutes les cases, se félicite Paul Gaucher, spécialiste automobile au département Europe de la maison de ventes anglaise. Ce sont des modèles qui ont marqué leur époque et fait rêver de jeunes conducteurs qui peuvent aujourd’hui se les offrir. »
Un rêve qui peut être bien plus accessible si l’on s’intéresse à des voitures plus courantes de l’époque. Pour exemple, la collection de Richard Romagny, ancien pilote du Dakar, dispersée le 22 novembre 2021 par Artcurial. Elle a invité les amateurs à une véritable traversée dans l’histoire des voitures populaires : une Peugeot 205 GTI 1,6 l adjugée 26 000 euros, une BMW Z3 2,8 l coupé 32 000 euros ou une Citroën Dyane 6, vendue 16 000 euros…
Ferrari toujours mythique
« Ces voitures sont encore très nombreuses sur le marché, analyse Paul-Emile Coignet, la valeur se joue donc sur les détails, l’historique, le kilométrage, la couleur, la configuration, une éventuelle préparation mécanique particulière… Lorsqu’elles sont un peu particulières, la cote monte. » Il cite le cas des Peugeot 205 Turbo 16, modèles sportifs du début des années 1980. Il en existe une version, appelée « série 200 » fabriquée à 200 exemplaires seulement (nombre minimal pour qu’un constructeur puisse faire courir sa voiture en rallye). « Nous la vendions 150 000 euros avant 2018, elle est maintenant estimée à 250 000 euros, et la dernière présentée en vente a fait 412 000 euros. »
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