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Aux Philippines, la lutte contre la drogue vire au carnage

Le nouveau président, Rodrigo Duterte, mène une guerre sans merci contre les toxicomanes, autorisant même la police à liquider ceux qu’ils connaissent, sans autre forme de procès.

Par  (Manille, envoyé spécial)

Publié le 07 octobre 2016 à 06h42, modifié le 07 octobre 2016 à 15h42

Temps de Lecture 9 min.

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Mai Lisa Erasga, 48 ans, pleure la mort de son époux, Rufino Jumaqui, tué lors d’une opération de police qui visait revendeurs et consommateurs.

C’était un vendredi soir, le 23 septembre. Affalé sur la selle du side-car d’une amie marqué « Jesus », Sandrex Ampoan passait le temps. Il allait bientôt rentrer se coucher lorsque deux motos ont freiné devant lui. Sur chacune, deux individus ont tiré six balles de calibre 45 sur le toxicomane : trois dans la tête, deux dans le bras droit, une dans le torse.

A 31 ans, accro au « shabu », la méthamphétamine des quartiers pauvres d’Asie du Sud-Est, Sandrex essayait de se sevrer. Sans hésiter, il avait voté le 9 mai pour l’homme qui avait promis aux Philippines la sécurité en six mois. Son frère, Kennedy, porte encore le bracelet en caoutchouc « Duterte est notre homme ! » distribué par des militants en campagne.

Comme chaque soir à Manille, depuis que Rodrigo Duterte est devenu officiellement le quinzième président des Philippines – le 30 juin – s’ensuit la même scène tragique : des assassins casqués qui disparaissent dans la nuit de l’immense capitale, des parents qui s’effondrent, des voisins qui ne sont plus si étonnés.

Le grand nettoyage

La police scientifique fait quelques relevés et embarque un énième cadavre devant les photographes. La « guerre contre la drogue » promise par le nouvel élu fait en moyenne 47 morts par jour aux Philippines, dont une moitié dans la capitale.

Pour le président philippin, le grand nettoyage ne fait que commencer. Il est ­convaincu que beaucoup de drogués ne valent plus rien et représentent une menace pour leur quartier, au point qu’« il vaut mieux les tuer ».

Le 30 septembre, il ­disait qu’il serait « heureux » de s’inspirer de ce qu’Hitler a fait avec les juifs pour « massacrer » trois millions de toxicomanes et ainsi « régler le problème de mon pays et sauver la prochaine génération de la perdition ».

En ­matière de chiffres, le Dangerous Drugs Board, l’organe du gouvernement philippin chargé de la lutte antidrogue, estime à 1,8 million le nombre d’usagers de stupéfiants sur les 100 millions d’habitants que compte le pays.

Dès son installation au palais de Malacanang, à Manille, le président Duterte avait donné un blanc-seing aux tueurs : « Si vous connaissez des toxicos, allez-y et tuez-les vous-mêmes. » Il n’a de cesse de réitérer son « soutien à 100 % » aux officiers de police, leur assurant qu’il bloquera toute poursuite judiciaire. L’opération est baptisée « Double barillet ».

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