Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
ALEX WEBB / MAGNUM PHOTOS

« Maintenant », une sélection de tirages mis en vente par Magnum Photos

Par 
Publié le 17 octobre 2022 à 16h00, modifié le 22 octobre 2022 à 13h31

Temps de Lecture 11 min.

Dans le cadre d’un partenariat entre l’agence Magnum Photos et Le Monde, tous les tirages présentés ci-dessous (et bien d’autres) sont accessibles à la vente en cliquant sur ce lien

Étymologiquement, « maintenant » signifie « ce qui tient en main ». On se dit que cet adverbe semble avoir été trouvé pour la photographie ! Par une simple pression de l’index sur l’obturateur, la trace de quelque chose qui vient de se produire est préservée. Et face à ces photographies, un petit vertige vous saisit : ce que vous regardez continue à se produire sous vos yeux.

La grande force de la photographie consiste à pouvoir garder l’empreinte de cet instant qui aurait pu se dérober au regard si un photographe aux aguets ne s’était pas trouvé là, au bon moment. C’est le fameux « instant décisif » d’Henri Cartier-Bresson, devenu pour de nombreux photographes du réel, un credo et un projet de vision.

Les photographies que nous vous présentons, toutes issues des archives de la mythique agence Magnum Photos, célèbrent, à leur manière, ce culte de l’instant. Chacune d’elles semble nous chuchoter que « c’est maintenant que cela se passe ». Et quand bien même, en apparence, rien de très spectaculaire ne serait donné à voir, on devine que ce moment a quelque chose d’unique et de fragile. Sa justesse tient à un fil, au positionnement d’un passant dans l’encadrement d’une porte, à un rayon de soleil venu éclairer une scène, à l’expression d’un regard aussi furtif qu’un clignement d’œil…

Inde, février 2016.

Femme dans le puits à degrés de Chand Baori. Abhaneri, Inde. 2016.

« Les puits à degrés existent en Inde depuis des centaines d’années et ont permis le stockage d’eau pendant les saisons sèches, tout en offrant un endroit protégé de la chaleur où les gens pouvaient se retrouver. L’aspect pratique était renforcé par la belle architecture de nombreux puits anciens autour de l’Inde. »

- Steve McCurry

De la série « Tiksi ». République de Yakoutie, Sibérie. 2013.

« C’était une journée exceptionnellement chaude et ensoleillée en juin, mais la mer était encore couverte de glace. Tanya avait tressé ses cheveux et portait sa robe préférée. Elle a dit que, par une belle journée comme celle-ci, je devais prendre une photo d’elle dans cette robe car, très probablement, elle s’en serait lassée le lendemain. Un chien errant nous suivait pendant notre promenade, et Tanya aimait imaginer que ce chien était le sien ; elle avait toujours rêvé d’en avoir un. »

- Evgenia Arbugaeva

Marilyn Monroe sur le tournage du film « The Misfits », 1960.

« Ce qui m’intéressait particulièrement chez Marilyn, c’est que chaque fois que je la photographiais, elle était différente – pas seulement d’une séance à l’autre, mais aussi d’une image à l’autre. Son humeur et son attitude étaient différentes. On pouvait s’y attendre, car c’était une actrice, mais ce sont les nuances d’humeur et d’attitude qu’elle dégageait qui étaient impressionnantes. »

- Eve Arnold

Martin Luther King, Baltimore, 1964.

Martin Luther King à Baltimore, Maryland, en 1964.

« Il y a deux éléments importants pour moi dans la photographie : le temps et la vérité. Le temps est scellé, pour ainsi dire. Les photos ne peuvent pas être répétées. Elles sont fixées pour toujours dans un moment du temps. »

- Leonard Freed

Red Canary #1. 2007. Extrait de « An Incomplete Dictionary of Show Birds ».

« Tout a commencé par une idée très simple : je voulais photographier des perruches, en m’inspirant de la photographie de pigeons de concours. En entrant dans le monde des oiseaux de concours, j’ai découvert toute une gamme d’oiseaux merveilleusement colorés et intéressants, ainsi que le hobby de l’élevage d’oiseaux. Rapidement, j’ai été séduit et je suis devenu fasciné. »

- Luke Stephenson

David Beckham, à Londres, en juillet 1997.

« L’année 1997 était une année charnière pour David Beckham. Il est tombé amoureux et s’apprête à porter le célèbre maillot n° 7 de Manchester United, porté auparavant par les légendes du club George Best et Eric Cantona, et plus récemment par Cristiano Ronaldo. Le portrait parle de la personne – non surveillée, tranquillement confiante, fraîche et peut-être innocente, avant que sa vie ne devienne un bien public. »

- Peter Marlow

Les troupes américaines assaillent la plage d’Omaha Beach pendant le débarquement du jour J. Normandie, France, le 6 juin 1944.

« L’eau était froide, et la plage encore à plus de cent mètres. Les balles ont fait des trous dans l’eau autour de moi, et je me suis dirigé vers l’obstacle en acier le plus proche. Un soldat est arrivé au même moment, et pendant quelques minutes nous avons partagé sa couverture. Il a enlevé l’imperméabilisation de son fusil et a commencé à tirer sans trop viser sur la plage cachée par la fumée. Le bruit de son fusil lui a donné assez de courage pour avancer et il m’a laissé l’obstacle. Il était plus grand d’un pied maintenant, et je me sentais suffisamment en sécurité pour prendre des photos des autres gars qui se cachaient comme moi. »

- Robert Capa

Robert Capa en réunion à l’agence Magnum à Paris, 1947.

« Le bureau était installé dans un appartement… L’endroit ressemblait encore à un appartement aussi, avec une cuisine, une salle de bains et une chambre. Seule la grande pièce de devant avait un air vaguement officiel. Capa est finalement apparu en compagnie de son ami Len Spooner, rédacteur en chef du magazine Illustrated de Londres. Capa était beau et plein de vie, et il nous a tout de suite fait sentir que tout était sous contrôle, alors que jusque-là rien ne s’était passé. »

- Inge Morath

West Lakes Shore, Australie, 2007.

« C’était la nuit avant Noël et dans toute la maison, pas une créature ne bougeait, pas même une souris… »

- Trent Parke

Train funéraire de Robert Kennedy, Etats Unis, 1968.

« Le Train funéraire de Robert Kennedy par Paul Fusco reste pour moi un ouvrage de référence, un document incomparable sur les gestes de deuil public ; une incroyable collection d’images qui saisit un moment de changement culturel comme il n’en existe pratiquement pas d’autre. »

- Lesly Martin

Sur la route de Keem Strand. Ile d’Achill, comté de Mayo, Irlande, c. 1960.

« John Hinde a été une figure clé dans le développement de la photographie couleur comme carte postale. Une grande partie de son travail documente le boom des loisirs d’après-guerre en Grande-Bretagne et en Irlande en utilisant des couleurs très saturées pour dépeindre une belle scène. Hinde associait les couleurs vives au bonheur et pensait que ses photos devaient transmettre un sentiment positif et bon. Il créait des images pour l’homme de la rue, pas pour le critique de photographie. »

- Archives John Hinde

Villageois, au Bangladesh, en 1972.

« Cette image marque un autre exemple de comment j’ai gagné de confiance en moi : ma première mission à l’étranger. »

- Chris Steele-Perkins

Jupe de danseuse. Foire de Séville, Espagne. 1987.

« Je dois d’abord voir et trouver ce que je peux faire. Chaque fois que je faisais un voyage, je savais, bien sûr, en quoi consistait un reportage, et je gardais toujours cela à l’esprit. En d’autres termes, je n’ai jamais voyagé dans un pays pour ensuite revenir avec rien d’autre que des gros plans de structures murales. »

- Inge Morath

Sorrente, Italie. 2014.

« C’est ma plage préférée au monde pour photographier. Elle se trouve à Sorrente et est à l’ombre jusqu’à environ 16 heures, quand enfin un peu de soleil peut se faufiler. Elle est très petite et remplie de jeunes gens. La plupart de la journée, j’ai pris des photos en bas, puis je suis monté pour le déjeuner et j’ai pu regarder directement sur la plage avec un téléobjectif. Ici, au milieu, il y avait un jeune couple en pleine étreinte. »

- Martin Parr

Raul Cañibano. La Havane, Cuba. 2013.

« Cette photographie a été prise sur le Malecon – un boulevard face à la mer, long de huit kilomètres, qui s’étend sur tout le littoral de la capitale cubaine. C’est un endroit où les Cubains vont pour discuter, danser, chanter, lire et promener leurs chiens. Pendant de nombreuses années, il était très courant pour les habitants de La Havane d’utiliser le Malecon comme plongeoir pour sauter dans la mer. Cette activité était considérée comme dangereuse et a été interdite par le gouvernement après une épidémie de choléra en 2013. »

- Raul Cañibano

Bain enzymatique de cèdre, Spa Osmosis. Freestone, Californie, 2010

« Pendant une brève période de sa jeunesse, ma mère a été mannequin. Elle a été photographiée par Richard Avedon et Irving Penn, et a fait une fois la couverture du magazine Life. » Enfant, j’ai grandi en étant témoin de sa beauté : j’avais l’habitude de m’allonger sur son lit, avec les chiens, et de la regarder essayer des vêtements et se regarder d’un œil critique dans le miroir. En grandissant, je me suis rendu compte qu’il ne servait à rien de rivaliser avec elle, alors j’ai pris ma place, bien heureuse, de l’autre côté de l’appareil photo. »

- Sage Sohier

Sans titre. Maine, Etats-Unis. 2020. De la série « Bright Corners ».

« Je réalise des œuvres d’art sur la relation entre le fait de se cacher et de se produire. Ce projet, qui a débuté pendant le confinement, consiste à réinventer mon corps dans les coins les plus privés de ma maison. »

- Tom Butler

Schweitzer à la lampe. Lambaréné, Gabon. 1954

« L’année 1954 a marqué un tournant dans la carrière de W. Eugene Smith, qui a quitté le magazine Life après avoir été pendant dix ans l’un de ses meilleurs photojournalistes. Dans son dernier essai photographique, Smith a documenté le travail du prix Nobel de la paix, le Dr Albert Schweitzer, dans son camp de lépreux à Lambaréné, au Gabon. Smith l’a intégré pendant trois mois, mais a été frustré par le manque d’accès accordé par Schweitzer. »

- Kevin Eugene Smith

Sur le tournage du film « Serdcy Parmi », dans les monts Oural, en Russie, 2019.

« La neige : des années de colère qui suivent des heures qui flottent paresseusement – le blizzard fait dériver son poids de plus en plus profond pendant trois jours ou soixante ans, hein ? Puis le soleil ! Un fouillis de flocons jaunes et bleus – Des arbres à l’allure velue se détachent en longues allées sur une solitude sauvage. L’homme se retourne et là – sa trace solitaire s’étend sur le monde. »

- Blizzard, poème de William Carlos Williams, choisi par Nanna Heitmann

John Lewis, figure du mouvement américain des droits civiques, Mississippi (Etats-Unis), 1964.

« Il est né John Robert Lewis dans une maison en bois qui n’avait pas d’électricité à Troy, en Alabama. Son arrière-grand-père, libéré de l’esclavage, a été parmi les premiers à voter sous la Reconstruction. L’un de ses frères est né sourd. Sa mère l’appelle Robert. Enfant, il jouait et courait dans les champs que son père avait achetés, 160 acres, avec vingt cousins. Il aime la vie de son enfance. Quelque chose le rendait différent. »

- Danny Lyon

Un troupeau de moutons à Mardin (Turquie), 2021.

« Traverser des montagnes et des plateaux, 40 jours de route, 500 km à pied, a été pour moi un voyage inoubliable. Sur cette photo, une nuit de notre voyage, je suis face aux 9 000 moutons de la famille nomade. »

- Emin Ozmen

Ours assis. Près de Zarnești, Roumanie. 2013.

« Les ours étaient détenus dans des conditions cruelles dans de nombreux endroits de Roumanie, avant et même après la révolution. Les ours détenus dans les cirques ou comme animaux de compagnie dans des cages confinées, utilisés pour la danse de l’ours ou attachés devant les restaurants, étaient pour la plupart gravement sous-alimentés. Pour sauver ces animaux, un refuge spécial, le Libearty Bear Sanctuary, a été fondé dans les montagnes près de Zarnesti en 2005. De nos jours, plus de cent ours vivent dans les 69 hectares de forêt de chênes. »

- Tamas Dezsö

Extrait de la série « Midnight at the Crossroads », Rio de Janeiro (Brésil), 2016.

« On me demande souvent d’où viennent les idées. Je pense qu’elles viennent du même endroit que les monstres. Cet endroit où votre esprit oublie les lois de la physique et où la logique doit se plier aux besoins du moment pour donner un sens à tout cela. Les idées sont plus fortes en mode survie car le désespoir précède toujours l’inspiration. Aucune idée ne se manifesterait s’il n’y avait pas de conflit et de tension pour remettre en question le statu quo stagnant. »

- Cristina de Middel

Midi, 2016

« Julie Cockburn est connue pour ses interventions sur des photographes utilisant des techniques artisanales traditionnelles telles que la broderie à la main, la céramique et le collage. Elle considère la photographie comme un objet, par opposition à une simple image, et embrasse les teintes à la main, les bosses, les plis du papier et les rousseurs que l’on trouve sur les vieilles photographies analogiques qu’elle se procure sur les marchés en ligne. »

- Magnum Photos

Harlem, New York, juillet 2022.

Orna et Jacob le chat avant la naissance de Barak. A la maison, Ramat Hen, Israël. 1967.

« Tout était si calme et paisible, et Jacob le chat attendait avec nous… Il était minuit ; nous comptions les intervalles entre les contractions. 1967 a été une année dramatique dans ma vie : mon premier enfant est né, une guerre historique a éclaté, et j’ai fait équipe avec Cornell Capa pour couvrir la guerre. J’ai ensuite été invité à rejoindre l’agence Magnum. »

- Micha Bar-Am

MG Metro, Norton Folgate, EC2. Londres, Angleterre. 1987.

« J’imagine qu’une grande institution m’a chargé de travailler sur un projet permanent et bien rémunéré pour produire une série continue de photographies qui documentent les développements et transformations significatifs de Londres depuis la fin du XXe siècle jusqu’au moment où je ne pourrai plus tenir un appareil photo. »

- Chris Dorley-Brown

Africanis 12. Richmond, Cap Nord, Afrique du Sud. Avril 2009.

« Mes rencontres avec les animaux, et les photographies qui en résultent, reflètent l’émerveillement et la fascination mutuels que l’homme et l’animal semblent éprouver en se confrontant l’un à l’autre. La pose de chaque animal, ou “performance”, a dépassé toutes les idées préconçues que j’avais pu avoir, et en réalité ces rencontres étaient bien plus fascinantes que ce que l’on peut en dire. »

- Daniel Naudé

Janis Joplin sur scène au Newport Folk Festival, à Newport (Etats-Unis), 1968.

« Janis Joplin est l’un des rares artistes que j’ai pu connaître personnellement alors que je vivais et photographiais à New York en 1968. Je l’ai trouvée aimante, attentionnée et solitaire. Elle semblait éprouver de la douleur même lorsqu’elle prenait du plaisir. Le fait qu’elle ne puisse pas se défoncer dans la vie réelle comme elle le faisait dans ses spectacles l’attristait et la déprimait. »

- Elliott Landy

Un chasseur et ses chiens de traîneau à Tiniteqilaaq (Groenland), 2000.

« L’image de James sur son traîneau à chiens date de 2000, lorsque je vivais dans l’est du Groenland. J’essayais de devenir un chasseur et un pêcheur tout en prenant des photos de la vie que je partageais avec les gens qui vivaient là. James était mon ami lorsque je vivais à Tiniteqilaaq. Il m’a appris à repérer les phoques et à utiliser les outils d’un chasseur. Il m’a appris quand il fallait parler et quand il fallait se taire. Comment être présent. James était toujours plein de rires et d’attentions – une personne chaleureuse. »

- Jacob Aue Sobol

Vélès, Macédoine du Nord, 2019.

« Je me suis promené en voiture dans les rues fatiguées de Vélès. Des quartiers délabrés, des magasins vides et des usines abandonnées dominaient la ligne d’horizon. Comment cet endroit pouvait-il être aussi sans vie, pensais-je, rien ne pouvait être sauvé de cet endroit ; cette ville de malbouffe, cette ville de fausses nouvelles. »

- Jonas Bendiksen

Des enfants pointent des pistolets jouets en l’air à Gaza, en 1993.

« Alors que les accords d’Oslo étaient en cours de signature en 1993, je me suis rendu dans la bande de Gaza en pensant que j’allais documenter la naissance d’un nouveau pays. L’occupation, cependant, n’a fait que s’intensifier. Dans la rue, à Gaza, les choses évoluaient lentement. Le ramadan étant en cours, tout le monde jeûnait. À un moment donné, un groupe de garçons jouant aux soldats palestiniens/israéliens, comme mon frère et moi jouions aux cow-boys et aux Indiens, ont sorti des pistolets en plastique. L’image a remporté le prix World Press Photo de l’année 1994 et a contribué à prêter une plus grande attention à cette histoire. »

- Larry Towell

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.