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Mati Diop, réalisatrice de « Dahomey » : « L’annonce de la restitution des œuvres d’art à l’Afrique, c’était comme une gifle »

La cinéaste franco-sénégalaise, Ours d’or à Berlin pour son documentaire, raconte, dans un entretien au « Monde », la fabrique de cette œuvre hybride aux allures de fiction fantastique, fortement connectée aux enjeux postcoloniaux.

Propos recueillis par  et

Publié le 13 mars 2024 à 06h00

Temps de Lecture 8 min.

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Mati Diop reçoit l’Ours d’or à la Berlinale, à Berlin, le 24 février 2024.

Film documentaire aux allures de fiction fantastique, Dahomey, de la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop, 41 ans, a reçu l’Ours d’or à la Berlinale, le 24 février. Ce film d’une densité rare (1 h 07) est né d’un choc : celui qu’a ressenti Mati Diop lorsque le président de la République, Emmanuel Macron, en visite à Ouagadougou, le 28 novembre 2017, avait déclaré : « Le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. » Il avait poursuivi : « D’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. »

Dahomey, qui sera projeté en ouverture du Cinéma du réel, à Paris (du 22 au 31 mars), sortira en salle le 25 septembre. Le film suit le retour de vingt-six œuvres béninoises, du Musée du Quai-Branly, à Paris, jusqu’à leur arrivée à Cotonou, au Bénin, le 10 novembre 2021. Mati Diop, afro-descendante et nièce du cinéaste sénégalais Djibril Diop Mambéty (1945-1998), raconte la fabrique de cette œuvre hybride, dont l’esthétique est fortement connectée aux enjeux postcoloniaux de la « restitution ».

Comment l’idée de ce film est-elle née ?

L’idée est venue au lendemain du discours d’Emmanuel Macron, en 2017, le président français annonçant soudainement qu’il allait falloir rendre tout le patrimoine africain dans les cinq ans. L’annonce de la restitution des œuvres d’art à l’Afrique, c’était comme une espèce de gifle. La gifle, c’était me rendre compte que la question du patrimoine africain, accaparé par les musées européens, était restée, chez moi, un impensé. Ou du moins ce n’était pas la première problématique postcoloniale qui me venait à l’esprit. J’étais plus sensible à la question de la migration des jeunes Sénégalais, à laquelle j’ai consacré plusieurs films.

Malgré tout le travail de déconstruction que j’ai enclenché depuis 2008, avec mon court-métrage Atlantiques [2010], le moyen-métrage Mille soleils [2013], puis le premier long Atlantique [2019, Grand Prix au Festival de Cannes], questionnant les migrations, il y avait un énorme pan du problème que je n’avais pas appréhendé. Et pourtant, ce mot « restitution » caractérise précisément ma démarche de cinéaste depuis dix ans, en donnant, ou plutôt en rendant la parole aux migrants.

En 2018, après la parution du rapport de Felwine Sarr et de Bénédicte Savoy sur la restitution du patrimoine africain, le ministre de la culture du Sénégal, Abdou Latif Coulibaly, a réclamé le retour de 10 000 objets, et un seul a été restitué, en 2019 : le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall, conservé au Musée de l’armée, à Paris. En tant que Franco-Sénégalaise, avez-vous eu envie de vous plonger dans cette question ?

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