LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, entre une virée gastronomique en Auvergne et une tournée géopolitique du côté de Gibraltar, les femmes reviennent en première ligne. Les Françaises qui célèbrent cette année les 80 ans – seulement – de leur droit de vote. Celles qui crurent bon de partir travailler en Allemagne sous l’Occupation, et ne s’en remirent jamais… Et cette Américaine qui appelait ni plus ni moins à l’éradication de tous les hommes, donnant l’exemple en tentant de tuer Andy Warhol en 1968.
Les 80 ans du droit de vote des femmes en France
Le 21 avril 1944, la France devenait le 59e pays à accorder le droit de vote aux femmes. Avant le Liechtenstein (1984) et la Moldavie (1993), mais après la Nouvelle-Zélande (première, en 1893), l’Australie, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allemagne, la Birmanie, l’Azerbaïdjan… A l’occasion de ce 80e anniversaire, Citoyennes ! tente d’expliquer ce retard en revenant sur un siècle de combat féministe. Au-delà d’une réalisation des plus classiques et chronologiques, le film bénéficie de la mise en parallèle avec les luttes menées notamment en Suisse et au Royaume-Uni – les suffragettes, emmenées par Emmeline Pankhurst, avec rappel en images du film de Sarah Gavron, en 2015.
Le documentaire recèle par ailleurs quelques archives étonnantes, comme l’entretien de Louise Weiss expliquant pourquoi elle a refusé d’entrer au gouvernement de Léon Blum, ou l’extrait des Résultats du féminisme, réalisé en 1906 par la première femme cinéaste, Alice Guy, qui présente un monde « inversé », dans lequel un homme coud, un autre repasse, alors que les femmes discutent entre elles. Enfin, il permet de rencontrer trois femmes ayant voté pour la première fois en 1945 : Marie-José Chombart de Lauwe, résistante, Marie-Louise Guipponi, célibataire convaincue, et Simone Darré, qui interroge la journaliste : « Vous croyez que maintenant c’est mieux ? » Maintenant, c’est le taux d’abstention qui mobilise. On oublie que des femmes sont mortes pour obtenir ce droit synonyme de citoyenneté. C. Pa.
Citoyennes !, documentaire écrit et réalisé par Jean-Frédéric Thibault et Stéphanie Thomas (Fr., 2024, 52 min). A la demande sur Lcp.fr jusqu’au 31 mars 2027.
Le mortel féminisme de Valerie Solanas
Le 3 juin 1968, Valerie Solanas tire sur Andy Warhol. Qu’est-ce qui a poussé cette jeune femme aux cheveux courts, le visage fermé, le regard chargé d’intensité, à vouloir tuer le pape du pop art ? A la police, elle dit qu’elle est écrivaine, qu’elle n’habite nulle part et qu’elle ne regrette pas son geste. Son mobile ? Elle accuse Warhol de s’approprier son œuvre, après avoir refusé de produire sa pièce de théâtre Up Your Ass (« dans ton cul »), dont il ne lui aurait pas restitué le manuscrit. On découvre que Valerie Solanas a écrit un autre texte, sulfureux, qu’elle vendait à la criée dans les rues de Greenwich Village, à New York : « SCUM Manifesto » (de Society for Cutting Up Men, l’association pour « tailler les hommes en pièces »). Dans une langue pleine de rage (et de drôlerie), Solanas annonce un projet : elle appelle à éliminer les hommes. Tous.
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