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« Greffer la vie », sur Teva : l’espoir fou du don d’utérus

Trois femmes atteintes d’une affection congénitale caractérisée par l’absence d’utérus ont pu bénéficier d’une greffe leur permettant de porter un enfant. Plongée dans une aventure humaine.

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Publié le 19 juin 2024 à 18h00

Temps de Lecture 2 min.

Deborah, le professeur Jean-Marc Ayoubi, Anaïs et Océane, dans le documentaire « Greffer la vie », de Charlotte Ingignoli Lavocat et Clara Gilles.

TEVA – MERCREDI 19 JUIN À 22 H 45 – DOCUMENTAIRE

C’est l’histoire de trois femmes, Anaïs, Déborah, Océane. Rien ne les prédestinait à se rencontrer si ce n’est un profond désir de porter un enfant et d’en être empêchées. Comme une femme sur quatre mille cinq cents en France, elles sont nées sans utérus, atteintes du syndrome Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser. Leur appareil génital, leurs ovaires et leur cycle hormonal sont normaux, mais l’absence d’utérus est synonyme d’infertilité. Pionnières, elles ont intégré un protocole de recherche mené par l’équipe du professeur Jean-Marc Ayoubi, gynécologue obstétricien à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine). Le premier en France.

Pendant un an, Charlotte Ingignoli Lavocat et Clara Gilles ont suivi leur parcours. Déborah est la première femme à avoir bénéficié d’une greffe d’utérus, donné par sa mère en mars 2019. Après avoir accouché d’une petite Micha, née en 2021, elle est enceinte de son deuxième enfant. Anaïs, elle, va recevoir l’utérus d’Aurélie, sa sœur aînée. Océane, enfin, est au début du processus. L’objectif pour son couple est d’obtenir dix « bons » embryons. Sans ce préalable, le don d’utérus de sa mère, Gaétane, ne servirait à rien.

Chacune nomme avec ses mots l’absence de cet organe, une poche non vitale mais indispensable à la grossesse : la trahison de son corps pour Déborah, la colère pour Anaïs, le désarroi pour Océane. Toutes disent leur souffrance ; le deuil de porter un jour un enfant. Et puis l’espoir. Mais intégrer cet essai clinique, c’est aussi s’engager dans un parcours semé d’embûches. Elles y sont prêtes. Même s’il y a toujours le risque qu’il n’y ait pas de grossesse à l’issue de ce long processus.

« Emotion multipliée par dix »

Quelques doutes les traversent de temps à autre. « Parfois, je me dis que je ne peux pas demander ça [son utérus] à ma sœur à cause des risques de l’opération, dit Anaïs. Mais si la situation était inversée, je l’aurais fait aussi. » Les donneuses, elles, disent les choses simplement : « Ce que l’on fait, c’est leur permettre de donner la vie à leur tour. »

La caméra nous emmène dans la salle d’opération lorsque Anaïs va recevoir l’utérus d’Aurélie. On assiste aux embrassades. Puis l’utérus est prélevé, nettoyé, examiné et enfin transplanté dans le corps d’Anaïs. Des opérations longues et pas sans risques.

On est emporté dans l’aventure avec des histoires qui s’entremêlent. Comme quand Anaïs, qui espère tomber enceinte, croise Déborah, la première greffée en France, qui vient d’accoucher : « J’ai la chance de t’avoir, toi. Tu as été la première. Et ça a marché. » On partage sa joie au moment où Anaïs appelle sa sœur pour lui dire qu’elle va être « tata ». On est soulagé qu’Océane puisse recevoir l’utérus de sa mère. On est émerveillé par Micha et sa petite sœur, toutes deux nées par césarienne. « C’est toujours une émotion de voir le bébé qu’on a mis au monde, mais pour Micha, c’est une émotion multipliée par dix », témoigne le docteur Ayoubi.

Cette transplantation est temporaire : au bout de cinq ans et d’un ou deux enfants, l’utérus est retiré, évitant à la receveuse un traitement immunosuppresseur tout au long de sa vie. Déborah arrive donc à la fin d’une « aventure extraordinaire » : quatre ans après sa greffe, l’utérus donné par sa mère lui a été retiré. « Il faut faire le deuil de ne plus porter la vie et mener une vie de parents normaux », dit-elle.

Greffer la vie, documentaire de Charlotte Ingignoli Lavocat et Clara Gilles (Fr., 2024, 52 min). Teva.

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