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Boris Séméniako

Législatives 2024 : en matière de politique culturelle, les maires d’extrême droite et leur « vernis d’honorabilité »

Par  et
Publié le 28 juin 2024 à 05h00, modifié le 28 juin 2024 à 17h01

Temps de Lecture 7 min.

Ne pas faire de vagues et éviter toute décision qui pourrait être qualifiée de censure. A Perpignan ou à Fréjus (Var), les maires d’extrême droite ne veulent pas revivre le traumatisme des années 1990, quand quatre villes du Midi, Orange, Toulon, Vitrolles et Marignane, étaient gérées par le Front national (FN). « Des bibliothèques avaient été purgées et des associations liquidées, alors que les maires d’aujourd’hui veulent passer sous les radars », résume Vincent Guillon, codirecteur de l’Observatoire des politiques culturelles. Leur désir est de devenir respectables. Comme le Rassemblement national (RN) voulant diriger la France, en somme.

Les élus locaux du mouvement d’extrême droite n’ont pas renoncé à leur combat identitaire et à leur goût pour les traditions locales. Ainsi Hayange (Moselle) a créé une Fête du cochon, et Orange une Java du cochon. Mais on peut retrouver ces dadas dans des communes de tous bords politiques. Tout comme couper les subventions à un théâtre ou souffler un nom d’artiste à un directeur de musée est devenu un sport national, pas une spécialité RN.

Non, ce qui frappe, c’est la façon dont les maires d’extrême droite prennent des gants avec les salles de spectacle, musées, festivals qu’ils ont trouvés en arrivant. Jean Varela, directeur du Printemps des comédiens, à Montpellier, y voit un « vernis d’honorabilité ». Ça marche. Alors que, pendant des décennies, des artistes se sont déchirés autour du triptyque « boycotter, pactiser ou résister », le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf s’est produit, en septembre 2023, à Orange sans que cela ne provoque le moindre débat tout comme le rappeur congolais Gims dans les arènes de Fréjus.

La fièvre est juste remontée à Perpignan. En 2023, Les Déferlantes, le principal festival rock d’Occitanie, se trouvant à l’étroit à Céret (Pyrénées-Orientales), a voulu déménager dans la seule ville de plus de 100 000 habitants dirigée par un maire RN, Louis Aliot, premier vice-président de son parti et ancien compagnon de Marine Le Pen. « On ne viendra pas dans cette ville d’extrême droite », ont réagi les groupes Indochine puis Louise Attaque. Le festival a finalement opté pour Le Barcarès (Pyrénées-Orientales). « Indochine a foutu la merde, peste Louis Aliot. C’est de la censure. »

Jean-François Leroy, directeur depuis 1989 du festival international du photojournalisme Visa pour l’image, à Perpignan, dont le premier partenaire financier est la ville, résume le dilemme depuis l’élection de Louis Aliot, en 2020. « Je restais et j’étais un collabo ; je partais et j’étais un lâche. » Il est resté, dit-il, parce que la ville ne lui a pas retiré un euro et n’est jamais intervenue dans ses choix artistiques. Des photographes lui ont vertement reproché une neutralité l’obligeant à serrer la main du maire. « Il y en a d’autres qui me traitent de sale gauchiste, alors… »

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