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La mort de Pierre Rolinet : « Au Struthof, j’ai laissé une part de moi-même »

Le résistant et déporté était l’un des ultimes témoins des horreurs commises au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace. Il est décédé le 24 avril, à l’âge de 99 ans.

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Publié le 28 avril 2022 à 18h04

Temps de Lecture 3 min.

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Pierre Rolinet, au camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), le 12 septembre 2021.

Personne ne pourra oublier son sourire bienveillant et lumineux. Le sourire d’un homme allergique à la colère, « il faut savoir tenir son rang », disait-il simplement. Pierre Rolinet, résistant et déporté, l’un des ultimes témoins des horreurs commises au camp de concentration de Natzweiler, plus communément appelé le Struthof, s’est éteint dimanche 24 avril, à l’âge de 99 ans.

Le Franc-Comtois espérait fêter ses 100 ans, le 4 juin, entouré de sa famille et de ses amis, sur la place du petit village de Brognard, dans le Doubs. Après la guerre, le rescapé s’y était installé avec sa femme, Jacqueline, l’amour d’une vie, décédée en 2020. Toujours coiffé de sa casquette, il aimait s’y promener et répondre aux questions des plus jeunes, curieux d’en découvrir davantage sur lui, ce héros dont on parlait dans les journaux et à la télévision. Aujourd’hui, Brognard est en deuil.

Enfant du pays de Montbéliard, Pierre Rolinet naît le 4 juin 1922 au sein d’un foyer modeste. Henri, son père, est ouvrier paysan, sa mère, Suzanne, aide à la ferme. Tous deux rêvent d’un meilleur avenir pour leur fils aîné, qu’ils encouragent à entrer chez Peugeot, l’employeur-phare du territoire installé à Sochaux. Pierre y devient un salarié modèle, gravissant petit à petit les échelons. Embauché en tant qu’ajusteur, il terminera sa carrière comme dessinateur industriel. Quand il rapporte sa première paie à la maison, Henri pleure de joie, son fils de 15 ans gagne plus que lui.

Héritage spirituel

L’adolescent appliqué et sérieux est élevé dans le respect des valeurs chrétiennes. La région de Montbéliard est terre protestante depuis le XVIe siècle, Luther y est enseigné. Cet héritage spirituel dans lequel la rigueur morale fait loi forge le caractère de Pierre Rolinet. Toujours, il se lèvera contre l’abject. Son engagement contre le nazisme vient de là. Dès 1940, dans la ferme familiale d’Allenjoie, son village natal du Doubs, ses parents, révulsés par la collaboration et les mesures antijuives, écoutent Radio Londres. Pierre refuse de contribuer à l’effort de guerre ennemi en Allemagne. Réfractaire au service du travail obligatoire instauré en février 1943, il entre dans la clandestinité et se réfugie à l’Institut protestant de Glay, à trois kilomètres de la Suisse.

Membre de l’Organisation civile et militaire (OCM), le jeune homme, âgé de 21 ans, réceptionne les armes parachutées par l’Angleterre et aide des réfugiés à passer la frontière. Mais en novembre 1943, le réseau est dénoncé. Pierre Rolinet, alias Pierre Georges, est arrêté et condamné à mort. Accusé de transport d’armes et de détention de faux papiers, il doit être fusillé, mais l’Allemagne nazie réclame de la main-d’œuvre car les Soviétiques progressent sur le front de l’Est.

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