Encore une start-up française qui s’affirme à l’étranger. Après Blablacar, le spécialiste du covoiturage qui a repris son concurrent allemand Carpooling au mois d’avril, c’est au tour de Drivy de traverser le Rhin. Le numéro un français de la location de voitures entre particuliers a annoncé, jeudi 28 mai, le rachat d’Autonetzer, le numéro un allemand du secteur, créé à Stuttgart.
Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais l’entreprise n’a pas épuisé les 8 millions d’euros levés en avril lors d’une augmentation de son capital. Les fondateurs d’Autonetzer, lancée en 2011, rejoignent le conseil d’administration de l’entreprise française.
Dans un marché vieux d’à peine cinq ans, mais déjà en pleine consolidation, Drivy fait figure d’acteur de référence en Europe. Et ce, alors que la start-up n’est installée qu’en France et en Allemagne, les deux marchés aujourd’hui les plus importants du Vieux Continent. La PME, qui compte 45 salariés, dispose désormais de 600 000 membres sur les deux pays. Et pas moins de 38 000 véhicules particuliers sont offerts à la location sur cette place de marché en ligne. C’est deux fois plus que son premier concurrent français Ouicar.
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« Après la reprise de Buzzcar et de Livop en France, ainsi que notre augmentation de capital de 8 millions d’euros, nous accélérons en Allemagne, où nous avons établi notre premier bureau à l’automne 2014 », indique Paulin Dementhon, le fondateur de Drivy. Depuis un an et demi, la petite PME française discutait avec son homologue allemand. Tout s’est accéléré après l’augmentation de capital d’avril. De Berlin, Drivy va se déployer sur l’ensemble du monde germanophone (Autriche, Suisse). Ensuite, direction le Sud. « A l’été 2015, nous nous lancerons en Espagne, où le marché est en train de se développer. Nous marchons clairement sur les pas de Blablacar. »
L’entreprise française qui a popularisé le covoiturage longue distance est devenue le modèle à suivre pour toutes les start-up du secteur des transports. Après avoir racheté Carpooling, l’entreprise fondée par Frédéric Mazzella a mis la main sur deux autres PME en Hongrie et au Mexique. La plate-forme de mise en relation d’automobilistes et de passagers est aujourd’hui présente dans 19 pays dans le monde, dont la Russie, l’Inde ou la Turquie.
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A l’image de leurs grands frères comme Keolis (SNCF), Transdev et RATP Dev qui offrent leur savoir-faire dans le transport collectif à travers le monde, Blablacar et Drivy ne connaissent pas de frontières. Et derrière, d’autres jeunes pousses françaises veulent s’inspirer de ce parcours.
Lancées à partir de 2013 et installées dans les aéroports et les gares, Tripndrive, TravelerCar ou Carnomise, spécialisées dans la location de voitures entre particuliers, veulent prendre le large à moyen terme. Les spécialistes d’échange ou de réservation de places de parking comme OnePark, Zenpark ou Neopark rêvent de les imiter, de même que les PME présentes dans le covoiturage (Sharette, Wayz up, ID Vroom, etc.). Quant aux spécialistes des voitures de tourisme avec chauffeur, comme LeCab, ils font face à un concurrent américain de poids : l’omniprésent Uber. Avant de penser à l’étranger, il faut d’abord réussir en France…
« Blablacar, puis Drivy sont devenus les modèles à suivre pour les start-up françaises, confie François-Xavier Leduc, le président de Tripndrive. Tous les deux ont offert leurs services en France et ont d’abord conquis leur marché domestique. Une fois bien installés, ils ont levé beaucoup d’argent pour se projeter à l’étranger en procédant à des acquisitions et ainsi faciliter leur implantation. » Ce modèle, Tripndrive, qui sera présent d’ici à juin dans 23 aéroports et gares, entend le répliquer. D’ici à la fin 2015, début 2016, la start-up souhaite s’internationaliser.
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« Terreau spécifique »
Y a-t-il pour autant une spécificité française pour expliquer l’essor de ces jeunes pousses de l’économie du partage ? « La France est historiquement un des marchés les plus ouverts sur cette économie collaborative. Il y a ici un terreau spécifique pour cela. Le pays est tout de même le second marché mondial d’Airbnb ! », rappelle M. Leduc. « Quand on lance dans le pays une place de marché, il y a très rapidement des utilisateurs ! », confirme M. Dementhon.
« Ici, il y a énormément de bonnes idées qui naissent en ce moment, ça foisonne, assure Pierre Kosciusko-Morizet, cofondateur du fonds d’investissement ISAI, présent au capital de Blablacar et de Tripndrive. Les Français sont particulièrement créatifs, et une grande partie des bonnes idées récentes naissent chez nous. Dans ce type d’économie, il y a une prime au premier, et Blablacar a été premier dans pas mal de pays où il s’est implanté. »
De même, reprend M. Dementhon, « à Paris, il existe un écosystème très développé de places de marchés. Et la concurrence y est rude. Cela endurcit et permet d’aller plus vite qu’ailleurs et de se projeter plus rapidement vers l’étranger ». Et puis les ingénieurs sont à la fois très bien formés et nombreux, ce qui facilite les choses quand on doit développer des places de marchés très complexes.
Si certaines entreprises françaises arrivent à s’affirmer au niveau européen, les start-up étrangères viennent également profiter du marché français de la mobilité. Outre l’américain Uber (voitures avec chauffeur), le belge Djump (covoiturage de soirée), l’israélien Moovit, une application qui propose des trajets en transports en commun en temps réel, le britannique Easybus (navettes d’aéroport à bas coût) ou l’allemand Flixbus (autocars longue distance) entendent bien prospérer en France.
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