![Une borne Uber, à Canton, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine](https://img.lemde.fr/2015/10/30/0/0/5472/3648/664/0/75/0/4f7eeaa_11027-19v06bs.jpg)
C’est un choc de titans qui se joue à coups de milliards et se déroule au cœur de la deuxième économie mondiale. En Chine, la bataille qui fait rage entre services de voitures de transport avec chauffeur (VTC) a atteint une rare intensité. Le combat oppose le prétendant occidental, Uber, convaincu qu’il parviendra à s’imposer sur un marché de l’Internet chinois qui n’a jamais réussi à ses compatriotes de la Silicon Valley, de Facebook à Google en passant par eBay, tous sortis de piste, soit pour s’être mis le gouvernement à dos, soit pour n’avoir pas su s’acclimater aux spécificités des consommateurs. De l’autre côté du ring, un géant local, Didi Kuaidi, né de la fusion en février de sociétés concurrentes, Didi Dache (« tut tut héler un taxi ») et Kuaidi Dache (« héler un taxi en express ») qui proposent toutes deux des applications permettant aux clients d’enchérir pour convaincre les chauffeurs de taxi de venir à leur rencontre.
Rémunération et politesse
Didi et Kuaidi – car les deux applications continuent de coexister malgré la fusion – proposent également les services de chauffeurs privés et de particuliers amateurs à la manière d’Uber et d’UberPop. Sur ces segments, Didi Kuaidi domine le marché à plus de 80 %, tandis qu’il est seul en lice pour ce qui est des applications de réservation de taxi.
En mars, Qian Hongqiang, 48 ans, est venu grossir les rangs des nouveaux chauffeurs privés du service haut de gamme, Yihao (« numéro un »), proposé par Didi Kuaidi. M. Qian a acheté lui-même sa voiture, une 550 hybride de la marque Roewe, héritière de Rover après son rachat par le grand constructeur automobile étatique de Shanghaï. M. Qian porte des gants blancs, car « le service est primordial ». Si le client lui en laisse le temps, il sort pour lui ouvrir la portière et est toujours d’une politesse irréprochable. La courtoisie, M. Qian en a indéniablement le sens. Mais le mécanisme de rémunération de Didi Kuaidi pour ce service premium l’y incite également. Au bout de dix courses, la société lui reverse 120 yuans (soit 16 euros) et pour 20 trajets il se voit attribuer 27 euros. Mais qu’un seul de ces usagers, par son vote, fasse connaître son insatisfaction et ce décompte repart de zéro.
Le champion chinois est présent dans 360 villes, alors qu’Uber n’en a investi que 17
Yihao est directement inspiré d’UberBlack, le service haut de gamme de l’entreprise américaine. Mais sur le sol chinois, la firme de Travis Kalanick a encore beaucoup à faire. Le champion chinois mène la partie en étant présent dans 360 villes, alors qu’Uber de son côté ambitionne d’être présent dans seulement une centaine de villes dès 2016, contre dix-sept en Chine continentale aujourd’hui. Pour assumer cette ambition, la société californienne est parvenue, en septembre, à lever l’équivalent d’un peu plus d’un milliard d’euros auprès d’investisseurs chinois.
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