![Manifestation de chauffeurs Uber à Paris le 9 octobre 2015. AFP PHOTO / Alain Jocard](https://img.lemde.fr/2015/10/09/111/0/4323/2159/664/0/75/0/8baa0d9_5491076-01-06.jpg)
Ni cravate, ni costume. Mardi 26 janvier, jour de mobilisation nationale des taxis, les plates-formes type Uber, SnapCar et Allocab n’imposeront aucun dress code à leurs chauffeurs. SnapCar leur suggère même de rouler sans arborer leur vignette verte sur le pare-brise. « C’est pourtant obligatoire. Mais ça ne durera que vingt-quatre heures. Il faut faire preuve de la plus extrême prudence au cours de cette journée », juge Yves Weisselberger, cofondateur de cette plate-forme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC).
Pour se rendre à l’aéroport, le dirigeant suggère à ses clients d’emprunter… le RER. Chez Allocab, les clients seront invités à s’asseoir à l’avant du véhicule et non sur la banquette arrière. Un e-mail les a tous avertis de ce dispositif de sécurité censé éviter que, à ses seuls signes extérieurs, les taxis identifient leurs têtes de turc, les VTC.
Journée noire en perspective
Car tous les opérateurs du marché de transport de particulier se préparent à revivre des incidents et des violences analogues à ceux du 25 juin 2015. Pour dénoncer la concurrence déloyale d’Uber, la plate-forme américaine, les chauffeurs de taxis avaient alors bloqué plusieurs lieux parisiens, dont la Porte Maillot et les aéroports de Roissy et Orly, avant de vandaliser plusieurs VTC. Cette fois encore, les taxis promettent de monter des barrages dans Paris, toujours Porte Maillot et aux abords d’Orly et de Roissy, pour exiger un meilleur respect de la loi Thévenoud qui régit les VTC depuis fin 2014.
Bien qu’il maintienne la desserte des gares et des aérogares, Le Cab s’attend à une journée noire à Paris. « Environ 25 % de notre flotte habituelle ne circulera pas », estime Benjamin Cardoso, PDG de la plate-forme aux 2 000 chauffeurs. Le manque à gagner de la journée serait de l’ordre de 30 %.
Ce n’est pas la seule source d’inquiétude de la profession selon Yves Weisselberger. « Après la tenue de manifestations de taxis, les décisions gouvernementales ont toujours débouché sur un durcissement des conditions d’accès au statut de VTC », se désole le cofondateur de SnapCar.
Un arrêté attendu de pied ferme
Cette fois, pour sortir de la crise, les pouvoirs publics pourraient être tentés d’interdire cette activité aux chauffeurs dits « capacitaires Loti », nouvelle bête noire des taxis. Ces conducteurs de groupes de particuliers seraient de plus en plus nombreux à s’inscrire sur les plates-formes VTC. « Ils représentent entre 15 % et 30 % des chauffeurs VTC », reconnaît M. Weisselberger, par ailleurs président de la Fédération française des transports de personnes sur réservation.
L’organisme qui défend les intérêts des VTC attend surtout de pied ferme un arrêté promis pour fin 2015. Ce dernier doit définir les modalités de l’examen pour devenir chauffeur VTC en remplacement de la formation de deux-cents-cinquante heures en vigueur. Depuis, aucun nouveau VTC n’est entré dans le métier. A la grande satisfaction des chauffeurs de taxis, qui voudraient mécaniquement enrayer la croissance de ce marché. En 2015, SnapCar a multiplié par 2,5 son chiffre d’affaires. Celui du Cab a bondi de 50 %.
Il n’y a pas à modifier la loi, jurent cependant lundi 25 janvier dans un communiqué commun Thomas Thévenoud, député de Saone et Loire, rédacteur du texte qui régit les VTC, et Razzy Hammadi, député PS de Seine Saint-Denis, rapporteur de la loi adopté fin 2014. Ceux qui viennent de prendre connaissance du « rapport d’applicaiton de la loi Thévenoud » transmis par le Gouvernement à l’Assemblée Nationale estiment qu’il faut surtout renforcer les contrôles dans les gares et aéroports. À la veille de la grève des taxis, ils formulent ensemble un « appel au calme et à la responsabilité ».
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu