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Taxis : le crépuscule d’un monopole

Les taxis manifestent de nouveau ce mardi dans les rues de Paris pour dénoncer la concurrence des VTC et d’entreprises comme Uber.

Publié le 26 janvier 2016 à 11h02, modifié le 26 janvier 2016 à 15h15 Temps de Lecture 2 min.

La colère des taxis envahit à nouveau les rues de Paris. Elle monte à la veille de la publication de nouveaux décrets par le gouvernement, gêné dans cette affaire comme le capitaine Haddock avec son sparadrap. Pas étonnant. Depuis le XIXe siècle, les pouvoirs publics dansent d’un pied sur l’autre face à la question du « transport particulier de personne à titre onéreux ». Déjà en 1959, le rapport Rueff-Armand commandé par le général de Gaulle constatait que « la limitation réglementaire du nombre des taxis nuis[ait] à la satisfaction de la demande et entraîn[ait] la création de situations acquises ».

Tout est dit, mais peu a été fait. Jusqu’à la rupture de l’Internet mobile avec les smartphones, qui a ouvert une brèche dans l’équilibre d’un système qui ne donne pas satisfaction à grand monde, et notamment aux clients. A tel point qu’un publicitaire a inventé le néologisme « ubériser » pour définir une profession déstabilisée par l’arrivée de nouveaux acteurs venus du numérique, comme c’est le cas pour les taxis avec le débarquement massif de la société californienne Uber.

Il y a aujourd’hui quatre à cinq fois moins de taxis et de VTC par habitant à Paris qu’à Londres et à New York

Responsables de la sécurité sur la voie publique, les autorités ont toujours eu le souci de réglementer étroitement cette activité par l’octroi gratuit de licences. Avec un peu plus de 17 600 sur Paris, il y en a légèrement plus qu’en 1937 (14 000), alors que la population de la capitale a triplé et qu’elle accueille chaque année plus de 30 millions de touristes. Résultat, il y a aujourd’hui quatre à cinq fois moins de taxis et de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) par habitant à Paris qu’à Londres et à New York. Une pénurie qui entraîne une envolée du prix de revente des licences, rares et donc chères : plus de 200 000 euros la plaque.

Paupérisation

Cette réglementation a conduit à la domination écrasante d’une société privée. Créée en 1905 avec les premières automobiles, mythifiée par l’épisode glorieux des taxis de la Marne, la « Compagnie parisienne des automobiles de place », rebaptisée G7, a progressivement absorbé ses concurrents, et notamment les Taxis bleus dans les années 1990, pour détenir largement plus de la moitié du marché.

Cantonné aux grands hôtels et aux entreprises, le métier des VTC, où les chauffeurs n’ont pas besoin de licence mais pas le droit de prendre des clients sans réservation, a explosé quand le smartphone et le GPS ont permis de réserver une voiture encore plus facilement qu’avec la centrale G7.

Que faire ? La nouvelle concurrence promet l’élargissement du marché, comme cela s’est passé ailleurs, mais paupérise davantage les chauffeurs actuels, soit endettés, soit croulant sous les charges. Pas facile de contenter tout le monde. La solution passe par un mécanisme d’indemnisation et une réglementation protectrice qui ne bride ni l’innovation ni l’expansion de ce métier. Faute de mesure intelligente, les citadins continueront, comme aujourd’hui, de voter avec leur smartphone.

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