Les compagnies de transport avec chauffeur Uber et Lyft sont de nouveau au centre d’une bagarre politique dans une ville américaine. Cette fois à Austin, la capitale du Texas. Samedi 7 mai, les électeurs de cette ville de 915 000 habitants doivent se prononcer sur les conditions de recrutement des conducteurs et la signalisation de leurs véhicules. Un référendum qui se résume à la question : pour ou contre les empreintes digitales pour les chauffeurs de VTC.
Les deux compagnies, qui opèrent légalement dans la ville depuis 2004, contestent une ordonnance prise par le conseil municipal le 17 décembre 2015 à une majorité de neuf voix contre deux. Celle-ci impose aux chauffeurs de se soumettre aux contrôles d’empreintes digitales pratiqués par le FBI, au même titre que les employés des compagnies de taxis, pour éviter les fraudes à l’identité. Elle exige aussi que les véhicules soient identifiés par des emblèmes distinctifs.
Uber et Lyft estiment ces restrictions non justifiées, du fait qu’elles ont leurs propres méthodes de contrôle des chauffeurs. A la suite d’une pétition, ayant recueilli plus de 20.000 signatures, elles ont obtenu qu’une nouvelle ordonnance soit soumise aux électeurs. Le texte (dit « proposition 1 ») prend le contre-pied exact de la décision de la municipalité : il affirme que la ville d’Austin ne peut pas imposer d’enregistrement des empreintes digitales ou d’emblèmes sur les voitures.
Campagne à 8 millions de dollars
La campagne a été virulente. Uber et Lyft ont menacé de quitter la ville si elles n’obtenaient pas satisfaction. Leurs opposants ont porté plainte devant la justice fédérale et la Commission fédérale des communications (FCC) pour pratiques contraires à la loi sur la protection des usagers du téléphone. Uber a utilisé les numéros de ses abonnés pour leur envoyer des messages les enjoignant à voter « pour le maintien » de ses services. Lyft a offert 10 dollars de réduction à ceux qui voudraient profiter de ses véhicules pour aller déposer leur bulletin en utilisant la procédure de vote anticipé.
Uber et Lyft – par le truchement d’un comité d’action politique (Ridesharing Works for Austin) – ont consacré quelque 8 millions de dollars (7 millions d’euros) à fustiger ces « réglementations du XIXe siècle imposées à des technologies du XXIe », soit sept fois plus que l’élection la plus onéreuse de l’histoire de la ville (les municipales de 2014)… Elles ont recruté des personnalités locales et des patrons de café témoignant de leur joie de voir les consommateurs éméchés rentrer chez eux avec Uber plutôt qu’avec leur propre voiture. Point central de leur campagne : les collisions dues à l’abus d’alcool ont diminué depuis que les VTC circulent dans la ville.
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