Pour Facebook, l’année 2019 a débuté comme la précédente s’était terminée, avec de nouvelles révélations embarrassantes à propos de ses pratiques visant à glaner toujours plus de données sur les internautes. Ces polémiques à répétition n’en finissent pas d’écorner l’image de marque du réseau social, qui fêtait son 15e anniversaire, lundi 4 février. Elles déstabilisent, voire décrédibilisent, également son patron et fondateur, Mark Zuckerberg, mais aussi Sheryl Sandberg, l’emblématique bras droit de celui-ci.
Jusqu’à très récemment, pourtant, la directrice opérationnelle de Facebook avait été relativement épargnée par les critiques. Peut-être en raison de son parcours, qui, de Washington à Menlo Park (Californie), l’a élevée au rang d’icône, admirée par beaucoup pour sa réussite professionnelle, son combat pour la place des femmes dans l’entreprise et les épreuves personnelles qu’elle a dû surmonter, notamment la perte de son mari, victime d’une crise cardiaque en 2015.
Dans la Silicon Valley, « son nom est devenu un intitulé de poste », rappelait en 2013 Marc Andreessen, l’un des premiers investisseurs de la société. Mme Sandberg a fait émerger un nouveau modèle de gouvernance. Au lieu de recruter un patron externe, comme l’avait fait Google en 2001, les start-up de la région recherchent désormais « leur Sheryl », un numéro deux expérimenté auquel elles confient des prérogatives élargies pour épauler les fondateurs dans les tâches les plus complexes.
« A l’origine d’une partie des problèmes récents »
Chez Facebook, la responsable s’occupe « de tout ce que je ne veux pas faire », expliquait M. Zuckerberg dans un entretien au magazine The New Yorker, en 2012. A lui les produits et la technologie ; à elle la monétisation, les ressources humaines, les aspects juridiques et les affaires publiques. C’est Mme Sandberg qui a ainsi transformé le réseau social en redoutable machine publicitaire, que même les multiples scandales n’entravent pas. « Elle est l’artisane du succès commercial de Facebook, note Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research. Mais elle est aussi à l’origine d’une partie des problèmes récents. »
Née en 1969 à Washington, Sheryl Sandberg fait ses études à Harvard, comme son futur patron. Au sein de la Business School de la prestigieuse université de Boston (Massachusetts), elle attire l’attention de l’un de ses enseignants, l’économiste Larry Summers. Une fois diplômée, elle le suit à la Banque mondiale pour effectuer des travaux de recherche. Quelques années plus tard, elle le retrouve après un retour à Harvard pour décrocher un MBA et un passage au sein du cabinet McKinsey. A 27 ans à peine, elle devient la directrice de cabinet de M. Summers, nommé successivement secrétaire adjoint puis secrétaire au Trésor américain par le président Bill Clinton. L’expérience dure cinq ans, mais prend fin en 2000, après l’élection de George W. Bush à la Maison Blanche.
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