Dans la course à Wall Street, Lyft s’apprête à devancer Uber. Vendredi 1er mars, la plate-forme américaine de voitures avec chauffeur (VTC) s’est engagée dans la dernière ligne droite : elle a officiellement déposé son prospectus d’introduction en Bourse auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC). L’opération est attendue fin mars ou début avril.
Peu connu en dehors de ses frontières, Lyft est le deuxième acteur du marché aux Etats-Unis. Face à la puissance financière d’Uber, la société a plusieurs fois été considérée comme moribonde. Depuis deux ans, pourtant, elle fait mieux que résister. Profitant des déboires de son principal concurrent, elle grappille des parts de marché.
Selon la presse américaine, Lyft vise une valorisation boursière comprise entre 20 milliards et 25 milliards de dollars (entre 17,6 milliards et 22 milliards d’euros). Il était important de devancer Uber, qui prévoit de rejoindre Wall Street cette année. « Le premier à entrer en Bourse pourra plus facilement fixer sa valorisation », explique un professionnel du secteur. En se lançant après Uber, le groupe Lyft, beaucoup plus petit, aurait été dépendant de l’accueil réservé à son rival, l’obligeant potentiellement à s’introduire à un prix inférieur à ses ambitions.
L’introduction en Bourse (IPO) de Lyft devrait par ailleurs donner le coup d’envoi d’une année potentiellement record pour les start-up de la Silicon Valley (Californie). Pinterest, Slack et Postmates ont déjà entamé leurs démarches auprès de la SEC. Airbnb et Palantir seraient aussi prêts à franchir le pas.
Pertes colossales
Les performances financières de Lyft sont globalement sans surprise. Si son activité continue de croître à un rythme soutenu, ses pertes demeurent colossales. Depuis son lancement, en 2012, l’entreprise n’a jamais été rentable. Et sur les 5 milliards de dollars levés auprès des investisseurs, il ne lui restait plus, fin décembre 2018, que 518 millions. A cette aune, l’IPO doit permettre de renflouer les caisses.
Car l’affrontement féroce avec Uber coûte très cher. En se copiant mutuellement ces dernières années, les deux offres de VTC sont en effet devenues interchangeables pour les clients et les chauffeurs américains. La différence se fait donc principalement sur les prix des courses et sur les subventions et bonus accordés aux conducteurs. En conséquence, beaucoup de trajets s’effectuent à perte.
Afin de séduire les investisseurs, Lyft compte sur la forte croissance de son chiffre d’affaires, qui a doublé en 2018 pour atteindre 2,2 milliards de dollars
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