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Paul Seabright : « Toutes les facettes de l’humain »

L’économiste rappelle dans une tribune au « Monde » que l’intérêt de sa profession pour la vie sociale et affective des êtres humains n’est pas nouveau, même s’il a connu une éclipse au cours du XXe siècle.

Publié le 17 juillet 2020 à 14h45, modifié le 17 juillet 2020 à 18h28 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Les sciences économiques s’attaquent depuis longtemps à des sujets traditionnellement considérés comme « non économiques », s’attirant souvent la foudre d’autres disciplines – et parfois aussi de certains économistes − pour cette manifestation d’impérialisme méthodologique. Cette tendance à sortir des sujets traditionnels du chômage, de l’inflation et de la croissance a été popularisée par la publication en 2005 (en France, Folio, 2007) de Freakonomics, un livre de Steven Levitt et Stephen Dubner, vendu à plus de 4 millions d’exemplaires.

Le livre a fasciné ses lecteurs par son analyse des arbitrages économiques au cœur d’un éventail de sujets, du commerce de la drogue jusqu’à la lutte sumo en passant par le choix des prénoms pour les enfants. Il a révélé à beaucoup de lecteurs une nouvelle vision des sciences économiques très différente.

Son sous-titre − A Rogue Economist Explores the Hidden Side of Everything (« un économiste voyou explore la face cachée de tout ») − prétend cependant à plus d’audace que le livre n’en mérite. Steven Levitt est professeur à l’université de Chicago (pas si voyou que ça), dont l’un des professeurs les plus célèbres, Gary Becker (Prix Nobel 1992, encore moins voyou), a lancé cette vague bien plus tôt avec des travaux sur la criminalité, l’addiction, le mariage et la famille. Même Adam Smith, fondateur des sciences économiques modernes, avait écrit La Théorie des sentiments moraux en 1759, dix-sept ans avant La Richesse des nations. C’est un livre d’économie comportementale avant la lettre, et son auteur était professeur de philosophie morale – vraiment pas voyou du tout !

Si les sciences économiques s’intéressent à la vie sociale depuis leurs origines, elles ont négligé ces sujets pendant longtemps, surtout au XXe siècle. Les Etats nationaux avaient, il est vrai, œuvré pour créer des mesures de la production, de l’emploi, des prix – tout ce qui appartenait au domaine des transactions monétaires et rentrait dans le produit intérieur brut (PIB). Certes, les Etats récoltaient aussi des statistiques sur la criminalité, les mariages, les divorces – mais les agences chargées de la collecte de celles-ci étaient souvent différentes des agences qui s’occupaient de celles-là. Et les départements d’économie des universités, alors en pleine expansion, n’allaient pas disputer les territoires des sociologues et des psychologues : ils avaient assez de travail à faire « chez eux ».

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