« Ce sera un atout considérable pour faire face plus tôt et mieux aux futures menaces sanitaires », déclarait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 15 septembre 2021. Le lendemain, l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) voyait le jour et un pilier de l’« Europe de la santé », qui est apparue comme une nécessité dans le contexte de la pandémie de Covid-19, était posé. Opérationnelle depuis le début de l’année 2022, cette nouvelle agence, créée au sein de la Commission et dotée d’un budget de 6 milliards d’euros pour cinq ans, est déjà appelée à faire ses preuves, alors que la variole du singe se répand sur le Vieux Continent.
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Calquée sur le modèle de la Barda (Biomedical Advanced Research and Development Authority) américaine, dont l’efficacité face au Covid-19 avait été enviée par les Vingt-Sept, HERA doit anticiper les crises sanitaires et permettre d’agir au niveau européen pour s’en prémunir. Il s’agit de pérenniser les réflexes adoptés sur le tas pour affronter ensemble le coronavirus, effectuer des achats communs de vaccins et se les partager de manière équitable. Cet exercice de solidarité a fait la fierté de l’Union européenne (UE), en ayant permis de livrer 1,7 milliard de doses aux citoyens européens, non sans difficultés, en raison notamment de l’ampleur de la crise et de l’habitude des Etats membres à gérer la santé exclusivement à l’échelle nationale.
Depuis juin, HERA a donc conclu deux contrats pour acheter environ 160 000 doses du vaccin de troisième génération contre la variole du singe, nommé Jynneos, à la société danoise Bavarian Nordic, la seule à en fabriquer. Dans le cas des vaccins anti-Covid-19, si la Commission était chargée de négocier les contrats, la facture était réglée par les Vingt-Sept. Cette fois, l’exécutif européen a financé l’achat des doses grâce au budget communautaire, plus précisément par le biais du programme EU4Health, et en a fait don aux 26 pays européens (24 États membres, auxquels s’ajoutent l’Islande et la Norvège) qui en ont exprimé le souhait. Cette première « démontre la réponse rapide et collective que peut apporter une Union européenne de la santé », avait déclaré Stella Kyriakides, commissaire chargée de la santé, le 14 juin.
« Capacité de fabrication limitée »
Plus de 60 000 doses sont déjà parvenues à plusieurs Etats membres, à commencer par l’Espagne qui, en juin, était le pays le plus touché par l’épidémie. Le reste des 160 000 doses devraient être livrées au cours des jours et semaines à venir. Si HERA se targue d’un premier succès, ces chiffres peuvent sembler dérisoires pour protéger 450 millions d’Européens. « Il est important de comprendre les conditions de marché entourant cet achat », défend une source de la Commission. « Ce vaccin est le seul disponible sur le marché. Il est produit par une seule entreprise, avec une capacité de fabrication limitée et des obligations contractuelles préexistantes. »
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