Sauf report de dernière minute, une fusée Falcon 9 de SpaceX devait décoller, vendredi 16 décembre, de la base militaire de Vandenberg, en Californie, et mettre sur orbite le satellite franco-américain SWOT, contraction de Surface Water Ocean Topography. Conduite par la NASA et le Centre national d’études spatiales (CNES), cette mission permettra de sonder 90 % des eaux de surface de la Terre, d’observer en détail la surface des océans et de déterminer dans quelle mesure lacs, rivières, fleuves, réservoirs et océans changent avec le temps.
A l’importance stratégique de cette coopération s’ajoute une révolution technologique : conçu par Thales Alenia Space, SWOT est doté d’une motorisation lui permettant d’abandonner automatiquement sa position en se désorbitant. Il est ainsi le premier satellite capable d’assurer une rentrée contrôlée dans l’atmosphère en fin de vie, conformément à la loi sur les opérations spatiales (LOS) entrée définitivement en vigueur en 2020 et dont l’un des objectifs est de limiter le nombre de débris spatiaux.
Cette innovation est destinée à désencombrer l’orbite basse entre 300 et 1 200 kilomètres de la Terre, alors que 36 000 débris de plus de 10 centimètres sont recensés dans l’espace et que 30 000 satellites supplémentaires vont être lancés dans les prochaines années si les différentes constellations maintiennent leurs objectifs.
Quinze jours avant le départ de SWOT, mercredi 30 novembre au siège de la NASA, à Washington, le président français, Emmanuel Macron, et la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, s’étaient dits préoccupés par la gestion des débris, tout en réaffirmant leur volonté de coopérer dans le spatial. « L’espace est un nouveau lieu de conflictualité et il est très important que nous travaillions ensemble à établir de nouvelles règles d’usage », avait confié le premier à la seconde. En effet, même s’il existe un grand nombre de documents, la réglementation est souvent mal respectée.
« Il faut que l’Europe montre la voie »
L’une des idées avancées par Paris serait d’adopter, au niveau des instances internationales et aux Etats-Unis, une loi s’inspirant de la LOS mise en place progressivement depuis 2010. « Nous ne voulons pas que l’espace devienne un Far West. Avec cette loi, la France a pris une longueur d’avance en matière de régulation », apprécie Hervé Derrey, le PDG de Thales Alenia Space.
Eva Berneke, la directrice générale d’Eutelsat, l’opérateur français de satellites qui possède OneWeb, partage ce sentiment. « Toutes les constellations doivent se mettre autour d’une table pour discuter. Il faut que l’Europe montre la voie, comme elle l’a fait dans le numérique avec le règlement général sur la protection des données, le RGPD. »
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