« Le Covid a été un formidable accélérateur pour démontrer la puissance de l’ARN messager, mais nous ne sommes pas qu’une biotech du Covid », confiait au Monde Stéphane Bancel, le patron de Moderna, de passage à Paris en novembre 2022. Les résultats annoncés mardi 17 janvier par la biotech semblent en voie de le démontrer.
Le laboratoire pharmaceutique, installé dans la région de Boston, et l’un des pionniers dans le monde de l’ARN messager, a annoncé des résultats positifs pour son essai de phase 3 sur le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable, en particulier, de la bronchiolite chez les personnes âgées. Selon les données de cet essai, mené en double aveugle dans vingt-deux pays sur 37 000 personnes âgées de plus de 60 ans, le vaccin à ARN messager de la biotech a montré une efficacité de près de 84 % contre les infections des voies respiratoires inférieures provoquées par le virus.
« Nous avons clairement montré l’efficacité de notre plate-forme pour le Covid. Ces résultats sont une nouvelle preuve de l’utilité de l’ARN messager comme option thérapeutique pour les patients. Nous ne travaillons sur le VRS que depuis quelques années. Mais l’ARN messager nous permet d’aller plus vite, tout en procédant de manière prudente et réfléchie », observe Paul Burton, le directeur médical de Moderna.
Le virus respiratoire syncytial, qui se lie aux cellules tapissant les voies respiratoires et les tue, entraîne des inflammations à l’origine notamment de bronchiolites ou de pneumonies. Le vaccin élaboré par Moderna utilise l’ARN messager, encapsulé dans des nanoparticules lipidiques identiques à celles utilisées pour son vaccin contre le Covid-19, pour fabriquer la protéine qui va permettre au système immunitaire de déclencher une réponse face au virus, et donc de protéger le patient.
Grandes ambitions
Découvert au milieu des années 1950, le VRS est surtout connu pour les bronchiolites qui affectent chaque année des millions de nourrissons dans le monde. Mais il sévit aussi fortement chez les personnes âgées. « Rien que dans les pays du G7, on estime qu’environ cinq millions de personnes âgées de plus 60 ans sont touchées chaque année. Parmi elles, 500 000 sont hospitalisées à cause du virus et environ 30 000 en décèdent », note M. Burton. Malgré les recherches menées depuis plusieurs décennies, aucun vaccin n’est cependant commercialisé à ce jour.
Les progrès accomplis ces dernières années sont toutefois sur le point d’y remédier. Fort de ses résultats, Moderna projette de soumettre, « probablement au printemps », une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès des autorités sanitaires de plusieurs régions, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Sous réserve qu’elles jugent les données suffisamment solides et suffisantes, le vaccin contre la bronchiolite de la biotech américaine pourrait être disponible pour les personnes âgées au cours de la prochaine saison hivernale, « fin 2023 ou début 2024 », espère Paul Burton.
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