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Caudry, le 27 avril 2023. Devant l'usine Buitoni
AIMÉE THIRION POUR « LE MONDE »

A Caudry, dans le Nord, le double coup de massue de la fermeture de Buitoni puis de Tereos

Par  (Lille, correspondante)
Publié le 09 mai 2023 à 05h15, modifié le 09 mai 2023 à 09h51

Temps de Lecture 7 min.

Ils sont plus nombreux que d’habitude. Depuis le 30 mars, et l’annonce par Nestlé de la fermeture de l’usine Buitoni de Caudry (Nord), des salariés s’y retrouvent tous les jours. Sur les grilles, des croix en bois figurent un cimetière. Chacune porte un prénom, un matricule, ainsi que la date d’entrée à la Soc produits alimentaires Caudry et celle du jour où ils ont su qu’il n’y avait plus d’espoir. Ils viennent d’« apprendre que Nestlé a passé un accord pour indemniser les familles des enfants contaminés ». « Nous, on est crucifiés, accusés de faits pas avérés », enrage Fabrice Bourlet, qui a passé trente-trois ans à l’usine Buitoni de Caudry.

Le 18 mars 2022, les pizzas surgelées de la gamme Fraîch’Up de Buitoni, fabriquées sur place, sont retirées du marché. Deux enfants sont morts d’une contamination à la bactérie Escherichia coli ; cinquante-six autres souffrent d’un syndrome hémolytique et urémique, qui s’attaque aux reins. Le préfet décide la fermeture de l’usine incriminée.

« On a dit que c’était une porcherie, mais plus de 2 000 analyses ont été effectuées sur les lignes, et ils n’ont rien trouvé », assure Nathalie Cotteau, 54 ans, qui est entrée dans l’entreprise il y a vingt ans. « On n’y peut rien, on a toujours suivi les protocoles », insiste Ingrid Foulain. Avec Alexia Devigne, elles travaillaient toutes trois au conditionnement et ne se sont toujours pas remises d’être passées pour des empoisonneuses, insultées sur les réseaux sociaux. Et maintenant, la fermeture, « alors que l’on a été d’accord pour faire des samedis [et que l’on] croyait à la reprise », lance Mme Foulain.

L’annonce d’un arrêt « jusqu’à nouvel ordre » des deux chaînes sur les trois remises en route en décembre 2022, alors que l’enquête n’était toujours pas bouclée, n’avait pas rassuré Frédéric Bricout, le maire de Caudry. Il se doutait que, le 30 mars, Nestlé ferait tomber le couperet. « Ils ont tout fait pour que ça ferme », insiste l’édile dans sa mairie. Une plaque y vante « la générosité et la convivialité italiennes que l’on invite à sa table » et ces pizzas Buitoni « vendues toutes les deux secondes en France ». Il a prévu de la décrocher. Aujourd’hui, l’enjeu est de « trouver un repreneur sur le site ». Il ne se risque pas à avancer un nom, tout comme Raymond Yeddou, le sous-préfet de Cambrai, qui confirme que « des marques d’intérêt s’expriment », mais qu’« il est trop tôt pour en dire davantage ».

Devant l’usine de pizzas Buitoni, lors d’une mobilisation des salariés. Au centre, Stéphane Derammelaere, délégué syndical FO du site. A Caudry (Nord), le 27 avril 2023.

Buitoni n’est pas la seule entreprise à susciter l’inquiétude des élus locaux. Il y a notamment Escaudœuvres et l’immense site hérissé de silos du sucrier Tereos, à quinze kilomètres de l’usine Buitoni. Les salariés qui y campent font griller de la viande et ont sorti le Picon et le Coca pour l’apéritif. Le 19 mars, une course à pied, la « corrida du sucre », devait fêter les 150 ans de la sucrerie. « Le 8 mars, on a appris que Tereos la fermait », fulmine toujours Ludovic Pierrin, délégué CGT. Un coup de massue pour ses 123 salariés.

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