C’était il y a tout juste deux ans. Devant les industriels et les professionnels de santé réunis à l’Elysée, à l’occasion du Conseil stratégique des industries de santé, Emmanuel Macron dévoilait sa feuille de route pour « faire de la France la première nation innovante en santé en Europe à l’horizon 2030 ». Sous l’œil attentif des laboratoires pharmaceutiques, le chef de l’Etat promettait des mesures pour restaurer la compétitivité et l’attrait de la France. Saluant des engagements « à la hauteur des enjeux », l’organisation professionnelle des industriels du médicament, le LEEM, avait quitté la résidence présidentielle rassérénée par les annonces.
Depuis, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023, présenté à l’automne 2022 et voté en décembre, a fait voler en éclats les attentes des laboratoires. Dénonçant la logique « purement comptable » de l’Etat, qui « tourne le dos à l’innovation » et « sonne le glas des ambitions industrielles de la France », le LEEM avait lancé, dans la foulée, un vaste chantier pour en détailler les conséquences. Mardi 27 juin, l’organisation professionnelle a présenté les conclusions de ce « sismographe destiné à mesurer l’ampleur de la secousse ». « Les résultats de cette première édition placent la France comme un élève très moyen de l’Europe », résume l’organisation.
Dans le détail, cet Observatoire de l’accès aux médicaments et de l’attractivité en France, qui a vocation à être mis à jour tous les six mois, dresse un constat peu reluisant de la position de l’Hexagone vis-à-vis de ses voisins européens.
L’accès aux nouveaux traitements
D’abord, sur l’accès des patients aux nouveaux traitements. A la fin de 2022, 34 % des médicaments ayant reçu une autorisation de mise sur le marché de l’Agence européenne des médicaments, entre 2018 et 2021, n’étaient toujours pas disponibles pour les malades français, constate l’étude.
Si l’Espagne et l’Angleterre affichent des résultats comparables, cette proportion reste très éloignée des chiffres alignés par les bons élèves du classement, l’Allemagne (13 %) et l’Italie (19 %). Ces disparités s’expliquent par l’ampleur des délais administratifs observés en France. Car une fois le feu vert européen décroché, un médicament doit valider plusieurs étapes auprès des autorités réglementaires locales pour être commercialisé.
Or, si la Haute Autorité de santé (HAS) a fait des efforts pour réduire ses temps de procédure – le délai médian d’évaluation des dossiers a diminué de vingt-deux jours entre 2019 et 2022 –, dans le même temps, celui des négociations de prix et de parution au Journal officiel s’est allongé de quatre-vingt-seize jours, souligne le LEEM.
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