Progresser sans effort ni secousses, que l’on pédale sur la route ou sur un chemin de terre, assis comme dans un fauteuil… Cette expérience bluffante repose sur une série de détails. Les suspensions, à l’avant et à l’arrière, absorbent les soubresauts. La potence inclinable garantit une position idéale. La hauteur de la selle se règle par une commande au guidon, et le niveau de l’assistance électrique évolue en douceur.
Si cette description ressemble à celle d’un modèle automobile, c’est précisément parce que ce luxueux vélo a vocation à rivaliser avec une confortable berline, sans provoquer de pollution atmosphérique ni de bruit, et sans faire subir le stress des embouteillages. Le nouveau vélo de l’entreprise Moustache Bikes, appelé simplement « J », initiale de « jour nouveau », commercialisé le 6 septembre, se veut exceptionnel. Son prix aussi : entre 5 200 et 6 000 euros.
Certes, l’objet a été majoritairement produit en France, conformément à une demande récurrente de la clientèle. Le cadre, pièce moulée sans soudure, ne parcourt qu’un millier de kilomètres, au lieu de 15 000 pour les autres vélos produits par la marque, avant d’être assemblé avec divers composants dans l’usine de Moustache Bikes, à Thaon-les-Vosges (Vosges) ; 75 % des pièces du J sont produites en Europe, les moteurs Bosch et les pneus Schwalbe en Allemagne, les selles Royal en Italie.
« Rapatrier le moindre petit boulon »
Emmanuel Antonot et Greg Sand, les deux fondateurs de l’entreprise, souhaitent « sortir d’un fonctionnement aberrant », qui consiste à assembler, en Europe, des vélos à partir de pièces produites dans le monde entier, le plus souvent en Asie, comme cela se fait dans le secteur depuis plusieurs décennies. Les cadres des autres vélos Moustache sont d’ailleurs coulés chez des sous-traitants installés à Taïwan. Les conséquences sur le climat sont moindres, mais, en conséquence, « le vélo coûte au client 20 % plus cher que s’il avait été produit à Taïwan », reconnaît M. Antonot, dont l’entreprise s’est imposée comme une success story du vélo. Elle compte aujourd’hui deux cents employés et a produit soixante-deux mille bicyclettes électriques en 2022, pour un résultat de 130 millions d’euros, dont près de la moitié à l’export, notamment en Allemagne et en Suisse.
Produire local, c’est aussi le pari des industriels de l’ouest de la France. Entre octobre 2022 et juin 2023, vingt-sept entreprises du secteur ont conçu et assemblé un prototype de vélo tout-chemin à assistance électrique, doté d’une remorque. Le véhicule serait « idéal pour dépanner les cyclotouristes au bord de la Loire », imagine Emilie Le Draoulec, déléguée générale de Cycle Grand Ouest (CYGO), la structure créée pour porter le projet.
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