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Pour Marie, généraliste, et Richard, urgentiste, la téléconsultation permet d’échapper au statut de médecin traditionnel

Les deux professionnels, qui proposent leurs services à temps partiel, sont satisfaits du complément de salaire que propose la médecine à distance. Mais ils déplorent aussi une certaine dévalorisation de leur métier.

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Publié le 14 janvier 2024 à 13h00, modifié le 16 janvier 2024 à 09h47

Temps de Lecture 2 min.

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Médecin généraliste depuis dix ans, Marie (les prénoms ont été modifiés), 36 ans, n’a jamais eu envie d’ouvrir un cabinet. Elle assure des remplacements dans la région lyonnaise, et consacre quelques heures par semaine à la téléconsultation.

Salariée d’une plate-forme, elle y gagne entre 300 et 700 euros par mois. « C’est un complément de salaire », reconnaît-elle. Et Marie décide de ses horaires : « Je m’organise selon mes disponibilités : quand je fais un remplacement et qu’il n’y a pas grand monde en cabinet, ou que des patients n’honorent pas un rendez-vous, je me connecte à la plate-forme. Parfois aussi, j’assure quelques heures le soir en semaine ou le samedi matin depuis chez moi. »

De l’autre côté de l’Atlantique, Richard, 44 ans, est urgentiste salarié dans un hôpital situé dans une petite île des Antilles françaises, et dégage de « 800 euros à 1 000 euros » presque tous les mois en profitant également de moments creux : « J’ai des astreintes deux jours par mois au cours desquelles il ne se passe pas forcément grand-chose. J’en profite pour assurer quelques rendez-vous sur la plate-forme. »

Tous les deux connaissent les limites de l’exercice. « On dépanne des patients qui n’ont pas de médecin traitant ou qui ne veulent – ou ne peuvent – pas attendre un rendez-vous. Avec un bon interrogatoire, on peut faire un bon diagnostic, et c’est toujours mieux qu’une automédication, explique Marie. Mais, dans la plupart des cas, je dis au patient d’aller consulter si ça ne va pas mieux le lendemain, car l’examen clinique reste quand même prioritaire. »

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« Renouvellement de pilule, rhino-pharyngite… C’est de la médecine de base, renchérit Richard. Mais je me vois comme un premier recours : pour une otite, par exemple, je vais donner un antalgique pour soulager la douleur en attendant que le patient puisse aller voir son médecin»

Si Marie a adopté cette formule, c’est aussi pour la sécurité qu’offre la consultation à distance, car elle s’est parfois sentie menacée dans des cabinets par des patients à qui elle refusait un arrêt ou une prescription : « Derrière l’écran au moins, je ne redoute pas l’agression. » Un autre avantage, selon elle, réside dans le fait de ne pas trop s’investir vis-à-vis des patients : « Ne pas gérer mon propre cabinet allège ma charge mentale, je ne vois les patients qu’une seule fois, je n’ai pas à les suivre et leurs problèmes ne me poursuivent pas quand je suis en congés. »

Pour les deux professionnels, cette prise de distance vis-à-vis de l’exercice traditionnel résulte aussi d’un regard très sombre porté sur le statut de médecin en France. Richard a passé plus de dix ans à l’hôpital en métropole et dit avoir souffert de conditions de travail difficiles et d’un manque de reconnaissance financière. Marie juge aussi que « le médecin traitant n’est pas respecté » par les pouvoirs publics, qui, dit-elle, paient mal : « 26,50 euros la consultation, c’est une insulte à la fonction et à mes compétences. » Par les patients, aussi, qui « viennent parfois chez nous faire leurs courses de médicaments, comme ils iraient au supermarché ».

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