Est-ce le début du dégel ? Dans les allées de la quarante-deuxième conférence sur la santé, la grand-messe annuelle du secteur de la biotech organisée par la banque d’affaires J.P. Morgan, qui se tenait à San Francisco (Californie) début janvier, la question était sur toutes les lèvres. « C’est l’événement qui donne la température de l’année à venir. Tous les banquiers, investisseurs, Big Pharma et sociétés de biotechnologie s’y pressent. Autant dire qu’on l’attendait avec impatience », confie un participant français tout juste revenu des Etats-Unis.
Cette édition, dont la première journée a commencé par deux annonces importantes – le rachat de la biotech Ambrx par J & J pour 2 milliards de dollars (1,83 milliard d’euros), et celui de Harpoon Therapeutics par le laboratoire MSD pour 680 millions de dollars –, a justement fait grimper le thermomètre, qui, depuis la fin de 2021, ne cessait de s’enfoncer dans des températures polaires. De quoi réchauffer l’ambiance, même si les signes d’un rebond restent ténus. La traditionnelle moisson d’annonces d’acquisitions s’est finalement révélée modeste comparée à ses moments les plus fastes. Mais, après plus de deux années de disette, peu se risquent à faire la fine bouche.
De fait, 2023 s’est révélée particulièrement rude pour le secteur, qui a dû faire face à une baisse drastique des financements. « L’argent s’est fait rare partout. Ça a été une année d’enfer pour le secteur », résume Bernard Gilly, à la tête des sociétés GenSight Biologics et BrainEver, et cofondateur de la start-up iBionext. La faute, explique l’entrepreneur, à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt. « La particularité de la biotech, c’est qu’on travaille pendant des années sans aucun revenu. Il est donc vital de se refinancer régulièrement. Face à la frilosité des marchés, certaines sociétés ont opté pour un refinancement par la dette, mais à des taux démentiels, parfois entre 15 et 20 % », détaille-t-il.
« Secteur en apnée »
A la Bourse, la fuite des investisseurs a ainsi fait chuter les cours des sociétés, au point que certaines d’entre elles se sont retrouvées à des niveaux de valorisation inférieurs à leurs trésoreries. Quant à celles qui se sont introduites en Bourse malgré la conjoncture, le constat n’est guère plus glorieux. Aux Etats-Unis, à peine la moitié des 19 nouveaux arrivants sur le Nasdaq, l’indice de la Bourse de New York, dont le français Abivax, qui a levé à cette occasion plus de 220 millions d’euros, ont vu leur cours de Bourse progresser fin 2023.
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