C’est la boussole que tous – industriels pharmaceutiques, grossistes répartiteurs, professionnels de santé, patients – attendent avec une certaine impatience. Alors que, sur le terrain, les tensions et les ruptures d’approvisionnement de médicaments s’amplifient, le gouvernement tarde à dévoiler sa feuille de route pour lutter contre les pénuries.
La faute en partie à la valse des ministres de la santé. Le 20 juillet, l’ex-locataire de l’Avenue de Ségur, François Braun, devait en faire la présentation aux acteurs de la filière. Mais le remaniement ministériel, qui s’est soldé le jour même par son départ, a remisé l’annonce dans les cartons. Rebelote six mois plus tard. Le 19 décembre, la présentation prévue est une nouvelle fois annulée alors que le ministre en poste, Aurélien Rousseau, vient de présenter sa démission. Depuis, c’est le silence radio au ministère.
Un contretemps qui n’est pas sans poser quelques soucis, car « de nombreuses réponses pour prévenir ces pénuries nécessitent d’être mises en œuvre par la puissance publique. Tant que nous n’avons pas le pilotage global dans le cadre d’une feuille de route, il est difficile de faire avancer un certain nombre de parties de ce dossier », observe Thomas Borel, directeur scientifique au LEEM, l’organisation professionnelle des industriels pharmaceutiques. Le syndicat a fait dans ce cadre plusieurs propositions, dont notamment la mise en place d’une plate-forme qui permettrait à chaque maillon de la chaîne du médicament (laboratoires, grossistes, pharmaciens, médecins) de disposer des informations sur les stocks disponibles en temps réel.
Le chantier des pénuries n’est cependant pas complètement à l’arrêt. En 2023, plusieurs mesures ont été mises en place par le gouvernement. En juin, une liste de 450 médicaments considérés comme essentiels a été établie, dont 147 à ce jour, selon la direction générale des entreprises, ont été jugés « prioritaires à la relocalisation ».
« Situation chaotique »
Un plan hivernal, destiné à lutter contre les pénuries saisonnières, a par ailleurs été mis en place, sous l’égide de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Objectif : éviter les pénuries de la saison 2022-2023, où l’amoxicilline et le paracétamol avaient fortement manqué en raison d’un défaut d’anticipation des laboratoires. Avec des résultats encore timides.
Si le paracétamol ne pose plus de souci, les difficultés persistent sur de nombreux antibiotiques, dont l’amoxicilline pédiatrique. « Les tensions sont liées à une dérégulation du système de distribution. Il y a en effet les quantités nécessaires chez les industriels, mais en raison de la disette de l’année passée, certains ont adopté des comportements qui ont abouti à cette situation chaotique d’indisponibilité des produits pour les patients », explique Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ANSM.
Il vous reste 22.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.