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Pénuries de médicaments : une crise sans fin

En 2023, plus de 4 925 médicaments ont été signalés en risque de tension ou de rupture d’approvisionnement auprès de l’ANSM. Parmi eux, 40 % ont dû faire l’objet de mesures du gendarme sanitaire. Sur le terrain, pharmaciens, médecins et patients s’organisent comme ils peuvent.

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Publié le 27 janvier 2024 à 06h00, modifié le 27 janvier 2024 à 08h16

Temps de Lecture 5 min.

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« Non seulement ça ne s’améliore pas, à part sur quelques médicaments, mais, en plus, ça s’aggrave. » A la pharmacie de l’Hôtel de Ville, dans le centre d’Aurillac, Christophe Nouvel est intarissable lorsqu’il s’agit d’énumérer les médicaments qu’il peine à se procurer pour ses patients. Antibiotiques, traitements contre l’hypertension ou le cholestérol, antidiabétiques, antiépileptiques, traitements ophtalmiques… « C’est simple, lorsqu’un patient arrive avec une ordonnance pour une pathologie chronique, dans un cas sur deux, il nous manque un des produits prescrits. Et on ne parle pas ici de bobologie, mais de traitements indispensables voire vitaux pour les malades », constate-t-il, dépité.

Dans 90 % des cas, le pharmacien parvient heureusement à trouver une solution de rechange en fouillant ses étagères pour dénicher un autre médicament aux propriétés identiques ou en commandant le médicament de substitution auprès de son grossiste. « Le patient se retrouve alors avec un traitement où il devra peut-être prendre deux comprimés au lieu d’un. C’est un peu perturbant, mais c’est un moindre mal », détaille-t-il. Mais de plus en plus souvent, faute de trouver des équivalents disponibles, il est amené à décrocher son téléphone pour joindre les médecins afin de trouver d’autres options de traitement.

« Encore faut-il qu’ils nous répondent, car eux aussi sont débordés », soupire Cynthia Guichard, qui juge la situation « catastrophique » depuis deux ans. Comme la dizaine d’officines contactées, la pharmacienne, installée à Marseille, ne compte plus les heures passées chaque semaine à tenter de mettre la main sur un médicament manquant. « Chaque fois que je passe une commande, j’ai en retour environ 150 références que mes grossistes ne sont pas en mesure de me livrer », observe-t-elle.

Parmi les basiques en quasi rupture en ce moment dans ses rayons, l’Augmentin, un antibiotique associant de l’acide clavulanique et de l’amoxicilline, utilisé dans le traitement des infections bactériennes. « Si on arrive à avoir une boîte de temps en temps, c’est la fête », ironise-t-elle, avant de souligner : « Tout cela est délétère pour la santé publique. Et en plus, c’est coûteux pour la Sécurité sociale, car à chaque traitement d’une ordonnance, des honoraires de dispensation sont facturés. Lorsqu’un patient doit faire deux pharmacies au lieu d’une pour obtenir l’ensemble de ses médicaments, ces honoraires sont donc multipliés par deux. »

Courir d’un fournisseur à l’autre

Une autre solution adoptée en cas d’impasse consiste à faire appel aux pharmacies préparatoires, des officines autorisées à fabriquer elles-mêmes certains médicaments. Après avoir été appelées à la rescousse en novembre 2022 pour pallier l’absence d’amoxicilline, elles se sont notamment attelées cet hiver à la confection de la Flécaïne, un médicament couramment prescrit aux patients souffrant de troubles du rythme cardiaque, et dont les approvisionnements ont connu de très fortes perturbations ces derniers mois. Non sans un certain prix, le coût de ces préparations artisanales revenant parfois jusqu’à trois fois plus cher que le médicament fabriqué industriellement.

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