Dans l’histoire de la biotech française, Amolyt Pharma figurera sans nul doute en bonne place au panthéon des réussites tricolores. La société, installée à Ecully, dans la métropole lyonnaise, vient d’annoncer, jeudi 14 mars, son rachat par le laboratoire pharmaceutique britannique AstraZeneca pour un montant de 1,05 milliard de dollars (962 millions d’euros), une somme quasi inédite pour une biotech française.
« C’est une véritable fierté d’avoir pu développer la société en s’appuyant, entre autres, sur un important noyau d’investisseurs français. J’aimerais que cela montre qu’on peut créer une biotech en France », observe Thierry Abribat, fondateur et PDG d’Amolyt Pharma, qui avait déjà signé, en 2023, la plus grosse levée de fonds de l’année du secteur (130 millions d’euros) dans l’Hexagone, aux côtés notamment de grands noms français du capital-risque, tels que Sofinnova, Andera Partners, Kurma Partners ou encore InnoBio 2 (un fonds géré par Bpifrance).
L’entrepreneur rhônalpin, détenteur également d’un doctorat en neuroendocrinologie, n’en est pas à sa première réussite. En 2016, Alizé Pharma II, sa biotech spécialisée dans l’onco-hématologie, avait tapé dans l’œil du laboratoire américain Jazz Pharmaceuticals, qui avait alors signé son acquisition pour un montant estimé à l’époque à 18 millions d’euros. Un an plus tard, c’était au tour d’Alizé Pharma, sa première entreprise, d’être cédée à un autre laboratoire américain, Millendo Therapeutics.
Avec le rachat, jeudi 14 mars, d’Amolyt Pharma (ex-Alizé Pharma III), le Lyonnais, qui a aujourd’hui une cinquantaine de salariés, conclut sa trilogie en beauté. Fondée en 2014, la biotech s’est spécialisée, dès son lancement, dans le traitement des maladies rares endocriniennes, « un domaine où il y a encore beaucoup de besoins non comblés », explique Thierry Abribat, en acquérant sous licence l’énéboparatide, un peptide thérapeutique issu des travaux de recherche du Massachusetts General Hospital à Boston.
Opération historique
Sous la houlette d’Amolyt Pharma, ce traitement potentiel pour l’hypoparathyroïdie – une maladie orpheline qui se caractérise par un déficit dans la production de l’hormone parathyroïdienne, responsable de la régulation du calcium, et dont les symptômes invalidants affectent environ 107 000 personnes en Europe – est alors développé au stade clinique à partir de 2020.
C’est ce programme, qui, après des résultats de phase 2 prometteurs, et le lancement il y a quelques mois du recrutement pour une phase 3, a attiré l’attention du géant AstraZeneca. La Big Pharma britannique espère ainsi renforcer le portefeuille de médicaments dans « le métabolisme osseux » et « l’endocrinologie rare » de sa filiale Alexion, achetée il y a quatre ans pour 39 milliards de dollars. « En tant que leader dans le domaine des maladies rares, Alexion est particulièrement bien placé pour mener à bien le développement avancé et la commercialisation mondiale de l’énéboparatide », détaille Marc Dunoyer, son directeur général.
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