Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les pistes qui pourraient être empruntées pour « désmicardiser » la France

Les exonérations de cotisations et divers dispositifs de baisse du coût du travail déployés ces dernières décennies ont contribué au resserrement de l’échelle des salaires autour du smic, indexé sur l’inflation. Un phénomène qui alimente le sentiment de déclassement des Français, et que le gouvernement cherche à enrayer.

Par  et

Publié le 02 avril 2024 à 06h00, modifié le 02 avril 2024 à 12h05

Temps de Lecture 11 min.

Article réservé aux abonnés

« Désmicardiser la France » : le premier ministre, Gabriel Attal, en a fait l’un de ses slogans, qu’il évoque à chaque sortie médiatique. Jeudi 28 mars, le gouvernement a même instauré un Haut Conseil des rémunérations, chargé de réfléchir à des mesures pour y parvenir. La tâche sera ardue : le 1er janvier 2023, 17 % des salariés du privé étaient rémunérés au smic (1 766,92 euros brut, pour un temps plein, au 1er janvier 2024), un niveau historiquement élevé.

En 2021, ils n’étaient « que » 12 %. Ce phénomène s’explique avant tout par l’indexation du salaire minimum sur l’inflation : en trois ans, compte tenu de la hausse des prix de 12,4 % sur la période, il a progressé de près de 14,8 %, tandis que les autres salaires augmentaient moins vite (+ 10,9 % pour le salaire horaire de base des employés et ouvriers, selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, Dares), resserrant l’éventail des rémunérations.

Cette « smicardisation », qui alimente le sentiment de déclassement d’une partie des Français, leur désarroi face à la flambée des prix, a aussi des causes structurelles. « La principale raison pour laquelle les salaires n’augmentent pas, c’est quand même la faiblesse de la croissance », rappelle Michaël Zemmour, enseignant chercheur à l’université Lyon 2, laboratoire Triangle, et chercheur associé au Liepp. Cette panne des salaires est aussi le fruit des politiques publiques mises en œuvre ces dernières années : on pourrait les remettre en cause. » Revue de détail.

Mieux lisser les exonérations de cotisations

« On a un système qui fait qu’il n’y a plus beaucoup d’intérêt pour quiconque d’augmenter les salariés qui sont au smic. L’employeur, ça lui coûte très cher, le salarié au smic, il va à la fin gagner moins », a déclaré, en forçant un peu le trait, Gabriel Attal, mercredi 27 mars sur TF1.

Comment en est-on est arrivé là ? Depuis trente ans, les gouvernements de droite comme de gauche ont abaissé le coût du travail sur les catégories les plus modestes, afin de lutter contre le chômage et de soutenir la compétitivité des entreprises. Résultat : le smic est aujourd’hui quasiment exempt de cotisations. Au-delà, trois systèmes d’exonérations patronales s’empilent : l’« allègement Fillon », ou réduction drastique des cotisations sur les salaires compris entre 1 et 1,6 fois le smic, la baisse sur les cotisations maladie jusqu’à 2,5 smic, et celle sur les cotisations familiales, jusqu’à 3,5 smic. Au total, ces allègements représentent aujourd’hui 73,6 milliards d’euros, selon l’Urssaf.

Il vous reste 85.69% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.