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Cricket One, la start-up vietnamienne qui met du grillon dans les compléments alimentaires

L’entreprise propose une poudre de plus en plus prisée qui peut se substituer aux autres protéines d’origine animale ou végétale. En Europe, la France est le deuxième acheteur après la République tchèque.

Par  (Ho Chi Minh-Ville et province de Binh Phuoc (Vietnam), envoyé spécial)

Publié le 15 mai 2024 à 17h00

Temps de Lecture 6 min.

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L’usine de transformation agro-alimentaire de Cricket One, dans la commune de Loc Thinh, province de Binh Phuoc, au Vietnam. L’usine traite actuellement 150 tonnes de grillons par mois et produit environ 30 tonnes de poudre protéinée.

Chez Cricket One, Bicky Nguyen « tient la boutique » au centre de Ho Chi Minh-Ville, la mégalopole du sud du Vietnam : deux pièces vitrées et une dizaine d’employés chez un loueur de bureaux pour start-up. Son associé, Nam Dang, gère l’outil de production en pleine campagne, 100 kilomètres plus au nord, non loin de la frontière avec le Cambodge. Leur affaire ? Une start-up spécialisée dans la production de poudre de grillon, qu’elle propose comme complément protéiné pour un nombre croissant d’aliments en Europe comme aux Etats-Unis.

Pour ce faire, Cricket One a dû inventer des procédés uniques et se plier à d’innombrables tests, qui font aujourd’hui de sa « solution » une alternative aux autres protéines de source animale ou végétale à la fois saine, à haute valeur nutritionnelle et largement extensible. Un marché d’avenir, sur une planète en burn-out : la taille du marché global des insectes comestibles est estimée à 3,8 milliards de dollars en 2024 (3,5 milliards d’euros) et devrait atteindre 9,04 milliards de dollars d’ici à 2029, selon la société d’analyse Mordor Intelligence.

Le produit final de Cricket One est intégralement exporté, environ à parts égales, vers les Etats-Unis et l’Union européenne – où son premier acheteur est la République tchèque, suivie par… la France. Dans ces deux marchés, la poudre est à hauteur de 60 % intégrée à de l’alimentation humaine, et pour le reste aux aliments pour animaux domestiques. « Aux Etats-Unis et en Europe, les sociétés agroalimentaires diversifient leur offre, en ajoutant des compléments protéinés aux céréales du petit déjeuner, à des crêpes, aux substituts à la viande. C’est en vogue de manger moins en quantité, mais pour plus de nutrition », explique Bicky Nguyen, qui a étudié la gestion au Royaume-Uni. « Au Vietnam, cela fait peu de temps que les gens peuvent se permettre de manger de la viande. Ils ne cherchent pas d’alternative. Les sociétés d’agroalimentaire ne font pas de R&D dans ce domaine, cela renchérit trop les produits », poursuit-elle.

« Une production durable »

C’est un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de 2014 qui alerte les deux trentenaires sur les perspectives offertes par les insectes comestibles en matière de sécurité alimentaire : « Les grillons, estime le rapport, ont besoin de douze fois moins d’aliments que les bovins, et de moitié moins d’aliments que les porcs et les poulets pour produire la même quantité de protéines. »

Ils enquêtent sur son élevage : légal au Vietnam, il n’est pratiqué que dans quelques provinces. Son usage est beaucoup plus répandu en Thaïlande et au Cambodge, soit sous forme grillée et assaisonnée, soit pour la nourriture animale. Sur le marché international, le grillon le moins cher vient de Chine : les paysans tendent des filets après la pluie et revendent les insectes ainsi récoltés à des distributeurs. Mais le procédé ne permet aucune traçabilité ni contrôle de qualité, ce qui limite son application à la nourriture animale.

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