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Face aux prix bas, l’industrie du médicament générique sonne l’alarme

Selon la filière, la rentabilité des médicaments génériques a été négative en 2023, à hauteur de – 1,5 %.

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Publié le 24 mai 2024 à 10h36

Temps de Lecture 2 min.

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Dans une pharmacie, à Colomiers (Haute-Garonne), le 23 mars 2023.

« On veut l’indépendance sanitaire, l’indépendance industrielle, mais on n’est même pas foutus de garder Biogaran ! » Karine Pinon est en colère. Depuis plusieurs années, la présidente de l’Amlis, l’association regroupant les petits laboratoires qui produisent et commercialisent en France des médicaments matures et peu chers, ne cesse d’alerter les pouvoirs publics sur la dégradation de la situation financière des industriels du secteur, dont l’inflation a accéléré la chute.

Alors que les besoins en produits de santé s’accélèrent avec le vieillissement de la population, la filière peine à garder la tête hors de l’eau et appelle à réviser au plus vite le modèle économique du médicament, jugé défaillant. « Le système est à bout de souffle. Comment voulez-vous continuer à maintenir un arsenal thérapeutique décent pour les Français et réduire les pénuries alors que certains de nos médicaments, qui sont pourtant des traitements essentiels, sont vendus à perte ? », déplore-t-elle. Selon les estimations des laboratoires contactés, 15 % à 20 % des médicaments de leurs catalogues perdraient de l’argent.

La patronne de l’Amlis est loin d’être la seule à s’indigner. Au sein du Gemme, l’association représentant les professionnels du générique, Sébastien Trinquard, délégué général, fait le même constat et renchérit, chiffres à l’appui : « En 2021, la rentabilité du marché du générique était de 0,3 %. Elle était nulle en 2022, et négative à hauteur de – 1,5 % en 2023. » Et pourtant, souligne-t-il, les industriels du secteur sont des rouages essentiels à l’efficience du système de santé puisque ces médicaments hors brevet, vendus bien moins cher que leurs médicaments de référence, génèrent de substantielles économies – environ 2,5 milliards d’euros chaque année – pour la Sécurité sociale.

Vecteur de mécontentement

Dans la ligne de mire des professionnels : le prix des médicaments. « En moyenne, les prix français sur les génériques sont plus de 65 % inférieurs à ceux de nos voisins en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie. Le coût moyen d’un comprimé est de 16 centimes chez nous, quand il est de 27 centimes dans ces quatre pays européens », détaille M. Trinquard. De quoi décourager certains laboratoires. « N’importe quel pays est plus intéressant que la France. Même en Colombie ou au Zimbabwe, on m’achète mes médicaments plus cher », dit un fabricant désabusé.

Autre vecteur de leur mécontentement : la clause de sauvegarde. Cette contribution fiscale, spécifique au secteur pharmaceutique, et qui permet à l’Etat de contrôler les dépenses consacrées aux médicaments, a explosé ces dernières années sous l’effet de l’arrivée massive de traitements innovants très onéreux. Une situation jugée inique par les industriels du générique, qui supportent déjà chaque année des baisses de prix de leurs produits : « Cette clause sanctionne notre filière et grève notre profitabilité », insiste M. Trinquard, qui milite pour en exonérer les génériqueurs. Un casse-tête pour le gouvernement qui cherche par tous les moyens à faire des économies.

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