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« L’artichaut, ce légume charnu, est de moins en moins présent dans nos menus »

En moyenne, un ménage français ne consomme plus que 750 grammes par an de ce dérivé du chardon. Les producteurs bretons se battent pour faire revenir les consommateurs et pour une meilleure rémunération, explique Laurence Girard, journaliste économique au « Monde ».

Publié le 25 mai 2024 à 10h44 Temps de Lecture 2 min.

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« Peu me chaut l’artichaut ». Cette expression illustre bien la tendance en France. Ce légume charnu est de moins en moins présent dans nos menus. Seuls les plus âgés sont encore prêts à le cuisiner et le déguster. En moyenne, un ménage français n’en consomme d’ailleurs plus que 750 grammes par an. A comparer aux 8 kilogrammes boulottés par les Italiens, prêts à craquer pour un savoureux risotto aux cœurs d’artichaut.

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Les maraîchers bretons ne s’en font pas une raison. Unis sous la bannière légumière Prince de Bretagne, ils sont partis au front pour médiatiser leur production. L’artichaut fait du foin. Il est vrai que les images sont belles. Les têtes vertes bien faites se dressent sur un tapis de feuillage et les champs glissent doucement vers l’océan, plus précisément en baie de Morlaix.

Parfois, le ciel bleu de la carte postale vire à l’orage. Il y a un quasiment un an, des tonnes de têtes d’artichaut roulaient sur la chaussée devant les supermarchés. Rouges de colère, les agriculteurs dénonçaient les prix non rémunérateurs pour le légume vert. Un afflux de marchandise avait fait s’effondrer les cours. Quelle part de la production n’a pas trouvé preneur en 2023 ? « De 20 % à 30 % », répond Christian Bernard, producteur à Taulé (Finistère) et président de la section ­artichaut de Prince de Bretagne.

Un problème épineux

Le coup de sang est souvent lié au cours du marché au cadran. Actuellement, le prix du petit violet breton est de 50 à 60 centimes la tête, et pour son alter ego, le gros camus plus charnu, le colis de douze se négocie à 8 euros. Beau temps donc, pour l’instant, avec ce niveau de prix. La rémunération est au cœur du renouvellement des générations. Or, il y a urgence. « Nous avons produit 17 000 tonnes d’artichauts en 2023, contre 30 000 tonnes il y a dix ans et 50 000 tonnes il y a quinze ou vingt ans. Et le nombre de producteurs a été réduit de moitié », souligne M. Bernard. Sachant que la Bretagne, avec 2 600 hectares, est la première terre d’artichauts en France, devant les Pyrénées-Orientales, avec 500 hectares.

Même si les agriculteurs en activité se disent passionnés, ils reconnaissent d’emblée que cultiver ce dérivé du chardon est un problème épineux. En Bretagne, les drageons, nouvelles pousses de la plante, sont régulièrement arrachés et replantés à la main. Le rythme de renouvellement des cultures est de trois ans, mais personne ne peut prévoir, bon an mal an, le rendement. Pour réduire les à-coups de production et écouler les petits calibres, les producteurs bretons misaient sur la surgélation. Sauf que le seul site français, à Morlaix, a fermé en 2022. Prince de Bretagne a pris le projet à bras-le-corps et une unité de transformation devrait ouvrir dans les Côtes-d’Armor. Au rayon surgelés, l’artichaut vient souvent d’Egypte, deuxième producteur mondial, au coude-à-coude avec l’Italie. Il sera bientôt costarmoricain. Cœur d’artichaut surgelé chaud comme la Breizh !

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