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Entre la Chine et la Malaisie, la « diplomatie du durian »

La Malaisie est devenue une plaque tournante industrielle incontournable, et son premier partenaire commercial est, de loin, la Chine. Mais comme le Vietnam, la péninsule est aussi particulièrement courtisée par les industriels occidentaux pour… contourner la Chine, constate Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié le 20 juin 2024 à 12h15 Temps de Lecture 1 min.

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Dans une plantation de durians, à Batu Pahat (Malaisie), le 26 avril 2022.

Sa carapace le dispute à son odeur dans l’extravagance. Une coque brune hérissée de grosses pointes qui cache de grosses graines recouvertes d’une chair onctueuse et fruitée. Le durian, c’est le fruit roi en Asie du Sud-Est – si ce n’était son odeur, qui l’interdit dans les transports publics tant elle est insupportable : un mélange de vieille chaussette, de térébenthine, d’excrément de porc, voire de vomi, selon les variétés et la maturation.

Les Chinois en raffolent, mais il est cher car importé en quasi-totalité. A tel point qu’il est devenu un signe statutaire pour la classe moyenne, au même titre qu’un bon vin. Selon The Economist, la variété haut de gamme Musan King, cultivée en Malaisie, peut coûter jusqu’à 60 euros pièce.

Autant dire que quand le premier ministre chinois, Li Qiang, a atterri à Kuala Lumpur, en début de semaine, le gouvernement malais a sorti le tapis rouge et s’est empressé de signer avec Pékin un accord ouvrant la voie à l’exportation libre de durians frais vers l’empire du Milieu. Un tel accord avait déjà été signé avec les voisins thaïlandais, vietnamiens et indonésiens. Puis Li Qiang, après cet épisode de diplomatie du durian, s’est attaqué à d’autres plats plus classiques : achèvement d’une ­ligne de train qui pourrait ­conduire à la Chine, accord sur les technologies de production et sur l’économie numérique. Rien de plus naturel, la Malaisie est ­devenue une plaque tournante industrielle incontournable et son premier partenaire commercial est de loin la Chine.

Grande gagnante

Comme le Vietnam, la péninsule malaise est courtisée par les industriels occidentaux, et notamment américains… pour contourner la Chine. Intel investit des milliards de dollars pour développer ses usines de semi-conducteurs sur l’île de Penang. En Asie du Sud-Est, on pratique ce que les Vietnamiens appellent la diplomatie du bambou, à la fois forte et très flexible. Joe Biden est reçu au Vietnam avec les mêmes honneurs que Vladimir Poutine, qui vient d’y atterrir ce 20 juin.

La région entend être la grande gagnante de la nouvelle mondialisation qui se dessine. La Malaisie a d’ailleurs fait part de son ­intention d’intégrer le club des BRICS, comprenant Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, et qui réunit maintenant plus d’une dizaine de pays. Les Américains savent que cette proximité avec Pékin trouve ses limites avec les nombreux contentieux sur les zones de mer de Chine, illustrés encore par l’arraisonnement de bateaux philippins par les militaires chinois, révélé ce mercredi 19 juin. Comme lorsque l’on mange le durian, il faut parfois se pincer le nez pour rester à table et déguster ce fruit si crémeux.

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