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Uranium : « L’espoir de la mine Imouraren s’envole et avec c’est l’adieu au Niger qui se dessine pour la France nucléaire »

L’entreprise Orano doit accuser la perte du permis d’exploitation d’une grande mine d’uranium au Niger. Cette affaire rebat les cartes pour la souveraineté nucléaire française et met en évidence les conséquences des soubresauts de la géopolitique mondiale dans ce commerce, analyse Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié le 21 juin 2024 à 11h00, modifié le 21 juin 2024 à 14h35 Temps de Lecture 1 min. Read in English

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Attention, matière radioactive. Le Niger vient d’annoncer qu’il retirait son permis d’exploitation à l’entreprise française Orano, pour extraire de l’uranium de la mine d’Imouraren dans le nord du pays. Elle est considérée comme l’un des plus importants gisements du monde, avec 200 000 tonnes de réserves.

A première vue, ce n’est ni une grande surprise ni un grand drame pour l’ex-Areva et pour les centrales nucléaires françaises. La mine, qui devait ouvrir en 2015, ne l’est toujours pas aujourd’hui. Orano avait entrepris début juin des travaux exploratoires afin de commencer des essais et de prendre la décision d’exploiter le gisement en 2028.

Fâchée contre la France et soucieuse d’accélérer ce calendrier lointain, la junte militaire au pouvoir avait adressé le mardi 11 juin un ultimatum pour commencer les travaux. Ils ont jugé que les efforts étaient insuffisants et mis leur menace à exécution. Officiellement, Orano et le gouvernement français relativisent donc ce nouveau camouflet de la part de son ancien protégé. Ils rappellent que « la sécurité d’approvisionnement n’est pas menacée » et que ce gisement « n’est absolument pas critique ».

Le Kazakhstan, leader incontesté

Il ne reste donc plus à Orano que l’exploitation du site d’Arlit, en fin de vie alors que l’autre mine, celle de la Cominak, a été fermée en 2021. L’espoir d’Imouraren, soufflée aux Chinois en 2009, s’envole donc, et avec c’est l’adieu au Niger qui se dessine pour la France nucléaire. Anticipant ces difficultés, qui se sont couplées avec des prix du minerai en chute libre dans les années 2015-2016, la France a réorienté sa politique d’approvisionnement. Mais les sources sont limitées.

Quatre pays font l’essentiel de l’approvisionnement de l’Europe en uranium. Le Niger, qui fut longtemps le premier, le Kazakhstan, le Canada et la Russie. Le leader incontesté est désormais le Kazakhstan, qui représenterait plus de 45 % de la production mondiale. D’où l’intérêt des autorités françaises pour cet immense pays si riche en minerai et en pétrole. Le président Macron s’y est rendu en novembre 2023 pour « accélérer » le partenariat entre les deux pays. Il mise aussi sur la Mongolie, nouvel arrivant dans ce domaine, mais aux réserves prometteuses dans le désert de Gobi.

Il reste que le Kazaksthan est dans la sphère d’influence russe, autre grand producteur. Raison pour laquelle le commerce de l’uranium est exclu des sanctions contre la Russie. Cette affaire nous rappelle que la souveraineté nucléaire française s’appuie, elle aussi, sur des partenaires complexes et des régions fragiles à la merci des soubresauts de la géopolitique mondiale. Et il y en a beaucoup en ce moment.

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