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« La Chine accentue la nationalisation du secteur des terres rares »

Pékin a dévoilé samedi 29 juin une liste de réglementations sur ces ressources hautement stratégiques et dont elle est le premier producteur mondial. Ce nouveau signe de durcissement chinois met au défi l’Europe de rendre plus vite compétitive sa production locale tout en polluant le moins possible, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié le 02 juillet 2024 à 12h04, modifié le 02 juillet 2024 à 12h08 Temps de Lecture 1 min.

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En 1992, au soir de sa carrière politique, Deng Xiaoping, le modernisateur de la Chine en visite dans la région du Jiangxi prononce un discours qui restera dans les annales pour ces trois phrases : « Le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares. Tout comme le pétrole pour le Moyen-Orient, les terres rares sont de la plus haute importance stratégique pour la Chine. Nous devons en tirer avantage. » Depuis, ses successeurs s’en sont inspirés pour cultiver cet avantage. La Chine représente 60 % de l’extraction mondiale et plus de 90 % de la vente de produits raffinés, indispensables à la transition énergétique. Ce samedi 29 juin, le gouvernement a publié un nouveau plan de développement qui revient à accroître la nationalisation de ce secteur hautement stratégique.

L’ensemble de la chaîne de production, de raffinage et de vente est déclaré propriété de l’Etat, et les sanctions sont alourdies pour les contrevenants qui s’aviseraient d’en produire en douce. Une décision qui devrait aboutir à une remontée des prix et à un durcissement des quotas d’exportation fixés par le gouvernement.

Pollution considérable

Les dix-sept métaux regroupés sous cette appellation de terres rares répondent à des appellations savantes ou mythologiques, comme le prométhium, le lanthane, le cérium ou le néodyme. On les retrouve dans les batteries, dans les aimants permanents des moteurs électriques, dans les éoliennes ou dans les lasers. Ils ne sont pas rares, mais difficiles à purifier. Aussi, les Occidentaux, Américains en tête, mais aussi les Français, ont arrêté la production, monopolisée progressivement par la Chine. Celle-ci a sacrifié des régions entières, notamment en Mongolie-Intérieure, pour asseoir son monopole au prix d’une pollution considérable. Comme le souligne le gouvernement Chinois lui-même, il faut injecter huit tonnes de sulfate d’ammonium dans le sol pour extraire une tonne d’oxyde de terres rares. La pollution radioactive dans les environs du site de Baotu est deux fois plus forte que celle de Tchernobyl. Son lac est gorgé d’effluents toxiques.

Cela n’empêche pas les Occidentaux de relancer production et raffinage sur leur territoire pour réduire leur dépendance aux produits chinois. Surtout depuis que Pékin brandit l’arme des restrictions d’exportation. Les Etats-Unis subventionnent l’ouverture ou l’extension de mines en Californie ou au Texas. L’Europe a soutenu la construction d’une grande raffinerie en Estonie. Norvégiens et Suédois envisagent l’ouverture de mines. Avec le double défi de la compétitivité et de la lutte contre la pollution. L’impératif de souveraineté complique l’économie, mais éclaire sur les conséquences, autrefois lointaines, de sa modernisation.

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